Grande-Bretagne, États-Unis, Chine,Afrique du Sud. EDF fait de ces quatre pays sa priorité pour son développement international.Mais ses ambitions sont plus larges puisque l’électricien étudie bien d’autres dossiers. Ainsi de l’Espagne. EDF rêve de prendre pied chez ce voisin et examinait tout récemment encore la possibilité d’acquérir le groupe Iberdrola, premier producteur mondial d’énergie éolienne et gros producteur d’énergie nucléaire depuis qu’il a acquis la société Iberduero.
Une offre conjointe de l’espagnol ACS et d’EDF sur Iberdrola a été évoquée il y a quelques mois. Depuis, plus rien, ce qui a suscité la colère d’Ignacio Sánchez Galán, président d’Iberdrola. « Présentez une offre ou taisezvous ! », a-t-il indiqué en assignant le groupe français en justice.
Plutôt que de favoriser la naissance d’un groupe national encore plus puissant en se mariant avec son compatriote Gas Natural, le groupe énergétique espagnol semble vouloir susciter l’intérêt des grands concurrents internationaux, ne serait-ce que pour faire monter les enchères.
La cible a des atouts. En l’espace de six ans, Iberdrola est passé du dixneuvième au quatrième rang mondial du secteur en termes de capitalisation boursière. En juin 2007, l’espagnol a acquis pour 6,4 milliards d’euros la société américaine Energy East.L’opération qui a reçu l’aval des autorités fédérales ainsi que les visas des États où elle opère est actuellement retardée par l’État de New York et donnera toute sa mesure dans deux exercices. En Europe, c’est l’acquisition de Scottish Power qui a fait prendre la troisième place européenne à l’espagnol. En 2007, son bénéfice net dépassait les 2,3 milliards d’euros, en hausse de 42 %.
L’espagnol se révèle gourmand. Il considère que 100 milliards d’euros – le double de la capitalisation boursière de l’entreprise et, à peu près, la capitalisation actuelle d’EDF – est une base de discussion raisonnable.
« Nous ne sommes pas convaincus par les spéculations espagnoles », dit la banque UBS, qui suit de près le dossier énergétique européen. «Des opérations plus petites et plus logiques sur Distrigaz (valeur inférieure à 3 milliards d’euros) et British Energy (moins de 15 milliards) semblent plus probables ».
UBS pense bien sûr au groupe français.
Pierre Gadonneix, le président d’EDF, s’intéresse de près à British Energy (BE), de même que presque tous les groupes européens du secteur depuis que le gouvernement britannique a annoncé – en mars – son intention de vendre sa participation de 35 %. Conformément à la loi britannique, l’acquéreur de ce bloc devra lancer une OPA dans la foulée. Selon la presse allemande,RWE aurait fait une offre à 700 pence l’action, valorisant la société à près de 14 milliards d’euros.
Les britanniques sont prêts à céder au plus offrant quand les Espagnols défendent davantage leur “ibérité”. Le marché l’a compris. L’action British Energy a pris 13 % en une semaine. Depuis le début de l’année, sa progression dépasse les 30 % pour atteindre 723 pence. En mai 2007, il y a moins d’un an, le gouvernement britannique avait cédé 28 % du capital au prix de 520 pence l’action
En tardant à se déclarer, EDF court le risque de payer plus cher sa cible. Mais le français est pourtant le grand favori en raison de sa compétence et de son implantation industrielle depuis 1998. EDF est déjà installé au Royaume-Uni au travers de sa filiale EDF Energy et a l’ambition de construire quatre centrales nucléaires. Le pays a décidé de relancer sa production nucléaire pour rééquilibrer son mix produit. Reste à mieux définir le cadre énergétique, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets et le mécanisme de fixation des prix d’émission des certificats de CO2 pour les centrales thermiques.
En tenant compte de ces contraintes, EDF estime pouvoir livrer un premier EPR en Grande-Bretagne d’ici à 2017.
La compétence du français est reconnue. À la tête du premier parc nucléaire européen, il est l’un des rares industriels à connaître parfaitement la technologie graphite des centrales de British Energy. EDF est persuadé ue le gouvernement britannique sera attentif à confier ses centrales au plus compétent. La production annuelle de BE a dû être revue à la baisse, à cause de l’arrêt de production de plusieurs sites minés par les fuites et les fissures de ses installations.
Vieilles et peu rentables, les centrales de British Energy devront toutes être renouvelées, ce qui suppose de nouveaux investissements. Construire de nouvelles centrales sur les anciens sites est souvent la seule solution pour ne pas fâcher les opinions publiques. Malgré le retour du nucléaire dans la politique de plusieurs pays, les consommateurs restent méfiants. Il est pratiquement impossible de construire une centrale sur un nouveau site sans susciter de grandes manifestations. Cela explique pourquoi les sites britanniques, malgré leurs défauts, sont si convoités.
Le risque de surpayer ou de se tromper de cible est grand, EDF le sait mieux que personne. La politique de croissance externe d’EDF avait en partie provoqué le non-renouvellement du mandat de François Roussely. Pierre Gadonneix pourrait-il échouer alors qu’il a su mettre fin aux aventures sud-américaines de son prédécesseur ?
