DISCOURS DE BENYAMIN NETANYAHOU
L’état palestinien dans mille ans
Les prédécesseurs de M.Netanyahou depuis Ytzhak Rabin en passant par Ehoud Barak et Ehoud Olmert ont tous accepté la création d’un Etat palestinien moins cohérent que ce que propose l’actuel Premier ministre.
Les événements s’accélèrent au Moyen-Orient. Dans son discours prononcé au Caire, le président américain a poussé l’Etat hébreu à revoir les termes de son alliance avec les Etats-Unis. Comment réagira le gouvernement israélien? (...) Il n’a pas davantage paru tomber dans l’excuse facile ou l’autojustification lorsqu’il a évoqué la nécessité de tourner la page en mettant les erreurs de son prédécesseur, George W.Bush, sur le compte du traumatisme des attentats du 11 septembre 2001. Pour Israël, le ´´discours du Caire´´ n’est autre qu’une révolution stratégique. Jusqu’au discours du Caire, Obama ne parlait qu’en termes d’intérêts. Mais, au Caire, il a usé du vocabulaire et du discours de la gauche libérale américaine. Il a parlé sans détour de ´´l’occupation´´ et de ´´l’aspiration des Palestiniens à la dignité, à l’égalité des chances et à un Etat indépendant´´. Il a également promis que les Etats-Unis ne tourneraient pas le dos aux Palestiniens. Il a demandé au Hamas de se montrer responsable en reconnaissant à Israël le droit d’exister. Bientôt, Netanyahou devra peut-être prononcer un discours de réponse à Obama et annoncer une rupture idéologique historique. A moins qu’il n’espère que, d’ici là, le discours du Caire se sera enfoncé dans les sables mouvants de la diplomatie du Moyen-Orient.
Avant même son discours Obama a été traité d’antisémite lors d’une manifestation par l’extrémiste Itamar Ben-Gvir comme le rapporte le journal Ha’Aretz: «Il est mauvais pour le peuple et l’Etat d’Israël, et sa politique pourrait nous mener vers un désastre.» Le discours d’Obama au Caire dont chaque terme a été bien pesé a divisé aussi les juifs américains. On sait que «78% des juifs américains ont voté pour Barack Obama. Mais, depuis qu’il a souligné que les Etats-Unis attendaient d’Israël qu’il se conforme à son engagement de geler la construction des colonies dans les Territoires palestiniens et de démanteler les colonies illégales, la plupart de ces électeurs sont maintenant dans l’expectative. Ils se demandent si leur engagement en faveur d’un candidat de gauche aux Etats-Unis n’était pas contradictoire avec leur engagement vis-à-vis d’Israël», souligne Ha’Aretz Mais, du côté des organisations juives de gauche, une campagne a été lancée pour convaincre Obama de ne pas céder sur la solution de deux Etats et de faire pression sur Netanyahou en ce sens.
Les conditions de Netanyahou
Quel est justement ce discours? Plusieurs types de lecture ont été faites. Celle des Etats-Unis, de l’Europe et celle sans épaisseur des Arabes et curieusement celle plus «courageuse des éditorialistes israéliens».(2)Finalement écrit Michel Bôle-Richard du Monde, Benyamin Netanyahou veut bien d’un Etat palestinien mais à ses conditions, et celles-ci sont telles que les chances de voir cet Etat se créer sont infimes. Le Premier ministre israélien s’est déclaré prêt à accepter un Etat palestinien démilitarisé, mais à condition qu’auparavant les dirigeants palestiniens reconnaissent Israël en tant qu’Etat juif. «Si nous recevons ces garanties concernant la démilitarisation et les dispositions qu’Israël requiert pour sa sécurité, et si les Palestiniens reconnaissent Israël en tant qu’Etat du peuple juif, alors nous serons prêts lors d’un accord de paix futur à accepter qu’un Etat palestinien démilitarisé existe aux côtés de l’Etat juif.» Nous ne voulons pas d’un autre «Hamastan». Ce qui implique, notamment que les frontières de cet Etat palestinien soient placées sous surveillance pour empêcher toute contrebande. En outre, le chef du gouvernement israélien a répété avec force que «le problème des réfugiés palestiniens doit être résolu en dehors des frontières d’Israël», ce qui exclut toute discussion sur le droit au retour, affirmant que «le lien entre le peuple juif et la terre d’Israël existe depuis plus de 3500 ans. C’est la terre de nos ancêtres!» M.Netanyahou a également rejeté toute idée de partage de Jérusalem qui «doit rester la capitale unie d’Israël». Il a insisté sur «la nécessité d’Israël d’avoir des frontières défendables», repoussant le règlement de «la question territoriale» lors «d’un accord de paix final». En attendant, il n’est pas question de geler le processus de colonisation. Certes, il n’y aura pas de nouvelles colonies ni «d’expropriations de nouvelles terres», mais «il est nécessaire que les résidents puissent mener une vie normale, c’est-à-dire permettre aux parents d’élever leurs enfants comme toutes les familles dans le monde». Dernière condition: L’Autorité palestinienne devra rétablir la loi à Ghaza et renverser le Hamas. Enfin, le Premier ministre a réagi à la réélection du président iranien, «La plus grande menace pour Israël, le Proche-Orient et le monde entier, c’est la rencontre entre l’arme nucléaire et l’islam radical». Il appelle «à une coalition internationale contre l’armement nucléaire de l’Iran».
