C’ est dans ce cadre que cette modeste contribution soulève un sujet tabou rarement abordé publiquement, mais déterminant pour l’avenir du pays, concernant les deux premiers acteurs influents dans le monde, qui représentent la majorité de nos échanges, importations et exportations, sans compter les relations culturelles rapprochées.
C’est que la fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 représentent un tournant décisif dans l’histoire contemporaine. Le premier événement marque la fin d’un monde né un demi-siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite, des décennies durant, par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons.
Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Ainsi, selon le Sipri Yearbook, les dépenses militaires mondiales annuelles sont passées de 720 en 2000 à plus de 1 000 milliards de dollars entre 2004 et 2005.
Le montant des importations d ’ armes conventionnelles majeures pour la même période (marché florissant) a grimpé de 15 500 à plus de 19 000 milliards de dollars américains, (190 fois le PIB algérien). Le gros de ces chiffres a été réalisé grâce aux achats de pays du tiers-monde.
Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une straté- gie globale et hégémonique qui possède tous les moyens de sa mise en oeoeuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l’Algérie, qui sort d’une épreuve particulièrement éprouvante et tragique ? Interpelée et sollicitée, l’Algérie s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, que cela soit dans le cadre du dialogue méditerranéen de l’OTAN ou du partenariat euroméditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire.
L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, notre pays doit agir en fonction de ce que lui dictent la raison et ses intérêts.
1- Le dialogue méditerranéen de l’OTAN
Sept pays appartenant à la région méditerranéenne sont aujourd’hui des partenaires de l’Organisation de l’Atlantique Nord, dans le cadre de ce qu’on appelle le dialogue méditerranéen de l’OTAN.
Ces pays qui entretiennent des relations de nature, de niveau et d’intensité différents avec l’OTAN et les Etats-Unis sont l’Algérie, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Ce partenariat avec l’OTAN, et indirectement avec les Etats-Unis, entre dans le cadre d’une stratégie de multiplication et de diversification des partenariats qui touche plusieurs régions : les anciennes républiques soviétiques, le Caucase, l’Asie centrale, la Russie, la Chine, etc.
Toutefois, du fait de l’intégration à l’OTAN, qui a touché en novembre 2002 sept pays de l’ex-bloc soviétique, le texte signé à Paris le 19 novembre 1990 entre l’Alliance atlantique et le Pacte de Varsovie devient caduc. Récemment, comme conséquence du projet de bouclier anti-missile en Pologne et en République tchèque, le président Vladimir Poutine vient de signer ce mois-ci un décret suspendant l’adhésion de son pays au traité sur les forces conventionnelles (FCE) en Europe et les accords internationaux qui lui sont liés.
Dès lors, le dialogue méditerranéen de l’OTAN est l’objet de toutes les attentions de la part de cette organisation, qui a décidé de le transformer en partenariat stratégique. La région de la Méditerranée est pour l’OTAN son flanc sud tout en étant le passage obligé vers le Moyen-orient qui recèle de fabuleuses richesses énergétiques et où se trouve un allié stratégique de tout premier plan pour les Etats-Unis.
L’intérêt que portent ces derniers à la Méditerranée occidentale n’est pas nouveau. Dans cette perspective, tant le projet du Grand Moyen-Orient (GMO), notamment à travers les résolutions du sommet de Rabat le dernier semestre 2004, que le projet Eizenstat visent à passer avec les pays arabes des accords de libre échange.
La sous-région du Maghreb fait également, dans ce sens, l’objet de négociations, le contrôle de l’énergie au niveau mondial étant au coeur de la politique géo-stratégique américaine (chinoise et européenne aussi) sous-tendant toute la stratégie militaire.
Car la consommation d’énergie a connu une évolution depuis que le monde est monde, expliquant bon nombre de conflits, depuis la révolution industrielle à nos jours en précisant que les différentes sources d’énergie sont en concurrence : charbon, pétrole, gaz, nucléaire, les énergies renouvelables dont le solaire, éolienne, géothermique avec, à l’avenir, les perspectives du charbon et accessoirement de l’hydrogène en cas d’épuisement, dans 40 à 50 ans, des réserves de pétrole et de gaz.
