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INDE..La troisième économie mondiale en 2030

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  • INDE..La troisième économie mondiale en 2030

    Rattrapage. La patrie de Gandhi surfe sur une formidable vague de croissance, mais elle ne remplacera pas de sitôt la Chine comme nouveau moteur de l’économie mondiale.

    De notre envoyé spécial à New Delhi, Chennai et Bangalore, François Miguet

    De notre envoyé spécial à New Delhi, Chennai et Bangalore, François Miguet


    Futuriste. Campus du prestataire informatique indien Infosys à Electronic City, à Bangalore, dans l’État de Karnataka.En cette matinée de novembre, il fait 28 degrés et un épais nuage jaunâtre s’est abattu sur New Delhi. « L’indice de qualité de l’air est de 472, signale l’application météo de notre téléphone. Ce niveau est nocif et peut provoquer des problèmes respiratoires chez les personnes en bonne santé. » Nous voilà prévenus. Partout, on se racle la gorge, on tousse, on crache. Et le thé au lait, servi à toute heure, n’y change rien. Chaleur, poussière… et pollution. Tel est le cocktail habituel en cette semaine d’après Diwali, la fête des lumières, aussi importante que notre Noël. Ni sapin, ni neige, ni traîneau. Mais des pétards et des fumigènes dont les fumerolles s’ajoutent aux fumées des centrales à charbon et aux feux allumés par les paysans des campagnes alentour. Les autorités avaient annoncé la mise en place d’une circulation alternée ; elles y ont renoncé. Trop compliqué. Personne ne porte de masque. Bronchite pour tous. « Happy Diwali ! »

    4 000 milliards de dollars. Le gentleman qui nous reçoit, dans le confort d’un vaste bureau climatisé, toussote lui aussi. Mais rien, pas même la toxicité de l’air, ne pourrait le faire dévier de son optimisme. « C’est normal en cette saison », évacue-t-il. Franche poignée de main, sourire appuyé, et le voici qui embraie d’un ton robotique. Comme s’il avait, plus de mille fois déjà, répété les mêmes arguments. « L’Inde est déjà une économie de près de 4 000 milliards de dollars, et c’est celle qui croît le plus vite dans le monde. Selon le Fonds monétaire international (FMI), nous continuerons à l’être l’an prochain. Et je pense que nous pourrons faire encore mieux, c’est-à-dire entre 9 et 10 % de croissance annuelle dans les trente années qui suivront 2025. » Parole d’Amitabh Kant, le sherpa du G20 indien, sorte de ministre bis des Finances, proche parmi les proches du Premier ministre Narendra Modi. À l’entendre, l’heure de la revanche économique indienne a sonné.

    Où s’arrêtera la course de l’« éléphant » ? Porté par une démographie dynamique, il a dépassé cette année, et avec sept ans d’avance sur les prévisions, son rival chinois en nombre d’habitants, à 1, 4284 milliard selon les Nations unies. Depuis l’an dernier, son PIB a supplanté celui de l’ancien colonisateur britannique pour devenir le cinquième de la planète. C’est cinq rangs de mieux qu’en 2014, lorsque Modi a conquis le Panchavati, la résidence officielle du Premier ministre. Le Japon et l’Allemagne ne sont pas très loin devant. « Et, si l’on parvenait à croître de 4 points de plus que la Chine annuellement sur les quinze prochaines années, tout en conservant notre stabilité politique, nous pourrions la rattraper », veut croire Amitabh Kant, avant de nous dédicacer un exemplaire de son essai Made in India et de nous présenter sur son portable des photos de lui en compagnie des entrepreneurs américains vedettes Sam Altman (ChatGPT) et Elon Musk (Tesla, SpaceX). « Je compte bien convaincre monsieur Musk d’installer une usine de voitures chez nous. »


    Made in India. Amitabh Kant, sherpa du G20 pendant l’année de la présidence indienne.

