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L’interconnexion électrique africaine à petits pas

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    L’interconnexion électrique africaine à petits pas
    02-07-2008

    Marrakech abrite les 12 et 13 juin une rencontre Africa Energy Forum. Dans l’ordre du jour, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Eclairage.

    La rencontre Africa Energy Forum, tenue à Marrakech les 12 et 13 juin 2008, intervient alors que le baril du pétrole a bondi – une première dans l’histoire – de 10 dollars durant une même journée. Le brent s’est en effet rapproché de la barre psychologique des 140 dollars le vendredi 6 juin 2008 relevant encore d’un cran l’effort à fournir par les Etats africains non producteurs de pétrole pour se fournir en électricité. C’est dire de la pertinence du thème choisi pour cette rencontre : « L’efficacité énergétique et les énergies renouvelables ». Le premier intitulé du sujet passe par la promotion des bonnes habitudes de consommation mais aussi, par la maîtrise des coûts, des modes de montages financiers des projets d’ouvrages. Autant de paramètres non pris en compte dans les premières générations de centrales thermiques, bâties sur des modèles coûteux.
    En plus de cette tare originelle, la compétitivité recherchée par les économies africaines, ainsi que le retour sur investissement posé comme condition par les bailleurs de fonds, se heurte souvent à un facteur externe et politique : le morcellement du continent en petits marchés. Par exemple, « pas moyen de rentabiliser une centrale à gaz pour la Mauritanie si cet ouvrage n’est pas conçu dans un cadre régional », nous faisait remarquer le directeur général de l’Office national marocain de l’électricité, Younes Maamar, il y a quelques mois, dans ces mêmes colonnes.
    Cette cohérence indispensable à un bon prix du kilowattheure devra se refléter à tous les niveaux, à commencer par la mutualisation des ouvrages, indispensables quand on sait que les prix des centrales électriques ont doublé depuis le début de l’année. L’EEC, qui estimait à 350 milliards de dollars les investissements nécessaires d’ici à 2030 pour faire évoluer le taux d’électrification en Afrique de 24 à 52%, devra sans doute revoir ses calculs. Selon les experts, si l’interconnexion existait en Afrique australe, les coupures auraient été moins sévères en Afrique du Sud où l’opérateur national, Eskom, envisage d’augmenter de 53% les prix de l’électricité d’ici 2009 et de 100% d’ici 2010. La question devait être tranchée durant ce mois de juin. Parallèlement, un plan d’urgence a été mis en place pour l’importation de 700 MW du Mozambique, de la RDC et de la Zambie.
    Ailleurs, les mêmes défis régionaux sont aussi abordés à travers le prisme national. Cas du Cameroun qui a lancé un plan d’investissement quinquennal de 800 milliards francs CFA et dont l’objectif est de doubler la capacité actuelle de 950 mégawatts, pour être à la hauteur de la demande électrique à l’horizon 2012. Pays producteur de pétrole, le Cameroun construira une demi-douzaine de barrages hydroélectriques ainsi que des centrales thermiques pour accroître l’offre énergétique.

    « Pas moyen de rentabiliser une centrale à gaz pour la Mauritanie si cet ouvrage n’est pas conçu dans un cadre régional. »

    L’Europe raccordée à l’Afrique

    A côté des exemples nationaux, nettement plus nombreux, il y a les projets régionaux comme l’interconnexion entre le Mali et la Côte d’Ivoire, permettant au premier de bénéficier de 60 mégawatts supplémentaires, indispensables pour faire face à une croissance de 12 à 13% par an. Autre exemple d’intégration régionale, le programme d’interconnexion entre le Bénin, le Togo et le Ghana. La Banque africaine de développement (BAD) y a consacré un prêt de 28,2 millions de dollars. Le projet, dont le coût global est estimé à 115,6 millions de dollars, devrait également augmenter les capacités de transport d'électricité entre le Nigeria, le Bénin, le Togo et le Ghana, selon la BAD.
    Autre exemple d’intégration qui connaît une matérialisation, le transfert d’expertise entre le Maroc et le Sénégal à travers l’appel d’offres international remporté par l’Office national d’électricité (ONE). Ce marché de 10 milliards de FCFA est destiné à couvrir 400 villages d’une population totale de 350 000 habitants. Au-delà de ce marché, l’Office marocain qui dispose d’un raccordement au marché européen vise l’intégration du Maroc, du Sénégal et de la Mauritanie. La ligne haute tension qui se limite à Boujdour, arrivera prochainement à Dakhla puis en Mauritanie qui deviendra un membre à part entière du réseau maghrébin. En contrebas du Sénégal, l’opérateur marocain s’est aussi solidement implanté en Sierra Leone, au lendemain d’une guerre civile de dix ans, en remettant en marche la seule centrale du pays. Un contrat de production d’une nouvelle centrale de 12 à 15 mégawatts devrait suivre. Mais, à la longue, l’Afrique devra comme les autres parties du monde, se pencher non seulement vers les énergies renouvelables, mais aussi se pencher sur l’énergie nucléaire. Dans certains pays, l’idée serait beaucoup plus avancée qu’on ne le pense.

    MBF

    L’ONE : un défi national conséquent
    Il va sans dire que, malgré cette croissance à l’international, l’ONE est confronté, au niveau national, à une croissance annuelle de l’ordre de 8% de la demande électrique. L’opérateur serait d’ailleurs derrière le passage à GMT +1 en vigueur au Maroc depuis le 1er juin 2008. Les retards d’investissements de l’ONE équivalaient en 2005 à 900 mégawatts sur la base de projection faite à la fin des années 90. L’ONE qui est un importateur net de l’énergie fossile, seul acteur à supporter les répercussions des hausses de cours à l’international, dispose d’une marge d’autant plus réduite que la structure de la demande nationale est basée sur la basse tension, essentiellement les ménages. Dans sa stratégie, l’ONE vise à diversifier les sources d’approvisionnement du Royaume, à consolider le Maroc en tant que carrefour régional d’interconnexion et à exporter son savoir-faire.
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