A l’heure actuelle, et en matière de gaz, l’Algérie occupe le 10e rang avec 2,5 à 3 % des réserves mondiales. Mais sur le plan du pétrole, marginal, notre pays risque de ne pas peser grand chose dans les années à venir en matière de relations internationales en cas d’épuisement de ses réserves.
Nos exportations hors hydrocarbures représentent moins de 2 % des exportations globales en 2006, de même qu’en 2007. A titre de comparaison, la proportion est de 30 % pour la Russie et de 15 % pour l’Iran. L’évolution des réserves mondiales, tenant compte de la révolution technologique, serait, selon certaines prospectives, la suivante : la part du pétrole et du gaz passerait respectivement entre 2000 et 2040 de 40 et 22 % à 20 et 25 % avec le retour du charbon énergie «propre», expliquant la stratégie américaine à la fois de geler son exploitation de charbon, dont les réserves prouvées sont le double, en termes d’efficacité énergétique, de celles d’Arabie saoudite, et d’étendre son influence politique et militaire sur les régions à fortes potentialités énergétiques, notamment les portes de l’Asie (d’où le poids de l’Iran) du fait de l’influence économique dans les années à venir de la Chine, de l’Inde, du Pakistan et du Japon, et des pays émergents en Asie, pays consommateurs d’énergie et ayant des taux de croissance élevés.
C’est dans ce cadre qu’entre la résolution que vient de voter le parlement américain contre un cartel de gaz. Les Etats-Unis ont une stratégie pour limiter l’influence du cartel de l’OPEP (bien que ce dernier pèse moins de 40 % de la production commercialisée du pétrole), réunissant, entre autres les plus grands producteurs, notamment la Russie, le Qatar, l’Iran, le Venezuela.
Washington craint en effet que ce cartel puisse affecter son industrie d’armement en fragilisant les capacités de défense car les équipements utilisant du gaz et du pétrole importés sont présents en force dans l’industrie de l’armement comme dans les industries chimiques, plastiques, et les matériaux composites.
Dans ce cadre, il est utile de préciser que le marché pétrolier étant un marché mondial et le marché gazier actuel étant un marché segmenté, le prix indexé sur celui du pétrole, le coût élevé et la marge bénéficiaire réduite (d’où la non-rentabilité des gisements marginaux contrairement à ceux du pétrole) font qu’il est très difficile dans la conjoncture actuelle d’imaginer un marché OPEP du gaz répondant au marché boursier classique.
Toujours concernant cet aspect stratégique énergétique intiment lié à la stratégie militaire, tant des Etats-Unis que de l’Europe, la dépendance énergétique devrait passer de 50 à plus de 70 % à l’horizon 2020, avec l’entrée de la Chine qui a importé pour plus de 45 milliards de dollars d’hydrocar- bures en 2006.
Pékin devrait même devenir la 3e puissance économique mondiale, avant l’Al- lemagne (11,1% de taux de crois- sance en 2006 contre 10,7 % en 2005 avec un produit intérieur brut dépassant 2 650 milliards dollars, soit plus de 26 fois le PIB algérien.
Le PIB allemand s’est élevé en 2006 à 2 900 milliards de dollars). Il y a le récent accord entre Gazprom et la compagnie française Total (pour 75 % et 25 % pour Total, cette dernière venant également de s’implanter au Qatar, et le sera bientôt en Libye) pour le développement du gigantesque gisement gazier de Chtokman, audessus du cercle polaire dont les réserves sont estimées à 3 700 milliards de mètres cubes.
Gazprom devant détenir 51 %, d’autres compagnies vont les rejoindre comme la compagnie norvégienne Statoil, les compagnies américaines Conocophilipps et ChevronTexaco. Lors de la première phase, la production sera de 23,7 milliards de mètres cubes/an et les premières livraisons par gazoduc en direction de l’Europe sont attendues pour 2013, celle du GNL en direction des Etats- Unis, l’année suivante.
