Retour d'Israël:
"le déchaînement de la folie humaine" Marie-Thérèse Martinelli
A l'initiative de l'ANECR(1) et de l'AJPF(2), une délégation de 108 personnes (dont 85 élus nationaux et territoriaux), représentative d'une grande diversité de territoires, répartis dans toute la France et de plusieurs sensibilités de gauche, s’est rendue en Israël et Palestine du 11 au 15 avril.
Parmi les non élus: Patrick le Hyaric, directeur de l'Humanité, une équipe de télévision, le cinéaste Robert Guédiguian, le photographe Pierre Trovel, un documentariste, Kaddour, chanteur de rap issu du groupe Ministère des Affaires Populaires (MAP), etc.
le 18 avril 2009
De multiples rencontres ont pu avoir lieu, notamment avec l'Autorité palestinienne et des pacifistes israéliens à Jérusalem et Tel Aviv mais l'entrée à Gaza nous a été refusée. De nos visites à Jérusalem, Nazareth, Bethléem, Ramallah et dans les camps de réfugiés, des témoignages que nous avons pu recueillir, de l'expérience que nous avons vécue sur le terrain, nous pouvons rapporter nos observations personnelles et des réactions de profonde indignation face à ce déchaînement de folie humaine.
C’est mon troisième voyage en Palestine. C’est aussi le plus riche, par ses contacts, par la rencontre avec l’opposition pacifiste tant israélienne que palestinienne, par l’accueil extrêmement chaleureux de la population, par la richesse des échanges et la capacité de témoigner que cette délégation portait en elle.
Une expérience nouvelle dès notre arrivée à Ben Gourion fut de constater le traitement réservé à nos délégué-e-s dont les noms avaient une consonance arabe. C’est clair dès le début, la police israélienne soupçonne tout le monde mais surtout ceux qui de près ou de loin peuvent être identifiés aux arabes. Ce phénomène s’est reproduit lors de notre départ sur ce même aéroport. Les tracasseries, les fouilles minutieuses, les attentes, les questions, les objets retenus, c’est une sorte de toile tissée pour inquiéter, pour humilier ceux qui leur sont indésirables.
Une occupation coloniale
Nous avons expérimenté dans le passé des idéologies qui ont hiérarchisé et survalorisé certains individus, en dévalorisant d’autres, en fonction des origines. Cela justifie la maltraitance psychologique, les vexations, les humiliations, les entraves à la liberté, les discriminations, que subit l’ensemble du peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza.
Quels esprits malades, sans scrupules, sans limites, sans perceptions des sentiments des autres ont pu imaginer la construction d’un Etat sur les bases qui ont fondé l’Etat d’Israël ? C’est à dire un Etat, non pour les Israéliens ou les Palestiniens, mais un Etat pour tous les juifs du monde. Celui qui vivait confortablement aux USA, en Russie, en Argentine, en France, celui-là a plus de droits que le Palestinien dont les ancêtres ont construit la maison, ont fait vivre des villages, ont cultivé les terres, fait pousser les oliviers. Les palestiniens sont jetés hors de leur maison que l’on démolit pour construire un immeuble, où viendront habiter des juifs, venus du monde entier, sur une terre où ils n’ont aucune racine. Les nouveaux venus auront toute documentation en règle leur permettant d’aller et venir, d’être libres de leurs mouvements. Les palestiniens se verront refuser tout document qui légitime leur domiciliation et la capacité de circuler librement.
Les palestiniens sont spoliés de leur terre qui est leur seule possibilité de survie. Ils sont volés de leur eau, empêchant ainsi la possibilité de cultiver et produire leur alimentation. Ils sont entravés dans leur capacité de subvenir à leurs besoins d’avoir une autonomie financière. .
Les mêmes manques de valeurs qui fondent le colonialisme sont là, présents. Le colon est supérieur au colonisé, il n’hésite pas à s’approprier les biens de ceux qu’il domine, il les détruit en les niant dans leur existence même. Justifiant sa présence, le colonialisme invente une antériorité qui légitime son occupation et réécrit l’Histoire en niant la présence historique du colonisé. On a connu ça en Algérie. Pour la France coloniale, l’Algérie, colonisée avant eux par les turcs, n’était pas un pays mais un agrégat de petits peuples, de tribus, qui n’avait aucun droit, aucune légitimité.
Rassemblées ici, les populations juives n’y ont aucune attache sinon les mythes fondateurs d’un « peuple juif » cimenté par la religion la plus ancienne du monothéisme.
La loi et la justice sont remplacés par le livre divin porteur de la parole sacrée. Cette référence religieuse accompagnée de rites est leur seule unité et les légitime, à leurs propres yeux, pour spolier et détruire la Palestine.
On retrouve là les mêmes valeurs que véhiculent tous les intégrismes qu’ils soient catholiques, musulmans ou judaïques et qui légitiment leurs diktats par le livre sacré que chacun vénère.
