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Le référendum et la peur du changement en Bolivie

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  • Le référendum et la peur du changement en Bolivie

    L'approche du référendum qui soumettra, le 25 janvier, aux suffrages des Boliviens le projet d'une nouvelle Constitution s'est traduite, de façon prévisible, par le lancement de campagnes en faveur du non. Ces campagnes témoignent, au fond, d'une peur profonde du changement, pas seulement de celui que le gouvernement brandit comme un argument électoral, mais du changement en soi.

    Sans pour autant nous engouffrer dans les méandres de l'anthropologie sociale, nous pouvons affirmer que la peur du changement est un sentiment naturel chez l'homme. Nous avons tous ressenti ne serait-ce que de l'appréhension devant l'imminence d'un changement, que ce soit dans les aspects les plus intimes de la vie que dans les grands moments historiques.

    Il est donc compréhensible qu'existe cette peur (et la volonté d'empêcher le changement) chez ceux qui savent, ou qui s'imaginent, que le processus finira par les priver de certains privilèges, légitimes ou non, dont ils jouissaient jusque-là. Moins compréhensible en revanche est la peur qui a commencé à se répandre chez un nombre significatif de personnes qui, hier encore, militaient pour des projets de transformation du pays. La nation a bien besoin d'un changement qualitatif de toutes ses structures. Il est donc inacceptable de voir certaines "élites" qui se disaient progressistes brandir des arguments destinés à défendre un statu quo qui n'a aucun moyen de perdurer dans le contexte actuel, aussi bien national que mondial.

    Jusqu'à présent, à de très rares exceptions près, les discours et les débats militant contre la nouvelle Constitution se sont fondés sur des arguments bien fragiles. Ils se sont appuyés sur une prétendue "défense des droits", alors même que le nouveau texte recense des droits fondamentaux pourtant extrêmement longs et détaillés. La peur d'une prétendue primauté des droits des peuples indigènes et autochtones démontre en réalité une seule chose : l'existence de ce que le sociologue français Michel Wieviorka a défini comme du racisme culturel.

    La manifestation publique des préfets et de certains citoyens "pour défendre la foi", organisée, début janvier, au seul prétexte que le projet constitutionnel prévoit que le catholicisme ne soit plus la religion officielle, relève de la même idée. L'Eglise catholique elle-même reconnaît cette imposition du catholicisme comme injustifiable. Il ne s'agit pas de nier la profonde religiosité de notre société, mais plutôt de rétablir une équité entre les différentes croyances religieuses cohabitant dans le pays.

    De même, et cela devrait préoccuper tout le monde, certains exploitent avec une simplicité presque insultante des arguments pour défendre des institutions vermoulues par une très longue crise de l'Etat. C'est le cas, par exemple, de la défense du pouvoir judiciaire, discrédité depuis longtemps et réputé pour la corruption de la majorité de ses fonctionnaires. Alors que le projet constitutionnel nous invite justement à relever le défi de reconstruire la justice de notre pays. Il ne s'agit pas de faire taire les voix critiques ni de nier les défauts qui entachent le texte constitutionnel, mais de dénoncer tous ceux qui aujourd'hui radicalisent les risques ou les menaces liés à l'approbation de la nouvelle charte. Leur manque de discernement les empêche de reconnaître que, s'il ne passe pas par cette voie démocratique, le changement viendra par celui du désastre, un chemin sur lequel personne n'a envie de s'engager.

    Par Claudio Rossell Arce La Prensa, Courrier International
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