    Moment indien. Pour l’instant, l’insaisissable patron sud-africain n’a pas encore donné sa réponse. Qu’importe ! Cet agréable refrain du « moment indien », on l’entend beaucoup ces temps-ci. Et bien au-delà des quartiers sécurisés de Mumbai (ex-Bombay), de Bangalore ou de New Delhi. Chez les banquiers américains de Morgan Stanley, par exemple. « Nous pensons que l’Inde est en passe de devenir la troisième économie mondiale d’ici à la fin de cette décennie », avance Ridham Desai, l’un de ses analystes. Mais aussi au sein du cabinet de conseil new-yorkais McKinsey. En septembre 2022, son PDG, Bob Sternfels, y est allé de sa déclaration d’amour : « Je pense sincèrement que c’est le siècle de l’Inde. »

    Contacté par Le Point, Jonathan Gray, le numéro deux de Blackstone, le fonds de capital-investissement le plus puissant du globe avec plus de 1 000 milliards de dollars de force de frappe, est sur une ligne similaire. « Avec plus de 50 milliards de dollars déjà investis, l’Inde est notre troisième zone géographique d’investissement en fonds propres, après les États-Unis et le Royaume-Uni. Alors que d’autres investisseurs quittaient le pays il y a dix ans, nous avons choisi d’accélérer, à tel point que nous sommes aujourd’hui le premier investisseur étranger en immobilier et en capital-investissement. »

    Dividende démographique. Indubitablement, la terre des maharajas ne manque pas d’atouts. Le premier, du moins sur le papier, est la jeunesse. L’âge médian des Indiens est de 27,6 ans, et, à l’horizon 2050, seulement 15 % d’entre eux auront plus de 65 ans. Aucune autre nation ne disposera d’autant de bras en âge de travailler. En théorie, c’est une excellente chose. Dans les réceptions chics de Delhi ou de Bangalore, on se rengorge du « dividende démographique ».

    Comprendre : une période rêvée, comme celles qu’a connue la Chine, pendant laquelle les forces vives capables de faire tourner les usines à plein régime sont plus nombreuses que les seniors – un détail qui a son importance dans un pays où les aînés sont à la charge de leurs enfants. Idéalement, cela crée un cercle vertueux d’enrichissement qui augmente naturellement la consommation intérieure, laquelle génère des investissements, et ainsi de suite.

    6,3 %

    C’est la croissance que l’Inde affichera cette année, selon le FMI. C’est mieux que la Chine (5 %) et les États-Unis (2,1 %). Et loin devant la France (1 %).

    Identité biométrique. Le deuxième atout est l’accélération numérique. Depuis dix ans, l’Inde a nettement amélioré son maillage de télécommunications. Résultat : le réseau 4 G, distribué à des tarifs imbattables, couvre 98 % de la population, avec, disons-le, moins de zones blanches qu’en France. L’écrasante majorité des foyers est dotée d’au moins un smartphone ; les modèles de base, d’origine chinoise, étant vendus autour de 80 euros. « Le gouvernement a aussi incité les résidents des zones rurales à ouvrir des comptes bancaires en ligne, ajoute l’universitaire Nand Kishore Singh, affilié au parti de Modi et ex-artisan de la libéralisation de l’économie indienne dans les années 1990. Avec ça, on peut virer les aides sociales en se passant des espèces. » En parallèle, l’État central a déployé le Aadhaar (en français : « fondation »), un système d’identité biométrique obligatoire qui, couplé à la Unified Payments Interface (UPI), permet de payer en ligne de manière tracée et sécurisée.

    Des gadgets ? Pas du tout. Le cash, autrefois incontournable, est passé au second plan. Buralistes, chauffeurs de rickshaw, marchands de fruits ambulants… Tous acceptent désormais d’être réglés via l’UPI ; le plus souvent à l’aide d’un code QR à flasher sur son portable. Le succès est tel que l’Inde est, chaque jour, à l’origine de quatre paiements mobiles sur dix dans le monde, selon Morgan Stanley. Nous avons pu rencontrer Pramod Varma, le concepteur d’Aadhar et d’UPI dans son repaire de Bangalore. « En 2009, quand le gouvernement m’a demandé de lancer ces projets, seulement 17 % de la population avait un compte en banque, contre près de la totalité maintenant », relate-t-il avec fierté. À l’époque, ce docteur en informatique avait un joli job à Boston. « J’étais bien en Amérique, poursuit-il, mais j’ai saisi l’occasion d’être utile à mon pays, car j’avais la conviction qu’il ne pourrait jamais décoller tant que la majorité de sa population restait dans l’économie informelle. »

