Erik Fosse, un cardiologue norvégien, a travaillé dans les hôpitaux de Gaza au cours de la dernière guerre. "C'était comme s'il avait marché sur une mine", explique-t-il au sujet de certains de ses patients palestiniens. "Mais il n'y a pas d'éclats d'obus dans la plaie. Certains avaient perdu leurs jambes. C’est comme si elles avaient été coupées net. J'ai été dans des zones de guerre depuis 30 ans, mais je n'ai jamais vu de telles blessures auparavant."
Photo UNWRA : Attaque au phosphore blanc contre l'école de l'UNWRA à Beit Lahia, au nord de la Bande de Gaza
Le Dr. Fosse décrit les effets d'une arme américaine "destinée à tuer" qui minimise les dégats faits aux structures tout en infligeant des blessures catastrophiques à ses victimes.
Mais où les Israéliens ont-ils obtenu cette arme ? Et leur large utilisation dans l'attaque de Gaza a-elle servi de test sur le terrain pour une nouvelle génération d'explosifs ?
DIME à Mort
L'arme spécifique est appelée Dense Inert Metal Explosive (DIME). En 2000, l'US Air Force s'est associé au Laboratoire National Lawrence Livermore de l'Université de Californie. L'arme contient des puissants explosifs mélangé à un alliage de tungstène et d'autres métaux comme le cobalt, le nickel, le fer ou dans une enveloppe de fibre de carbone/époxy.
Lorsque la bombe explose l’enveloppe s'évapore, et le tungstène se transforme en micro-éclats d'obus qui sont extrêmement meurtriers dans un rayon de 4 mètres. Le Tungstène est inerte, il ne réagit pas chimiquement avec l'explosif. Tandis qu’un métal non-inerte comme l'aluminium augmenterait l'explosion, en fait, le tungstène limite l'explosion à une zone déterminée.
Cependant, à l’intérieur de sa portée, l'arme est extrêmement meurtrière. Selon le médecin norvégien Mad Gilbert>, l'explosion entraine de multiples amputations et de "très graves fractures. Les muscles se détachent en quelque sorte de l'os, se décrochent, et vous avez aussi de très graves brûlures." La plupart de ceux qui survivent à l'explosion initiale succombent rapidement à une septicémie et à une rupture de l’organe.
"Au début, tout semble en ordre ... mais lors de l’opération, il s'avère que l’ont peut trouver de mini-particules dans tous leurs organes», explique le Dr Jam Brommundt, un médecin allemand qui travaille à Khan Younis, une ville du sud de la bande de Gaza. "On dirait que c’est une sorte d'explosif ou d’obus qui disperse de minuscules particules qui pénètrent dans tous les organes, et vous ne pouvez pas opérer ces mini blessures au cours d’une intervention chirurgicale." Selon Brommundt, les particules causent de nombreuses défaillances d'organes.
Si, par miracle, les victimes résistent à ces conditions, elles développeront presque certainement des Rhabdomyosarcomes (RMS), un cancer particulièrement meurtrier qui s’incruste profondément dans les tissus et est presque impossible à soigner. Une étude sur la santé du Département américain de 2005 a constaté que le tungstène provoquait des cancers RMS, même à très faibles doses. L’ensemble des 92 rats testés ont développé un cancer.
Si la DIME a été initialement conçue pour éviter les dommages "collatéraux" générés par les bombes normales fortement explosives, la mortalité de l’arme et sa forte toxicité à long terme semblent ne guère être une amélioration.
Il semble que l’arme DIME ait été utilisée en 2006, lors de l’invasion israélienne du Liban, mais pas assez pour alarmer le personnel médical. Mais dans la bande de Gaza, l'arme a été largement utilisée. Rien qu’à l’hôpital Al-Shifa, il y a eu entre 100 et 150 victimes de ces attaques.
Gaza comme Test
Le Dr. Gilbert a déclaré à l'Oslo Gardermoen, "il existe une forte suspicion que ... la bande de Gaza est maintenant utilisée comme laboratoire d'essai pour de nouvelles armes."
