La mondialisation néolibérale a enfanté une race d’affairistes auprès de laquelle les capitalistes décrits par Karl Marx étaient des enfants de cœur. Appartenant aux «private equity» (fonds d’investissement en capital), ces hommes qui achètent et revendent des entreprises, font la pluie et le beau temps sur le marché américain.
Les capitaux nécessaires à leur action sont constitués essentiellement de pétrodollars ou proviennent des réserves de change asiatiques et arabes. D’après le Nouvel Observateur, «les groupes de private equity ont assuré près de 290 milliards d’euros de rachat d’entreprises» pour la seule année 2006 ! Qui plus est, ils agissent en dehors des marchés boursiers qui, bien qu’étant une autre forme de marché spéculatif, n’en disposent pas moins de certaines règles de type prudentiel destinées à parer aux risques.
Pour l’heure, ces requins de la finance ont limité leur rayon d’action au marché américain. Mais comme l’appétit vient en mangeant, certains d’entre eux envisagent d’attaquer le marché européen en lançant les premiers fonds européens, avant de s’attaquer au marché asiatique. Au point où l’Allemagne s’en inquiète et est sur le point de définir les secteurs économiques sur lesquels l’Etat doit conserver son contrôle.
Imaginons un instant que la loi sur la libéralisation de l’énergie et, partant de privatisation à terme de Sonatrach, soit entrée en application. Elle aurait préparé le terrain aux «private equity» pour racheter l’entreprise nationale au prix du marché, avant de la céder pour plus cher à d’autres requins de la finance. Certes, la main sur le cœur (et sur le porte-monnaie), les éventuels acquéreurs auraient versé à l’Etat algérien, sous forme d’impôts et autres royalties, ce qui lui aurait été dû. Mais, une fois leur tâche accomplie, après avoir cédé l’entreprise nationale au plus offrant. Au fil des ans, une Sonatrach privatisée, même partiellement, serait passée de main en main, et n’aurait d’algérienne que sa date de naissance. Et c’est ainsi que l’Etat algérien aurait été dessaisi de ses propres richesses et, partant, de sa souveraineté.
Du point de vue de l’éthique néolibérale capitaliste, cette opération de rachat et de vente n’a, à proprement parlé, rien de scandaleux ni d’immoral : c’est la loi du marché. C’est «hallal» diraient les islamistes ! Bien sûr, la loi sur les hydrocarbures a été amendée. Le pétrole, le gaz et la Sonatrach restent propriétés de l’Etat algérien. Mais rien ne dit que l’affaire est terminée et que ces fonds d’investissements et certains de nos concitoyens qui poussent à la privatisation des richesses nationales, aient renoncé à leurs fins. Ce n’est – c’est ma conviction – que partie remise.
Soyons donc vigilants, dans la mesure où il ne faut pas compter sur des partis politiques qui ont été bien silencieux lorsque le projet de loi sur l’énergie a été rendu public, ni compter sur une UGTA qui a dit tout le bien que pouvait rapporter cette privatisation aux travailleurs et au pays, ou sur une APN (Parlement) versatile qui a adopté sans discussion le projet de loi, avant de ratifier, un an après, des amendements garantissant la propriété de l’Etat algérien sur les richesses du sous-sol algérien. Le plus curieux dans cette affaire est que les Algériens n’ont eu droit à aucune explication.
Personne au sein du pouvoir n’a cru bon de leur expliquer les raisons d’un tel revirement à 180 degrés. De l’autre côté de la «grande bleue», le président Nicolas Sarkozy a bel et bien été contraint de s’expliquer publiquement sur les contrats d’armements signés avec la Libye en contre-partie, dit-on, de la libération des infirmières bulgares.
Mieux, une commission d’enquête parlementaire va être instituée. Et le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, va s’expliquer devant les députés sur cette affaire. Tel n’est pas le cas en Algérie. Dans notre beau pays, on préfère faire l’économie de tels débats : le peuple a le droit de voter mais pas de demander des comptes à ceux qu’il a élus !