    Futurs entrepreneurs. Chaque année, 1,5 million de potentiels Pramod Varma sortent des écoles d’ingénieurs indiennes. Oui, 1,5 million… Voilà la troisième carte maîtresse locale : ses cerveaux. Les plus brillants sont issus des 23 Indian Institutes of Technology (IITs). Nombre de leurs prédécesseurs, tels le PDG d’Alphabet (maison mère de Google), Sundar Pichai, ou le patron d’IBM, Arvind Krishna, se sont exilés une fois diplômés. Mais, à entendre Veezhinathan Kamakoti, le directeur de l’IIT Madras, plus élitiste que Polytechnique avec seulement 0,1 % de candidats admis, il n’y aurait plus de fuite des cerveaux : « Le “brain drain”, c’est fini. Seulement 5 % de mes étudiants partent à l’étranger. » Ce professeur de sciences informatiques, père du premier semi-conducteur indien, qui nous reçoit dans son bureau tout en boiserie, en est persuadé : il forme en ce moment même de futurs entrepreneurs de renommée mondiale. « Cette année, nous allons déposer 315 brevets et incuber 100 start-up qui travaillent dans des domaines clés comme le spatial, le ferroviaire, les batteries ou les semi-conducteurs. »


    Excellence. Pramod Varma (en haut) et Veezhinathan Kamakoti (ci-dessus), deux brillants esprits au service du développement informatique et économique de l’Inde.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2

    Obstacles structurels. Gardons-nous cependant de tout peindre en rose. Car, il faut le souligner, les obstacles structurels à la hausse du potentiel de croissance du sous-continent restent pléthoriques. Le premier d’entre eux est, paradoxalement… la jeunesse. « Au lieu d’un dividende, il pourrait y avoir une malédiction démographique, comme cela existe dans certains pays d’Afrique, car la croissance indienne n’est pas suffisamment créatrice d’emplois », alerte un responsable français basé à New Delhi. Contrairement à la Chine, qui est parvenue à sortir une grande partie de sa population des campagnes dans la période récente, au point que le taux d’urbanisation s’y établit désormais à 64 % selon la Coface, l’Inde est restée rurale à plus de 70 %. Et, si sa croissance est tirée par les services (la moitié du PIB), notamment informatiques, ceux-ci offrent très peu de débouchés pour les non-qualifiés. Environ un Indien sur six vit – ou, plus exactement, survit – de l’agriculture, alors que cette dernière génère moins de 20 % de la richesse nationale…

    La pauvreté, même si elle a baissé récemment, continue de sévir. Selon le Programme alimentaire mondial, un Indien sur cinq vit avec moins d’1,90 dollar par jour. Le taux de participation des femmes à l’emploi stagne à 24,2 %, ce qui est très en dessous de ce que l’on peut constater dans les autres pays de la région. Et, bien que l’on s’en défende dans les ministères ou les cercles du business, les castes, censées avoir été abolies en 1950, restent un frein. « Je me suis retrouvé dans une réunion ubuesque où un subalterne coupait la parole à son supérieur pour dire n’importe quoi, sans que personne n’ose l’interrompre, se souvient un dirigeant français… J’ai compris après qu’il se permettait de le faire car il était issu d’une caste supérieure. » Enfin, les richesses continuent d’être mal réparties. Selon une étude de Marcellus, un gestionnaire de fonds de Mumbai, les vingt plus grands groupes indiens réalisent à eux seuls 80 % des bénéfices générés dans le sous-continent ; moitié plus qu’il y a dix ans.

