Je l’aime bien Nadia Salah et j’irais même jusqu’à dire que je trouve ses éditoriaux économiques assez censés. Aussi quelle a été ma surprise quand j’ai lu sa déclaration au journal Le Monde : “Jamais, depuis trente ans, je n’ai vu le Maroc courir à une telle vitesse!”
Non pas parce que je suis habité par une pulsion nihiliste. Mais parce que je suis un lecteur régulier de Madame Salah et il se trouve que sa déclaration au quotidien du soir français n’a rien à avoir à ce qu’elle n’a cessé d’écrire sur la première colonne de son quotidien. Schizophrénie quand tu nous tienne. Voici des morceaux choisis tous vérifiables sur les archives de l’Economiste et je vous laisse juge !
-Il y a presque deux mois, le 12/06/2008 , dans un édito intitulé « Au feu! » Madame Salah est à deux doigts de décréter l’apocalypse économique :
- Il y a trois mois, le 15/05/2008, c’est un bilan dur et sans concession que dresse madame Salah au gouvernement marocain . Elle dit :
- Le 25/06/2008, il ya deux mois donc, elle fait un constat catastrophique du pouvoir décisionnaire marocain. Elle dit :
- Une semaine avant, le 20/06/2008, c’est un réquisitoire digne des plus sévères des procureurs qui est prononcé contre le « Maroc qui perd ». Elle dit :
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Le 02/05/2008 , elle résume la situation du pays au lendemain de la fête du travail :
- Le 14/02/2008 dans un édito intitulé « Indignité » elle dresse un constat d’échec et dénonce les indignes conditions de vie de millions de Marocains. Elle dit :
- Le 05/02/2008, Madame Salah se fende d’un édito intitulé : « Echec à 99,3% »
- Le 31/01/2008 , madame Salah prend l’Algérie et la Tunisie à témoin :
- Le 17/1/2008, c’était son premier édito de l’année 2008, Madame Salah présente ses vœux à ses lecteurs en titrant sa colonne : « Désespérant! »
A la lecture de la déclaration de la rédactrice en chef de l’Economiste au journal le Monde et ses éditos publiés depuis le début de cette année, je me permets de lui poser une question, une toute petite question : Madame Salah quand vous trompez-vous ? Hier ou aujourd’hui ? Sur les colonnes du Monde ou sur les colonnes de l’Economiste ?
Non pas parce que je suis habité par une pulsion nihiliste. Mais parce que je suis un lecteur régulier de Madame Salah et il se trouve que sa déclaration au quotidien du soir français n’a rien à avoir à ce qu’elle n’a cessé d’écrire sur la première colonne de son quotidien. Schizophrénie quand tu nous tienne. Voici des morceaux choisis tous vérifiables sur les archives de l’Economiste et je vous laisse juge !
-Il y a presque deux mois, le 12/06/2008 , dans un édito intitulé « Au feu! » Madame Salah est à deux doigts de décréter l’apocalypse économique :
Au feu!
La balance courante est redevenue déficitaire. La nouvelle est grave, très grave.
Pendant des années, il y avait assez d’excédents de la balance des services pour combler le trou du commerce extérieur. Autrement dit, le tourisme, les investissements étrangers et les envois des expatriés (et où figurent sans doute les recettes du kif!) étaient suffisants pour que le Maroc se paye ce qu’il lui fallait comme pétrole, blé, machines… Et, soulignons-le, c’est cet excédent qui a permis au pays de commencer à vivre comme une nation presque normale, c’est-à-dire gagnant collectivement assez de devises pour permettre un réel assouplissement des échanges, condition première pour avoir des chances de survie dans un monde globalisé.
(….)Et c’est bien à cause de cela que la situation s’est à ce point dégradée. Maintenant, il y a le feu à la maison..
La balance courante est redevenue déficitaire. La nouvelle est grave, très grave.
Pendant des années, il y avait assez d’excédents de la balance des services pour combler le trou du commerce extérieur. Autrement dit, le tourisme, les investissements étrangers et les envois des expatriés (et où figurent sans doute les recettes du kif!) étaient suffisants pour que le Maroc se paye ce qu’il lui fallait comme pétrole, blé, machines… Et, soulignons-le, c’est cet excédent qui a permis au pays de commencer à vivre comme une nation presque normale, c’est-à-dire gagnant collectivement assez de devises pour permettre un réel assouplissement des échanges, condition première pour avoir des chances de survie dans un monde globalisé.
