par Hakiki Fouad (*)
Ce vendredi à Pékin, le secrétaire général de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) a estimé que la croissance de l'économie mondiale devrait être «négative» en 2009.
«Nous voyons probablement un monde qui ira vers le négatif parce que même les croissances positives de l'Inde et de la Chine ne pourront pas compenser la croissance négative [dans les pays industrialisés]», a-t-il avancé. Le FMI, quant à lui, a annoncé, jeudi, un recul du PIB de 5,8 % au Japon, de 3,2 % en zone euro et de ... 2,6 % aux Etats-Unis. Pourtant, du jamais vu depuis les années 60, la Fed (la banque centrale américaine) a décidé d'acheter jusqu'à 300 Mds de $ de bons du Trésor au cours des 6 prochains mois, pour soutenir le crédit. Elle augmente ainsi de 1.150 Mds $ le montant de son bilan qui sera porté à ... 3.000 Mds de $, après la mise en oeuvre de toutes les mesures visant à renforcer ses interventions sur les marchés du crédit !
Contrarié, Obama se concentre sur l'économie
Confrontées à un repli de la demande, les entreprises industrielles nord-américaines vont certainement ajuster à la baisse leur activité et leurs effectifs. En effet, si l'on se fie à l'édition de mars de l'enquête conduite par la Réserve Fédérale de New York (« Empire State Manufacturing Survey »), la récession industrielle n'est pas encore parvenue à son terme. Et, loin de là : l'indice d'activité a chuté de -34,6 en février à -38,2 en mars. Par ailleurs, selon l'enquête conduite par le Bureau of Labor Statistics (BLS) auprès des entreprises, 651 000 emplois (hors secteur agricole) ont été perdus en février.
Des pertes d'emplois aussi marquées n'avaient pas été observées depuis la fin des années 1940. Le rapport « emploi »de février souligne la forte détérioration du marché du travail depuis novembre : plus de la moitié des 4,384 millions d'emplois supprimés depuis janvier 2008 l'ont en effet été au cours des quatre derniers mois (-2,584 millions). Aussi, il n'est pas étonnant de voir le président Obama tenter ce jeudi de détourner l'attention de l'opinion publique du scandale provoqué par les primes versées aux employés d'AIG pour se concentrer sur l'objectif majeur de son mandat, la sortie de crise.
«Nous pouvons être autant en colère que nous le voulons mais (...) nous devons travailler sur cette immense pagaille provoquée dans le système financier», a-t-il déclaré à Los Angeles dans son deuxième meeting en deux jours pour défendre son programme (après une étape à Costa Mesa mercredi).
Il s'est donc employé à défendre ses réformes et son programme d'aide aux personnes et secteurs en difficulté, à commencer par l'immobilier, déclencheur de la crise aux Etats-Unis.»Nous savons que résoudre cette crise -briser le cycle de la baisse des prix de l'immobilier et des cessations de paiement- est la clé pour relancer notre économie», a-t-il dit.
La Californie est la huitième puissance économique mondiale mais elle a été durement touchée par la récession.
Face à la colère et l'incompréhension des contribuables M.Obama entend poursuivre son effort de pédagogie, parce que son Budget est jugé trop dépensier tant par l'opposition républicaine que par certains démocrates: «je comprends à quel point chacun peut être excédé par cette affaire des bonus d'AIG. Je suis en colère.
Mais réparer le système nous demande de comprendre que si les banques ne prêtent plus, les entreprises ne pourront pas investir et nous ne pourrons pas créer d'emplois», va-t-il préciser.
Au même temps et toujours pour calmer le jeu, l'administration Obama a lancé ce même jeudi un nouveau site Internet d'information du public -7 à 9 millions de personnes seraient concernées- sur le plan d'aide de 275 Mds $ visant aux propriétaires endettés et voulant se refinancer ou modifier leur crédit. C'est que des manifestations -devant 150 banques de 35 Etats- ont été organisées jeudi à l'appel de SEIU, le syndicat des employés des services (qui a soutenu le candidat Obama), pour protester contre l'obtention de primes par des cadres ayant contribué à la faillite d'AIG. A l'autre extrémité de l'échiquier politique, un mouvement rural et populiste («grassroots») s'est créé sous le nom de «American Tea Party», en référence à la révolte populaire contre les Anglais au début de la guerre d'Indépendance. Des «Tea parties» ont rassemblé plusieurs centaines -voire des milliers- de personnes à Cincinnati et en Californie. Le parti républicain a bien sûr mis en ligne des vidéos réalisées sur ces mouvements spontanés. Et, à la Chambre des députés l'on a adopté à la va-vite un texte de loi taxant à hauteur de 90% les bonus versés aux employés de compagnies (d'assurance) ayant bénéficié d'une aide fédérale de 173 milliards de dollars.

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