Interview de 2006 mais qui montre le véritable visage du Hamas. Loin des fantasmes véhiculés par les medias occidentaux .
Silvia Cattori : Après le meurtre du Cheikh Yassine, leader spirituel du Hamas, en 2004, les autorités israéliennes ont justifié sa liquidation en affirmant qu’il était le Ben Laden palestinien. Ils ont répandu l’idée que le mouvement islamique du Hamas était lié à Al Quaida. A l’extérieur, quand les journalistes parlent du Hamas, c’est généralement pour présenter ses membres comme des « terroristes », et non pas comme des résistants. On vous a reproché d’avoir refusé le processus de paix d’Oslo, ce en quoi les faits vous ont donné raison. L’idée est largement répandue que « le Hamas n’accepte pas l’existence d’Israël…qu’aucun juif ne pourra rester en Palestine… que tout juif est une cible et doit être éliminé ». Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir « jeter les juifs à la mer » et de refuser « le droit d’Israël à exister » ? Pouvez-vous préciser votre position politique sur ces points ?
Moshir al-Masri, porte-parole du Hamas
Moshir al-Masri : Tout d’abord, permettez-nous de remercier tous les journalistes étrangers qui partagent les souffrances et la tristesse du peuple palestinien, qui sont dotés d’une conscience humaine, qui comprennent l’injustice qui pèse sur notre peuple et le défendent. Merci à tout journaliste, homme ou femme, qui accomplit sa mission professionnelle de manière objective et fidèle, sans biais pro-israélien.
En ce qui concerne le rejet de l’existence d’Israël et le refus du maintien des juifs en Palestine, permettez-nous de faire une distinction entre les juifs en tant que tels, c’est-à-dire en tant qu’adeptes d’une religion, que nous respectons et avec lesquels nous avons en partage une histoire honorable à travers l’histoire musulmane, et une occupation présente sur notre territoire. Le problème n’est donc pas un problème avec les juifs. Nous souhaitons la bienvenue aux juifs qui veulent vivre avec nous ; c’est là en l’occurrence une attitude permanente que nous constatons tout au long de l’histoire de l’Islam, y compris déjà à l’époque de notre Prophète, Muhammad. Non ; le problème, c’est qu’il y a une occupation qui pèse sur notre terre. Notre problème est donc avec cette occupation. Par conséquent, notre résistance est légale, en vertu de toutes les lois et règlements internationaux. D’ailleurs, la quasi-totalité des révolutions, dans le monde, ont eu pour finalité de chasser une occupation de leur territoire. Cela a été le cas au cœur de l’Europe et en Amérique et, par conséquent, nous avons le droit de nous défendre et de chasser l’occupant de notre sol. Des allégations sont soulevées, autour du mouvement Hamas, selon lesquelles ce mouvement chercherait à « jeter les juifs à la mer ». Ce sont là des propos fallacieux, infondés. Nous respectons le judaïsme en tant que religion et les juifs en tant qu’êtres humains. En revanche, nous ne respectons pas une occupation qui nous chasse de nos terres et exerce à notre encontre toutes les formes d’agression, au moyen des armes les plus atroces, utilisées contre notre peuple palestinien. Il en découle que la présence de cette occupation, on ne saurait l’accepter. Permettez-moi de vous donner un exemple, à ce sujet : si un homme possède une maison et que quelqu’un vienne occuper cette maison, et si ensuite le voleur accepte tout au plus de concéder une toute petite pièce de cette maison à son légitime propriétaire, au cours de ce qu’il appelle lui-même des « négociations », en lui disant : « tout le reste m’appartient », quelqu’un peut-il accepter une telle situation ? Est-il acceptable d’être chassé de chez soi et ensuite de reconnaître que sa maison appartient à celui qui l’a volée ? Et d’aller, par-dessus le marché, négocier avec le voleur pour tenter de récupérer une minuscule chambre, et supporter ses atermoiements ? Alors même qu’en plus, le voleur tue vos enfants, défonce vos cultures et détruit votre gagne-pain ? Non. Aucune religion n’accepte cela. Ni aucune personne dotée de raison.
