Tweet
Ses ventes continuent de chuter en Allemagne, et le signal envoyé en France par Matignon dans ses lettres plafonds est inquiétant.
Muriel Motte
Les faits -
Toutes motorisations confondues, les ventes de voitures ont stagné en Europe en juillet, selon l’Association des constructeurs, l’Acea. La part de l’électrique recule au profit des modèles hybrides.
La transformation du marché automobile européen ne va pas dans le sens souhaité par Bruxelles. Et cela risque de ne pas s’arranger. Selon Contexte, dans sa lettre plafond adressée au ministère de la Transition écologique, Matignon demande 500 millions d’euros d’économies sur l’électrification des véhicules. Début mai, lors de la signature du contrat de filière automobile pour 2024-2027, le gouvernement avait promis de soutenir « dans la durée » le passage vers l’électrique. Et à « poursuivre » l’accompagnement des Français, sans toutefois s’engager sur le maintien de l’enveloppe de 1,5 milliard consacrée en 2024 au paquet d’aides diverses (bonus, prime à la conversion, leasing social), rappelle le média en ligne. Apparemment, nécessité fait loi quand il faut traquer partout les économies.
Certes, c’est un Premier ministre démissionnaire qui a envoyé ses directives. Matignon insistait la semaine dernière sur la « réversibilité » de son projet de budget, qui sera finalement à la main du prochain gouvernement puis du Parlement. Mais le ton est donné dans un environnement déjà déprimé pour la voiture électrique. Dans l’hexagone, ses ventes ont stagné (+1 %) en juillet, révèle l’Acea, l’Association des constructeurs européens.
Le cas allemand témoigne de l’extrême sensibilité du produit et des clients aux aides qui leur sont accordées. La suppression pure et simple du bonus à l’achat d’une voiture électrique (VE) fin 2023 pour raisons budgétaires a immédiatement entraîné une chute des achats outre-Rhin. En juillet, la baisse a atteint près de 37 % sur un an, une dégringolade que ses voisins n’ont pas été capables de compenser. Si bien que les immatriculations de VE en Europe ont reculé de près de 11 % le mois dernier en dépit des hausses enregistrées en Belgique et aux Pays-Bas.
Hybrides. Leur part de marché dans les ventes totales a glissé à 12,1 % contre 13,5 % l’an dernier. A ce stade, la guerre des prix à laquelle se livrent les constructeurs pour rendre leurs modèles plus abordables ne suffit pas à convaincre en masse de nouveaux clients, au-delà des « early adopters » déjà convaincus et convertis. Outre l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède ont déjà supprimé les bonus et la menace s’approche de la France.
Sur un marché automobile européen globalement atone (+ 0,2 % le mois dernier, toutes motorisations confondues), seul le succès des voitures hybrides compense la baisse généralisée qui touche, outre les électriques, les modèles essence (-7 %), diesel (-10 %) et même les hybrides rechargeables (- 14 %), note l’Acea. Les ventes de modèles hybrides, qui associent un moteur thermique et un bloc électrique, ont grimpé de plus de 25 % le mois dernier. La France a mené la danse avec un bond de 47,4 %, suivie par l’Espagne (31 %) et l’Allemagne (17 %). Leur succès, qui se confirme au fil des mois, a plusieurs explications. Leur simplicité d’utilisation — la voiture se recharge en roulant, inutile de chercher une borne —, par leur coût plus abordable que le 100 % électrique, et par le rôle qu’ils jouent dans une transition douce vers une mobilité durable (moindres émissions de CO2, optimisation de l’utilisation du moteur thermique, économie de carburant...).
Mais les hybrides font partie des motorisations qui seront interdites à la vente en Europe à compter de 2035, au profit du 100 % électrique, selon la volonté de Bruxelles. Qui tente parallèlement de freiner l’importation de modèles chinois subventionnés par Pékin pour protéger son industrie automobile. La quadrature du cercle.
Muriel Motte
Les faits -
Toutes motorisations confondues, les ventes de voitures ont stagné en Europe en juillet, selon l’Association des constructeurs, l’Acea. La part de l’électrique recule au profit des modèles hybrides.
La transformation du marché automobile européen ne va pas dans le sens souhaité par Bruxelles. Et cela risque de ne pas s’arranger. Selon Contexte, dans sa lettre plafond adressée au ministère de la Transition écologique, Matignon demande 500 millions d’euros d’économies sur l’électrification des véhicules. Début mai, lors de la signature du contrat de filière automobile pour 2024-2027, le gouvernement avait promis de soutenir « dans la durée » le passage vers l’électrique. Et à « poursuivre » l’accompagnement des Français, sans toutefois s’engager sur le maintien de l’enveloppe de 1,5 milliard consacrée en 2024 au paquet d’aides diverses (bonus, prime à la conversion, leasing social), rappelle le média en ligne. Apparemment, nécessité fait loi quand il faut traquer partout les économies.
Certes, c’est un Premier ministre démissionnaire qui a envoyé ses directives. Matignon insistait la semaine dernière sur la « réversibilité » de son projet de budget, qui sera finalement à la main du prochain gouvernement puis du Parlement. Mais le ton est donné dans un environnement déjà déprimé pour la voiture électrique. Dans l’hexagone, ses ventes ont stagné (+1 %) en juillet, révèle l’Acea, l’Association des constructeurs européens.
Le cas allemand témoigne de l’extrême sensibilité du produit et des clients aux aides qui leur sont accordées. La suppression pure et simple du bonus à l’achat d’une voiture électrique (VE) fin 2023 pour raisons budgétaires a immédiatement entraîné une chute des achats outre-Rhin. En juillet, la baisse a atteint près de 37 % sur un an, une dégringolade que ses voisins n’ont pas été capables de compenser. Si bien que les immatriculations de VE en Europe ont reculé de près de 11 % le mois dernier en dépit des hausses enregistrées en Belgique et aux Pays-Bas.
La guerre des prix à laquelle se livrent les constructeurs pour rendre leurs modèles plus abordables ne suffit pas à convaincre en masse de nouveaux clients
Sur un marché automobile européen globalement atone (+ 0,2 % le mois dernier, toutes motorisations confondues), seul le succès des voitures hybrides compense la baisse généralisée qui touche, outre les électriques, les modèles essence (-7 %), diesel (-10 %) et même les hybrides rechargeables (- 14 %), note l’Acea. Les ventes de modèles hybrides, qui associent un moteur thermique et un bloc électrique, ont grimpé de plus de 25 % le mois dernier. La France a mené la danse avec un bond de 47,4 %, suivie par l’Espagne (31 %) et l’Allemagne (17 %). Leur succès, qui se confirme au fil des mois, a plusieurs explications. Leur simplicité d’utilisation — la voiture se recharge en roulant, inutile de chercher une borne —, par leur coût plus abordable que le 100 % électrique, et par le rôle qu’ils jouent dans une transition douce vers une mobilité durable (moindres émissions de CO2, optimisation de l’utilisation du moteur thermique, économie de carburant...).
Mais les hybrides font partie des motorisations qui seront interdites à la vente en Europe à compter de 2035, au profit du 100 % électrique, selon la volonté de Bruxelles. Qui tente parallèlement de freiner l’importation de modèles chinois subventionnés par Pékin pour protéger son industrie automobile. La quadrature du cercle.