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Gaza : une horreur pour rien ?

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  • Gaza : une horreur pour rien ?

    Pourquoi des militaires ont rasé des cimetières avec des Bulldozer à Gaza ?

    Pourquoi ont-il saccagé des vergers et des potagers ?

    Pourquoi des enfants tirés comme des lapins ?

    Ou sont les objectifs militaires ?

    C'est bien pour cela que le TPI a été saisi par les ONG pour juger ceux qui ont commis ces crimes de guerre contre des civils.
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    «Les soldats tiraient et nous disaient : «Allez à la mort...»»

    Alors que les militaires israéliens se préparent à affronter les accusations de crimes de guerre portées par les organisations de défense des droits de l’homme, le Hamas a repris le contrôle de la bande de Gaza, crie victoire et lance une véritable chasse aux militants du Fatah

    Khaled Abed Rabbo est assis sur deux blocs de parpaings, au milieu d’un paysage lunaire. Des vergers, des villas qui recouvraient les hauteurs de Jabaliya, il ne reste rien, juste un amas de sable et de gravats. C’est comme une immense vague. Une coulée qui aurait dévalé la colline et tout emporté. Sur plusieurs centaines de mètres, la terre a été retournée, fouillée, malaxée. Les maisons reposent au sol, par dizaines, aplaties, cassées en gros morceaux. Dynamitées ou détruites au bulldozer. Celle de Khaled repose juste devant lui. Un empilement de béton hérissé de tiges métalliques.

    Au début de l’offensive terrestre, l’homme n’a pas pris la fuite avec sa famille, comme tant d’autres. Pour quoi faire ? Il a connu par le passé plusieurs incursions de l’armée israélienne. Le quartier Ezbet Abed Rabbo, qui porte le nom de son clan, situé au nord-est de la bande de Gaza, est tout proche de la frontière. « Les soldats sont déjà rentrés chez moi. Ils savent que je n’appartiens pas au Hamas. Nous sommes des gens pacifiques. » Il fait partie des policiers qui refusent de servir le gouvernement islamiste et continuent de toucher un salaire de l’Autorité palestinienne.

    Quand le 7 janvier, vers midi, trois chars stoppent devant sa porte tandis que les soldats intiment par haut-parleur l’ordre aux occupants de sortir, il obtempère. Sa mère insiste pour l’accompagner avec les autres femmes, afin de bien apparaître « comme des civils ». Lentement, il gagne la rue avec sa mère, son épouse qui agite un voile blanc et ses trois filles, Amal, 2 ans, Samar, 4 ans, Suhad, 7 ans. « Les canons des tanks étaient pointés sur nous. Deux soldats mangeaient des chips et du chocolat, raconte-t-il. Après cinq minutes, un troisième est apparu et a tiré sur nous avec son M16 ». Suhad est tuée sur le coup. Le père rampe vers la maison en traînant ses deux autres enfants grièvement blessées. Sa mère a le bras en sang. Amal, la cadette, succombe peu de temps après.

    Un voisin ambulancier, Samih al-Cheikh, entend leurs cris et tente de les secourir avec son véhicule. Les militaires le font descendre les mains en l’air. « Ils m’ont forcé à me déshabiller et à partir vers la ville à pied. » De retour chez lui douze jours plus tard, il retrouvera son ambulance encastrée dans les ruines de sa maison. « Je ne comprends toujours pas comment elle est arrivée là », dit-il devant la carcasse métallique frappée du croissant rouge, coincée entre deux pans de mur. Les tankistes n’autorisent la famille Abed Rabbo à quitter les lieux qu’au bout de deux heures.

    « On a marché jusqu’à la route principale. Ca tirait au-dessus de nos têtes, puis on a fini par trouver des gens qui nous ont emmenés à l’hôpital », poursuit Khaled. Son récit est corroboré par un voisin et par sa mère, alitée dans un appartement. Elle sort son bras des couvertures, montre la cicatrice laissée par la balle. « Je prie pour que personne, pas même des juifs, ne voie ce qu’on a vu, dit-elle, pour que l’on puisse vivre en paix comme tout le monde. » Touchée à la colonne vertébrale, sa fille Samar vient de subir sa septième opération en Belgique. Ses deux soeurs sont enterrées dans une même tombe au cimetière de Jabaliya.

