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L'économie française en pleine stagnation.

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  • L'économie française en pleine stagnation.


    Atone au quatrième trimestre 2023, le produit intérieur brut tricolore a progressé de 0,9 % sur l’ensemble de l’année.

    Par Béatrice Madeline




    AUREL

    Avec un quatrième trimestre totalement atone, l’économie française a terminé l’année comme elle l’avait commencée : à l’arrêt. Sur l’ensemble de 2023, la croissance du produit intérieur brut (PIB) s’établit à 0,9 %, après 2,5 % en 2022 et 6,4 % en 2021, selon les chiffres publiés, mardi 30 janvier, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Un chiffre proche de l’hypothèse de croissance du gouvernement, fixée à 1 %. Mais qui est entièrement porté par l’activité du deuxième trimestre, qui a atteint 0,7 % après une légère révision à la hausse. Sur les trois autres trimestres, la croissance est de 0 %.

    Point positif : la crainte d’une récession, récurrente depuis des mois, en raison notamment de la très forte hausse des taux d’intérêt, ne s’est pas concrétisée. « Ce n’est pas une bonne année, mais l’économie a résisté, on ne s’en sort pas trop mal, notamment par rapport à l’Allemagne », commente Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques. Outre-Rhin, l’activité s’est contractée de 0,3 % en 2023 et les économistes n’attendent guère d’amélioration en 2024. « Heureusement qu’il y a eu l’aéronautique, dont les ventes ont porté la croissance française au deuxième trimestre, et que la production d’électricité a rebondi, observe, pour sa part, Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas. Après avoir obéré la croissance de 0,4 point en 2022, celle-ci lui a fait regagner 0,35 point en 2023. »

    Il ne fallait pas compter, en effet, sur la consommation des ménages, principal moteur de l’économie puisqu’elle représente la moitié du PIB, pour faire tourner la machine en 2023. Minée par l’inflation et les pertes de pouvoir d’achat, elle a progressé d’un petit 0,7 % sur l’ensemble de l’année. Au quatrième trimestre, elle était encore en baisse de 0,1 %, malgré un petit sursaut en décembre (+ 0,3 % ). Cette légère amélioration est liée aux dépenses d’énergie (+ 1,7 %) et de biens manufacturés (+ 0,6 %).

    Mais les dépenses alimentaires continuent leur glissade. Dans les supermarchés, l’année se solde par une baisse de 4,7 % de la consommation, après – 3,6 %, en 2022. « C’est totalement inhabituel », souligne Nicolas Carnot, directeur des études et synthèses économiques à l’Insee. Mais, selon lui, la situation est en train d’évoluer. « Le freinage par les taux fait maintenant suite au choc d’inflation, décrypte-t-il. Les choses basculent un peu entre la consommation et l’investissement. »

    Autrement dit, c’est plutôt les acquisitions immobilières ou les gros achats, sensibles au coût du crédit, qui vont souffrir en 2024, alors que les dépenses du quotidien pourraient repartir grâce à l’accalmie des prix. En effet, quelques signes timides d’embellie font jour : l’indicateur de confiance des ménages s’est un peu redressé, selon l’Insee. Les achats d’automobiles, sur le dernier trimestre, sont légèrement repartis. Les enquêtes d’opinion sur le commerce de détail s’améliorent. « Selon nous, la reprise viendra de la consommation. Le moral des ménages remonte, la désinflation est bien enclenchée : deux éléments qui confortent ce scénario. La grande question est de savoir quand cela aura lieu », confirme Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, qui voit plutôt cette amélioration survenir au deuxième trimestre.

    « Désinflation en bonne voie »


    Les entreprises connaissent une situation inverse : leur situation, plutôt favorable jusqu’ici, tend à se dégrader. Depuis la crise liée au Covid-19, elles ont très fortement investi et embauché massivement. Mais cette dynamique semble désormais marquer le pas. L’investissement est en baisse de 0,6 % sur le quatrième trimestre 2023, selon les chiffres de l’Insee. On note également un paradoxe : ce très haut niveau d’investissement (+ 10 % par rapport à l’avant-crise) ne semble pas se ressentir sur le niveau de l’activité. « Les entreprises ont certes investi, mais ces investissements ne sont pas très efficaces pour booster la croissance, car ces budgets sont pour une large part dépensés en services informatiques, explique Stéphane Colliac. Or, les logiciels ont une durée de vie courte, ces investissements se déprécient donc rapidement. Par ailleurs, on observe une dépréciation du capital dans plusieurs secteurs. Le logement, par exemple : on fait plus de rénovations et moins de constructions neuves. C’est certes mieux pour la planète, mais moins bon pour la croissance et pour l’offre de logements. »

    Dans ces conditions, comment se profile 2024 ? « Deux questions sont déterminantes », répond Mathieu Plane. « Est-ce que les ménages vont recommencer à consommer, ou bien est-ce que leur taux d’épargne va rester anormalement élevé ? Et la productivité, qui a chuté de près de 5 % depuis 2019, va-t-elle enfin repartir à la hausse ? » « Sans gains de productivité, la croissance ne peut pas repartir de manière plus forte », confirme Maxime Darmet.

    Une chose est sûre : l’acquis de croissance pour 2024 – autrement dit, le taux de croissance que l’on atteindrait cette année si les quatre trimestres étaient atones – est de 0,1 % seulement. « La désinflation est en bonne voie, cela apporte un petit peu d’air quand même aux consommateurs », rappelle Nicolas Carnot. De ce fait, l’Insee attend un « rebond modéré de l’activité, de l’ordre de 0,2 % au premier trimestre et également 0,2 % au deuxième ».

    Ces prévisions vont toutefois être prochainement réactualisées. La grande inconnue vient de l’effet de la hausse des taux d’intérêt. Cet effet va se poursuivre encore plusieurs mois, obérant la capacité d’emprunt des ménages et des entreprises. La situation de nos partenaires commerciaux, notamment l’Allemagne, premier client de la France, et les crises géopolitiques seront aussi déterminantes. Par ailleurs, observe Mathieu Plane, il faudra compter avec la remontée des défaillances en 2024, qui pourraient alimenter une hausse du chômage.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر
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