Si la reflexion sur le Week-end (Vendredi-Samedi) avait révulsé quelques uns, El Fassi est aussi capable de prendre de bonnes décisions
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Vers la création d'un office indépendant des statistiques
Publié le : 02.11.2007 | 19h19
Un gage pour dépasser les querelles des chiffres
L'actuel gouvernement veut apparemment éviter les désagréments liés aux querelles sur les statistiques. L'équipe Jettou en a fait l'expérience à maintes reprises, lorsque le puissant Ahmed Lahlimi, haut commissaire au Plan livrait des chiffres qui ne font pas forcément l'unanimité au sujet du taux de chômage, du taux de croissance ou encore du nombre de touristes. Les clashs entre les ministres de l'ancien Exécutif et le HCP défrayaient la chronique, mettant en doute la consistance des mécanismes de production de statistiques fiables. Les télescopages et dissonances entre les différents intervenants en matière de production de chiffres ont été principalement pointés du doigt. Du coup, les différentes études menées par tel ou tel département se devaient de prendre en ligne de compte cette épée de Damoclès que représente le HCP.
En 2005, les divergences entre Jettou et Lahlimi sur les prévisions économiques nourrissaient une grande polémique. A l'époque, l'ex-Premier ministre a qualifié les statistique du HCP de "sans fondements". Plus récemment, les prévisions de croissances pour 2007 étaient de 0,4% pour le Centre marocain de conjoncture, dirigé par Lahbib El Malki, de 1,9% pour le HCP et de 3,5% pour le ministère des Finances. De quoi laisser perplexe les décideurs économiques et les investisseurs.
Souvent, les analystes incriminent le cachet politique des chiffres avancés, obéissant à des préoccupations plutôt politiciennes que purement économiques. Aujourd'hui, la réflexion est lancée au sein de l'équipe Abbas El Fassi pour la création d'un office indépendant dédié à la production de chiffres tout en épargnant les principales prérogatives du HCP. Il sera doté des moyens adéquats et performants pour s'acquitter convenablement de sa mission tout en jouant le rôle de juge.
Par sa dimension apolitique, cet office devra mettre fin aux croisements de fer sur la véracité des chiffres. Contacté par le Matin, Ahmed Lahlimi n'y voit aucune diminution de ses attributions. Mieux encore, il affirme avoir lui-même proposé la transformation de la Direction des statistiques, dépendant du HCP, en une institution indépendante. "Dès lors que j'ai été installé dans mes fonctions, j'ai soumis un projet de texte au gouvernement pour la création d'une institution dédiée aux statistiques", ajoute-t-il. Mais si Lahlimi lâche du lest sur la production des chiffres, il n'en demeure pas moins exigeant quant à l'indépendance du HCP qu'il défend bec et ongles. "Sur la qualité scientifique des chiffres, je n'ai de compte à rendre à personne. Comme le juge vis-à-vis de la loi, le statisticien n'a d'allégeance qu'à la science", tonne-t-il. Pour le ministre des Affaires générales sous Youssoufi, la polémique sur les chiffres n'a jamais existé, "mais certaines statistiques du HCP ne faisaient pas plaisir au gouvernement surtout celles concernant l'emploi, les prix et la croissance".
Lahlimi va plus loin en proposant que la nouvelle institution ou office des statistiques soit financièrement autonome, un prestataire de service pour le gouvernement, mais également pour les opérateurs économiques, géré par un conseil d'administration et piloté par un comité scientifique. De cette manière, l'organisme en question pourra investir dans des profils compétents et des moyens plus performants. Quant au HCP, explique Lahlimi, il se concentrera sur la prospective économique et surtout l'évaluation des politiques de l'Etat pour en tirer les conséquences sur l'économie et la société.
Notons que le Haut commissariat est audité par le FMI et ses études et enquêtes sont régulièrement reprises par les grandes institutions financières. Vers la fin de l'année 2007, il sortira deux grandes études, la première sur l'impact des politiques économiques sur la pauvreté et la deuxième sur les facteurs de reproduction du phénomène de la pauvreté.
