mercredi 12 août 2009 (20h15) 
Par Denis Vericel
La fabrication du consensus
Après avoir examiné la presse écrite marocaine, l’on peut constater que les journaux francophones sont "Le Matin", "Aujourd’ui le Maroc", "Au fait". Ceux-là de langue arabe sont "Al Alam", "Al Maghribia". Les nouvelles internationales sont comme ailleurs, alors que les locales parlent de politique, sport, télévision et beaucoup d’événements banales. Jusqu’ici rien n’est différent. Rien excepté une chose : chaque jour, depuis plus de 30 ans, tous les journaux marocains s’occupent d’une question : le Sáhara Occidental. Aucune mise en question n’existe, uniquement une certitude : le Sáhara Occidental est une partie du Maroc et le Maroc se bat pour l’Union Nationale et pour l’Intégrité de son Territoire.
Histoire du Sahara Occidental
Le Sáhara Occidental a été colonisé d’abord par l’Espagne, qui voulait ce territoire désertique comme protection pour ses Îles Canaries situées à peu de kilomètres de la côte. Dès les années 60, ont commencé les manifestations contre cette occupation et ont été violemment réprimées par l’armée espagnole. La situation a changé dans les années 70 lorsqu’un autre protagoniste a décidé de déclarer sienle territoire et se battre pour le retour de ces terres au "Grand Maroc".
Quand le roi Hassán II a organisé la "Marche Verte" dans laquelle 350.000 Marocains sont entrés dans ce qui étatit, à l’époque, le Sáhara Español, "armés uniquement du Sacré Coran", avait dit le roi, sa stratégie allait beaucoup trop au-delà d’un désir pacifique pour libérer le Sáhara. Après deux coups d’État et beaucoup de manifestations contre le régime monarchique, Hassán II avait besoin non seulement d’unir le peuple marocain pour une cause commune mais aussi de se protéger des meneurs militaires qui avaient déjà essayé de lui tuer deux fois. La situation du Sáhara est apparue comme la solution parfaite pour les deux problèmes.
Cependant, la pacifique Marche Verte était plustôt une annexion devant les yeux de la Communauté Internationale, puisque le général Dlimi et l’armée marocaine ont pénétré dans le territoire saharaui juste quand les membres de la marche ont croisé la frontière symbolique. Dans le plan de Hassán II, il y avait un facteur unique inconnu : la résistance saharaui. Organisée dès 1973 comme un front par la liberté saharaui dénommé POLISARIO, l’insurrection saharaouie contre la nouvelle colonisation s’est transformée en guerre qui a duré 16 ans. Exilée dans le désert de Tindouf (Algérie), la République Arabe Saharaui Democrática (RASD) attend la célébration du référendum pour l’indépendance promis par les Nations Unies. Actuellement, le Sáhara Occidental continue d’être le dernier territoire africain, dans l’agenda de l’ONU, qui espère être décolonisé.
Depuis le cessez-le-fe de 1991, le Maroc a renforcé sa politique d’occupation et de colonisation et en plus des avantages évidents politiques de cette colonisation, le Maroc bénéficie aussi de beaucoup de cadeaux de cette terre, comme les phosphates et la pêche. Plus que l’armée, la Police marocaine est omniprésente dans le Sáhara Occidental, en essayant de contrôler chaque haleine de la population saharaouie. Les manifestations sont interdites, les journalistes contrôlés et les activistes surveillés. De nos jours, 34 ans après que le Maroc contrôle le Sáhara Occidental, le royaume continue de violer encore les lois internationales après avoir repoussé la célébration du référendum, de spolier les ressources naturelles du territoire ( voir Western Sahara Resource Watch) et d’ignorer les droits de l’homme en opprimantà la population saharaouie.
Mais il y a quelque chose de plus : le Maroc ment quotidiennement à sa propre population. L’un des objectifs principaux du Royaume a été, et continue d’être, de persuader les Marocains que sa politique est correcte, légale et reconnue par la Communauté Internationale. Pendant des années, les journaux marocains, la télévision et la radio racontaient la même vieille histoire : que le Maroc est victime des attaques du POLISARIO ; que l’intention unique du Maroc est de libérer cette terre au nom de la liberté ; que le Maroc veut uniquement libérer les Marocains des provinces sahariennes d’une séparation injuste. Ainsi, jour après jour et année après année, le même discours dans les journaux a réussi à créer un consensus national sur le Sáhara Occidental.
Que disent les journaux sur le Sahara Occidental?
Si nous lisons quotidiennement les journaux marocains, nous pouvons constater en premier lieu q’il y a , presque tous les jours, un article sur le Sáhara. La plupart des fois, ces articles appartiennent au même journaliste (comme Latifa Cherkaoui pour "Le Matin") ou ne sont pas signés, émis par Maghreb Arab Press, l’agence de presse de l’Etat. Les articles ont l’habitude de parler de la crise saharaouie et, surtout, de comment le Maroc travaille pour résoudre le problème ; de comment le POLISARIO fait pour déstabiliser les négociations ; de comment les conditions humaines dans les camps de Tindouf sont terribles ; de comment les Nations Unies et d’autres nations soutiennen le plan d’autonomie proposé par le Maroc.