    Au cours de son opération baptisée Plomb durci, l’armée israélienne a-t-elle commis des crimes de guerre ? « On peut parler sans aucun doute de violations massives du droit international », déclare Donatella Rovera, d’Amnesty International. Comme de nombreuses ONG, son équipe recueille indices et témoignages qui pourraient un jour déboucher sur des actions en justice. « Il se peut très bien que ce travail ne donne des fruits que dans dix ans, ajoute-t-elle. Cela ne peut pas, cependant, remplacer une véritable enquête mandatée par les Nations unies et dotée de réels pouvoirs. » L’Autorité palestinienne tente de saisir la Cour pénale internationale. Des avocats envisagent de porter plainte dans un ou plusieurs pays européens au titre de la compétence universelle.

    L’Etat hébreu prend la menace très au sérieux. Le Premier ministre Ehoud Olmert promet d’apporter une aide totale, notamment juridique, à ses soldats, et les principaux chefs militaires doivent solliciter l’aval du gouvernement avant certains déplacements à l’étranger, notamment en Europe. L’armée, tout en répétant qu’elle « ne cible pas les civils », déclare avoir ouvert des investigations internes. Elle accuse à son tour le Hamas de s’être servi des populations comme « boucliers humains ». Dans cette bataille, cette fois pénale, chaque camp fourbit ses armes. Les délégations palestiniennes et étrangères se succèdent à Zeitoun, autre faubourg durement frappé, au sud de la ville de Gaza. Minaret décapité, usines réduites à l’état de squelettes, bâtiments carbonisés, silos de grain éventrés et puis, au détour d’un chemin, plus rien. Un nouveau séisme.

    Une terre creusée au bulldozer, des décombres à moitié enfouis, un croissant doré posé sur les ruines d’une mosquée, une odeur de charogne dégagée par des centaines de poulets écrabouillés dans leurs cages et une banderole dédiée aux « martyrs » du clan Samouni. Seuls les hommes ont droit à une photo. Les victimes de sexe féminin sont représentées par une rose. « Montrer leur visage ne serait pas décent », explique un parent.

    Chacun vient photographier les graffitis badigeonnés sur les murs de l’unique édifice encore debout, rédigés en anglais ou en hébreu. Des signes de la violence perpétrée dans ces lieux : « Faites la guerre, pas la paix », « Vous pouvez courir, pas vous cacher », « Arabs need 2 die » (Les Arabes doivent mourir). Il y a aussi ce dessin de pierre tombale barré de l’épitaphe : « Arab 1948-2009 ».

    Assis au milieu de la foule des visiteurs, Salah Samouni, le fils de la maison, 30 ans, regarde des photographies de ses proches disparus. Il a perdu sa fille de 2 ans, son père, sa mère, deux belles-soeurs, un neveu... Au total, 22 membres de sa famille ont été tués par l’armée israélienne. Il affirme que ce pâté de maisons n’abritait aucun combattant du Hamas. « Je suis un simple chauffeur. Mon père a travaillé vingt ans en Israël. C’est un fermier. Nous avons des serres, des champs. » Il porte un bandage sur la tête, des traces de sang à l’oreille. Il bafouille en racontant son histoire pour la énième fois.

    La suite...
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    « Le 4 janvier, pendant qu’on priait le matin, des hélicoptères Apache étaient en train de tirer tout autour de nous. » Vers 11 h 30, des soldats israéliens réquisitionnent sa maison, l’une des plus hautes du quartier, et rassemblent Salah Samouni et les siens, ainsi que cinq autres familles chez un cousin, Waël. Ils sont près de 90 entassés ainsi dans une petite bâtisse d’un étage. « On n’avait rien à boire, rien à manger. » Le lendemain matin, ils tentent une sortie. « Ma tante est venue avec nous. Elle a crié : « Nous voulons de l’eau, de la nourriture ! » Les soldats ont refusé. » Ils insistent. Un premier obus tombe près d’eux. Deux autres explosent dans la maison.

    Blessé, Salah se précipite à l’intérieur, découvre un carnage. Sous la dépouille de sa mère, il entend des pleurs. « C’était lui », dit-il en désignant son fils de 6 mois, Mahmoud, assis sur ses genoux, le visage illuminé par un grand sourire. « Le destin ! On a pris les vivants et commencé à courir. Les soldats tiraient autour de nous pour nous obliger à reculer et nous disaient : « Allez à la mort ! » On a continué. Au bout d’un kilomètre, on a trouvé une ambulance. » Derrière eux, ils laissent les blessés les plus graves : trois adultes, dont son père qui décédera peu après, ainsi que sept enfants. La Croix-Rouge internationale devra attendre deux jours avant de pouvoir les évacuer. Il prend son autre fils âgé de 3 ans par l’épaule : « Omar a été trouvé près d’une martyre. »

    Dehors, des tapis ont été posés à même le sol pour la prière du vendredi. L’imam Khader Habib est l’un des dirigeants du Jihad islamique. Sa voix, amplifiée par des haut-parleurs, résonne à travers les décombres. « Les sionistes sont les ennemis de toute l’humanité, de l’arbre, du rocher, de toutes les choses de ce monde, tonne-t-il devant des dizaines de fidèles agenouillés. Nous n’accepterons jamais que ces criminels soient nos voisins sur cette terre de Palestine. » En aparté, il déclare qu’il « n’y aura pas de trêve tant que les Israéliens n’auront pas levé leur blocus ».