Pour l’Occident, ce discours qui est un recul qui obère toute avancée est saluée comme un geste courageux et une avancée majeure. A Washington on est satisfait du discours du Premier ministre Benyamin Netanyahou, ´´qui constitue un important premier pas´´. ´´L’acceptation de deux Etats répond aux attentes américaines´´, a affirmé un représentant de Washington. Les Européens ont exprimé leur satisfaction, tout en faisant preuve de prudence. Les Suédois, pour leur part, ont estimé qu’il s’agissait ´´seulement d’une première étape, d’un petit pas en avant.´´ Pourtant, il faut tout d’abord savoir que sous des apparences de nouveauté, ce discours est un recul par rapport à la Feuille de route. Dans le Washington Post, l’ancien ambassadeur en Israël, Daniel Kurtzer explique justement qu’en 2003 le gouvernement israélien a accepté les dispositions de la «Feuille de route» - le plan de paix lancé par le Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU). Or cette «Feuille de route» impose, outre le démantèlement des implantations sauvages érigées depuis mars 2001, le gel de la colonisation, y compris la «croissance naturelle» des colonies existantes. Qu’en est-il du monde arabe? C’est le silence assourdissant! Les Palestiniens estiment qu’avec toutes les conditions posées par le Premier ministre israélien, l’Etat palestinien ne verra le jour que dans mille ans. Pour le porte-parole de Mahmoud Abbas (Abou Mazen): ´´Le discours de Netanyahou est un discours de droite qui sape les bases des pourparlers. Ce discours pose des conditions et porte un coup mortel au processus de paix. Il ne donne aucune base permettant de renouveler les négociations.´´ Pour Yasser Abed Rabou,: ´´Netanyahou est un escroc, un imposteur et un menteur.´´ «Il a employé les mots "Etat palestinien"», mais il veut un protectorat israélien: «Il veut que les Palestiniens fassent partie du mouvement sioniste mondial.» Le porte-parole du cabinet du Hamas a affirmé que le Premier ministre avait présenté dans son discours «une idéologie raciste et extrémiste». Même l’Egypte a mal accueilli les conditions du Premier ministre. L’exigence de reconnaissance de l’Etat d’Israël comme Etat du peuple juif menace encore plus le processus et élimine toute possibilité de parvenir à la paix. «Personne ne se pliera à cette exigence, ni en Egypte ni nulle part ailleurs», a averti le président Hosni Moubarak. En Syrie, la presse a accusé Netanyahou d’apartheid. «Le gouvernement sioniste accepte de créer des cantons palestiniens qui rappellent les cantons des Noirs d’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid», peut-on lire dans le journal national Tishrin.
Pour sa part, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, a fustigé ce discours et appelé la communauté internationale et les pays arabes à prendre des mesures pour arrêter le régime sioniste cupide et protéger le peuple palestinien. D’une façon remarquable la presse israélienne pratiquement dans son ensemble a été très critique envers ce discours. Pour Ari Shavit, grand éditorialiste à Ha’Aretz, «Benyamin Nétanyahou a franchi le Rubicon. Pour servir le pays, il a quitté le foyer idéologique de son propre père». Shalom Yerushalmi, dans les colonnes de Maariv, se veut lui aussi optimiste. «Certes, ce dimanche, Nétanyahou a en quelque sorte ôté sa kippa politique, mais il ne l’a pour autant pas encore mise dans sa poche arrière. De même, les conditions impossibles qu’il pose aux Palestiniens - et qui reviennent à leur suggérer de se convertir au sionisme - donnent l’impression qu’il cherche plus à esquiver la paix qu’à la prendre à bras-le-corps.»