    Vœu pieu. À en croire le discours en vogue, l’Inde pourrait bénéficier de la politique de découplage de la Chine que pratiquent certains industriels occidentaux. Un exemple revient constamment : celui d’Apple, qui a ordonné à son sous-traitant taïwanais Foxconn de produire des iPhone dans le Karnataka, dans le sud du pays. C’est pourtant mal parti. « Comme les ouvriers indiens ne sont pas au niveau, Foxconn a demandé une dérogation au gouvernement pour faire venir 14 de ses sous-traitants chinois », révèle un bon connaisseur du sujet.

    Le Premier ministre Modi a beau en faire des tonnes sur le « Make it in India », force est de constater que ce slogan n’est, pour l’heure, qu’un vœu pieux. La part de l’industrie dans le PIB plafonne autour de 15 % depuis vingt ans… Et la comparaison avec la Chine est cruelle. « Tandis que le secteur manufacturier chinois génère 5 000 milliards de dollars de valeur ajoutée annuellement, celui de l’Inde culmine à 450 milliards, constate Ève Barré, économiste chez Coface. Elle n’est pas prête à remplacer l’usine du monde. »

    C’est le nombre de licornes (entreprises valorisées 1 milliard de dollar ou plus avant rachat ou cotation en Bourse) qu’abrite l’Inde, derrière les États-Unis (712) et la Chine (248) selon Forbes. La France en a 27.

    Retard. Vietnam, Cambodge, Indonésie… À y regarder de plus près, les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) parviennent à attirer collectivement davantage de devises étrangères que l’Inde. Entre 2012 et 2022, ils ont reçu annuellement 150 milliards de dollars d’investissements directs étrangers en moyenne, quand leur grand voisin, deux fois plus peuplé, en captait trois fois moins, c’est-à-dire 50 milliards, et la Chine plus du double (350 milliards). Au moins deux facteurs expliquent ce retard et le premier, c’est le manque de compétences. En Inde, 70 % de la population ne dépasse pas le niveau de base au sens de l’Organisation mondiale du travail. Et, bien que le gouvernement ait fait de la lutte contre l’illettrisme l’une de ses priorités, 20 % des hommes et 30 % des femmes ne savent ni lire ni écrire.


    Monumental. Chantier de l’extension du nouveau métro aérien de Delhi sous un nuage de pollution, le 21 novembre.

    Le deuxième, c’est le délabrement des infrastructures. D’accord, Modi a fait construire 50 000 kilomètres d’autoroutes depuis sa prise de fonction. Certes, on voit partout des ouvriers trimer sur des chantiers de métro ou d’aéroport. Bien sûr, le Premier ministre a déclaré vouloir franchir la barre des 500 gigawattheures d’énergies renouvelables d’ici à 2030, notamment en couvrant le Rajasthan de panneaux solaires. Le seul parc de Bhadla, en plein désert, a été conçu pour en abriter 10 millions, répartis sur 5 600 hectares. Record mondial.

    Seulement, pour le moment, l’Inde ressemble davantage à l’Afrique qu’à la Chine ou à la Corée du Sud. De dantesques embouteillages embolisent les mégapoles, de nombreux chantiers sont à l’arrêt pendant des mois et les nouveaux trains, présentés comme des équivalents des TGV, ressemblent plutôt à des Corail modernisés (leur vitesse maximale est de 160 kilomètres-heure, quand tout va bien...). Plus embêtant pour les industriels, les coupures de courant ou d’eau sont légion.

    Route des épices. Quand, au début des années 2000, le gouvernement de Manmohan Singh et la banque Goldman Sachs tenaient le même discours ultrapositif que celui que l’on entend aujourd’hui, maintes entreprises tricolores ont pris la route des épices. Las, découragés par la guerre des prix, Carrefour et Auchan ont plié boutique. Et, après deux décennies de dur labeur, Renault-Nissan et Stellantis patinent toujours sur un marché où les voitures les plus demandées, comme celles de Maruti Suzuki, se vendent autour de 8 000 euros.