Concernant strictement le volet défense et sécurité, c’est dans ce contexte qu’a été lancé, dès 1995, le dialogue méditerranéen de l’OTAN.
C’est que la fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 représentent un tournant décisif dans l’histoire contemporaine. Le premier événement marque la fin d’un monde né un demi-siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite, des décennies durant, par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons.
Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Ainsi, selon le Sipri Yearbook, les dépenses militaires mondiales annuelles sont passées de 720 en 2000 à plus de 1 000 milliards de dollars entre 2004 et 2005.
Le montant des importations d ’ armes conventionnelles majeures pour la même période (marché florissant) a grimpé de 15 500 à plus de 19 000 milliards de dollars américains, (190 fois le PIB algérien). Le gros de ces chiffres a été réalisé grâce aux achats de pays du tiers-monde.
Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une straté- gie globale et hégémonique qui possède tous les moyens de sa mise en oeoeuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l’Algérie, qui sort d’une épreuve particulièrement éprouvante et tragique ? Interpelée et sollicitée, l’Algérie s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, que cela soit dans le cadre du dialogue méditerranéen de l’OTAN ou du partenariat euroméditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire.
L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, notre pays doit agir en fonction de ce que lui dictent la raison et ses intérêts.
1- Le dialogue méditerranéen de l’OTAN
Sept pays appartenant à la région méditerranéenne sont aujourd’hui des partenaires de l’Organisation de l’Atlantique Nord, dans le cadre de ce qu’on appelle le dialogue méditerranéen de l’OTAN.
Ces pays qui entretiennent des relations de nature, de niveau et d’intensité différents avec l’OTAN et les Etats-Unis sont l’Algérie, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Ce partenariat avec l’OTAN, et indirectement avec les Etats-Unis, entre dans le cadre d’une stratégie de multiplication et de diversification des partenariats qui touche plusieurs régions : les anciennes républiques soviétiques, le Caucase, l’Asie centrale, la Russie, la Chine, etc.
Toutefois, du fait de l’intégration à l’OTAN, qui a touché en novembre 2002 sept pays de l’ex-bloc soviétique, le texte signé à Paris le 19 novembre 1990 entre l’Alliance atlantique et le Pacte de Varsovie devient caduc. Récemment, comme conséquence du projet de bouclier anti-missile en Pologne et en République tchèque, le président Vladimir Poutine vient de signer ce mois-ci un décret suspendant l’adhésion de son pays au traité sur les forces conventionnelles (FCE) en Europe et les accords internationaux qui lui sont liés.
Dès lors, le dialogue méditerranéen de l’OTAN est l’objet de toutes les attentions de la part de cette organisation, qui a décidé de le transformer en partenariat stratégique. La région de la Méditerranée est pour l’OTAN son flanc sud tout en étant le passage obligé vers le Moyen-orient qui recèle de fabuleuses richesses énergétiques et où se trouve un allié stratégique de tout premier plan pour les Etats-Unis.
L’intérêt que portent ces derniers à la Méditerranée occidentale n’est pas nouveau. Dans cette perspective, tant le projet du Grand Moyen-Orient (GMO), notamment à travers les résolutions du sommet de Rabat le dernier semestre 2004, que le projet Eizenstat visent à passer avec les pays arabes des accords de libre échange.
La sous-région du Maghreb fait également, dans ce sens, l’objet de négociations, le contrôle de l’énergie au niveau mondial étant au coeur de la politique géo-stratégique américaine (chinoise et européenne aussi) sous-tendant toute la stratégie militaire.
Car la consommation d’énergie a connu une évolution depuis que le monde est monde, expliquant bon nombre de conflits, depuis la révolution industrielle à nos jours en précisant que les différentes sources d’énergie sont en concurrence : charbon, pétrole, gaz, nucléaire, les énergies renouvelables dont le solaire, éolienne, géothermique avec, à l’avenir, les perspectives du charbon et accessoirement de l’hydrogène en cas d’épuisement, dans 40 à 50 ans, des réserves de pétrole et de gaz.
