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  • Merci, Monsieur Medvedev !

    Quelques points du discours de Medvedev


    Un concert tonitruant et dithyrambique a accueilli l’élection de Barack Obama dans le monde entier et en particulier en France. Seule voix discordante et significative, celle de la Russie. Le discours de Dimitri Medvedev, mercredi dernier est clair et peut se résumer en trois points :

    - Les Etats-Unis sont responsables de la crise économique qui bouleverse le monde

    - Les Russes feront tout pour empêcher le déploiement des missiles de l’OTAN en Pologne et en République Tchèque

    - Les Etats-Unis sont derrière la Georgie dans la récente crise du Caucase

    L’Occident s’offusque, mais la réaction russe est tout à fait légitime. Elle est volontairement martiale et paradoxalement pourrait éviter un pourrissement de la situation si elle était écoutée et prise au sérieux.

    Le nouveau président américain a la possibilité d’infléchir la politique hargneuse et expansionniste de son prédécesseur. Nicolas Sarkozy devrait le comprendre et profiter de la situation, non pour se rapprocher des thèses atlantistes, mais pour justement rééquilibrer les relations franco-américaines vers moins de dépendance et de comportement féal. Hélas, il ne le fera pas, alors que le bon sens voudrait un rapprochement avec la Russie et pourquoi pas un changement d’alliance à un moment où les Etats-Unis n’ont plus les moyens de leur arrogance.

    Reprenons donc les principaux points du discours de Medvedev.

    1. La crise économique, ou plutôt financière est partie des Etats-Unis. Personne ne peu le contester. Il est donc totalement injuste, immoral, (on peut utiliser bien d’autres adjectifs) que le monde paie les pots cassés pour permettre à des citoyens américains de vivre à crédit surtout sans contrepartie politique et diplomatique.

    Mais, comme il faut rester réaliste, le reste du monde ne peut se satisfaire de l’effondrement économique des Etats-Unis, il va donc falloir les aider à ne pas couler pour ne pas couler nous-mêmes. Quand je dis nous, je veux dire les économies liées à une possible faillite américaine, c’est-à-dire quasiment tout le monde, même les pays qui ont encore des ressources. Par contre, c’est probablement le moment de faire comprendre au nouveau président américain et à son administration que s’ils veulent qu’arabes du Golfe, chinois, russes et autres achètent des bons du Trésor et sortent la tête de l’économie américaine hors de l’eau, il faut une contrepartie politique et diplomatique sur le Moyen-Orient, les relations avec le Russie et la Chine entre autres.

    2. Ce premier rappel introduit sans le dire explicitement le second. Il serait mal venu pour les Etats-Unis de continuer une politique menaçante contre la Russie en déployant un bouclier antimissile par le biais de l’OTAN en Pologne et en République Tchèque. La réponse russe de déploiement de missiles dans l’enclave de Kaliningrad et l’installation d’un système de brouillage n’est pas une décision belliciste mais un moyen de pression pour faire réfléchir les américains. On peut parler tout juste de gesticulation, cela ne veut en aucun cas dire un retour à la guerre froide, et encore moins un risque de conflit. L’arrêt du projet de l’OTAN aux frontières de la Russie serait sage et est un préalable à un retour au calme. La justification antiterroriste ne tient pas, même contre l’Iran et ses possibles têtes nucléaires. Chirac avait d’ailleurs raison quand il disait que la moindre velléité d’attaque iranienne verrait la vitrification quasi immédiate du pays en riposte ; que l’Iran agresse Israël ou un tout autre pays.

    3. Le conflit en Georgie est la conséquence directe du point précédent. L’ambition de l’administration Bush était de continuer à terme l’encerclement de la Russie en continuant l’installation de missiles en Georgie et si possible en Ukraine. La Georgie étant un voisin proche du territoire de la Russie, il est normal que Poutine et Medvedev aient très mal pris la relation contre nature entre Sakashvili et Bush ; une sorte d’accouplement obscène sur le palier des Russes, sans qu’ils soient conviés à la partouze !

    Enfin, il ne faut pas oublier que les Russes n’ont pas agi en traîtres, ils avaient prévenu lors de la reconnaissance rapide, brouillonne et injustifiée de l’indépendance du Kosovo. La réaction militaire, puis diplomatique de la reconnaissance de l’Ossétie du sud et de l’Abkhazie entre dans cette logique de riposte.