DIME est une invention américaine. Les Israéliens ont-ils obtenu ces armes des Etats-Unis, ou ont-ils conçu eux-mêmes une arme similaire? Étant donné les relations étroites entre les deux armées, il n'est pas improbable que l'US Air Force ait fourni les armes, ou, au moins, les indications sur la manière de les construire.
Et puisque les États-Unis n'ont pas encore utilisé l'engin dans une guerre, ils tireraient certainement des enseignements en voyant comment ces nouvelles armes «destinées à tuer» fonctionnent sur le champ de bataille.
Marc Garlasco, un haut conseiller militaire de Human Rights Watch, déclare : "Il reste à voir comment Israël a obtenu la technologie, à savoir s’il a acheté des armes aux États-Unis en vertu d'un accord, ou qu’ils leur aient accordé une licence ou s’ils ont mis au point leur propre type de munitions."
Les armes DIME ne sont pas interdites par les Conventions de Genève parce qu'elles n'ont jamais été officiellement testées. Toutefois, une arme capable d'infliger ces horribles dégâts sont normalement exclus de l'utilisation, en particulier dans l'une des zones les plus densément peuplées au monde.
Sur un point, personne ne sait combien de temps le tungstène reste dans l'environnement ou comment il peut affecter les personnes qui retournent dans des maisons attaquées par un DIME. Le chercheur en cancérologie de l’Université de l'Arizona, le Dr Mark Witten, qui examine les liens entre le tungstène et la leucémie, a déclaré qu'à son avis, "il faut qu'il y ait beaucoup plus de recherches sur les effets sur la santé du tungstène avant que l'armée intensifie son usage."
Au-delà des DIME
Les DIME ne sont pas les seules armes controversées utilisées dans la bande de Gaza. Les Forces d’Occupation Israélienne (FOI) ont fait également un généreux usage de phosphore blanc, un produit chimique qui brûle en dégageant une chaleur intense et inflige des brûlures terribles sur les victimes.
Dans sa forme vapeur, il endommage aussi les voies respiratoires. Le droit international interdit l'utilisation d'armes à la proximité des secteurs urbains, et exige que "toutes les précautions raisonnables" soient prises pour éviter les civils.
Israël d'abord nié avoir utilisé le produit chimique. "Les FOI agissent seulement en conformité avec ce qui est permis par le droit international et n’utilise pas de phosphore blanc", a déclaré le chef d'état-major israélien, Gabi Ashkenazi, le 13 Janvier.
Mais les récits des témoins dans la bande de Gaza et en Israël ont rapidement forcé les FOI à admettre qu'elles avaient bien utilisé cette substance.
Le 20 Janvier, les FOI ont avoué l'utilisation d’obus d'artillerie au phosphore comme écrans de fumée, ainsi que 200 obus de mortier au phosphore M825A1 fabriqués aux États-Unis sur les "combattants du Hamas et les équipes de lanceurs de roquettes dans le nord de Gaza."
Trois de ces obus sont tombés sur le bâtiment de l’Agence de Travaux et d’Aide des Nations Unies le 15 Janvier, provoquant un incendie qui a détruit des centaines de tonnes de fournitures humanitaires.
Un obus de phosphore a également frappé l'hôpital Al-Quds dans la ville de Gaza. Les Israéliens disent que les combattants du Hamas se trouvaient près des deux cibles, une accusation que nient catégoriquement les témoins.
Donatella Rovera d'Amnesty International a déclaré: «Cette large utilisation de cette arme des quartiers résidentiels densément peuplés dans la bande de Gaza... et le nombre de ses victimes parmi les civils est un crime de guerre".
Israël est également accusé d'utiliser des munitions à l'Uranium Appauvri, armes déclarées en 2002 par une sous-commission des Nations unies être en violation de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de la Charte des Nations Unies, des Conventions de Genève, de la Convention internationale contre la Torture, de la Convention sur les Armes Conventionnelles et des Conventions de La Haye contre l'utilisation des armes poison.