S.C. - Fin 2002, quand j’ai rencontré le Dr Rantissi vous n’étiez pas encore forcés de vivre cachés. Depuis 2003, les choses se sont considérablement durcies : le Hamas a été inscrit sur la liste noire des organisations « terroristes » ; il y a eu l’assassinat du Dr Rantissi et de centaines d’autres cadres importants. Comment ressentez-vous le fait qu’aucune instance, aucun Etat occidental ne prenne en compte la gravité des violations de la légalité internationale par Israël, et fasse de vous un ennemi ? Que dans le cas d’Israël qui bafoue les principes de justice et la vie humaine, qui a violé plus de 65 résolutions du Conseil de Sécurité, le droit international ne s’applique pas ?
Moshir al-Masri : En ce qui concerne la classification du Hamas dans les mouvements « terroristes », je répondrai qu’assurément cette qualification n’est ni fondée, ni admissible : le Hamas exerce une résistance honorable et équilibrée. Dire de lui qu’il s’agirait d’un mouvement « terroriste » est inacceptable. Nous ne sommes pas des « terroristes », nous ne prônons pas l’assassinat, nous ne volons pas autrui et nous ne sommes pas les occupants, que je sache, pour être ainsi qualifiés ? ! ? Nous nous défendons face aux incursions, face aux arrestations, face aux assassinats ciblés, face à l’utilisation par Israël des armes les plus cruelles pour frapper sans pitié et arbitrairement des civils. Nous avons le droit de nous défendre. Mais il est évident que les Etats-Unis sont ouvertement de parti pris en faveur d’Israël. Et puis il y a aussi cette faiblesse de l’Europe face à la position américaine. Nous ne pouvons que constater qu’il en découle une connivence européenne avec Israël, fondée sur l’alignement pro-israélien de l’administration américaine. Nous appelons les citoyens du monde entier à réexaminer la nature du conflit palestino-sioniste et à comprendre, devant la trêve que nous avons observée et que les Israéliens ont violée, que le problème n’est pas du côté du peuple palestinien, pas du côté de sa résistance légitime, mais bien du côté de l’agression dont notre peuple est victime.
S.C. - Au moindre acte de résistance non violente ou violente, Israël vous envoie ses bombardiers. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il vous harcèle pour vous pousser à la faute et justifier ensuite aux yeux du monde l’usage de la force. Face à la domination d’Israël, à qui les instances étatiques internationales donnent carte blanche pour vous massacrer, n’est-il pas suicidaire de vouloir riposter par les armes ?
Moshir al-Masri : Au sujet de ce qu’on a coutume d’appeler « l’équilibre des forces », permettez-nous d’insister sur le fait que tout pays occupé, dès lors qu’il lutte contre une occupation militaire, ne bénéficie certainement pas d’un rapport de force favorable. Sinon, si les forces étaient équilibrées, l’armée d’occupation ne pourrait pas maintenir une minute de plus son occupation du pays en question et de son peuple… Bien entendu, les forces sont totalement déséquilibrées, et nous sommes faibles. Mais faibles, nous le sommes en raison de notre manque d’armes, et certainement pas dans notre détermination et notre volonté de tenir face aux armes israéliennes ultramodernes et sophistiquées. Nous avons la volonté des montagnes. Nous avons pour nous le droit, et nous sommes prêts à tout sacrifier, je dis bien tout, pour recouvrer notre droit usurpé et violé. Par conséquent, cet équilibre des forces, il est vraisemblable que nous parviendrons, petit à petit, à le créer… De son début, jusqu’à son terme, l’Intifada a changé de tactique militaire, passant d’un mode d’action à un autre, jusqu’à être en mesure de porter des coups à l’ennemi et à arrêter son agression permanente contre notre peuple.
