Aujourd’hui la plupart des économistes utilisent le PIB comme indicateur de richesse, et donc la croissance du PIB, devenue simplement « la croissance », comme indicateur de performance économique. Le PIB, c’est le calcul de l’ensemble des richesses que l’on produit dans un pays. Derrière ceci la logique est simple. Plus on produit de richesse, plus on est riche collectivement, plus on est riche en moyenne et mieux l’on vit. Et de se fixer comme objectif la croissance, de déterminer les leviers de celle-ci, la baisse du chômage, l’augmentation du temps de travail, de la productivité, la flexibilité... Et de diagnostiquer l’état de santé des pays... La France est en déclin, nous dit-on, son économie va mal. Et de prôner les remèdes à la pauvreté galopante. Ces notions sont largement diffusées par les médias et présentées comme référence, tant et si bien que l’on oublierait presque de les remettre en question. Car au fond, les raisonnement sont juste, mais le cadre est-il le bon ? En réalité, comme nous allons le montrer, la croissance du PIB érigé en objectif économique est humainement incomplète, socialement inadéquate et environnementalement inconsciente.
Au niveau humain
L’argent est certainement un facteur de liberté. Le fait d’en posséder plus nous ouvre des portes. Il permet de satisfaire nos besoins fondamentaux. Ainsi au premier abord la richesse peut sembler être la bonne mesure de ce que nous souhaitons à une société : si l’argent n’est pas un objectif en soi, c’est néanmoins un moyen sûr d’en atteindre d’autre. Une première critique que l’on peut formuler contre cette façon de voir vient de la constatation que la réalisation personnelle ne passe pas forcément par l’argent, ni par ce qui en coûte. L’argent n’est pas le seule moyen, il n’est pas le seul facteur de liberté. Si l’on devait recenser les besoins et les désirs de l’être humain, il y aurait la nourriture, la santé, le plaisir sous toute ses formes, le confort, mais aussi la qualité des relations sociales, de l’environnement, l’acceptation et la reconnaissance, et enfin d’autres buts comme aider les autres, transmettre des valeurs à sa descendance, faire avancer la connaissance humaine, créer. On le voit certains de ces besoins et désirs nécessitent d’avoir de l’argent quand d’autres, et non des moindres, ne peuvent être acheté, parfois sont gratuits, d’autre fois même peuvent rapporter de l’argent.
Ainsi l’argent n’est pas le seul facteur de liberté. Parallèlement la pauvreté n’est pas le seul obstacle à la liberté. Il existe une quantité de facteurs qui détermine notre liberté et la possibilité que l’on a d’accomplir ou non nos objectifs personnels. En réalité l’éducation que l’on reçoit, notre environnement, notre physique, notre sexe, notre origine ethnique, notre religion, ou encore l’endroit où l’on grandit, sa culture dominante, son système social et son système politique ont un impact bien plus important sur ce qu’il nous est possible de réaliser et de vivre que notre richesse. Tous ces critères cités ont par ailleurs un impact sur notre capacité même à obtenir des richesses.
L’argent n’est pas le seul moyen et son manque n’est pas le seul obstacle. Voilà pourquoi le critère de la richesse est incomplet humainement. Voilà pourquoi toute politique devrait avant tout se préoccuper de réunir les conditions nécessaire à l’augmentation de la liberté du plus grand nombre plutôt que de chercher uniquement à maximiser notre richesse.
Mais même en considérant ceci, on pourra se dire que l’argent, si ce n’est pas le seul, est un facteur de liberté néanmoins et qu’il serait idiot de ne pas l’optimiser. Mieux vaut en avoir trop que pas assez. L’idée de croissance économique reste donc en un sens assez logique... Encore faut-il que cette croissance soit « utile », c’est à dire souhaitable. Or même en matière de richesse le PIB n’est pas un bon indicateur.