    A l’exception de leurs deux principaux chefs toujours cachés, le Premier ministre Ismaël Haniyeh et son numéro deux Mahmoud Zahar, les islamistes s’affichent partout afin de bien montrer qu’ils conti nuent de tenir étroitement Gaza. Volatilisés pendant les affrontements, les hommes de la Sécurité nationale montent à nouveau la garde devant le Sérail, leur quartier général. Derrière le mur d’enceinte, étrangement intact, il n’y a pourtant plus qu’un tas de béton, entremêlé à des carcasses de voiture, des treillis, des papiers officiels...

    Le chef de la sécurité militaire, le général Hussein Abou Athra, petit homme à la moustache grise, bondit parmi les débris de son bureau. « Notre victoire deviendra légendaire, proclame cet ex-militaire de l’OLP rallié au Hamas. Nous avons résisté pendant vingt-trois jours. Les Israéliens n’ont même pas pu entrer dans le centre de Gaza, ni arrêter les tirs de roquettes. » Dès le premier jour de la guerre, ses troupes ont évacué la base et jeté leurs uniformes pour ne pas être repérées. « Nous savions qu’ils allaient nous attaquer.

    En revanche, on ne pensait pas qu’ils frapperaient aussi la police. » Près de 100 agents en tenue, des nouvelles recrues pour la plupart, ont trouvé la mort lors d’un bombardement, le 27 décembre. Le général Abou Athra assure n’avoir perdu que cinq de ses hommes. Il refuse de dire s’il a lui-même pris part aux combats : « Tous les Palestiniens sont des soldats. » Sur un total évalué par les autorités sanitaires palestiniennes à 1 300 victimes dont 400 enfants, les Israéliens affirment avoir éliminé 500 combattants du Hamas. Les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du mouvement islamiste, ne concèdent que 48 pertes.

    La première victime d’une guerre, dit-on, c’est la vérité. Marc Garlasco, un expert militaire de l’organisation Human Rights Watch, ancien analyste du Pentagone, se demande même si le Hamas a affronté l’ennemi. « Vous savez ce qui est intéressant ? J’ai trouvé plein d’éclats de bombes, d’obus, des balles de M16, dit-il. La seule chose que je n’ai pas vue, ce sont des douilles de kalachnikov », l’arme favorite des Palestiniens. « Soit ils ont tout nettoyé, soit ils ne se sont pas battus. » En revanche, les islamistes ont accru leur répression contre le Fatah.

    Le général Abou Athra l’admet à demi-mot : « Ils préparaient la conquête de tous les sites militaires. Cette guerre a été à la fois le fait d’Israël et de Ramallah (siège de l’Autorité palestinienne). » Près de 500 partisans du président Abbas seraient assignés à résidence. Les miliciens du Hamas en auraient blessé 75 autres par balle à la jambe, selon Salah Abdel Aity, directeur de la Commission indépendante palestinienne pour les Droits de l’Homme. « Entre 20 et 40 personnes considérées comme des collaborateurs auraient été exécutées », ajoute-t-il.

    L’un des rares leaders du Fatah encore présent à Gaza, Ibrahim Abou Naja, le confirme sans donner de chiffre : « Ils ont kidnappé des dizaines de nos militants. Certains ont été battus, d’autres assassinés. » Il s’emporte. « Comment peuvent-ils parler de victoire ? Qu’est-ce qu’ils ont obtenu à part 1 300 martyrs, 5 000 blessés et 4 000 maisons détruites ? » Son frère Jabr Abou Naja, psychologue, ancien ambassadeur au Sénégal, reçoit à l’autre bout du salon les condoléances de chefs de tribu.

    Un missile tiré par un drone a tué sa femme et son beau-frère. « Ils étaient tranquillement au balcon. Ma fille est gravement blessée. Pourquoi ? »

    Christophe Boltanski
    Le Nouvel Observateur
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