Les munitions à l'Uranium Appauvri ne sont pas très radioactives, mais, après l'explosion, certaines d'entre elles se transforment en un gaz qui peut être facilement inhalé. Les éclats d'obus denses qui survivent ont aussi tendance à s’enterrer profondément, infiltrant de faibles niveaux de radioactivité dans les nappes fréatiques.

Photo UNWRA : Attaque au phosphore blanc contre l'école de l'UNWRA à Beit Lahia, au nord de la Bande de Gaza
Le Dr. Fosse décrit les effets d'une arme américaine "destinée à tuer" qui minimise les dégats faits aux structures tout en infligeant des blessures catastrophiques à ses victimes.
Mais où les Israéliens ont-ils obtenu cette arme ? Et leur large utilisation dans l'attaque de Gaza a-elle servi de test sur le terrain pour une nouvelle génération d'explosifs ?
DIME à Mort
L'arme spécifique est appelée Dense Inert Metal Explosive (DIME). En 2000, l'US Air Force s'est associé au Laboratoire National Lawrence Livermore de l'Université de Californie. L'arme contient des puissants explosifs mélangé à un alliage de tungstène et d'autres métaux comme le cobalt, le nickel, le fer ou dans une enveloppe de fibre de carbone/époxy.
Lorsque la bombe explose l’enveloppe s'évapore, et le tungstène se transforme en micro-éclats d'obus qui sont extrêmement meurtriers dans un rayon de 4 mètres. Le Tungstène est inerte, il ne réagit pas chimiquement avec l'explosif. Tandis qu’un métal non-inerte comme l'aluminium augmenterait l'explosion, en fait, le tungstène limite l'explosion à une zone déterminée.
Cependant, à l’intérieur de sa portée, l'arme est extrêmement meurtrière. Selon le médecin norvégien Mad Gilbert>, l'explosion entraine de multiples amputations et de "très graves fractures. Les muscles se détachent en quelque sorte de l'os, se décrochent, et vous avez aussi de très graves brûlures." La plupart de ceux qui survivent à l'explosion initiale succombent rapidement à une septicémie et à une rupture de l’organe.
"Au début, tout semble en ordre ... mais lors de l’opération, il s'avère que l’ont peut trouver de mini-particules dans tous leurs organes», explique le Dr Jam Brommundt, un médecin allemand qui travaille à Khan Younis, une ville du sud de la bande de Gaza. "On dirait que c’est une sorte d'explosif ou d’obus qui disperse de minuscules particules qui pénètrent dans tous les organes, et vous ne pouvez pas opérer ces mini blessures au cours d’une intervention chirurgicale." Selon Brommundt, les particules causent de nombreuses défaillances d'organes.
Si, par miracle, les victimes résistent à ces conditions, elles développeront presque certainement des Rhabdomyosarcomes (RMS), un cancer particulièrement meurtrier qui s’incruste profondément dans les tissus et est presque impossible à soigner. Une étude sur la santé du Département américain de 2005 a constaté que le tungstène provoquait des cancers RMS, même à très faibles doses. L’ensemble des 92 rats testés ont développé un cancer.
Si la DIME a été initialement conçue pour éviter les dommages "collatéraux" générés par les bombes normales fortement explosives, la mortalité de l’arme et sa forte toxicité à long terme semblent ne guère être une amélioration.
Il semble que l’arme DIME ait été utilisée en 2006, lors de l’invasion israélienne du Liban, mais pas assez pour alarmer le personnel médical. Mais dans la bande de Gaza, l'arme a été largement utilisée. Rien qu’à l’hôpital Al-Shifa, il y a eu entre 100 et 150 victimes de ces attaques.
Gaza comme Test
Le Dr. Gilbert a déclaré à l'Oslo Gardermoen, "il existe une forte suspicion que ... la bande de Gaza est maintenant utilisée comme laboratoire d'essai pour de nouvelles armes."
DIME est une invention américaine. Les Israéliens ont-ils obtenu ces armes des Etats-Unis, ou ont-ils conçu eux-mêmes une arme similaire? Étant donné les relations étroites entre les deux armées, il n'est pas improbable que l'US Air Force ait fourni les armes, ou, au moins, les indications sur la manière de les construire.
