Le mot de "récession" n'a pas été prononcé, mais c'est bien ce que prévoit l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en France et dans la zone euro pour la seconde moitié de l'année : deux trimestres consécutifs de contraction du produit intérieur brut (PIB).
Ce recul limité (- 0,1 % par trimestre), loin des - 0,4 % et - 0,6 % enregistrés lors de la récession de 1993, a conduit les statisticiens de l'Insee à réviser à la baisse leurs prévisions de croissance sur l'ensemble de 2008 : de + 1,6 % à + 0,9 % pour la France, de + 1,6 % à + 1,1% pour la zone euro.
Si ces prévisions se révèlent justes – ce que l'on saura au mois de novembre – la France et la zone euro sont entrées en récession au troisième trimestre. Eric Dubois, responsable du département conjoncture de l'Insee, a préféré, jeudi 2 octobre, parler de "croissance qui cale", plutôt que de "récession", un terme "lourd", dont il juge la définition trop restrictive en France.
Pour autant, M. Dubois ne perçoit aucune signe de redressement au second semestre, bien au contraire. Au-delà des querelles de sémantique, ce qui frappe c'est la "dégradation brutale" des enquêtes de conjoncture dans l'industrie, les services et la construction depuis le mois de mai, qu'aucun gouvernement européen ne semble avoir anticipé.
Le 20 juin, l'Insee tablait encore sur un simple tassement de la croissance dans la zone euro à partir du deuxième trimestre. Mais le retournement devrait être beaucoup plus sévère. La crise immobilière sévit toujours en Espagne, en Finlande, en Irlande, et en France, avec ses effets très négatifs en termes d'emplois.
Les "tensions avivées sur les marchés financiers" font craindre la poursuite du resserrement du crédit et moins d'investissements des entreprises. Quant aux ménages, avec un pouvoir d'achat en berne, ils consomment moins. Et du fait du ralentissement économique, la demande adressée à la zone euro s'effrite.
Le repli de l'activité atteindrait même l'Allemagne, jusqu'alors préservée, et pénaliserait ses exportations. Le premier partenaire commercial de la France commencerait même l'année 2009 avec un acquis de croissance négatif de 0,3 %.
MOTEURS EN PANNE
L'économie française fait les frais de cet environnement des plus moroses. Tous ses indicateurs sont dans le rouge : l'investissement des entreprises, en net recul, ne progresserait que de + 2,4 % cette annnée contre + 7,3 % en 2007.
L'activité tournant au ralenti, le marché du travail se détériorerait de façon spectaculaire : aux 89 000 créations nettes d'emplois du premier semestre, succéderaient 52 000 suppressions de postes au second et ce, malgré la stabilisation des contrats aidés. Le taux de chômage remonterait à 7,4 %.
Malgré le repli attendu de l'inflation à 2,4 % en fin d'année, le pouvoir d'achat des ménages reculerait de 0,3 % et de 0,1 % au troisième et quatrième trimestres et sa progression se limiterait à + 0,7 % en 2008 contre + 3,3 % en 2007.
Quant au pouvoir d'achat individuel, il reculerait même de 0,2 %. En dépit d'une baisse de 0,3 point du taux d'épargne qui serait ramené à 15,4% au quatrième trimestre, la consommation stagnerait au second semestre.
Quant à l'investissement logement, il continuerait de baisser en raison du recul du pouvoir d'achat, du durcissement des conditions de financement et des difficultés immobilières.
Tous les moteurs de la croissance sont donc en panne : la demande intérieure comme la demande mondiale dont le ralentissement pénalisera les exportations françaises. Seule maigre consolation, les importations devant être freinées au second semestre par la faiblesse de la demande intérieure, le commerce extérieur ne pèsera pas sur la croissance en 2008 alors qu'il l'avait amputée de 0,8 point en 2007. .
Claire Guélaud (Le Monde)
Ce recul limité (- 0,1 % par trimestre), loin des - 0,4 % et - 0,6 % enregistrés lors de la récession de 1993, a conduit les statisticiens de l'Insee à réviser à la baisse leurs prévisions de croissance sur l'ensemble de 2008 : de + 1,6 % à + 0,9 % pour la France, de + 1,6 % à + 1,1% pour la zone euro.
Si ces prévisions se révèlent justes – ce que l'on saura au mois de novembre – la France et la zone euro sont entrées en récession au troisième trimestre. Eric Dubois, responsable du département conjoncture de l'Insee, a préféré, jeudi 2 octobre, parler de "croissance qui cale", plutôt que de "récession", un terme "lourd", dont il juge la définition trop restrictive en France.
Pour autant, M. Dubois ne perçoit aucune signe de redressement au second semestre, bien au contraire. Au-delà des querelles de sémantique, ce qui frappe c'est la "dégradation brutale" des enquêtes de conjoncture dans l'industrie, les services et la construction depuis le mois de mai, qu'aucun gouvernement européen ne semble avoir anticipé.
Le 20 juin, l'Insee tablait encore sur un simple tassement de la croissance dans la zone euro à partir du deuxième trimestre. Mais le retournement devrait être beaucoup plus sévère. La crise immobilière sévit toujours en Espagne, en Finlande, en Irlande, et en France, avec ses effets très négatifs en termes d'emplois.
Les "tensions avivées sur les marchés financiers" font craindre la poursuite du resserrement du crédit et moins d'investissements des entreprises. Quant aux ménages, avec un pouvoir d'achat en berne, ils consomment moins. Et du fait du ralentissement économique, la demande adressée à la zone euro s'effrite.
Le repli de l'activité atteindrait même l'Allemagne, jusqu'alors préservée, et pénaliserait ses exportations. Le premier partenaire commercial de la France commencerait même l'année 2009 avec un acquis de croissance négatif de 0,3 %.
MOTEURS EN PANNE
L'économie française fait les frais de cet environnement des plus moroses. Tous ses indicateurs sont dans le rouge : l'investissement des entreprises, en net recul, ne progresserait que de + 2,4 % cette annnée contre + 7,3 % en 2007.
L'activité tournant au ralenti, le marché du travail se détériorerait de façon spectaculaire : aux 89 000 créations nettes d'emplois du premier semestre, succéderaient 52 000 suppressions de postes au second et ce, malgré la stabilisation des contrats aidés. Le taux de chômage remonterait à 7,4 %.
Malgré le repli attendu de l'inflation à 2,4 % en fin d'année, le pouvoir d'achat des ménages reculerait de 0,3 % et de 0,1 % au troisième et quatrième trimestres et sa progression se limiterait à + 0,7 % en 2008 contre + 3,3 % en 2007.
Quant au pouvoir d'achat individuel, il reculerait même de 0,2 %. En dépit d'une baisse de 0,3 point du taux d'épargne qui serait ramené à 15,4% au quatrième trimestre, la consommation stagnerait au second semestre.
Quant à l'investissement logement, il continuerait de baisser en raison du recul du pouvoir d'achat, du durcissement des conditions de financement et des difficultés immobilières.
Tous les moteurs de la croissance sont donc en panne : la demande intérieure comme la demande mondiale dont le ralentissement pénalisera les exportations françaises. Seule maigre consolation, les importations devant être freinées au second semestre par la faiblesse de la demande intérieure, le commerce extérieur ne pèsera pas sur la croissance en 2008 alors qu'il l'avait amputée de 0,8 point en 2007. .
Claire Guélaud (Le Monde)
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