à suivre...
L’état palestinien dans mille ans
Les prédécesseurs de M.Netanyahou depuis Ytzhak Rabin en passant par Ehoud Barak et Ehoud Olmert ont tous accepté la création d’un Etat palestinien moins cohérent que ce que propose l’actuel Premier ministre.
Les événements s’accélèrent au Moyen-Orient. Dans son discours prononcé au Caire, le président américain a poussé l’Etat hébreu à revoir les termes de son alliance avec les Etats-Unis. Comment réagira le gouvernement israélien? (...) Il n’a pas davantage paru tomber dans l’excuse facile ou l’autojustification lorsqu’il a évoqué la nécessité de tourner la page en mettant les erreurs de son prédécesseur, George W.Bush, sur le compte du traumatisme des attentats du 11 septembre 2001. Pour Israël, le ´´discours du Caire´´ n’est autre qu’une révolution stratégique. Jusqu’au discours du Caire, Obama ne parlait qu’en termes d’intérêts. Mais, au Caire, il a usé du vocabulaire et du discours de la gauche libérale américaine. Il a parlé sans détour de ´´l’occupation´´ et de ´´l’aspiration des Palestiniens à la dignité, à l’égalité des chances et à un Etat indépendant´´. Il a également promis que les Etats-Unis ne tourneraient pas le dos aux Palestiniens. Il a demandé au Hamas de se montrer responsable en reconnaissant à Israël le droit d’exister. Bientôt, Netanyahou devra peut-être prononcer un discours de réponse à Obama et annoncer une rupture idéologique historique. A moins qu’il n’espère que, d’ici là, le discours du Caire se sera enfoncé dans les sables mouvants de la diplomatie du Moyen-Orient.
Avant même son discours Obama a été traité d’antisémite lors d’une manifestation par l’extrémiste Itamar Ben-Gvir comme le rapporte le journal Ha’Aretz: «Il est mauvais pour le peuple et l’Etat d’Israël, et sa politique pourrait nous mener vers un désastre.» Le discours d’Obama au Caire dont chaque terme a été bien pesé a divisé aussi les juifs américains. On sait que «78% des juifs américains ont voté pour Barack Obama. Mais, depuis qu’il a souligné que les Etats-Unis attendaient d’Israël qu’il se conforme à son engagement de geler la construction des colonies dans les Territoires palestiniens et de démanteler les colonies illégales, la plupart de ces électeurs sont maintenant dans l’expectative. Ils se demandent si leur engagement en faveur d’un candidat de gauche aux Etats-Unis n’était pas contradictoire avec leur engagement vis-à-vis d’Israël», souligne Ha’Aretz Mais, du côté des organisations juives de gauche, une campagne a été lancée pour convaincre Obama de ne pas céder sur la solution de deux Etats et de faire pression sur Netanyahou en ce sens.
Les conditions de Netanyahou
Quel est justement ce discours? Plusieurs types de lecture ont été faites. Celle des Etats-Unis, de l’Europe et celle sans épaisseur des Arabes et curieusement celle plus «courageuse des éditorialistes israéliens».(2)Finalement écrit Michel Bôle-Richard du Monde, Benyamin Netanyahou veut bien d’un Etat palestinien mais à ses conditions, et celles-ci sont telles que les chances de voir cet Etat se créer sont infimes. Le Premier ministre israélien s’est déclaré prêt à accepter un Etat palestinien démilitarisé, mais à condition qu’auparavant les dirigeants palestiniens reconnaissent Israël en tant qu’Etat juif. «Si nous recevons ces garanties concernant la démilitarisation et les dispositions qu’Israël requiert pour sa sécurité, et si les Palestiniens reconnaissent Israël en tant qu’Etat du peuple juif, alors nous serons prêts lors d’un accord de paix futur à accepter qu’un Etat palestinien démilitarisé existe aux côtés de l’Etat juif.» Nous ne voulons pas d’un autre «Hamastan». Ce qui implique, notamment que les frontières de cet Etat palestinien soient placées sous surveillance pour empêcher toute contrebande. En outre, le chef du gouvernement israélien a répété avec force que «le problème des réfugiés palestiniens doit être résolu en dehors des frontières d’Israël», ce qui exclut toute discussion sur le droit au retour, affirmant que «le lien entre le peuple juif et la terre d’Israël existe depuis plus de 3500 ans. C’est la terre de nos ancêtres!» M.Netanyahou a également rejeté toute idée de partage de Jérusalem qui «doit rester la capitale unie d’Israël». Il a insisté sur «la nécessité d’Israël d’avoir des frontières défendables», repoussant le règlement de «la question territoriale» lors «d’un accord de paix final». En attendant, il n’est pas question de geler le processus de colonisation. Certes, il n’y aura pas de nouvelles colonies ni «d’expropriations de nouvelles terres», mais «il est nécessaire que les résidents puissent mener une vie normale, c’est-à-dire permettre aux parents d’élever leurs enfants comme toutes les familles dans le monde». Dernière condition: L’Autorité palestinienne devra rétablir la loi à Ghaza et renverser le Hamas. Enfin, le Premier ministre a réagi à la réélection du président iranien, «La plus grande menace pour Israël, le Proche-Orient et le monde entier, c’est la rencontre entre l’arme nucléaire et l’islam radical». Il appelle «à une coalition internationale contre l’armement nucléaire de l’Iran».
