Yahia Yahia, président de la commune Bni Nsar, aux portes de Melilia
“Le port de Nador tuera économiquement la ville de Melilia ”
Elu président de la commune de Bni Nsar, province de Nador, Yahia Yahia, membre de la Chambre des conseillers ne verrait pas d’un mauvais œil une coopération décentralisée entre sa commune et des communes espagnoles. Mais pas avec Melilia.
Propos recueillis par N. Jouhari
Maroc Hebdo International: Après votre élection à la présidence de la commune de Bni Nsar, en août 2009, le consul d’Espagne à Nador vous a rendu visite et multiplie les gestes de bienveillance à votre égard. N’est-ce pas là un signe que vous êtes bien vu par les Espagnols ?
Yahia Yahia: Là, vous allez trop vite en besogne. J’ai des problèmes monstres avec les Espagnols, je suis sous le coup de plus d’une plainte et procédures judiciaires… Mais je peux dire que la visite du consul d’Espagne à Nador ne m’a pas étonné. Tout comme les appels du pied qu’il fait depuis…
Pourquoi ?
Yahia Yahia : Je dois d’abord vous dire que dès mon élection au conseil de la commune, les responsables du consulat d’Espagne ont multiplié les tentatives pour me rencontrer. Cela a pris une nouvelle dimension quand j’ai été élu président et après plusieurs coups de téléphone, j’ai finalement accepté de recevoir le consul.
Mais où est l’intérêt des Espagnols pour une petite commune comme Bni Nsar ?
Yahia Yahia: Il vous suffit de savoir que la commune que je préside encercle aux trois quarts la ville occupée de Melilia. Et de ce fait là, les Espagnols sont trop attentifs à ce qui peut se passer au niveau de notre commune, qui n’est pas insignifiante comme vous semblez l’insinuer… La nouvelle commune de Bni Nsar, qui regroupe également l’ancienne commune de Farkhana, est l’une des plus importantes de la région…
Et alors, que veut le consul d’Espagne à Nador ?
Yahia Yahia : C’est simple, il veut savoir sur quelles bases nous allons entamer notre travail à la tête de la commune. Il veut savoir si on va procéder à des actions de nature à nuire à la ville de Melilia. Or, en tant que responsable politique, président de commune, je ne peux rien entreprendre qui puisse nuire aux relations entre le Maroc et l’Espagne.
Ce genre de décisions est pris au niveau de Rabat, pas à Bni Nsar… Ceci étant dit, je suis un partisan du développement décentralisé et si avec l’Espagne, on peut réaliser des projets concrets pour la région, pourquoi pas… Si la région de Nador se développe, notamment avec le port, je peux vous dire que Melilia sera asphyxiée économiquement. Le port de Nador tuera l’économie de Melilia. L’Espagne n’aura d’autre choix que de rétrocéder la ville au Maroc.
Le consul vous a-t-il proposé quelque chose dans ce sens?
Yahia Yahia : Bien sûr, des projets de développement communal. Des aides techniques… Mais je ne peux accepter de telles initiatives. Je compte sur les ressources de la commune et le savoir-faire de ses techniciens et agents administratifs. Je compte également sur le soutien des immigrés originaires de Bni Nsar et, bien entendu, sur l’administration centrale pour nous aider à lancer des projets de développement de la commune. Cela dit, la rencontre avec le consul d’Espagne ou avec divers responsables ibériques sont généralement cordiales et peuvent permettre, à la longue, de dissiper certains malentendus. Par contre, je ne peux me permettre de recevoir ou d’aller rencontrer les responsables espagnols de Melilia, que je considère comme ville marocaine occupée par l’Espagne…
Certains disent que votre élection n’a pas été du goût de certains cercles du pouvoir espagnol…
Yahia Yahia: Ecoutez, je ne suis pas un élu espagnol, autrement je me serais présenté aux élections locales de Melilia. Certes, j’ai la double nationalité, en plus de la nationalité hollandaise, mais je suis toujours et avant tout Marocain qui a pour seule ambition de servir son pays et son Roi. Le reste ne m’intéresse point.
Que les Espagnols soient mécontents ou furieux, c’est leur affaire. Moi, ce que je veux, c’est contribuer à développer ma commune et à poser avec acuité et détermination et autant que faire se peut, le problème de l’occupation espagnole des deux présides, Sebta et Melilia…
Votre élection à la tête de la commune de Bni Nsar n’a pas été facile, malgré la large majorité dont vous disposez. Pourquoi à votre avis ?
Yahia Yahia : Vous savez, parfois je me dis qu’il va falloir arrêter de faire de la politique. Parce que les problèmes ne sont pas uniquement avec les Espagnols qui ne veulent pas que le Maroc avance. Mais également avec des Marocains…
C’est à dire ?
Yahia Yahia : Je n’ai pas de noms de responsables à vous livrer, mais quand je me rappelle qu’il a fallu un sit-in de protestation contre le Pacha de Bni Nsar et les responsables locaux de l’administration du territoire pour que l’élection du bureau du conseil communal ait lieu… Quand je me rappelle toutes les pressions que nous avons subies, il y a là de quoi se poser des questions… Cela dit, j’espère que les rapports entre le bureau de la commune et les responsables de l’administration locale ne connaissent plus de tensions ni de couacs. Et ceci pour le bien de la région. Il faut dire que, maintenant, nous sommes en train de voir comment développer les ressources de la commune pour pouvoir aller de l’avant. Ce qui n’est pas aisé.