Et puisque les États-Unis n'ont pas encore utilisé l'engin dans une guerre, ils tireraient certainement des enseignements en voyant comment ces nouvelles armes «destinées à tuer» fonctionnent sur le champ de bataille.
Marc Garlasco, un haut conseiller militaire de Human Rights Watch, déclare : "Il reste à voir comment Israël a obtenu la technologie, à savoir s’il a acheté des armes aux États-Unis en vertu d'un accord, ou qu’ils leur aient accordé une licence ou s’ils ont mis au point leur propre type de munitions."
Les armes DIME ne sont pas interdites par les Conventions de Genève parce qu'elles n'ont jamais été officiellement testées. Toutefois, une arme capable d'infliger ces horribles dégâts sont normalement exclus de l'utilisation, en particulier dans l'une des zones les plus densément peuplées au monde.
Sur un point, personne ne sait combien de temps le tungstène reste dans l'environnement ou comment il peut affecter les personnes qui retournent dans des maisons attaquées par un DIME. Le chercheur en cancérologie de l’Université de l'Arizona, le Dr Mark Witten, qui examine les liens entre le tungstène et la leucémie, a déclaré qu'à son avis, "il faut qu'il y ait beaucoup plus de recherches sur les effets sur la santé du tungstène avant que l'armée intensifie son usage."
Au-delà des DIME
Les DIME ne sont pas les seules armes controversées utilisées dans la bande de Gaza. Les Forces d’Occupation Israélienne (FOI) ont fait également un généreux usage de phosphore blanc, un produit chimique qui brûle en dégageant une chaleur intense et inflige des brûlures terribles sur les victimes.
Dans sa forme vapeur, il endommage aussi les voies respiratoires. Le droit international interdit l'utilisation d'armes à la proximité des secteurs urbains, et exige que "toutes les précautions raisonnables" soient prises pour éviter les civils.
Israël d'abord nié avoir utilisé le produit chimique. "Les FOI agissent seulement en conformité avec ce qui est permis par le droit international et n’utilise pas de phosphore blanc", a déclaré le chef d'état-major israélien, Gabi Ashkenazi, le 13 Janvier.
Mais les récits des témoins dans la bande de Gaza et en Israël ont rapidement forcé les FOI à admettre qu'elles avaient bien utilisé cette substance.
Le 20 Janvier, les FOI ont avoué l'utilisation d’obus d'artillerie au phosphore comme écrans de fumée, ainsi que 200 obus de mortier au phosphore M825A1 fabriqués aux États-Unis sur les "combattants du Hamas et les équipes de lanceurs de roquettes dans le nord de Gaza."
Trois de ces obus sont tombés sur le bâtiment de l’Agence de Travaux et d’Aide des Nations Unies le 15 Janvier, provoquant un incendie qui a détruit des centaines de tonnes de fournitures humanitaires.
Un obus de phosphore a également frappé l'hôpital Al-Quds dans la ville de Gaza. Les Israéliens disent que les combattants du Hamas se trouvaient près des deux cibles, une accusation que nient catégoriquement les témoins.
Donatella Rovera d'Amnesty International a déclaré: «Cette large utilisation de cette arme des quartiers résidentiels densément peuplés dans la bande de Gaza... et le nombre de ses victimes parmi les civils est un crime de guerre".
Israël est également accusé d'utiliser des munitions à l'Uranium Appauvri, armes déclarées en 2002 par une sous-commission des Nations unies être en violation de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de la Charte des Nations Unies, des Conventions de Genève, de la Convention internationale contre la Torture, de la Convention sur les Armes Conventionnelles et des Conventions de La Haye contre l'utilisation des armes poison.
Les munitions à l'Uranium Appauvri ne sont pas très radioactives, mais, après l'explosion, certaines d'entre elles se transforment en un gaz qui peut être facilement inhalé. Les éclats d'obus denses qui survivent ont aussi tendance à s’enterrer profondément, infiltrant de faibles niveaux de radioactivité dans les nappes fréatiques.
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