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La situation devient explosive en Guadeloupe

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  • La situation devient explosive en Guadeloupe

    De mardi à mercredi, pour la deuxième nuit consécutive, les violences se sont multipliées en Guadeloupe entre des bandes de jeunes et les forces de l'ordre, selon plusieurs sources.

    Un homme d'une cinquantaine d'années a été tué par une balle tirée "depuis un barrage tenu par des jeunes" à Pointe-à-Pitre, a-t-on appris auprès de la cellule de crise de la préfecture de la Guadeloupe, confirmant une information d'Europe 1.

    La victime, Jacques Bino, qui a été tué alors qu'il se trouvait à bord d'une voiture dans la cité Henri IV, une zone sensible du quartier Chanzy, était "un syndicaliste qui revenait d'un meeting". "Ce n'est pas un mort lié aux forces de l'ordre". Une personne qui accompagnait la victime est actuellement auditionnée par la police judiciaire.

    Trois gendarmes ont été légèrement blessés plus tôt dans la soirée, par des tirs de plombs, provenant "vraisemblablement d'une arme de chasse", a encore indiqué un responsable de la cellule de crise.

    Certains magasins appartenant au groupe martiniquais béké Groupe Bernard Hayot (GBH) ont été pillés ou brûlés, dont un magasin à l'enseigne Carrefour et une concession Renault. L'aéroport de Pointe-à-Pitre a été fermé une partie de la journée de mardi pour des raisons de sécurité liées au manque de personnel.

    La cellule de crise de la préfecture a établi un bilan des affrontements de la nuit de mardi recensant 15 commerces pillés, 7 établissements incendiés, 21 véhicules brûlés, 13 interpellations et une soixantaine d'interventions de pompiers.

    Elie Domota, leader du collectif LKP, a lancé ces derniers jours des appels au calme et pressé le préfet de "retirer ses gendarmes". Dans un entretien au quotidien Libération ce mercredi, il a imputé l'embrasement de l'île à l'Etat, l'accusant de faire "venir des charters de gendarmes pour casser du nègre".

    "Nous avons toujours lancé l'appel au calme, nous avons toujours dit aux jeunes de ne pas mettre leur vie en danger ni celle de quiconque", a réaffirmé Elie Domota ce mercredi matin sur RTL. "Mais je crois que tout a commencé hier lorsque les gendarmes sont venus tabasser les manifestants en les insultant avec des propos racistes", a-t-il ajouté.

    Les réactions du gouvernement

    Côté gouvernement, "le message, c'est d'abord de lancer un appel au calme, c'est le plus important", a insisté Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, ce mercredi matin sur Europe 1. "La place des uns et des autres, elle est davantage autour de la table que sur les barricades", a-t-il poursuivi. "La volonté du gouvernement, c'est de faire aboutir la médiation qui a lieu en ce moment entre les partenaires sociaux", a-t-il déclaré.

    Alors que le conflit guadeloupéen menace de se diffuser dans les autres DOM, Nicolas Sarkozy s'est impliqué hier pour la première fois directement. Un communiqué de l'Elysée a annoncé que le chef de l'Etat recevrait les parlementaires des DOM et les présidents des collectivités locales jeudi à 18 heures, afin de "faire le point" sur la situation de ces départements "dans le contexte de la crise économique".

    La ministre de l'Intétieur Michèle Alliot-Marie a décidé de tenir ce mercredi à 16 heures à Paris une réunion "consacrée à la sécurité publique aux Antilles".

    Par ailleurs, le Premier ministre François Fillon a présenté ce mercredi en Conseil des ministres un décret créant un conseil interministériel de l'Outre-mer. Cette instance, placée sous l'autorité du chef de l'Etat, permettra de coordonner et d'arbitrer les grandes questions concernant l'Outre-mer, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel. Elle pourrait se réunir dans les prochains jours.

    Réponse du gouvernement aux mouvements sociaux qui se déroulent aux Antilles, ce conseil est également une promesse que Nicolas Sarkozy avait faite lors de sa campagne présidentielle.