“Le port de Nador tuera économiquement la ville de Melilia ”
Elu président de la commune de Bni Nsar, province de Nador, Yahia Yahia, membre de la Chambre des conseillers ne verrait pas d’un mauvais œil une coopération décentralisée entre sa commune et des communes espagnoles. Mais pas avec Melilia.
Propos recueillis par N. Jouhari
Maroc Hebdo International: Après votre élection à la présidence de la commune de Bni Nsar, en août 2009, le consul d’Espagne à Nador vous a rendu visite et multiplie les gestes de bienveillance à votre égard. N’est-ce pas là un signe que vous êtes bien vu par les Espagnols ?
Yahia Yahia: Là, vous allez trop vite en besogne. J’ai des problèmes monstres avec les Espagnols, je suis sous le coup de plus d’une plainte et procédures judiciaires… Mais je peux dire que la visite du consul d’Espagne à Nador ne m’a pas étonné. Tout comme les appels du pied qu’il fait depuis…
Pourquoi ?
Yahia Yahia : Je dois d’abord vous dire que dès mon élection au conseil de la commune, les responsables du consulat d’Espagne ont multiplié les tentatives pour me rencontrer. Cela a pris une nouvelle dimension quand j’ai été élu président et après plusieurs coups de téléphone, j’ai finalement accepté de recevoir le consul.
Mais où est l’intérêt des Espagnols pour une petite commune comme Bni Nsar ?
Yahia Yahia: Il vous suffit de savoir que la commune que je préside encercle aux trois quarts la ville occupée de Melilia. Et de ce fait là, les Espagnols sont trop attentifs à ce qui peut se passer au niveau de notre commune, qui n’est pas insignifiante comme vous semblez l’insinuer… La nouvelle commune de Bni Nsar, qui regroupe également l’ancienne commune de Farkhana, est l’une des plus importantes de la région…
Et alors, que veut le consul d’Espagne à Nador ?
Yahia Yahia : C’est simple, il veut savoir sur quelles bases nous allons entamer notre travail à la tête de la commune. Il veut savoir si on va procéder à des actions de nature à nuire à la ville de Melilia. Or, en tant que responsable politique, président de commune, je ne peux rien entreprendre qui puisse nuire aux relations entre le Maroc et l’Espagne.
Ce genre de décisions est pris au niveau de Rabat, pas à Bni Nsar… Ceci étant dit, je suis un partisan du développement décentralisé et si avec l’Espagne, on peut réaliser des projets concrets pour la région, pourquoi pas… Si la région de Nador se développe, notamment avec le port, je peux vous dire que Melilia sera asphyxiée économiquement. Le port de Nador tuera l’économie de Melilia. L’Espagne n’aura d’autre choix que de rétrocéder la ville au Maroc.
Le consul vous a-t-il proposé quelque chose dans ce sens?
Yahia Yahia : Bien sûr, des projets de développement communal. Des aides techniques… Mais je ne peux accepter de telles initiatives. Je compte sur les ressources de la commune et le savoir-faire de ses techniciens et agents administratifs. Je compte également sur le soutien des immigrés originaires de Bni Nsar et, bien entendu, sur l’administration centrale pour nous aider à lancer des projets de développement de la commune. Cela dit, la rencontre avec le consul d’Espagne ou avec divers responsables ibériques sont généralement cordiales et peuvent permettre, à la longue, de dissiper certains malentendus. Par contre, je ne peux me permettre de recevoir ou d’aller rencontrer les responsables espagnols de Melilia, que je considère comme ville marocaine occupée par l’Espagne…
Certains disent que votre élection n’a pas été du goût de certains cercles du pouvoir espagnol…
Yahia Yahia: Ecoutez, je ne suis pas un élu espagnol, autrement je me serais présenté aux élections locales de Melilia. Certes, j’ai la double nationalité, en plus de la nationalité hollandaise, mais je suis toujours et avant tout Marocain qui a pour seule ambition de servir son pays et son Roi. Le reste ne m’intéresse point.
Que les Espagnols soient mécontents ou furieux, c’est leur affaire. Moi, ce que je veux, c’est contribuer à développer ma commune et à poser avec acuité et détermination et autant que faire se peut, le problème de l’occupation espagnole des deux présides, Sebta et Melilia…
Votre élection à la tête de la commune de Bni Nsar n’a pas été facile, malgré la large majorité dont vous disposez. Pourquoi à votre avis ?
Yahia Yahia : Vous savez, parfois je me dis qu’il va falloir arrêter de faire de la politique. Parce que les problèmes ne sont pas uniquement avec les Espagnols qui ne veulent pas que le Maroc avance. Mais également avec des Marocains…
C’est à dire ?
Yahia Yahia : Je n’ai pas de noms de responsables à vous livrer, mais quand je me rappelle qu’il a fallu un sit-in de protestation contre le Pacha de Bni Nsar et les responsables locaux de l’administration du territoire pour que l’élection du bureau du conseil communal ait lieu… Quand je me rappelle toutes les pressions que nous avons subies, il y a là de quoi se poser des questions… Cela dit, j’espère que les rapports entre le bureau de la commune et les responsables de l’administration locale ne connaissent plus de tensions ni de couacs. Et ceci pour le bien de la région. Il faut dire que, maintenant, nous sommes en train de voir comment développer les ressources de la commune pour pouvoir aller de l’avant. Ce qui n’est pas aisé.
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