D’abord parce que la richesse est en grande partie relative, et se définie par rapport aux autres. Etre riche au XXIème siècle n’a pas le même sens qu’au XVème. En fin de compte le critère premier ce sont les inégalités, par rapport aux autres pays (et ceci, le PIB peut le mesurer) mais aussi au sein d’un même pays, et sur ce dernier point le PIB ne nous dit rien. Ensuite, Un millionnaire ne vivra pas de la même façon le fait de gagner 1000 euros qu’un smicard. Une augmentation de richesse peut ainsi être futile ou déterminante. Enfin une production de richesse peut être utile ou non, et parfois constituer un simple gachi, ou encore la réparation d’un dégât. Une politique économique et sociale peut avoir un impact sur la façon dont on utilise notre richesse (et en particulier si l’on s’en sert pour rémunérer le travail, pour rémunérer l’apport de capital ou encore pour investir), mais ceci non plus le PIB ne nous l’indique pas : détruire pour reconstruire est une production de richesse.
Revenons sur l’idée de répartition, car elle pose un problème fondamentale. Faut-il répartir ? Certes la richesse créée peut être plus ou moins bien, mais n’oublions pas que l’argent se gagne. Il semble donc injuste de répartir, c’est à dire de prendre à ceux qui créent de la richesse pour donner à ceux qui n’en créent pas. Cet argument se justifie. On remarquera juste qu’il est beaucoup plus facile de s’enrichir quand on a déjà de l’argent, car on possède une capacité d’investissement plus importante. A ce titre, la vie est comme une partie de monopoly : plus on a d’argent, plus on en gagne. Autrement dit l’argent ne se gagne pas forcément à la peine ni au talent, et dans nos sociétés les écarts et les inégalités vont grandissants, et c’est néfaste même pour l’économie. Répartir l’argent consiste donc à donner sa chance à tout le monde, rien de plus. Tant que la richesse à elle seule pourra rapporter de l’argent, il faudra bien qu’il en soit ainsi.
Nous le voyons l’augmentation de la richesse n’est pas tout : ça juste utilisation est déterminante. L’augmentation de la richesse ne doit pas se faire au prix d’une moins bonne répartition, et c’est sur ce point que devrait porter l’essentiel des politiques.
Au niveau humain
Il nous faut avant toute discussion déterminer ce que l’on considère comme souhaitable pour une société. Plusieurs analyses existent à ce sujet. On citera la démarche utilitariste, qui pose comme souhaitable de maximiser la somme des utilités individuelles, elles même définies comme la satisfaction des désirs et des besoins humains. Mais la notion d’utilité reste difficile à définir c’est pourquoi nous lui préférerons la démarche, développée notamment par Amartya Sen, qui consiste à juger souhaitable de maximiser les libertés positives des individus, c’est à dire non pas la réalisation de leurs désirs et besoins mais la capacité qu’ils ont de définir eux même ceux-ci, et la possibilité pour eux de les satisfaire. Un des principaux arguments en faveur de cette démarche et de considérer que quelqu’un de pauvre aura tendance à revoir ses désirs à la baisse, et que par conséquent ce ne sont pas la satisfaction des désirs qu’il faut prendre comme critère d’utilité, mais la liberté des hommes à choisir ce qu’ils peuvent désirer.
L’argent est certainement un facteur de liberté. Le fait d’en posséder plus nous ouvre des portes. Il permet de satisfaire nos besoins fondamentaux. Ainsi au premier abord la richesse peut sembler être la bonne mesure de ce que nous souhaitons à une société : si l’argent n’est pas un objectif en soi, c’est néanmoins un moyen sûr d’en atteindre d’autre. Une première critique que l’on peut formuler contre cette façon de voir vient de la constatation que la réalisation personnelle ne passe pas forcément par l’argent, ni par ce qui en coûte. L’argent n’est pas le seule moyen, il n’est pas le seul facteur de liberté. Si l’on devait recenser les besoins et les désirs de l’être humain, il y aurait la nourriture, la santé, le plaisir sous toute ses formes, le confort, mais aussi la qualité des relations sociales, de l’environnement, l’acceptation et la reconnaissance, et enfin d’autres buts comme aider les autres, transmettre des valeurs à sa descendance, faire avancer la connaissance humaine, créer. On le voit certains de ces besoins et désirs nécessitent d’avoir de l’argent quand d’autres, et non des moindres, ne peuvent être acheté, parfois sont gratuits, d’autre fois même peuvent rapporter de l’argent.