    Car les Russes et leurs représentants politiques sont fiers avant d’être belliqueux. Ils ont subi l’humiliation de la période Eltsine et ne veulent plus jamais voir leur pays ridiculisé et considéré comme une puissance mineure. La Russie a besoin de se monter, de montrer qu’elle existe et qu’elle doit compter au niveau planétaire et pour cela elle a besoin d’alliés. Et pourquoi pas la France !

    On est doublement mal partis avec l’atlantisme affiché de Nicolas Sarkozy et ses élans proaméricains, lui faisant singer cette vieille habitude yankee de mettre la main sur le cœur. On est encore plus mal partis avec l’élection d’Obama, car une majorité de Français s’est mise à reconsidérer les Américains comme des amis, donc des alliés naturels. L’euphorie engendrée par cette élection est factice et sera éphémère, le temps qu’Obama se montre américain et travaille dans l’intérêt de son pays (ce qui est tout a fait normal). Mais en attendant, tout ce qu’avait fait de Gaulle est définitivement balayé, la gauche est inaudible et l’extrême gauche non significative. Il va falloir du temps pour se réveiller de ce conte de fées et d’affronter les réalités.

    Il n’est certes pas question se brouiller avec les Etats-Unis, mais est-il utile de s’aligner encore plus parce qu’Obama a l’air sympathique, intelligent et soit disant « noir ». Il est avant tout américain et va œuvrer pour les intérêts de son pays, probablement avec plus de classe et de brio que son prédécesseur.

    Faut-il pour autant négliger l’option d’un rapprochement avec la Russie ? Ce choix peut paraître iconoclaste, aucun politicien français n’ose l’exprimer et pourtant ! Un rapprochement économique, technologique, commercial, diplomatique et pourquoi pas militaire est loin d’être une hérésie.

    D’abord signer de nouveaux accords gaziers ne serait pas un luxe. Introduire les Russes dans le capital d’Airbus permettrait de prendre un sérieux avantage sur Boeing. Développer les coopérations technologiques et vendre d’autres TGV, collaborer dans le nucléaire civil (ce que les Français maîtrisent très bien), en cas de réchauffement climatique avéré, participer à des projets de transport maritime le long de la côte sibérienne et investir dans l’extraction pétrolière et minière dans l’Océan Arctique, sont des pistes sérieuses, rentables et réalisables.

    Enfin, réactualiser la vieille entente franco-russe de la fin du 19ieme siècle avec le tsar Nicolas II qui permettait l’accès de la flotte russe à Toulon. Faire des manœuvres conjointes en Méditerranée. Il faudrait bien sûr rassurer les Allemands, les Baltes et les Polonais. Mais la présence des Français auprès des Russes empêcherait les velléités bellicistes de ces derniers car ils ne se sentiraient plus menacés par l’Europe.

    Cela n’est hélas qu’un rêve, car avec « l’obamania » hystérique de ces derniers jours, la France entière va à nouveau rêver d’Amérique comme dans les chansons de Jo Dassin et de Michel Sardou. Il faudra pourtant bien un jour regarder la Russie d’un autre œil, nous sommes tout de même culturellement bien plus proches de ce pays que des Etats-Unis. Et notre simple intérêt est en jeu. Bien sûr, je n’ai pas mentionné les droits de l’homme ! Mais sont-ils vraiment respectés aux Etats-Unis, concernant la justice de classe, les pauvres, la peine de mort, les inégalités raciales au quotidien ? Un président métis au teint bistre ne changera pas tout cela du fait de sa bonne mine.


    Georges Yang
    source AgoraVox
    Dernière modification par zek, 07 novembre 2008, 10h09.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Salam

    Cela n’est hélas qu’un rêve, car avec « l’obamania » hystérique de ces derniers jours, la France entière va à nouveau rêver d’Amérique comme dans les chansons de Jo Dassin et de Michel Sardou. Il faudra pourtant bien un jour regarder la Russie d’un autre œil, nous sommes tout de même culturellement bien plus proches de ce pays que des Etats-Unis.

    Un dsicours très intéressant. Medvedev ne mesure pas, à priori, l'ampleur du complexe français envers les états-unis et d'une manière générale envers les anglo-saxons. Les jo Dassin et Michel sardou ont toujours la peau dure.

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