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Vers la création d'un office indépendant des statistiques
Publié le : 02.11.2007 | 19h19
Un gage pour dépasser les querelles des chiffres
L'actuel gouvernement veut apparemment éviter les désagréments liés aux querelles sur les statistiques. L'équipe Jettou en a fait l'expérience à maintes reprises, lorsque le puissant Ahmed Lahlimi, haut commissaire au Plan livrait des chiffres qui ne font pas forcément l'unanimité au sujet du taux de chômage, du taux de croissance ou encore du nombre de touristes. Les clashs entre les ministres de l'ancien Exécutif et le HCP défrayaient la chronique, mettant en doute la consistance des mécanismes de production de statistiques fiables. Les télescopages et dissonances entre les différents intervenants en matière de production de chiffres ont été principalement pointés du doigt. Du coup, les différentes études menées par tel ou tel département se devaient de prendre en ligne de compte cette épée de Damoclès que représente le HCP.
En 2005, les divergences entre Jettou et Lahlimi sur les prévisions économiques nourrissaient une grande polémique. A l'époque, l'ex-Premier ministre a qualifié les statistique du HCP de "sans fondements". Plus récemment, les prévisions de croissances pour 2007 étaient de 0,4% pour le Centre marocain de conjoncture, dirigé par Lahbib El Malki, de 1,9% pour le HCP et de 3,5% pour le ministère des Finances. De quoi laisser perplexe les décideurs économiques et les investisseurs.
Souvent, les analystes incriminent le cachet politique des chiffres avancés, obéissant à des préoccupations plutôt politiciennes que purement économiques. Aujourd'hui, la réflexion est lancée au sein de l'équipe Abbas El Fassi pour la création d'un office indépendant dédié à la production de chiffres tout en épargnant les principales prérogatives du HCP. Il sera doté des moyens adéquats et performants pour s'acquitter convenablement de sa mission tout en jouant le rôle de juge.
Par sa dimension apolitique, cet office devra mettre fin aux croisements de fer sur la véracité des chiffres. Contacté par le Matin, Ahmed Lahlimi n'y voit aucune diminution de ses attributions. Mieux encore, il affirme avoir lui-même proposé la transformation de la Direction des statistiques, dépendant du HCP, en une institution indépendante. "Dès lors que j'ai été installé dans mes fonctions, j'ai soumis un projet de texte au gouvernement pour la création d'une institution dédiée aux statistiques", ajoute-t-il. Mais si Lahlimi lâche du lest sur la production des chiffres, il n'en demeure pas moins exigeant quant à l'indépendance du HCP qu'il défend bec et ongles. "Sur la qualité scientifique des chiffres, je n'ai de compte à rendre à personne. Comme le juge vis-à-vis de la loi, le statisticien n'a d'allégeance qu'à la science", tonne-t-il. Pour le ministre des Affaires générales sous Youssoufi, la polémique sur les chiffres n'a jamais existé, "mais certaines statistiques du HCP ne faisaient pas plaisir au gouvernement surtout celles concernant l'emploi, les prix et la croissance".
Lahlimi va plus loin en proposant que la nouvelle institution ou office des statistiques soit financièrement autonome, un prestataire de service pour le gouvernement, mais également pour les opérateurs économiques, géré par un conseil d'administration et piloté par un comité scientifique. De cette manière, l'organisme en question pourra investir dans des profils compétents et des moyens plus performants. Quant au HCP, explique Lahlimi, il se concentrera sur la prospective économique et surtout l'évaluation des politiques de l'Etat pour en tirer les conséquences sur l'économie et la société.
Notons que le Haut commissariat est audité par le FMI et ses études et enquêtes sont régulièrement reprises par les grandes institutions financières. Vers la fin de l'année 2007, il sortira deux grandes études, la première sur l'impact des politiques économiques sur la pauvreté et la deuxième sur les facteurs de reproduction du phénomène de la pauvreté.
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