(….)Et c’est bien à cause de cela que la situation s’est à ce point dégradée. Maintenant, il y a le feu à la maison..
Peu d’engagements ou de plannings clairs sur les gains de parts de croissance, sur une compétitivité à stimuler.
Il y a certes quelques chantiers ambitieux de modernisation à suivre de près comme pour l’Agriculture. Pour le reste, circulez, il n’y a rien à voir! Ou du moins très peu. Le tourisme continue de surfer sur le bilan Douiri. Et encore osons espérer que les délais soient respectés! Les finances publiques bruissent quelques signaux d’inquiétude, l’Energie, n’en parlons pas, c’est un plan d’urgence dans l’urgence.
Il y a certes quelques chantiers ambitieux de modernisation à suivre de près comme pour l’Agriculture. Pour le reste, circulez, il n’y a rien à voir! Ou du moins très peu. Le tourisme continue de surfer sur le bilan Douiri. Et encore osons espérer que les délais soient respectés! Les finances publiques bruissent quelques signaux d’inquiétude, l’Energie, n’en parlons pas, c’est un plan d’urgence dans l’urgence.
On a re-concentré ces dix dernières années les pouvoirs d’ukases politiques chez les fonctionnaires des Finances alors qu’on avait mis quinze ans à rendre fluides les décisions budgétaires… Où que l’on se tourne, c’est partout ce paysage décisionnaire dépassé et hypercentralisé.
Depuis 1996, chaque année, le Maroc a perdu une part de sa place, déjà bien réduite, dans le commerce mondial. Au bout de douze ans, la perte est devenue considérable. Le plus grave dans cette affaire, c’est que cette perte se compte directement en pertes d’emplois: en effet, quand on a un commerce déficitaire, cela signifie ipso facto que l’on exporte des emplois (…)l’économie marocaine est restée en deçà de ces opportunités comme si elle n’avait pas osé saisir la chance qui se présentait.
Au cours de ces dix dernières années, le Maroc a conduit deux politiques économiques en complète contradiction l’une avec l’autre. D’un côté, il a multiplié les accords de libre-échange sans s’occuper de la compétitivité des entreprises, tandis que de l’autre, il a poussé son économie vers la consommation avec des subventions massives, des déficits budgétaires et un taux de change surévalué. Le résultat est simple: la consommation locale a soutenu les productions étrangères… Le Maroc est donc entré dans la phase la plus dangereuse: il a commencé à pomper ses réserves pour continuer à s’approvisionner.
Au cours de ces dix dernières années, le Maroc a conduit deux politiques économiques en complète contradiction l’une avec l’autre. D’un côté, il a multiplié les accords de libre-échange sans s’occuper de la compétitivité des entreprises, tandis que de l’autre, il a poussé son économie vers la consommation avec des subventions massives, des déficits budgétaires et un taux de change surévalué. Le résultat est simple: la consommation locale a soutenu les productions étrangères… Le Maroc est donc entré dans la phase la plus dangereuse: il a commencé à pomper ses réserves pour continuer à s’approvisionner.
Le 02/05/2008 , elle résume la situation du pays au lendemain de la fête du travail :
Jamais la conjoncture n’a été aussi mauvaise: hausse des prix, deux incendies qui montrent le peu d’intérêt que l’on porte à la sécurité au travail, et des semaines de dialogue social où les syndicats ont largement tenu le devant de la scène médiatique.
Tous ces problèmes demeurent, mal exprimés, mal conceptualisés, donc mal portés et mal pris en charge. C’est le terreau idéal pour les poussées de violences, sans but autre que de taper et casser… Poussées de violences que les forces de l’ordre devront réprimer en tapant et cassant aussi.
Tous ces problèmes demeurent, mal exprimés, mal conceptualisés, donc mal portés et mal pris en charge. C’est le terreau idéal pour les poussées de violences, sans but autre que de taper et casser… Poussées de violences que les forces de l’ordre devront réprimer en tapant et cassant aussi.