    Même nos stars du luxe, LVMH ou Kering, ultradominatrices partout ailleurs en Asie, ont échoué à conquérir le berceau de Bollywood, qui privilégie les produits locaux. « Le luxe en Inde, c’était 1,8 milliard d’euros en 2022, constate Joëlle de Montgolfier, experte de ce secteur chez Bain. C’est plus petit que Singapour, à 5 milliards, et minuscule comparé aux 59 milliards du marché local chinois. »

    Exploit. En 2014, le groupe mayennais Lactalis s’est offert Tirumala, une société laitière du Sud-Est indien dont le nom veut dire « le dieu de la montagne ». L’idée ? Mettre un pied dans le premier marché laitier de la planète, où 80 % du business est encore contrôlé par des coopératives publiques. Mais même Shiva n’aurait pas assez de bras pour réussir pareil exploit…

    « Nous collectons le lait dont nous avons besoin auprès de 27 000 producteurs, qui possèdent chacun en moyenne deux ou trois vaches. À titre de comparaison, en Afrique du Sud, pays où j’exerçais précédemment et qui faisait à peu près la même taille que la zone que nous couvrons ici, nous collaborions avec 90 fermiers », témoigne Alban Damour, le directeur de Lactalis au pays des vaches sacrées. Lors de notre visite d’un de ses points de collecte, à deux heures de route de Chennai (ex-Madras), les fermiers défilaient pieds nus pour verser la production journalière de leurs bêtes chétives… entre 1 et 5 litres !
    • Président. Le groupe français Lactalis a racheté la société laitière Tirumala, dans le Sud-Est indien, dont le nom veut dire « le dieu de la montagne ».
    • Production. Chaque jour, des milliers d’éleveurs apportent quelques litres de lait au centre de collecte.
    • Vaches sacrées. L’Inde représente le premier marché laitier de la planète. 80 % de la production est encore contrôlée par des coopératives publiques

    Douane. Pour réussir en Inde, il faut être indien. McDonald’s a remplacé ses Big Mac par des « spicy burgers ». Quant à Pernod Ricard, qui a fait du sous-continent son troisième marché (12,1 milliards de chiffre d’affaires), il se déploie sous des bannières locales. « Nous sommes leaders dans les whiskys, sous les marques Imperial Blue, Royal Stag et Blenders Pride », se félicite le responsable de la transformation du groupe en Inde, Simon de Beauregard.

    D’abord parce que les Indiens ont des goûts très particuliers – ils détestent, par exemple, l’anis du pastis. Ensuite parce que de terribles droits de douane s’abattent sur les flacons importés – une bouteille de Chivas s’écoule à Mumbai au double du prix de Paris. Autre difficulté, le numéro deux mondial des spiritueux possède 28 usines en Inde pour éviter les droits d’accise qui s’appliquent quand on passe d’un État à l’autre.

    Gange en danger. Tous ces écueils, les conjoncturistes du gouvernement Modi espèrent, on l’a vu, les balayer. Mais pourront-ils aussi juguler Dame Nature ? Même dans le scénario optimiste du Giec d’un réchauffement global limité à 1,5 degré en 2050, l’Inde verrait sa température moyenne monter de 3 degrés. Intenable alors qu’à New Delhi, le thermomètre dépasse déjà régulièrement les 45 degrés. Au nord-est, les glaciers de l’Himalaya pourraient poursuivre leur fonte, au point de menacer le Gange. Au sud, les fleuves pourraient sortir de leur lit encore plus souvent qu’ils ne le font de nos jours. Même la mousson, tellement nécessaire aux récoltes, pourrait se dérégler. L’an passé, le prix des tomates a augmenté de 158 % en raison de canicules et de cyclones. Autant de nuages à l’horizon. « Aucun pays ne s’est jamais élevé sans s’être purifié au feu de la souffrance », écrivait le Mahatma Gandhi dans La Jeune Inde, en 1924. C’était il y a bientôt cent ans. Il aurait pu l’écrire aujourd’hui §




    HARSHA VADLAMANI/PANOS-REA POUR « LE POINT » (X7)
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