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«Rawaj 2020» : le détail de la stratégie du commerce intérieur marocain

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  • «Rawaj 2020» : le détail de la stratégie du commerce intérieur marocain

    La modernisation du commerce intérieur pour 2020 coûtera 12 milliards de DH à l'Etat.
    Commerce de proximité : 1,5 million de magasins en 2020 pour 350 milliards de DH de chiffre d'affaires annuel contre 110 milliards aujourd'hui.
    900 grandes surfacesà créer et 100 000 emplois directs.
    9 milliards de DH pour réformer les marchés de gros qui seront concédés au privé.



    «Rawaj 2020», c'est le nom qui sera donné à la nouvelle stratégie pour la relance et la modernisation du commerce intérieur. Lancée fin 2006, l'étude, confiée au cabinet Ernst & Young, devrait déboucher sur un concept analogue à ce qui a été pensé pour l'industrie à travers le programme «Emergence».

    Mardi 5 juin, l'équipe de consultants mandatée par le ministère du commerce a donc présenté le fruit de son travail au Premier ministre, lors d'une réunion à laquelle les représentants de plusieurs départements ministériels ont assisté. A noter que les recommandations du rapport ont été jugées comme quasi définitives, même s’«il reste encore quelques détails à préciser à la demande du Premier ministre», révèlent des sources présentes lors de la réunion du 5 juin.

    Des détails qui devront être rapidement réglés pour une raison de calendrier: Driss Jettou et Salah Eddine Mezouar comptent en effet présenter cette stratégie lors de la journée nationale sur le commerce intérieur, prévue le 21 juin.

    La stratégie «Rawaj 2020», qui sera donc dévoilée au public d'ici deux semaines, est d'abord un ambitieux objectif à retenir : faire passer la contribution du commerce intérieur dans le PIB de 12,5% actuellement à 17% en 2020. «C'est énorme, reconnaît d'emblée un des responsables chargés du pilotage de l'étude, mais très réalisable».

    Pour y arriver, les consultants d'Ernst & Young ont construit leur stratégie autour de trois «programmes opérationnels» calqués sur les trois piliers du commerce intérieur tels qu'ils ont été identifiés par l'étude, à savoir le commerce de proximité - dit aussi indépendant -, la distribution moderne, regroupant les grandes et moyennes surfaces (GMS) et, enfin, le secteur des marchés de gros.
    La stratégie propose aussi comme principe de base un rééquilibrage des forces entre le commerce de proximité et la distribution moderne. Si, aujourd'hui, le premier représente 91% en termes de chiffre d'affaires de tout le secteur, contre 9% pour le second, les consultants préconisent que les deux segments soient à 50/50 en 2020.

    Rééquilibrage, mais également évolution commune. Dans les deux segments, la stratégie table sur une hausse - naturelle ? - du chiffre d'affaires. Ainsi en est-il du commerce de proximité qui regroupe toutes les petites épiceries, les marchands de gros («hri») mais aussi tous les magasins indépendants, y compris les franchises. Ce segment représente, et de loin, le plus gros du tissu commercial au Maroc :

    850 000 magasins de détail, 2 000 magasins en franchise ou en réseau et 25 000 grossistes en tout genre. Il pèse aujourd'hui un chiffre d'affaires de 110 milliards de DH. Pour ce premier segment, la stratégie table, à horizon 2020, sur 1 560 000 points de vente, qui emploieront 2 millions de personnes et généreront un chiffre d'affaires global de l'ordre de 350 milliards de DH.

    «Hanouty» et peut-être aussi «mini-Acima»
    Comment y arriver ? La stratégie «Rawaj 2020», avance, entre autres pistes, deux types d'actions. La première, peut-on lire dans le document présenté au Premier ministre, consiste à fournir un appui plus ciblé au commerce indépendant pour permettre l'émergence et le développement d'opérateurs à fort potentiel. De manière plus concrète, il s'agit en fait d'encourager les petits commerçants à s’organiser en réseaux en s'inspirant du cas «Hanouty». Un concept qui, d'ailleurs, pourrait peut-être faire des émules parmi les autres enseignes. Certains parlent déjà de « mini-Acima», une chaîne d'épiceries modernes lancée par Acima.

    Deuxième levier d'action : une grande opération de mise à niveau des épiceries existantes, moyennant des incitations de la part de l'Etat, l'objectif avancé par l'étude étant d'accompagner les petits commerçants indépendants pour les aider soit à se reconvertir soit à se spécialiser ou, à défaut, au moins à se moderniser.

