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L'histoire se répète avec Alger

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  • L'histoire se répète avec Alger

    A l'occasion de la Journée nationale d'hommage aux harkis, Paris a annoncé le 25 septembre une série de mesures en faveur des "Français rapatriés". Plus de trois ans après la violente polémique sur la loi de février 2005, qui vantait les bienfaits de la colonisation de l'Afrique du Nord, l'indignation est vive de l'autre côté de la Méditerranée.

    C'est donc reparti pour un nouvel épisode orageux comme seules en connaissent cycliquement les relations entre Alger et Paris. Cette fois encore, la cause de la polémique est la même : la colonisation, perçue d'un côté comme motif de gloire et de l'autre comme un passif lourd qu'il convient de solder. Deux positions impossibles à concilier, dès lors que les deux parties voient le dossier sous des angles diamétralement opposés. Il en découle que cette page commune de l'histoire des deux pays continue d'empoisonner les rapports entre les deux Etats.

    Faut-il donc convoquer la loi de la relativité pour que chacun comprenne enfin qu'il ne peut pas exister de convergences de vues entre le bourreau et sa victime, dès lors qu'il s'agit de qualifier ce que le premier a infligé à la seconde ? Il semble bien que l'un comme l'autre doivent tôt ou tard s'y résoudre. Libre donc à la France de s'essayer à la sacralisation de la colonisation et, ce faisant, de s'éloigner encore un peu plus des valeurs portées par Jaurès ou Rousseau.

    Non pas au nom d'une réciprocité infantile, comme le suggère la Fondation du 8-Mai-1945 [baptisée d'après la date des massacres de Sétif], mais surtout au nom de la souveraineté retrouvée et des sacrifices de ceux qui ont libéré le pays, l'Algérie est en droit, de son côté, de porter aux nues son combat contre le colonialisme. Voter une loi qui serait aux antipodes de celle proposée par des députés français serait insuffisant, trop insuffisant. Il s'agit surtout de vulgariser l'Histoire vraie de ce combat-là, afin de permettre aux générations actuelles et futures de s'en inspirer et de le poursuivre par la construction d'un Etat de droit, de liberté et de justice sociale. Ce serait la meilleure réponse du berger à la bergère.

    C'est là un défi algéro-algérien auquel on ne peut se dérober si l'on veut que nos serments anticoloniaux aient de la crédibilité. Ne pas assumer un tel défi serait aussi un reniement, notre reniement. En attendant que la France revienne de ses errements, elle qui a d'autres atouts historiques, culturels et civilisationnels, bien plus présentables, à faire valoir sur la scène internationale.

    LES FAITS Des mesures pour les harkis

    Le 25 septembre, Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants, a annoncé la création d'une Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, ainsi qu'une série de mesures en faveur des harkis, notamment le plan emploi, qui doit être prolongé jusqu'à la fin 2010. Il a également annoncé qu'une modification de la loi du 23 février 2005 serait présentée en Conseil des ministres, afin que la diffamation et l'injure envers
    les harkis ne soient plus seulement condamnées, mais passibles de sanctions. "Comble du paradoxe, la France, qui se félicite de son passé colonial, [qu'elle compare] à des campagnes de civilisation, honore les harkis, mais intente des procès et condamne ses propres collabos, ses harkis de la Seconde Guerre mondiale", s'enflamme le quotidien algérien Liberté

    Saïd Chekri
    29.09.2009

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