L’Algérie n’est toujours pas préparée face à la fin prochaine de l’ère des hydrocarbures : la terrible erreur des décideurs algériens
28 MARS 2021
Oui, c’est une terrible erreur ! Les décideurs algériens qu’ils soient civils ou militaires n’ont toujours pas préparé le pays à la la fin prochaine de l’ère des hydrocarbures. En effet, l’Algérie ne pourra plus survivre aux crises économiques et financières qui la paralysent parce que les ressources en devises que lui procurent les hydrocarbures sont en baisse significative et ce depuis des années. Les études et les expertises les plus sérieuses avaient alerté le régime algérien : la fin des hydrocarbures est pour bientôt. Mais rien n’a été fait pour amorcer ce virage dangereux pour le pays. Explications.
En Algérie, Le modèle énergique, focalisé quasi exclusivement sur les ressources fossiles, connaît ses limites depuis 2014. Depuis cette date-là, le pays est devant une double obligation : Changer de mode d’accumulation en agissant sur d’autres moteurs de croissance et d’opérer une transition énergétique en restructurant son bouquet énergétique.
Concernant le premier point, il a été déjà mis en évidence que les hydrocarbures impactent la croissance par leur propre croissance et par le financement qu’ils apportent via la demande publique. De ce point de vue, les hydrocarbures, malgré le déclin de la production et des exportations, restent le moteur essentiel de la croissance.
En chiffres, entre 2006 et 2013, le déclin a été de -25% pour la production et de -29% pour l’exportation de pétrole. Pour le gaz, il a été de -14,5% pour la production et de -22,5% pour l’exportation. Le boom de la consommation nationale (plus de 7% de croissance moyenne depuis 5 années), conjugué à la baisse de la production, aura pour effet de diminuer davantage le surplus exportable à moins de compter sur d’importantes découvertes. Nombreux sont les experts qui estiment qu’aux rythmes actuels de la consommation nationale et des découvertes, le pays aura épuisé d’ici 2035 ses capacités d’exportations d’hydrocarbures.
Ces vérités, les autorités les connaissent depuis 2014 année pendant laquelle le monde a connu un terrible choc pétrolier avec une chute des prix du pétrole qui a été vertigineuse et surtout rapide: Elle avait atteint presque 50% en un seul semestre !
Début 2014, les Etats-Unis deviennent premier producteur mondial de pétrole avec une production d’environ 11,7 millions de barils de pétrole par jour. Une production dopée par un boom historique de la production de pétrole de schiste. Au même moment, la production russe atteint 10,8 millions de barils de pétrole par jour. Dans ce contexte de concurrence et de surproduction qui n’arrange pas ses comptes, l’Arabie Saoudite, alors deuxième plus grand producteur mondial de brut avec 11,5 millions de pétrole extrait par jour, décide de réagir. Fort d’un potentiel pétrolier impressionnant, le royaume wahhabite, dans un esprit de compétition, inonde le marché pour faire descendre les prix. Mais les intentions de l’Arabie Saoudite ne se limitent pas à meurtrir la concurrence, il s’agit aussi d’affaiblir l’économie de son éternel rival, l’Iran, qui brandit la menace d’un expansionnisme pétrolier après la levée de l’embargo sur l’exportation de son brut
La production saoudienne connaît rapidement une augmentation de 600 000 barils de pétrole par jour. Sur les principaux marchés, les prix dégringolent… Entre novembre 2014 et janvier 2016, les prix du pétrole qui s’établissaient à une moyenne de 100 $ le baril recule de plus de 60%, atteignant en janvier 2016, leur plus bas niveau depuis de nombreuses années, 27 $.
De cette mésaventure, l’Algérie n’a retenu aucune leçon et l’immobilisme de son régime politique l’a totalement paralysée l’obligeant ainsi de vivre encore et toujours avec son esprit rentier.
Malgré ce signal d’alerte en 2014, l’Algérie a continué à gaspiller son énergie sans la transformer en produits industriels à forte valeur ajoutée. Le bilan énergétique pour l’année 2014 fait état, à titre d’exemple, de la répartition de l’utilisation finale de l’énergie : ménages et autres (42%), transport (37%) et industrie et BTP (21%).Cette répartition traduit à la fois la faiblesse de la part du groupe industrie/BTP et le gonflement de celles des ménages et du transport.
L’hypothèse du gaspillage est largement envisageable sachant que le niveau de vie s’est nettement amélioré depuis le début de la décennie 2000 alors que les prix de l’énergie sont restés quasiment constants du fait du soutien de l’Etat. Le bouquet énergétique est constitué quasi exclusivement d’énergie fossile :
i. Les produits pétroliers (38.1%) ;
ii. Le gaz naturel (28.5%) ;
iii. L’électricité (27.7%) et
iv. Le GPL (5.7%).
A la fin de l’année 2016, un rapport approfondi de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a titré la sonnette d’alarme en prévenant contre les menaces immédiates qui menacent l’avenir économique de l’Algérie. Dans le court et moyen terme, la nécessité d’intensification de l’effort d’exploration et surtout d’amélioration des taux de récupération sur les gisements de gaz et de pétrole existants s’impose pour rationaliser la production tout comme s’impose la rationalisation de la consommation (système de prix) dans le court et moyen terme. « A plus long terme, l’Algérie est dans l’obligation de changer de modèle énergétique », avait souligné enfin le rapport de la CNUCED. Malheureusement, aucun dirigeant algérien ne l’a pris au sérieux et jusqu’aujourd’hui, les mêmes erreurs perdurent au plus haut sommet du pouvoir algérien.