Par Hassane Zerrouky, le Soir
Les capitaux nécessaires à leur action sont constitués essentiellement de pétrodollars ou proviennent des réserves de change asiatiques et arabes. D’après le Nouvel Observateur, «les groupes de private equity ont assuré près de 290 milliards d’euros de rachat d’entreprises» pour la seule année 2006 ! Qui plus est, ils agissent en dehors des marchés boursiers qui, bien qu’étant une autre forme de marché spéculatif, n’en disposent pas moins de certaines règles de type prudentiel destinées à parer aux risques.
Pour l’heure, ces requins de la finance ont limité leur rayon d’action au marché américain. Mais comme l’appétit vient en mangeant, certains d’entre eux envisagent d’attaquer le marché européen en lançant les premiers fonds européens, avant de s’attaquer au marché asiatique. Au point où l’Allemagne s’en inquiète et est sur le point de définir les secteurs économiques sur lesquels l’Etat doit conserver son contrôle.
Imaginons un instant que la loi sur la libéralisation de l’énergie et, partant de privatisation à terme de Sonatrach, soit entrée en application. Elle aurait préparé le terrain aux «private equity» pour racheter l’entreprise nationale au prix du marché, avant de la céder pour plus cher à d’autres requins de la finance. Certes, la main sur le cœur (et sur le porte-monnaie), les éventuels acquéreurs auraient versé à l’Etat algérien, sous forme d’impôts et autres royalties, ce qui lui aurait été dû. Mais, une fois leur tâche accomplie, après avoir cédé l’entreprise nationale au plus offrant. Au fil des ans, une Sonatrach privatisée, même partiellement, serait passée de main en main, et n’aurait d’algérienne que sa date de naissance. Et c’est ainsi que l’Etat algérien aurait été dessaisi de ses propres richesses et, partant, de sa souveraineté.
Du point de vue de l’éthique néolibérale capitaliste, cette opération de rachat et de vente n’a, à proprement parlé, rien de scandaleux ni d’immoral : c’est la loi du marché. C’est «hallal» diraient les islamistes ! Bien sûr, la loi sur les hydrocarbures a été amendée. Le pétrole, le gaz et la Sonatrach restent propriétés de l’Etat algérien. Mais rien ne dit que l’affaire est terminée et que ces fonds d’investissements et certains de nos concitoyens qui poussent à la privatisation des richesses nationales, aient renoncé à leurs fins. Ce n’est – c’est ma conviction – que partie remise.
Soyons donc vigilants, dans la mesure où il ne faut pas compter sur des partis politiques qui ont été bien silencieux lorsque le projet de loi sur l’énergie a été rendu public, ni compter sur une UGTA qui a dit tout le bien que pouvait rapporter cette privatisation aux travailleurs et au pays, ou sur une APN (Parlement) versatile qui a adopté sans discussion le projet de loi, avant de ratifier, un an après, des amendements garantissant la propriété de l’Etat algérien sur les richesses du sous-sol algérien. Le plus curieux dans cette affaire est que les Algériens n’ont eu droit à aucune explication.
Personne au sein du pouvoir n’a cru bon de leur expliquer les raisons d’un tel revirement à 180 degrés. De l’autre côté de la «grande bleue», le président Nicolas Sarkozy a bel et bien été contraint de s’expliquer publiquement sur les contrats d’armements signés avec la Libye en contre-partie, dit-on, de la libération des infirmières bulgares.
Mieux, une commission d’enquête parlementaire va être instituée. Et le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, va s’expliquer devant les députés sur cette affaire. Tel n’est pas le cas en Algérie. Dans notre beau pays, on préfère faire l’économie de tels débats : le peuple a le droit de voter mais pas de demander des comptes à ceux qu’il a élus !
Par Hassane Zerrouky, le Soir
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