Dans ce sens, les journalistes ont créé leur propre vocabulaire pour le Sáhara Occidental (le terme qu’ils n’utilisent jamais en préférant "Sáhara Marrocain" ou les "Provinces Sahariennes"). Si nous jettons un coup d’oeil aux termes utilisés dans les articles, nous pouvons voir, à l’instant, que le sujet ne permet qu’une vision unique. Chaque fois qu’un journaliste écrit sur le "Sahara Marrocain", la dite expression vient associée aux mots suivants : "Nos provinces, union sacrée, souveraineté nationale, unanimité, intégrité territoriale, légalité internationale, peuple marocain, patrie, orgueil national, unité, sacrifice".
Lorsque les articles se rapportent au plan d’autonomie, le vocabulaire non seulement est dûment orienté, mais en plus il ne laisse pas d’opportunité pour un autre point de vue. La position du Maroc est toujours qualifiée de : "juste, sérieuse, croyable, réaliste, raisonnable, sans aucune ambiguïté". Beaucoup d’expressions sont utilisées : "Une solution politique et définitive. Bien reçu par le Conseil de Sécurité et par la Communauté Internationale. Une alternative sérieuse et crédible. Paix négociée. L’unique et définitive solution démocratique valable et sûre". Ces expressions s’emploient à la lettre dans tous les médias.
La même stratégie est suivie lorsque les journalistes parlent du mouvement indépendiste. Quand sont mentionnés les mots POLISARIO et Camps de Tindouf, sont toujours liés liés à : "Mercenaires du POLISARIO, endoctrinement polisarien à Cuba, action terroriste, pseudo-RASD, connexion avec le mouvement terroriste, violation des Droits de l’homme, prison sécrète, population séquestrée, traite des êtres humains, isolement stalinien, torture, absence de liberté, camps de la honte".
Mais le vocabulaire arrive à être encore plus violent et agressif ainsi que les sujets traités. Actuellement, les journalistes construisent une nouvelle image du POLISARIO plus "moderne". Les derniers articles expliquent comment le POLISARIO vend des armes aux groupes terroristes, comment celui-ci est lié à Al Qaida, comment le Front est composé en réalité par des trafiquants de drogue qui arrivent au Maroc depuis l’Algérie pour vendre des drogues et des cigarettes, etc...
Quand nous voyons l’agressivité qui caractérise les journaux envers le Sáhara Occidental, moyennant l’utilisation quotidienne du même vocabulaire unilatéral et en le liant avec les pires démons de notre société, comme les drogues et le terrorisme, il ne nous reste plus que rappeler la définition suivante :
"Le secret de la propagande moderne : simplifier tellement les choses complexes que même le moins intelligent peut entendre ce que je dis. Simplifie et répète chaque jour. Simplifier et répétir, voici le secret de la propagande moderne".
Cette définition de la propagande est de Fritz Hippler, metteur en scène du Troisième Reich.

Par Denis Vericel
La fabrication du consensus

Histoire du Sahara Occidental
Le Sáhara Occidental a été colonisé d’abord par l’Espagne, qui voulait ce territoire désertique comme protection pour ses Îles Canaries situées à peu de kilomètres de la côte. Dès les années 60, ont commencé les manifestations contre cette occupation et ont été violemment réprimées par l’armée espagnole. La situation a changé dans les années 70 lorsqu’un autre protagoniste a décidé de déclarer sienle territoire et se battre pour le retour de ces terres au "Grand Maroc".
Quand le roi Hassán II a organisé la "Marche Verte" dans laquelle 350.000 Marocains sont entrés dans ce qui étatit, à l’époque, le Sáhara Español, "armés uniquement du Sacré Coran", avait dit le roi, sa stratégie allait beaucoup trop au-delà d’un désir pacifique pour libérer le Sáhara. Après deux coups d’État et beaucoup de manifestations contre le régime monarchique, Hassán II avait besoin non seulement d’unir le peuple marocain pour une cause commune mais aussi de se protéger des meneurs militaires qui avaient déjà essayé de lui tuer deux fois. La situation du Sáhara est apparue comme la solution parfaite pour les deux problèmes.
Cependant, la pacifique Marche Verte était plustôt une annexion devant les yeux de la Communauté Internationale, puisque le général Dlimi et l’armée marocaine ont pénétré dans le territoire saharaui juste quand les membres de la marche ont croisé la frontière symbolique. Dans le plan de Hassán II, il y avait un facteur unique inconnu : la résistance saharaui. Organisée dès 1973 comme un front par la liberté saharaui dénommé POLISARIO, l’insurrection saharaouie contre la nouvelle colonisation s’est transformée en guerre qui a duré 16 ans. Exilée dans le désert de Tindouf (Algérie), la République Arabe Saharaui Democrática (RASD) attend la célébration du référendum pour l’indépendance promis par les Nations Unies. Actuellement, le Sáhara Occidental continue d’être le dernier territoire africain, dans l’agenda de l’ONU, qui espère être décolonisé.
