L'excellence du Maroc dans l'industrie des VE dérange l'Espagne
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Par Zineb Jazouli lundi 27 mai 2024
Le secteur de l’industrie automobile au Maroc, en particulier celui des voitures électriques, roule à grande vitesse, chose qui dérange les concurrents. Cette avancée commence à menacer les ambitions de l’Espagne de dominer ces industries dans la région. « Nous ne sommes pas seulement en concurrence avec l’Europe de l’Est. Le Maroc a tout pour conquérir la voiture électrique chinoise : il possède déjà sa première usine de batteries », rapporte la presse ibérique.
Le Maroc est devenu un acteur international clé, grâce à plusieurs indicateurs, notamment les grandes opportunités d’investissement qu’il offre et les ressources naturelles disponibles. En effet, le royaume ambitionne de devenir un centre majeur de production de batteries pour voitures électriques. Après avoir attiré les constructeurs automobiles, le pays vise maintenant à produire les batteries qui alimenteront les usines européennes.
Le journal espagnol « eldebate » a indiqué que le Maroc est devenu la menace silencieuse qui pourrait priver l’Espagne de la fabrication de milliers de voitures électriques. Le Maroc est déjà en train de construire cinq usines de batteries grâce à sa richesse en minéraux essentiels tels que le lithium et le cobalt, ainsi qu’à ses sources d’énergie renouvelable comme l’énergie solaire, en plus de sa position stratégique unique. Ces caractéristiques lui offrent une opportunité en or pour occuper une position de leader dans ce domaine, à l’échelle régionale et internationale.
La même source a souligné que le Maroc dispose d’une main-d’œuvre de haute qualité et expérimentée à des prix compétitifs, ce qui en fait une destination attrayante pour les fabricants de voitures électriques. Elle a affirmé qu’à la lumière de ces avantages, le Maroc n’est plus une destination inconnue pour les entreprises européennes, comme en témoignent le succès des usines de Renault et Stellantis à Tanger, Kénitra et Casablanca.
En réalité, ajoute « eldebate », le Maroc est parfaitement conscient que les droits de douane imposés par l’Europe aux entreprises chinoises pourraient inciter ces dernières à implanter des usines de voitures électriques au Maroc. Cela leur permettrait d’éviter ces taxes, en plus de profiter de la similarité des environnements industriels entre le Maroc et la Chine.
Passant en revus les succès marocains, la presse espagnole rappelle qu’au « début de l’année, le groupe chinois Baoan, leader mondial dans la fabrication de matériaux pour électrodes lithium-ion, a annoncé la construction d’une usine de cathodes au Maroc, avec un investissement de près de 500 millions de dollars. Et cette semaine, deux constructeurs ont annoncé la création de deux usines de batteries lithium-ion pour voitures avec un investissement total de 900 millions de dollars. Et ils ne sont pas les seuls».
En outre, « les fabricants chinois de batteries Hailiang et Shinzoom ont annoncé cette semaine la création de deux usines distinctes dans la zone industrielle de Tanger, avec un investissement de 450 millions de dollars et 460 millions de dollars, respectivement », rapporte-t-on.
Par ailleurs, en avril dernier, le gouvernement marocain a donné son feu vert au fabricant chinois de batteries électriques BTR New Material Group pour construire une usine près de Tanger pour produire des cathodes, un composant clé des batteries. Un autre fabricant chinois, CNGR Advanced Material, prévoit de construire une usine de cathodes à Jorf Lasfar, où le gouvernement a réservé 283 hectares à l’industrie des batteries électriques.
Les constructeurs chinois de voitures électriques constatent qu’il leur devient progressivement de plus en plus difficile d’accéder aux grands marchés occidentaux. Après les droits de douane de 100 % adoptés par les États-Unis, l’Europe va bientôt augmenter elle aussi ses droits de douane, quoique de manière plus modérée ( jusqu’à 27 %). Dans ce contexte, l’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne et la proximité territoriale jouent un rôle important.
La proximité avec l’Europe est essentielle car l’entrée en vigueur de la future taxe européenne sur les émissions carbone début 2026 pousse les investisseurs chinois à se tourner vers d’autres marchés, comme le Maroc.
D’autre part, le Maroc, étant le dixième producteur mondial de cobalt, dispose d’atouts importants pour développer le secteur de la fabrication de batteries. Les industriels bénéficient ainsi de l’accès à une partie des matières premières nécessaires, tout en réduisant leur empreinte carbone en raison de la proximité avec l’Europe, conformément à la future taxe carbone.
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