Prosélytisme chiite en Algérie Et si c’était vrai… ?
Si d’ici à cinq ans, les autorités algériennes ne mettent pas le holà, les chiites se compteront par milliers et le pays connaîtra une vague de violence aussi terrible que celle des années 1990. »
Cette funeste prophétie donne froid dans le dos. Elle émane de Mohamed Benbrika, docteur en philosophie, enseignant à l’université d’Alger et par ailleurs secrétaire général du rite de la Qadiria en Algérie. Depuis quelque temps, il ne cesse de sonner le clairon via les médias sur les risques réels ou supposés de la propagation du chiisme en Algérie. Des articles de presse rapportant que le « deuil de Karbala » avait été célébré à Constantine notamment ont servi d’électrochoc pour donner l’alerte. L’Algérie sunnite serait ainsi menacée par les apôtres de Sistani. Au ministère des Affaires religieuses, on est plutôt choqué par les colporteurs de ces prêches qui ne seraient pas forcément fondés. Mais on exclut rien. « On parlait ces dernières années du phénomène de l’évangélisation au pays, et aujourd’hui, on entend parler de chiites. Ceux-ci font beaucoup plus de la politique que de la religion… » Bouabdellah Ghlamallah, le gardien du temple sunnite national, n’est donc pas inquiet. Mais il relativise sa belle assurance par : « Si vraiment ce phénomène existe, cela voudrait dire que les imams et les direction des wakfs ont failli à leurs missions et qu’il y a un vide quelque part », a-t-il concédé lors de la réunion d’évaluation, la semaine dernière, tenue à Mohammadia. « Officiellement, nous n’avons été saisis de cette menace chiite ni par nos directions de wilaya ni par les imams. Nous avons nous-mêmes lu l’information dans la presse, comme tout le monde, et d’ailleurs, même les services de sécurité ne nous ont rien signalé de tel. » Abdellah Tamine, conseiller de Ghlamallah à la communication, ne veut point alarmer les Algériens, lui non plus. « Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a eu aucune manifestation publique de chiites dans les quatre coins du pays, du moins à notre connaissance… » Ce cadre du ministère du culte n’exclut cependant pas l’existence d’une « tentative ». Il est même convaincu que cette « agitation » est l’œuvre d’un courant politique et non pas religieux. Pour lui, la manœuvre vise la déstabilisation de l’Algérie du fait que le pays soit à 99% sunnite malékite. « C’est une atteinte à l’unité religieuse de l’Algérie que de vouloir faire du prosélytisme chiite. Que les partisans de ce rite pratiquent les commandements de leur culte légalement, cela leur est garanti par les lois de la République, mais qu’ils le fassent dans l’anarchie, cela s’appelle la fitna ! » Et quand on parle de chiisme, les regards se braquent automatiquement vers l’Iran et son ambassade à Alger qui serait le QG de cette campagne de « chiisation ». Au ministère des Affaires religieuses, on précise qu’il y a plus de 300 Iraniens, dont les diplomates, qui travaillent en Algérie. « Si d’aventure nous découvrons qu’ils font du prosélytisme, nous sommes prêts à les expulser », menace le bras droit de Bouabdellah Ghlamallah. « Mais on n’en est pas encore là. Tant que le ministère de l’Intérieur n’a rien signalé, nous ne pouvons pas déclencher des enquêtes sur un phénomène basé sur la rumeur. » Contacté par nos soins, le service de la communication de l’ambassade d’Iran affirme que « c’est totalement faux ! » Il prend soin de nous remercier de leur avoir donné la parole.
Si d’ici à cinq ans, les autorités algériennes ne mettent pas le holà, les chiites se compteront par milliers et le pays connaîtra une vague de violence aussi terrible que celle des années 1990. »
Cette funeste prophétie donne froid dans le dos. Elle émane de Mohamed Benbrika, docteur en philosophie, enseignant à l’université d’Alger et par ailleurs secrétaire général du rite de la Qadiria en Algérie. Depuis quelque temps, il ne cesse de sonner le clairon via les médias sur les risques réels ou supposés de la propagation du chiisme en Algérie. Des articles de presse rapportant que le « deuil de Karbala » avait été célébré à Constantine notamment ont servi d’électrochoc pour donner l’alerte. L’Algérie sunnite serait ainsi menacée par les apôtres de Sistani. Au ministère des Affaires religieuses, on est plutôt choqué par les colporteurs de ces prêches qui ne seraient pas forcément fondés. Mais on exclut rien. « On parlait ces dernières années du phénomène de l’évangélisation au pays, et aujourd’hui, on entend parler de chiites. Ceux-ci font beaucoup plus de la politique que de la religion… » Bouabdellah Ghlamallah, le gardien du temple sunnite national, n’est donc pas inquiet. Mais il relativise sa belle assurance par : « Si vraiment ce phénomène existe, cela voudrait dire que les imams et les direction des wakfs ont failli à leurs missions et qu’il y a un vide quelque part », a-t-il concédé lors de la réunion d’évaluation, la semaine dernière, tenue à Mohammadia. « Officiellement, nous n’avons été saisis de cette menace chiite ni par nos directions de wilaya ni par les imams. Nous avons nous-mêmes lu l’information dans la presse, comme tout le monde, et d’ailleurs, même les services de sécurité ne nous ont rien signalé de tel. » Abdellah Tamine, conseiller de Ghlamallah à la communication, ne veut point alarmer les Algériens, lui non plus. « Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a eu aucune manifestation publique de chiites dans les quatre coins du pays, du moins à notre connaissance… » Ce cadre du ministère du culte n’exclut cependant pas l’existence d’une « tentative ». Il est même convaincu que cette « agitation » est l’œuvre d’un courant politique et non pas religieux. Pour lui, la manœuvre vise la déstabilisation de l’Algérie du fait que le pays soit à 99% sunnite malékite. « C’est une atteinte à l’unité religieuse de l’Algérie que de vouloir faire du prosélytisme chiite. Que les partisans de ce rite pratiquent les commandements de leur culte légalement, cela leur est garanti par les lois de la République, mais qu’ils le fassent dans l’anarchie, cela s’appelle la fitna ! » Et quand on parle de chiisme, les regards se braquent automatiquement vers l’Iran et son ambassade à Alger qui serait le QG de cette campagne de « chiisation ». Au ministère des Affaires religieuses, on précise qu’il y a plus de 300 Iraniens, dont les diplomates, qui travaillent en Algérie. « Si d’aventure nous découvrons qu’ils font du prosélytisme, nous sommes prêts à les expulser », menace le bras droit de Bouabdellah Ghlamallah. « Mais on n’en est pas encore là. Tant que le ministère de l’Intérieur n’a rien signalé, nous ne pouvons pas déclencher des enquêtes sur un phénomène basé sur la rumeur. » Contacté par nos soins, le service de la communication de l’ambassade d’Iran affirme que « c’est totalement faux ! » Il prend soin de nous remercier de leur avoir donné la parole.
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