Le marché s’inquiète en tout cas de ces incertitudes stratégiques.Le cours a reculé de 20 % depuis janvier, après avoir été le plus gros succès boursier de l’année écoulée.
Une offre conjointe de l’espagnol ACS et d’EDF sur Iberdrola a été évoquée il y a quelques mois. Depuis, plus rien, ce qui a suscité la colère d’Ignacio Sánchez Galán, président d’Iberdrola. « Présentez une offre ou taisezvous ! », a-t-il indiqué en assignant le groupe français en justice.
Plutôt que de favoriser la naissance d’un groupe national encore plus puissant en se mariant avec son compatriote Gas Natural, le groupe énergétique espagnol semble vouloir susciter l’intérêt des grands concurrents internationaux, ne serait-ce que pour faire monter les enchères.
La cible a des atouts. En l’espace de six ans, Iberdrola est passé du dixneuvième au quatrième rang mondial du secteur en termes de capitalisation boursière. En juin 2007, l’espagnol a acquis pour 6,4 milliards d’euros la société américaine Energy East.L’opération qui a reçu l’aval des autorités fédérales ainsi que les visas des États où elle opère est actuellement retardée par l’État de New York et donnera toute sa mesure dans deux exercices. En Europe, c’est l’acquisition de Scottish Power qui a fait prendre la troisième place européenne à l’espagnol. En 2007, son bénéfice net dépassait les 2,3 milliards d’euros, en hausse de 42 %.
L’espagnol se révèle gourmand. Il considère que 100 milliards d’euros – le double de la capitalisation boursière de l’entreprise et, à peu près, la capitalisation actuelle d’EDF – est une base de discussion raisonnable.
« Nous ne sommes pas convaincus par les spéculations espagnoles », dit la banque UBS, qui suit de près le dossier énergétique européen. «Des opérations plus petites et plus logiques sur Distrigaz (valeur inférieure à 3 milliards d’euros) et British Energy (moins de 15 milliards) semblent plus probables ».
UBS pense bien sûr au groupe français.
Pierre Gadonneix, le président d’EDF, s’intéresse de près à British Energy (BE), de même que presque tous les groupes européens du secteur depuis que le gouvernement britannique a annoncé – en mars – son intention de vendre sa participation de 35 %. Conformément à la loi britannique, l’acquéreur de ce bloc devra lancer une OPA dans la foulée. Selon la presse allemande,RWE aurait fait une offre à 700 pence l’action, valorisant la société à près de 14 milliards d’euros.
Les britanniques sont prêts à céder au plus offrant quand les Espagnols défendent davantage leur “ibérité”. Le marché l’a compris. L’action British Energy a pris 13 % en une semaine. Depuis le début de l’année, sa progression dépasse les 30 % pour atteindre 723 pence. En mai 2007, il y a moins d’un an, le gouvernement britannique avait cédé 28 % du capital au prix de 520 pence l’action
En tardant à se déclarer, EDF court le risque de payer plus cher sa cible. Mais le français est pourtant le grand favori en raison de sa compétence et de son implantation industrielle depuis 1998. EDF est déjà installé au Royaume-Uni au travers de sa filiale EDF Energy et a l’ambition de construire quatre centrales nucléaires. Le pays a décidé de relancer sa production nucléaire pour rééquilibrer son mix produit. Reste à mieux définir le cadre énergétique, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets et le mécanisme de fixation des prix d’émission des certificats de CO2 pour les centrales thermiques.
En tenant compte de ces contraintes, EDF estime pouvoir livrer un premier EPR en Grande-Bretagne d’ici à 2017.
La compétence du français est reconnue. À la tête du premier parc nucléaire européen, il est l’un des rares industriels à connaître parfaitement la technologie graphite des centrales de British Energy. EDF est persuadé ue le gouvernement britannique sera attentif à confier ses centrales au plus compétent. La production annuelle de BE a dû être revue à la baisse, à cause de l’arrêt de production de plusieurs sites minés par les fuites et les fissures de ses installations.
Vieilles et peu rentables, les centrales de British Energy devront toutes être renouvelées, ce qui suppose de nouveaux investissements. Construire de nouvelles centrales sur les anciens sites est souvent la seule solution pour ne pas fâcher les opinions publiques. Malgré le retour du nucléaire dans la politique de plusieurs pays, les consommateurs restent méfiants. Il est pratiquement impossible de construire une centrale sur un nouveau site sans susciter de grandes manifestations. Cela explique pourquoi les sites britanniques, malgré leurs défauts, sont si convoités.
Le risque de surpayer ou de se tromper de cible est grand, EDF le sait mieux que personne. La politique de croissance externe d’EDF avait en partie provoqué le non-renouvellement du mandat de François Roussely. Pierre Gadonneix pourrait-il échouer alors qu’il a su mettre fin aux aventures sud-américaines de son prédécesseur ?
Le marché s’inquiète en tout cas de ces incertitudes stratégiques.Le cours a reculé de 20 % depuis janvier, après avoir été le plus gros succès boursier de l’année écoulée.
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