Silvia Cattori : Après le meurtre du Cheikh Yassine, leader spirituel du Hamas, en 2004, les autorités israéliennes ont justifié sa liquidation en affirmant qu’il était le Ben Laden palestinien. Ils ont répandu l’idée que le mouvement islamique du Hamas était lié à Al Quaida. A l’extérieur, quand les journalistes parlent du Hamas, c’est généralement pour présenter ses membres comme des « terroristes », et non pas comme des résistants. On vous a reproché d’avoir refusé le processus de paix d’Oslo, ce en quoi les faits vous ont donné raison. L’idée est largement répandue que « le Hamas n’accepte pas l’existence d’Israël…qu’aucun juif ne pourra rester en Palestine… que tout juif est une cible et doit être éliminé ». Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir « jeter les juifs à la mer » et de refuser « le droit d’Israël à exister » ? Pouvez-vous préciser votre position politique sur ces points ?
Moshir al-Masri, porte-parole du Hamas
Moshir al-Masri : Tout d’abord, permettez-nous de remercier tous les journalistes étrangers qui partagent les souffrances et la tristesse du peuple palestinien, qui sont dotés d’une conscience humaine, qui comprennent l’injustice qui pèse sur notre peuple et le défendent. Merci à tout journaliste, homme ou femme, qui accomplit sa mission professionnelle de manière objective et fidèle, sans biais pro-israélien.
En ce qui concerne le rejet de l’existence d’Israël et le refus du maintien des juifs en Palestine, permettez-nous de faire une distinction entre les juifs en tant que tels, c’est-à-dire en tant qu’adeptes d’une religion, que nous respectons et avec lesquels nous avons en partage une histoire honorable à travers l’histoire musulmane, et une occupation présente sur notre territoire. Le problème n’est donc pas un problème avec les juifs. Nous souhaitons la bienvenue aux juifs qui veulent vivre avec nous ; c’est là en l’occurrence une attitude permanente que nous constatons tout au long de l’histoire de l’Islam, y compris déjà à l’époque de notre Prophète, Muhammad. Non ; le problème, c’est qu’il y a une occupation qui pèse sur notre terre. Notre problème est donc avec cette occupation. Par conséquent, notre résistance est légale, en vertu de toutes les lois et règlements internationaux. D’ailleurs, la quasi-totalité des révolutions, dans le monde, ont eu pour finalité de chasser une occupation de leur territoire. Cela a été le cas au cœur de l’Europe et en Amérique et, par conséquent, nous avons le droit de nous défendre et de chasser l’occupant de notre sol. Des allégations sont soulevées, autour du mouvement Hamas, selon lesquelles ce mouvement chercherait à « jeter les juifs à la mer ». Ce sont là des propos fallacieux, infondés. Nous respectons le judaïsme en tant que religion et les juifs en tant qu’êtres humains. En revanche, nous ne respectons pas une occupation qui nous chasse de nos terres et exerce à notre encontre toutes les formes d’agression, au moyen des armes les plus atroces, utilisées contre notre peuple palestinien. Il en découle que la présence de cette occupation, on ne saurait l’accepter. Permettez-moi de vous donner un exemple, à ce sujet : si un homme possède une maison et que quelqu’un vienne occuper cette maison, et si ensuite le voleur accepte tout au plus de concéder une toute petite pièce de cette maison à son légitime propriétaire, au cours de ce qu’il appelle lui-même des « négociations », en lui disant : « tout le reste m’appartient », quelqu’un peut-il accepter une telle situation ? Est-il acceptable d’être chassé de chez soi et ensuite de reconnaître que sa maison appartient à celui qui l’a volée ? Et d’aller, par-dessus le marché, négocier avec le voleur pour tenter de récupérer une minuscule chambre, et supporter ses atermoiements ? Alors même qu’en plus, le voleur tue vos enfants, défonce vos cultures et détruit votre gagne-pain ? Non. Aucune religion n’accepte cela. Ni aucune personne dotée de raison.
