Yasmina Taya, présidente de SEVE
"Il n'existe pas de problèmes de leadership au niveau du patronat"
Prenant le contre-pied les déclarations de ses collègues des organisations patronales, Yasmina Taya considère que les patrons algériens font passer l'intérêt du pays avant les leurs. Pour notre interlocutrice, le nombre de confédérations est une résultante logique des libertés acquises, mais la décantation se fera tôt ou tard. Par ailleurs, la chef de file de SEVE avoue qu'il n'existe aucune possibilité de connaître avec exactitude le nombre de femmes chefs d'entreprises.
Le Point Economique : Qu'est-ce qui a motivé la création de SEVE (Savoir et vouloir entreprendre) association de femmes chefs d'entreprises ?
Yasmina Taya : SEVE est née le 12 Juin 1993 à l'initiative d'un groupe de femmes qui voulaient " visibiliser " l'action de l'algérienne dans l'entreprise, ceci s'est passé à un moment très difficile de l'histoire de notre pays et, c'était là, un véritable acte de courage.
Combien de femmes sont chefs d'entreprises et sur ce chiffre combien sont affiliées à une organisation patronale ?
Il n'y a pas d'étude ou de recensement qui nous permettent de définir avec exactitude le nombre d'entreprises crées et gérées par les femmes, mais je peux affirmer que les femmes se lancent de plus en plus dans la création d'entreprises et ceci traduit, quoi que l'on dise, une mutation au sein de la société en faveur des femmes qui investissent aujourd'hui tous les secteurs d'activités. A SEVE, nous avons, à ce propos, un programme d'action en faveur de l'incitation à la création d'entreprises féminines à travers tout le territoire national.
Pensez-vous qu'il existe des contraintes spécifiques aux femmes chefs d'entreprises ?
Contrairement à certains pays (et j'en connais quelques uns) en Algérie nous n'avons aucune loi limitant ou interdisant l'action des femmes dans la sphère économique, par contre il existe un code social (que j'ai subi au cours des années 70) qui heureusement s'estompe peu à peu sous l'effet de la mutation qu'a connue la société.
Quelle est l'appréciation de SEVE sur la situation socio-économique du pays ?
Je reviens à ce que nous avons dit à toutes les rencontres, l'Algérie se porte très bien au niveau macro-économique, pourtant les difficultés sont là, les entreprises se plaignent, l'informel dévore des pans de notre économie et le chômage persiste, les réformes ne vont pas à la cadence voulue. Pourtant le programme économique du président de la République, qui a recueillis l'adhésion de tout le patronat, est parfait .
Certaines organisations patronales estiment que la mise à niveau telle qu'initiée est un échec. Quel est votre avis sur la question ?
Le besoin de mise à niveau s'exprime au niveau de l'entreprise par rapport à un programme et à des exigences du marché, un marché qui est maintenant mondial, il ne faut pas l'oublier.
Que pensez-vous de la relation actuelle entre les établissements bancaires et les entreprises en matière de crédits ? Quelles sont les principales contraintes ?
A mon avis, le problème est beaucoup plus complexe. Les entreprises ont certes beaucoup de difficultés à survivre, surtout les entreprises de production… les banques fonctionnent toujours quant à elles, selon un certain schéma. Il faut libéraliser et mettre en place tous les mécanismes et outils nécessaires…
La stratégie industrielle proposée par les pouvoirs publics est-elle bénéfique pour les entreprises algériennes ?
Plus que jamais notre pays doit avoir sa stratégie face à une économie mondiale en pleine effervescence, l'Etat qui ne doit pas s'éloigner de son rôle de régulateur agira par l'incitation et la fiscalité pour permettre à notre pays de se placer, à la place qui lui revient dans cette arène qu'est le " marché mondial ".
Quelles sont, selon vous, les répercussions du démantèlement tarifaire sur les entreprises ?
Les entreprises algériennes ont vécu des périodes particulières auxquelles elles ont su survivre, ils faut maintenant continuer de leur donner un environnement adéquat et beaucoup prouveront leur efficacité. Il faut avouer cependant, qu'aujourd'hui, la situation de certaines entreprises est alarmante.
Existe-t-il à votre avis un problème de leadership au niveau des organisations patronales ?
Cela serait faire insulte à mes collègues du patronat algérien qui sont tous des hommes nationalistes avant tout, je ne connais pas un parmi eux, qui ferait passer son intérêt personnel avant ceux de la nation, mes propos vont peut être surprendre, mais c'est là, mon avis.
Nous sommes tous différents les uns des autres, mais nous sommes restés dans notre pays et, malgré toutes les difficultés, nous poursuivons le débat, nous poursuivons le combat pour une économie algérienne forte. Le nombre de confédérations est une résultante logique des libertés acquises, la décantation se fera.
Quelle est, enfin, l'avis de SEVE sur la politique de privatisation ?
La privatisation est une suite logique pour une économie qui a choisi de s'ouvrir. Nous avons des adhérentes qui ont acquis des petites unités, l'une d'elles a même reçu un des prix que la SEVE remet chaque année.
03-10-2007
Propos recueillis par Célia Gacem pour le point Economique .
