(Le Monde 27/02/2009)
Douze anciens militaires français se présentent devant la cour d'appel de Paris, jeudi 26 février, pour obtenir réparation des préjudices subis. Les "préjudices" ? Des cancers, qu'ils estiment causés par les essais nucléaires français, alors qu'ils étaient en mission au Sahara ou en Polynésie dans les années 1960.
Gérard Dellac est l'un de ces soldats. Le 13 février 1960, date du premier essai atomique français, il est à Reggane, en Algérie, lorsqu'on l'envoie au "point zéro", l'endroit précis où l'explosion s'est produite, planter le drapeau tricolore. Pour Arlette Dellac, sa femme, il n'y a aucun doute : c'est ce qui a provoqué son cancer.
L'État français reconnaît que Gérard Dellac a été irradié. Mais le cancer de la peau dont il souffre ne fait pas partie de la liste des maladies radio-induites dressée par la Sécurité sociale. A ce titre, il ne bénéficie d'aucun suivi médical, ni d'aucune pension militaire d'invalidité.
"JUSQU'À MAINTENANT, TOUTES LES DÉMARCHES ONT ÉTÉ REJETÉES"
Pour lui et les onze autres militaires irradiés qui se présentent devant la cour d'appel de Paris, il s'agit donc d'une énième tentative d'obtenir réparation. "Toutes les démarches effectuées jusqu'à maintenant ont été rejetées", explique Michel Verger, président de l'Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN) qui offre ses services – notamment juridiques – aux militaires irradiés. "A peu près quatre cents dossiers de cas de militaires ou veuves de militaires irradiés sont sur nos bureaux, explique Michel Verger. Des procédures en justice sont engagées pour environ cent cinquante d'entre eux." En 2006, la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (CIVI) avait rejeté la demande d'indemnisation de Gérard Dellac et des onze autres militaires.
Malgré tout, Michel Verger garde espoir. En septembre 2008, l'Etat a été condamné par la cour régionale des pensions militaires de Nancy à verser une indemnité à André Geneix, ancien soldat irradié en 1962 au Sahara. Un signe pour M. Verger que "l'on est sur la bonne voie". Autre lueur d'espoir pour l'ancien militaire : le ministre de la défense, Hervé Morin, a récemment proposé un projet de loi qui prévoit d'indemniser les soldats victimes de l'exposition aux essais nucléaires sans qu'ils aient à prouver de lien de causalité entre la maladie contractée et les essais.
Lucile Sourdès
Douze anciens militaires français se présentent devant la cour d'appel de Paris, jeudi 26 février, pour obtenir réparation des préjudices subis. Les "préjudices" ? Des cancers, qu'ils estiment causés par les essais nucléaires français, alors qu'ils étaient en mission au Sahara ou en Polynésie dans les années 1960.
Gérard Dellac est l'un de ces soldats. Le 13 février 1960, date du premier essai atomique français, il est à Reggane, en Algérie, lorsqu'on l'envoie au "point zéro", l'endroit précis où l'explosion s'est produite, planter le drapeau tricolore. Pour Arlette Dellac, sa femme, il n'y a aucun doute : c'est ce qui a provoqué son cancer.
L'État français reconnaît que Gérard Dellac a été irradié. Mais le cancer de la peau dont il souffre ne fait pas partie de la liste des maladies radio-induites dressée par la Sécurité sociale. A ce titre, il ne bénéficie d'aucun suivi médical, ni d'aucune pension militaire d'invalidité.
"JUSQU'À MAINTENANT, TOUTES LES DÉMARCHES ONT ÉTÉ REJETÉES"
Pour lui et les onze autres militaires irradiés qui se présentent devant la cour d'appel de Paris, il s'agit donc d'une énième tentative d'obtenir réparation. "Toutes les démarches effectuées jusqu'à maintenant ont été rejetées", explique Michel Verger, président de l'Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN) qui offre ses services – notamment juridiques – aux militaires irradiés. "A peu près quatre cents dossiers de cas de militaires ou veuves de militaires irradiés sont sur nos bureaux, explique Michel Verger. Des procédures en justice sont engagées pour environ cent cinquante d'entre eux." En 2006, la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (CIVI) avait rejeté la demande d'indemnisation de Gérard Dellac et des onze autres militaires.
Malgré tout, Michel Verger garde espoir. En septembre 2008, l'Etat a été condamné par la cour régionale des pensions militaires de Nancy à verser une indemnité à André Geneix, ancien soldat irradié en 1962 au Sahara. Un signe pour M. Verger que "l'on est sur la bonne voie". Autre lueur d'espoir pour l'ancien militaire : le ministre de la défense, Hervé Morin, a récemment proposé un projet de loi qui prévoit d'indemniser les soldats victimes de l'exposition aux essais nucléaires sans qu'ils aient à prouver de lien de causalité entre la maladie contractée et les essais.
Lucile Sourdès