    Les leaders de la CGT, de la CFDT et de FO se sont de leur côté mis d'accord pour "exiger" que le sommet social de ce mercredi à l'Elysée aborde la crise sociale en Guadeloupe, a déclaré à son arrivée à l'Elysée le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque.

    Deux nuits de violences

    Lundi, neuf barrages ont été érigés par le Collectif contre la vie chère (LKP) sur plusieurs axes routiers stratégiques, selon la préfecture. Le Premier ministre, François Fillon, a estimé que ces barrages ne constituaient pas des "moyens légaux" d'expression. "Il faut que les stations d'essence soient le plus possible accessibles, il faut que les gens puissent se déplacer, il faut que les Guadeloupéens puissent se procurer les produits de première nécessité", a-t-il déclaré.

    Lundi aux environs de 22 heures (3 heures mardi matin à Paris), une voiture a été incendiée par les manifestants et celle du procureur de la République caillassée. Les forces de l'ordre présentes ont fait usage de grenades lacrymogènes et détonantes, selon des journalistes sur place. Un peu plus tard, une dizaine de barrages en feu ont été constatés à Pointe-à-Pitre, où un magasin de fournitures de bateaux a également été incendié, selon un photographe de l'AFP.

    Par ailleurs, un véhicule a été incendié devant un hôtel de Gosier, la ville la plus touristique de l'île située à 5 km de Pointe-à-Pitre, a constaté un journaliste de l'AFP. A quelques centaines de mètres de là, un groupe d'une cinquantaine de jeunes, pour certains le visage masqué, jetaient des pierres sur un escadron de gendarmes mobiles qui intervenaient pour lever des barrages routiers ainsi que sur des véhicules de particuliers.

    Des négociations au point mort


    Les négociations entre le patronat et le LKP, à l'origine de la grève générale qui dure depuis cinq semaines, achoppent jusqu'à présent sur l'augmentation des bas salaires. Alors que le patronat de l'île souhaite voir financer cette augmentation par le biais d'un allègement des charges patronales, François Fillon, a opposé la semaine dernière une fin de non-recevoir à cette demande.

    Dans une interview accordée à la radio RMC mardi, Yves Jégo a déclaré : "On est prêts à apporter une baisse de charges sociales aux entreprises qui en ont besoin pour passer la crise économique et sociale, à charge pour elles ensuite de rentrer dans une bonne négociation".

    Le secrétaire d'Etat a assuré qu'il n'avait "jamais engagé la parole de l'Etat sur les 200 euros" d'augmentation des salaires nets réclamée par le collectif. "J'ai engagé la parole de l'Etat sur des baisses de charges que nous sommes en train de faire", a-t-il encore indiqué.

    "La balle est dans le camp du patronat qui doit, je l'espère, formuler une proposition complète très rapidement", avait-t-il déclaré dans un entretien publié lundi par Le Parisien. "Nous (l'Etat, Ndlr) n'avons pas le pouvoir de décider des salaires, pas plus en métropole qu'en Outre-mer", avait affirmé le secrétaire d'Etat.

    François Fillon a indiqué lundi que les médiateurs envoyés en Guadeloupe allaient faire des propositions "dans les prochaines heures". "Les médiateurs ont rencontré le patronat et les organisations syndicales. Ils sont en train de mettre la main à des propositions qui peuvent servir de base à une vraie négociation, cette fois-ci solide, entre les partenaires sociaux", a-t-il dit.

    Le collectif LKP, à l'origine de la grève générale démarrée le 20 janvier garde une cote de popularité intacte. Il a encore rassemblé samedi dernier dans la ville du Moule près de 9.000 sympathisants, selon la police, et 50.000, selon les organisateurs. "Le mouvement ne s'essouffle pas, il s'amplifie", avait prévenu le leader du LKP en début de semaine, Elie Domota, qui a durci le ton.

    Le Medef de Guadeloupe a estimé dimanche dernier qu'entre 8.000 et 12.000 emplois, sur 79.000, pourraient être détruits dans le secteur privé à cause de la grève.

    Le projet de loi pour le développement économique, adopté en juillet par le conseil des ministres, doit passer le 10 mars au Sénat en première lecture.

    Par la Tribune
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