Ainsi l’argent n’est pas le seul facteur de liberté. Parallèlement la pauvreté n’est pas le seul obstacle à la liberté. Il existe une quantité de facteurs qui détermine notre liberté et la possibilité que l’on a d’accomplir ou non nos objectifs personnels. En réalité l’éducation que l’on reçoit, notre environnement, notre physique, notre sexe, notre origine ethnique, notre religion, ou encore l’endroit où l’on grandit, sa culture dominante, son système social et son système politique ont un impact bien plus important sur ce qu’il nous est possible de réaliser et de vivre que notre richesse. Tous ces critères cités ont par ailleurs un impact sur notre capacité même à obtenir des richesses.
L’argent n’est pas le seul moyen et son manque n’est pas le seul obstacle. Voilà pourquoi le critère de la richesse est incomplet humainement. Voilà pourquoi toute politique devrait avant tout se préoccuper de réunir les conditions nécessaire à l’augmentation de la liberté du plus grand nombre plutôt que de chercher uniquement à maximiser notre richesse.
Au niveau social
Mais même en considérant ceci, on pourra se dire que l’argent, si ce n’est pas le seul, est un facteur de liberté néanmoins et qu’il serait idiot de ne pas l’optimiser. Mieux vaut en avoir trop que pas assez. L’idée de croissance économique reste donc en un sens assez logique... Encore faut-il que cette croissance soit « utile », c’est à dire souhaitable. Or même en matière de richesse le PIB n’est pas un bon indicateur.
D’abord parce que la richesse est en grande partie relative, et se définie par rapport aux autres. Etre riche au XXIème siècle n’a pas le même sens qu’au XVème. En fin de compte le critère premier ce sont les inégalités, par rapport aux autres pays (et ceci, le PIB peut le mesurer) mais aussi au sein d’un même pays, et sur ce dernier point le PIB ne nous dit rien. Ensuite, Un millionnaire ne vivra pas de la même façon le fait de gagner 1000 euros qu’un smicard. Une augmentation de richesse peut ainsi être futile ou déterminante. Enfin une production de richesse peut être utile ou non, et parfois constituer un simple gachi, ou encore la réparation d’un dégât. Une politique économique et sociale peut avoir un impact sur la façon dont on utilise notre richesse (et en particulier si l’on s’en sert pour rémunérer le travail, pour rémunérer l’apport de capital ou encore pour investir), mais ceci non plus le PIB ne nous l’indique pas : détruire pour reconstruire est une production de richesse.
Revenons sur l’idée de répartition, car elle pose un problème fondamentale. Faut-il répartir ? Certes la richesse créée peut être plus ou moins bien, mais n’oublions pas que l’argent se gagne. Il semble donc injuste de répartir, c’est à dire de prendre à ceux qui créent de la richesse pour donner à ceux qui n’en créent pas. Cet argument se justifie. On remarquera juste qu’il est beaucoup plus facile de s’enrichir quand on a déjà de l’argent, car on possède une capacité d’investissement plus importante. A ce titre, la vie est comme une partie de monopoly : plus on a d’argent, plus on en gagne. Autrement dit l’argent ne se gagne pas forcément à la peine ni au talent, et dans nos sociétés les écarts et les inégalités vont grandissants, et c’est néfaste même pour l’économie. Répartir l’argent consiste donc à donner sa chance à tout le monde, rien de plus. Tant que la richesse à elle seule pourra rapporter de l’argent, il faudra bien qu’il en soit ainsi.
Nous le voyons l’augmentation de la richesse n’est pas tout : ça juste utilisation est déterminante. L’augmentation de la richesse ne doit pas se faire au prix d’une moins bonne répartition, et c’est sur ce point que devrait porter l’essentiel des politiques.
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