Pour l’Occident, ce discours qui est un recul qui obère toute avancée est saluée comme un geste courageux et une avancée majeure. A Washington on est satisfait du discours du Premier ministre Benyamin Netanyahou, ´´qui constitue un important premier pas´´. ´´L’acceptation de deux Etats répond aux attentes américaines´´, a affirmé un représentant de Washington. Les Européens ont exprimé leur satisfaction, tout en faisant preuve de prudence. Les Suédois, pour leur part, ont estimé qu’il s’agissait ´´seulement d’une première étape, d’un petit pas en avant.´´ Pourtant, il faut tout d’abord savoir que sous des apparences de nouveauté, ce discours est un recul par rapport à la Feuille de route. Dans le Washington Post, l’ancien ambassadeur en Israël, Daniel Kurtzer explique justement qu’en 2003 le gouvernement israélien a accepté les dispositions de la «Feuille de route» - le plan de paix lancé par le Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU). Or cette «Feuille de route» impose, outre le démantèlement des implantations sauvages érigées depuis mars 2001, le gel de la colonisation, y compris la «croissance naturelle» des colonies existantes. Qu’en est-il du monde arabe? C’est le silence assourdissant! Les Palestiniens estiment qu’avec toutes les conditions posées par le Premier ministre israélien, l’Etat palestinien ne verra le jour que dans mille ans. Pour le porte-parole de Mahmoud Abbas (Abou Mazen): ´´Le discours de Netanyahou est un discours de droite qui sape les bases des pourparlers. Ce discours pose des conditions et porte un coup mortel au processus de paix. Il ne donne aucune base permettant de renouveler les négociations.´´ Pour Yasser Abed Rabou,: ´´Netanyahou est un escroc, un imposteur et un menteur.´´ «Il a employé les mots "Etat palestinien"», mais il veut un protectorat israélien: «Il veut que les Palestiniens fassent partie du mouvement sioniste mondial.» Le porte-parole du cabinet du Hamas a affirmé que le Premier ministre avait présenté dans son discours «une idéologie raciste et extrémiste». Même l’Egypte a mal accueilli les conditions du Premier ministre. L’exigence de reconnaissance de l’Etat d’Israël comme Etat du peuple juif menace encore plus le processus et élimine toute possibilité de parvenir à la paix. «Personne ne se pliera à cette exigence, ni en Egypte ni nulle part ailleurs», a averti le président Hosni Moubarak. En Syrie, la presse a accusé Netanyahou d’apartheid. «Le gouvernement sioniste accepte de créer des cantons palestiniens qui rappellent les cantons des Noirs d’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid», peut-on lire dans le journal national Tishrin.
Pour sa part, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, a fustigé ce discours et appelé la communauté internationale et les pays arabes à prendre des mesures pour arrêter le régime sioniste cupide et protéger le peuple palestinien. D’une façon remarquable la presse israélienne pratiquement dans son ensemble a été très critique envers ce discours. Pour Ari Shavit, grand éditorialiste à Ha’Aretz, «Benyamin Nétanyahou a franchi le Rubicon. Pour servir le pays, il a quitté le foyer idéologique de son propre père». Shalom Yerushalmi, dans les colonnes de Maariv, se veut lui aussi optimiste. «Certes, ce dimanche, Nétanyahou a en quelque sorte ôté sa kippa politique, mais il ne l’a pour autant pas encore mise dans sa poche arrière. De même, les conditions impossibles qu’il pose aux Palestiniens - et qui reviennent à leur suggérer de se convertir au sionisme - donnent l’impression qu’il cherche plus à esquiver la paix qu’à la prendre à bras-le-corps.»
à suivre...
Commentaire