"Il n'existe pas de problèmes de leadership au niveau du patronat"
Prenant le contre-pied les déclarations de ses collègues des organisations patronales, Yasmina Taya considère que les patrons algériens font passer l'intérêt du pays avant les leurs. Pour notre interlocutrice, le nombre de confédérations est une résultante logique des libertés acquises, mais la décantation se fera tôt ou tard. Par ailleurs, la chef de file de SEVE avoue qu'il n'existe aucune possibilité de connaître avec exactitude le nombre de femmes chefs d'entreprises.
Le Point Economique : Qu'est-ce qui a motivé la création de SEVE (Savoir et vouloir entreprendre) association de femmes chefs d'entreprises ?
Yasmina Taya : SEVE est née le 12 Juin 1993 à l'initiative d'un groupe de femmes qui voulaient " visibiliser " l'action de l'algérienne dans l'entreprise, ceci s'est passé à un moment très difficile de l'histoire de notre pays et, c'était là, un véritable acte de courage.
Combien de femmes sont chefs d'entreprises et sur ce chiffre combien sont affiliées à une organisation patronale ?
Il n'y a pas d'étude ou de recensement qui nous permettent de définir avec exactitude le nombre d'entreprises crées et gérées par les femmes, mais je peux affirmer que les femmes se lancent de plus en plus dans la création d'entreprises et ceci traduit, quoi que l'on dise, une mutation au sein de la société en faveur des femmes qui investissent aujourd'hui tous les secteurs d'activités. A SEVE, nous avons, à ce propos, un programme d'action en faveur de l'incitation à la création d'entreprises féminines à travers tout le territoire national.
Pensez-vous qu'il existe des contraintes spécifiques aux femmes chefs d'entreprises ?
Contrairement à certains pays (et j'en connais quelques uns) en Algérie nous n'avons aucune loi limitant ou interdisant l'action des femmes dans la sphère économique, par contre il existe un code social (que j'ai subi au cours des années 70) qui heureusement s'estompe peu à peu sous l'effet de la mutation qu'a connue la société.
Quelle est l'appréciation de SEVE sur la situation socio-économique du pays ?
Je reviens à ce que nous avons dit à toutes les rencontres, l'Algérie se porte très bien au niveau macro-économique, pourtant les difficultés sont là, les entreprises se plaignent, l'informel dévore des pans de notre économie et le chômage persiste, les réformes ne vont pas à la cadence voulue. Pourtant le programme économique du président de la République, qui a recueillis l'adhésion de tout le patronat, est parfait .
Certaines organisations patronales estiment que la mise à niveau telle qu'initiée est un échec. Quel est votre avis sur la question ?
Le besoin de mise à niveau s'exprime au niveau de l'entreprise par rapport à un programme et à des exigences du marché, un marché qui est maintenant mondial, il ne faut pas l'oublier.
Que pensez-vous de la relation actuelle entre les établissements bancaires et les entreprises en matière de crédits ? Quelles sont les principales contraintes ?
A mon avis, le problème est beaucoup plus complexe. Les entreprises ont certes beaucoup de difficultés à survivre, surtout les entreprises de production… les banques fonctionnent toujours quant à elles, selon un certain schéma. Il faut libéraliser et mettre en place tous les mécanismes et outils nécessaires…
La stratégie industrielle proposée par les pouvoirs publics est-elle bénéfique pour les entreprises algériennes ?
Plus que jamais notre pays doit avoir sa stratégie face à une économie mondiale en pleine effervescence, l'Etat qui ne doit pas s'éloigner de son rôle de régulateur agira par l'incitation et la fiscalité pour permettre à notre pays de se placer, à la place qui lui revient dans cette arène qu'est le " marché mondial ".
Quelles sont, selon vous, les répercussions du démantèlement tarifaire sur les entreprises ?
Les entreprises algériennes ont vécu des périodes particulières auxquelles elles ont su survivre, ils faut maintenant continuer de leur donner un environnement adéquat et beaucoup prouveront leur efficacité. Il faut avouer cependant, qu'aujourd'hui, la situation de certaines entreprises est alarmante.
Existe-t-il à votre avis un problème de leadership au niveau des organisations patronales ?
Cela serait faire insulte à mes collègues du patronat algérien qui sont tous des hommes nationalistes avant tout, je ne connais pas un parmi eux, qui ferait passer son intérêt personnel avant ceux de la nation, mes propos vont peut être surprendre, mais c'est là, mon avis.
Nous sommes tous différents les uns des autres, mais nous sommes restés dans notre pays et, malgré toutes les difficultés, nous poursuivons le débat, nous poursuivons le combat pour une économie algérienne forte. Le nombre de confédérations est une résultante logique des libertés acquises, la décantation se fera.
Quelle est, enfin, l'avis de SEVE sur la politique de privatisation ?
La privatisation est une suite logique pour une économie qui a choisi de s'ouvrir. Nous avons des adhérentes qui ont acquis des petites unités, l'une d'elles a même reçu un des prix que la SEVE remet chaque année.
03-10-2007
Propos recueillis par Célia Gacem pour le point Economique .
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