S.C. - Fin 2002, quand j’ai rencontré le Dr Rantissi vous n’étiez pas encore forcés de vivre cachés. Depuis 2003, les choses se sont considérablement durcies : le Hamas a été inscrit sur la liste noire des organisations « terroristes » ; il y a eu l’assassinat du Dr Rantissi et de centaines d’autres cadres importants. Comment ressentez-vous le fait qu’aucune instance, aucun Etat occidental ne prenne en compte la gravité des violations de la légalité internationale par Israël, et fasse de vous un ennemi ? Que dans le cas d’Israël qui bafoue les principes de justice et la vie humaine, qui a violé plus de 65 résolutions du Conseil de Sécurité, le droit international ne s’applique pas ?
Moshir al-Masri : En ce qui concerne la classification du Hamas dans les mouvements « terroristes », je répondrai qu’assurément cette qualification n’est ni fondée, ni admissible : le Hamas exerce une résistance honorable et équilibrée. Dire de lui qu’il s’agirait d’un mouvement « terroriste » est inacceptable. Nous ne sommes pas des « terroristes », nous ne prônons pas l’assassinat, nous ne volons pas autrui et nous ne sommes pas les occupants, que je sache, pour être ainsi qualifiés ? ! ? Nous nous défendons face aux incursions, face aux arrestations, face aux assassinats ciblés, face à l’utilisation par Israël des armes les plus cruelles pour frapper sans pitié et arbitrairement des civils. Nous avons le droit de nous défendre. Mais il est évident que les Etats-Unis sont ouvertement de parti pris en faveur d’Israël. Et puis il y a aussi cette faiblesse de l’Europe face à la position américaine. Nous ne pouvons que constater qu’il en découle une connivence européenne avec Israël, fondée sur l’alignement pro-israélien de l’administration américaine. Nous appelons les citoyens du monde entier à réexaminer la nature du conflit palestino-sioniste et à comprendre, devant la trêve que nous avons observée et que les Israéliens ont violée, que le problème n’est pas du côté du peuple palestinien, pas du côté de sa résistance légitime, mais bien du côté de l’agression dont notre peuple est victime.
S.C. - Au moindre acte de résistance non violente ou violente, Israël vous envoie ses bombardiers. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il vous harcèle pour vous pousser à la faute et justifier ensuite aux yeux du monde l’usage de la force. Face à la domination d’Israël, à qui les instances étatiques internationales donnent carte blanche pour vous massacrer, n’est-il pas suicidaire de vouloir riposter par les armes ?
Moshir al-Masri : Au sujet de ce qu’on a coutume d’appeler « l’équilibre des forces », permettez-nous d’insister sur le fait que tout pays occupé, dès lors qu’il lutte contre une occupation militaire, ne bénéficie certainement pas d’un rapport de force favorable. Sinon, si les forces étaient équilibrées, l’armée d’occupation ne pourrait pas maintenir une minute de plus son occupation du pays en question et de son peuple… Bien entendu, les forces sont totalement déséquilibrées, et nous sommes faibles. Mais faibles, nous le sommes en raison de notre manque d’armes, et certainement pas dans notre détermination et notre volonté de tenir face aux armes israéliennes ultramodernes et sophistiquées. Nous avons la volonté des montagnes. Nous avons pour nous le droit, et nous sommes prêts à tout sacrifier, je dis bien tout, pour recouvrer notre droit usurpé et violé. Par conséquent, cet équilibre des forces, il est vraisemblable que nous parviendrons, petit à petit, à le créer… De son début, jusqu’à son terme, l’Intifada a changé de tactique militaire, passant d’un mode d’action à un autre, jusqu’à être en mesure de porter des coups à l’ennemi et à arrêter son agression permanente contre notre peuple.
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