Algérie Part Plus
28 MARS 2021
Oui, c’est une terrible erreur ! Les décideurs algériens qu’ils soient civils ou militaires n’ont toujours pas préparé le pays à la la fin prochaine de l’ère des hydrocarbures. En effet, l’Algérie ne pourra plus survivre aux crises économiques et financières qui la paralysent parce que les ressources en devises que lui procurent les hydrocarbures sont en baisse significative et ce depuis des années. Les études et les expertises les plus sérieuses avaient alerté le régime algérien : la fin des hydrocarbures est pour bientôt. Mais rien n’a été fait pour amorcer ce virage dangereux pour le pays. Explications.
En Algérie, Le modèle énergique, focalisé quasi exclusivement sur les ressources fossiles, connaît ses limites depuis 2014. Depuis cette date-là, le pays est devant une double obligation : Changer de mode d’accumulation en agissant sur d’autres moteurs de croissance et d’opérer une transition énergétique en restructurant son bouquet énergétique.
Concernant le premier point, il a été déjà mis en évidence que les hydrocarbures impactent la croissance par leur propre croissance et par le financement qu’ils apportent via la demande publique. De ce point de vue, les hydrocarbures, malgré le déclin de la production et des exportations, restent le moteur essentiel de la croissance.
En chiffres, entre 2006 et 2013, le déclin a été de -25% pour la production et de -29% pour l’exportation de pétrole. Pour le gaz, il a été de -14,5% pour la production et de -22,5% pour l’exportation. Le boom de la consommation nationale (plus de 7% de croissance moyenne depuis 5 années), conjugué à la baisse de la production, aura pour effet de diminuer davantage le surplus exportable à moins de compter sur d’importantes découvertes. Nombreux sont les experts qui estiment qu’aux rythmes actuels de la consommation nationale et des découvertes, le pays aura épuisé d’ici 2035 ses capacités d’exportations d’hydrocarbures.
Ces vérités, les autorités les connaissent depuis 2014 année pendant laquelle le monde a connu un terrible choc pétrolier avec une chute des prix du pétrole qui a été vertigineuse et surtout rapide: Elle avait atteint presque 50% en un seul semestre !
Début 2014, les Etats-Unis deviennent premier producteur mondial de pétrole avec une production d’environ 11,7 millions de barils de pétrole par jour. Une production dopée par un boom historique de la production de pétrole de schiste. Au même moment, la production russe atteint 10,8 millions de barils de pétrole par jour. Dans ce contexte de concurrence et de surproduction qui n’arrange pas ses comptes, l’Arabie Saoudite, alors deuxième plus grand producteur mondial de brut avec 11,5 millions de pétrole extrait par jour, décide de réagir. Fort d’un potentiel pétrolier impressionnant, le royaume wahhabite, dans un esprit de compétition, inonde le marché pour faire descendre les prix. Mais les intentions de l’Arabie Saoudite ne se limitent pas à meurtrir la concurrence, il s’agit aussi d’affaiblir l’économie de son éternel rival, l’Iran, qui brandit la menace d’un expansionnisme pétrolier après la levée de l’embargo sur l’exportation de son brut
La production saoudienne connaît rapidement une augmentation de 600 000 barils de pétrole par jour. Sur les principaux marchés, les prix dégringolent… Entre novembre 2014 et janvier 2016, les prix du pétrole qui s’établissaient à une moyenne de 100 $ le baril recule de plus de 60%, atteignant en janvier 2016, leur plus bas niveau depuis de nombreuses années, 27 $.
De cette mésaventure, l’Algérie n’a retenu aucune leçon et l’immobilisme de son régime politique l’a totalement paralysée l’obligeant ainsi de vivre encore et toujours avec son esprit rentier.
Malgré ce signal d’alerte en 2014, l’Algérie a continué à gaspiller son énergie sans la transformer en produits industriels à forte valeur ajoutée. Le bilan énergétique pour l’année 2014 fait état, à titre d’exemple, de la répartition de l’utilisation finale de l’énergie : ménages et autres (42%), transport (37%) et industrie et BTP (21%).Cette répartition traduit à la fois la faiblesse de la part du groupe industrie/BTP et le gonflement de celles des ménages et du transport.
L’hypothèse du gaspillage est largement envisageable sachant que le niveau de vie s’est nettement amélioré depuis le début de la décennie 2000 alors que les prix de l’énergie sont restés quasiment constants du fait du soutien de l’Etat. Le bouquet énergétique est constitué quasi exclusivement d’énergie fossile :
i. Les produits pétroliers (38.1%) ;
ii. Le gaz naturel (28.5%) ;
iii. L’électricité (27.7%) et
iv. Le GPL (5.7%).
A la fin de l’année 2016, un rapport approfondi de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a titré la sonnette d’alarme en prévenant contre les menaces immédiates qui menacent l’avenir économique de l’Algérie. Dans le court et moyen terme, la nécessité d’intensification de l’effort d’exploration et surtout d’amélioration des taux de récupération sur les gisements de gaz et de pétrole existants s’impose pour rationaliser la production tout comme s’impose la rationalisation de la consommation (système de prix) dans le court et moyen terme. « A plus long terme, l’Algérie est dans l’obligation de changer de modèle énergétique », avait souligné enfin le rapport de la CNUCED. Malheureusement, aucun dirigeant algérien ne l’a pris au sérieux et jusqu’aujourd’hui, les mêmes erreurs perdurent au plus haut sommet du pouvoir algérien.
Algérie Part Plus
Commentaire