"le déchaînement de la folie humaine" Marie-Thérèse Martinelli
A l'initiative de l'ANECR(1) et de l'AJPF(2), une délégation de 108 personnes (dont 85 élus nationaux et territoriaux), représentative d'une grande diversité de territoires, répartis dans toute la France et de plusieurs sensibilités de gauche, s’est rendue en Israël et Palestine du 11 au 15 avril.
Parmi les non élus: Patrick le Hyaric, directeur de l'Humanité, une équipe de télévision, le cinéaste Robert Guédiguian, le photographe Pierre Trovel, un documentariste, Kaddour, chanteur de rap issu du groupe Ministère des Affaires Populaires (MAP), etc.
le 18 avril 2009
De multiples rencontres ont pu avoir lieu, notamment avec l'Autorité palestinienne et des pacifistes israéliens à Jérusalem et Tel Aviv mais l'entrée à Gaza nous a été refusée. De nos visites à Jérusalem, Nazareth, Bethléem, Ramallah et dans les camps de réfugiés, des témoignages que nous avons pu recueillir, de l'expérience que nous avons vécue sur le terrain, nous pouvons rapporter nos observations personnelles et des réactions de profonde indignation face à ce déchaînement de folie humaine.
C’est mon troisième voyage en Palestine. C’est aussi le plus riche, par ses contacts, par la rencontre avec l’opposition pacifiste tant israélienne que palestinienne, par l’accueil extrêmement chaleureux de la population, par la richesse des échanges et la capacité de témoigner que cette délégation portait en elle.
Une expérience nouvelle dès notre arrivée à Ben Gourion fut de constater le traitement réservé à nos délégué-e-s dont les noms avaient une consonance arabe. C’est clair dès le début, la police israélienne soupçonne tout le monde mais surtout ceux qui de près ou de loin peuvent être identifiés aux arabes. Ce phénomène s’est reproduit lors de notre départ sur ce même aéroport. Les tracasseries, les fouilles minutieuses, les attentes, les questions, les objets retenus, c’est une sorte de toile tissée pour inquiéter, pour humilier ceux qui leur sont indésirables.
Une occupation coloniale
Nous avons expérimenté dans le passé des idéologies qui ont hiérarchisé et survalorisé certains individus, en dévalorisant d’autres, en fonction des origines. Cela justifie la maltraitance psychologique, les vexations, les humiliations, les entraves à la liberté, les discriminations, que subit l’ensemble du peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza.
Quels esprits malades, sans scrupules, sans limites, sans perceptions des sentiments des autres ont pu imaginer la construction d’un Etat sur les bases qui ont fondé l’Etat d’Israël ? C’est à dire un Etat, non pour les Israéliens ou les Palestiniens, mais un Etat pour tous les juifs du monde. Celui qui vivait confortablement aux USA, en Russie, en Argentine, en France, celui-là a plus de droits que le Palestinien dont les ancêtres ont construit la maison, ont fait vivre des villages, ont cultivé les terres, fait pousser les oliviers. Les palestiniens sont jetés hors de leur maison que l’on démolit pour construire un immeuble, où viendront habiter des juifs, venus du monde entier, sur une terre où ils n’ont aucune racine. Les nouveaux venus auront toute documentation en règle leur permettant d’aller et venir, d’être libres de leurs mouvements. Les palestiniens se verront refuser tout document qui légitime leur domiciliation et la capacité de circuler librement.
Les palestiniens sont spoliés de leur terre qui est leur seule possibilité de survie. Ils sont volés de leur eau, empêchant ainsi la possibilité de cultiver et produire leur alimentation. Ils sont entravés dans leur capacité de subvenir à leurs besoins d’avoir une autonomie financière. .
Les mêmes manques de valeurs qui fondent le colonialisme sont là, présents. Le colon est supérieur au colonisé, il n’hésite pas à s’approprier les biens de ceux qu’il domine, il les détruit en les niant dans leur existence même. Justifiant sa présence, le colonialisme invente une antériorité qui légitime son occupation et réécrit l’Histoire en niant la présence historique du colonisé. On a connu ça en Algérie. Pour la France coloniale, l’Algérie, colonisée avant eux par les turcs, n’était pas un pays mais un agrégat de petits peuples, de tribus, qui n’avait aucun droit, aucune légitimité.
Rassemblées ici, les populations juives n’y ont aucune attache sinon les mythes fondateurs d’un « peuple juif » cimenté par la religion la plus ancienne du monothéisme.
La loi et la justice sont remplacés par le livre divin porteur de la parole sacrée. Cette référence religieuse accompagnée de rites est leur seule unité et les légitime, à leurs propres yeux, pour spolier et détruire la Palestine.
On retrouve là les mêmes valeurs que véhiculent tous les intégrismes qu’ils soient catholiques, musulmans ou judaïques et qui légitiment leurs diktats par le livre sacré que chacun vénère.
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