Parmi les écoles rurales, 63% n’ont pas d’électricité: que veut dire le programme d’initiation aux nouvelles technologies de l’information que nos ministres, dûment accompagnés de caméras, inaugurent régulièrement?! Comment les ministres de l’Education nationale ont-ils pu avoir l’indignité de ces mascarades quand ils savaient parfaitement que deux écoles sur trois n’ont pas d’électricité!
Malheureusement, ce n’est pas le pire. 76% des écoles rurales n’ont pas l’eau potable et, tenez-vous bien, 81% n’ont pas de sanitaire.
Malheureusement, ce n’est pas le pire. 76% des écoles rurales n’ont pas l’eau potable et, tenez-vous bien, 81% n’ont pas de sanitaire.
A Ifrane, seulement 0,7% des enfants qui finissent leur première année d’école primaire ont réellement acquis le niveau qu’ils doivent avoir. Autant dire personne! A ce stade d’échec, ce ne sont pas les enfants ou leurs parents qui sont en cause. C’est bien l’école elle-même et son corps d’enseignants qui sont responsables d’un tel naufrage. Et pour parler en termes de système éducatif, inutile de se cacher derrière son petit doigt : inutile de mettre sur le compte des jeunes et de leur famille ce qui est de l’unique responsabilité du ministère et donc des gouvernements qui se sont succédé jusqu’ici.
Ainsi, partout, dans le Royaume, la majorité de ces recrutés politiques vont scrupuleusement reproduire le syndrome d’Ifrane, c’est-à-dire un taux d’échec à 99,3%!
Ainsi, partout, dans le Royaume, la majorité de ces recrutés politiques vont scrupuleusement reproduire le syndrome d’Ifrane, c’est-à-dire un taux d’échec à 99,3%!
Pour une même classe d’âge, l’Algérie a deux fois plus de jeunes dans ses universités et ses grandes écoles que n’en a le Maroc. Et, proportionnellement, la «petite» Tunisie, elle, en a trois fois plus!
Qui des trois pays du Maghreb a le plus de chance face à la complexité de la globalisation ? Qui en a le moins?
Pas la peine de faire un dessin…
Quand le Maroc a fêté son cinquantenaire, il aurait dû faire une mention spéciale pour ses cinquante années de totale incompétence en matière d’éducation. Cinquante ans de politique et de polémiques. Cinquante ans de réformes et de réajustement… Cinquante ans de commissions nationales ou royales, de colloques et d’autres Cosef… pour finir bon dernier, très loin derrière les autres pays de la classe Maghreb qui n’est pourtant pas brillante!
Qui des trois pays du Maghreb a le plus de chance face à la complexité de la globalisation ? Qui en a le moins?
Pas la peine de faire un dessin…
Quand le Maroc a fêté son cinquantenaire, il aurait dû faire une mention spéciale pour ses cinquante années de totale incompétence en matière d’éducation. Cinquante ans de politique et de polémiques. Cinquante ans de réformes et de réajustement… Cinquante ans de commissions nationales ou royales, de colloques et d’autres Cosef… pour finir bon dernier, très loin derrière les autres pays de la classe Maghreb qui n’est pourtant pas brillante!
Comparons un peu. En Algérie, 24% des jeunes entre 19 et 23 ans, l’âge de l’enseignement supérieur, sont à l’école; en Tunisie, ils sont 36%. Et au Maroc? Ils ne sont que 12%, la moitié moins qu’en Algérie, le tiers de ce qui existe en Tunisie!
Ceci veut dire que le Maroc est trois fois moins bien équipé que son principal concurrent, la Tunisie, pour faire son profit de la globalisation et de la compétition sur les compétences. Le Maroc est deux fois moins bien pourvu que l’Algérie, un pays qui a assez de pétrole et de gaz pour se moquer de son niveau de compétitivité mondiale.
Ceci veut dire que le Maroc est trois fois moins bien équipé que son principal concurrent, la Tunisie, pour faire son profit de la globalisation et de la compétition sur les compétences. Le Maroc est deux fois moins bien pourvu que l’Algérie, un pays qui a assez de pétrole et de gaz pour se moquer de son niveau de compétitivité mondiale.
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