A l’heure actuelle, et en matière de gaz, l’Algérie occupe le 10e rang avec 2,5 à 3 % des réserves mondiales. Mais sur le plan du pétrole, marginal, notre pays risque de ne pas peser grand chose dans les années à venir en matière de relations internationales en cas d’épuisement de ses réserves.
Nos exportations hors hydrocarbures représentent moins de 2 % des exportations globales en 2006, de même qu’en 2007. A titre de comparaison, la proportion est de 30 % pour la Russie et de 15 % pour l’Iran. L’évolution des réserves mondiales, tenant compte de la révolution technologique, serait, selon certaines prospectives, la suivante : la part du pétrole et du gaz passerait respectivement entre 2000 et 2040 de 40 et 22 % à 20 et 25 % avec le retour du charbon énergie «propre», expliquant la stratégie américaine à la fois de geler son exploitation de charbon, dont les réserves prouvées sont le double, en termes d’efficacité énergétique, de celles d’Arabie saoudite, et d’étendre son influence politique et militaire sur les régions à fortes potentialités énergétiques, notamment les portes de l’Asie (d’où le poids de l’Iran) du fait de l’influence économique dans les années à venir de la Chine, de l’Inde, du Pakistan et du Japon, et des pays émergents en Asie, pays consommateurs d’énergie et ayant des taux de croissance élevés.
C’est dans ce cadre qu’entre la résolution que vient de voter le parlement américain contre un cartel de gaz. Les Etats-Unis ont une stratégie pour limiter l’influence du cartel de l’OPEP (bien que ce dernier pèse moins de 40 % de la production commercialisée du pétrole), réunissant, entre autres les plus grands producteurs, notamment la Russie, le Qatar, l’Iran, le Venezuela.
Washington craint en effet que ce cartel puisse affecter son industrie d’armement en fragilisant les capacités de défense car les équipements utilisant du gaz et du pétrole importés sont présents en force dans l’industrie de l’armement comme dans les industries chimiques, plastiques, et les matériaux composites.
Dans ce cadre, il est utile de préciser que le marché pétrolier étant un marché mondial et le marché gazier actuel étant un marché segmenté, le prix indexé sur celui du pétrole, le coût élevé et la marge bénéficiaire réduite (d’où la non-rentabilité des gisements marginaux contrairement à ceux du pétrole) font qu’il est très difficile dans la conjoncture actuelle d’imaginer un marché OPEP du gaz répondant au marché boursier classique.
Toujours concernant cet aspect stratégique énergétique intiment lié à la stratégie militaire, tant des Etats-Unis que de l’Europe, la dépendance énergétique devrait passer de 50 à plus de 70 % à l’horizon 2020, avec l’entrée de la Chine qui a importé pour plus de 45 milliards de dollars d’hydrocar- bures en 2006.
Pékin devrait même devenir la 3e puissance économique mondiale, avant l’Al- lemagne (11,1% de taux de crois- sance en 2006 contre 10,7 % en 2005 avec un produit intérieur brut dépassant 2 650 milliards dollars, soit plus de 26 fois le PIB algérien.
Le PIB allemand s’est élevé en 2006 à 2 900 milliards de dollars). Il y a le récent accord entre Gazprom et la compagnie française Total (pour 75 % et 25 % pour Total, cette dernière venant également de s’implanter au Qatar, et le sera bientôt en Libye) pour le développement du gigantesque gisement gazier de Chtokman, audessus du cercle polaire dont les réserves sont estimées à 3 700 milliards de mètres cubes.
Gazprom devant détenir 51 %, d’autres compagnies vont les rejoindre comme la compagnie norvégienne Statoil, les compagnies américaines Conocophilipps et ChevronTexaco. Lors de la première phase, la production sera de 23,7 milliards de mètres cubes/an et les premières livraisons par gazoduc en direction de l’Europe sont attendues pour 2013, celle du GNL en direction des Etats- Unis, l’année suivante.
Concernant strictement le volet défense et sécurité, c’est dans ce contexte qu’a été lancé, dès 1995, le dialogue méditerranéen de l’OTAN.
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