Depuis le cessez-le-fe de 1991, le Maroc a renforcé sa politique d’occupation et de colonisation et en plus des avantages évidents politiques de cette colonisation, le Maroc bénéficie aussi de beaucoup de cadeaux de cette terre, comme les phosphates et la pêche. Plus que l’armée, la Police marocaine est omniprésente dans le Sáhara Occidental, en essayant de contrôler chaque haleine de la population saharaouie. Les manifestations sont interdites, les journalistes contrôlés et les activistes surveillés. De nos jours, 34 ans après que le Maroc contrôle le Sáhara Occidental, le royaume continue de violer encore les lois internationales après avoir repoussé la célébration du référendum, de spolier les ressources naturelles du territoire ( voir Western Sahara Resource Watch) et d’ignorer les droits de l’homme en opprimantà la population saharaouie.
Mais il y a quelque chose de plus : le Maroc ment quotidiennement à sa propre population. L’un des objectifs principaux du Royaume a été, et continue d’être, de persuader les Marocains que sa politique est correcte, légale et reconnue par la Communauté Internationale. Pendant des années, les journaux marocains, la télévision et la radio racontaient la même vieille histoire : que le Maroc est victime des attaques du POLISARIO ; que l’intention unique du Maroc est de libérer cette terre au nom de la liberté ; que le Maroc veut uniquement libérer les Marocains des provinces sahariennes d’une séparation injuste. Ainsi, jour après jour et année après année, le même discours dans les journaux a réussi à créer un consensus national sur le Sáhara Occidental.
Que disent les journaux sur le Sahara Occidental?
Si nous lisons quotidiennement les journaux marocains, nous pouvons constater en premier lieu q’il y a , presque tous les jours, un article sur le Sáhara. La plupart des fois, ces articles appartiennent au même journaliste (comme Latifa Cherkaoui pour "Le Matin") ou ne sont pas signés, émis par Maghreb Arab Press, l’agence de presse de l’Etat. Les articles ont l’habitude de parler de la crise saharaouie et, surtout, de comment le Maroc travaille pour résoudre le problème ; de comment le POLISARIO fait pour déstabiliser les négociations ; de comment les conditions humaines dans les camps de Tindouf sont terribles ; de comment les Nations Unies et d’autres nations soutiennen le plan d’autonomie proposé par le Maroc.
Dans ce sens, les journalistes ont créé leur propre vocabulaire pour le Sáhara Occidental (le terme qu’ils n’utilisent jamais en préférant "Sáhara Marrocain" ou les "Provinces Sahariennes"). Si nous jettons un coup d’oeil aux termes utilisés dans les articles, nous pouvons voir, à l’instant, que le sujet ne permet qu’une vision unique. Chaque fois qu’un journaliste écrit sur le "Sahara Marrocain", la dite expression vient associée aux mots suivants : "Nos provinces, union sacrée, souveraineté nationale, unanimité, intégrité territoriale, légalité internationale, peuple marocain, patrie, orgueil national, unité, sacrifice".
Lorsque les articles se rapportent au plan d’autonomie, le vocabulaire non seulement est dûment orienté, mais en plus il ne laisse pas d’opportunité pour un autre point de vue. La position du Maroc est toujours qualifiée de : "juste, sérieuse, croyable, réaliste, raisonnable, sans aucune ambiguïté". Beaucoup d’expressions sont utilisées : "Une solution politique et définitive. Bien reçu par le Conseil de Sécurité et par la Communauté Internationale. Une alternative sérieuse et crédible. Paix négociée. L’unique et définitive solution démocratique valable et sûre". Ces expressions s’emploient à la lettre dans tous les médias.
La même stratégie est suivie lorsque les journalistes parlent du mouvement indépendiste. Quand sont mentionnés les mots POLISARIO et Camps de Tindouf, sont toujours liés liés à : "Mercenaires du POLISARIO, endoctrinement polisarien à Cuba, action terroriste, pseudo-RASD, connexion avec le mouvement terroriste, violation des Droits de l’homme, prison sécrète, population séquestrée, traite des êtres humains, isolement stalinien, torture, absence de liberté, camps de la honte".
Mais le vocabulaire arrive à être encore plus violent et agressif ainsi que les sujets traités. Actuellement, les journalistes construisent une nouvelle image du POLISARIO plus "moderne". Les derniers articles expliquent comment le POLISARIO vend des armes aux groupes terroristes, comment celui-ci est lié à Al Qaida, comment le Front est composé en réalité par des trafiquants de drogue qui arrivent au Maroc depuis l’Algérie pour vendre des drogues et des cigarettes, etc...
Quand nous voyons l’agressivité qui caractérise les journaux envers le Sáhara Occidental, moyennant l’utilisation quotidienne du même vocabulaire unilatéral et en le liant avec les pires démons de notre société, comme les drogues et le terrorisme, il ne nous reste plus que rappeler la définition suivante :
"Le secret de la propagande moderne : simplifier tellement les choses complexes que même le moins intelligent peut entendre ce que je dis. Simplifie et répète chaque jour. Simplifier et répétir, voici le secret de la propagande moderne".
Cette définition de la propagande est de Fritz Hippler, metteur en scène du Troisième Reich.
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