    Pour la distribution moderne, ou «GMS», les enjeux et les défis à relever sont différents. D'abord, la taille du segment, aujourd'hui encore réduite. Le Maroc compte en effet aujourd'hui, en tout et pour tout, 50 grandes ou moyennes surfaces générant un chiffre d'affaires de 9 milliards de DH. Les concepteurs de la stratégie «Rawaj» pensent raisonnablement que, d'ici 2020, le nombre de GMS pourra être multiplié par 20 avec la création de 900 nouveaux grands magasins pour un investissement estimé à 1,9 milliard de DH, ce qui se traduirait par la création de 100 000 emplois directs. En 2020, les GMS réaliseront de la sorte les 175 milliards de DH de chiffre d'affaires annuel ciblés.

    Pour y arriver, plusieurs mesures sont recommandées par les auteurs de «Rawaj 2020», dont, notamment, la simplification des procédures administratives pour la création de nouveaux magasins. Ils insistent également sur la nécessité que les pouvoirs publics prévoient et organisent de plus en plus d'espaces à même de favoriser le développement des grandes surfaces, notamment les malls et les grands centres commerciaux, en faisant référence à ce qui se fait dans d'autres pays et grandes villes à l’étranger, comme Dubaï, par exemple.

    Comme l'explique une source proche du dossier, il s'agira finalement d’«éviter le développement anarchique et sauvage des grands magasins». Ce que les consultants d'Ernst & Young expriment en des termes plus diplomatiques en parlant de «favoriser le développement structuré de la grande distribution par des contrats-programmes portant sur l'accès au foncier, l'aménagement des infrastructures, la traçabilité, les objectifs de contributions fiscales, la formation et la gestion des ressources humaines». Vaste programme !

    850 hectares à trouver pour les marchés de gros
    Reste le troisième pilier, d'un abord plus complexe. Si, pour les deux premiers segments, les défis semblent plus ou moins réalisables et les problèmes pas forcément insurmontables (à condition qu'on y mette les moyens et la volonté), le segment des marchés de gros préoccupe beaucoup les pouvoirs publics par sa complexité et la multitude des intervenants qui y opèrent. Certes, par sa taille, le segment peut ne pas paraître problématique : le Maroc compte aujourd'hui 30 marchés de gros.

    Mais ce ne sont là que les marchés légaux et reconnus car il en existe 12 autres, informels. Le tout génère un chiffre d'affaires annuel ( données de 2006) de 12 milliards de DH. Pour 2020, la stratégie table sur la disparition des marchés informels et un nombre total de 37 marchés de gros qui devraient générer un chiffre d'affaires annuel de 30 milliards de DH avec la création de 45 000 nouveaux emplois.

    Mais, pour moderniser les marchés de gros, la partie ne sera pas facile, ce qui explique les craintes des pouvoirs publics. La preuve : la réforme de ce segment est celle qui coûtera le plus cher, à savoir 9 milliards de DH. Pourquoi ? Tout simplement parce que, comme l'explique une source proche du dossier, «la création de nouveaux marchés de gros ou la réhabilitation ou le déplacement de ceux existants suppose la mobilisation d'une grande réserve foncière».

    Les consultants d'Ernst & Young ont évalué à 850 hectares le besoin en terrains pour réformer le secteur. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la stratégie propose, entre autres pistes, celle de la concession au secteur privé. Cette «mise en location ou en gestion déléguée, sur la base d'un cahier des charges, expliquent les consultants, permettra de professionnaliser la gestion des équipements publics marchands (NDLR : appellation donnée aux marchés de gros)».

    En dehors des problèmes spécifiques à chacun des trois segments, il existe aussi des problèmes transverses de taille, que l'étude a soulevés et qui devront être résolus si l'on veut assurer la réussite de la stratégie proposée. L'un d'entre eux est particulièrement compliqué. Il s'agit de l'anarchie sur le plan administratif et institutionnel, dans le sens où plusieurs ministères sont concernés, sans coordination entre eux. «Aujourd'hui, entre l'intérieur, la santé, le commerce et l'industrie et les finances, on ne sait plus qui fait quoi et qui contrôle quoi», résume-t-on à la Primature. Tout est dit.
    Cela étant, les rédacteurs de la stratégie insistent sur une liste de problèmes ou de préalables. On citera, entre autres volets, la formation et les ressources humaines, la logistique, l'accès au foncier et à l'immobilier commercial et le financement. Mais pour ce dernier, le problème se posera aussi à l'Etat : la stratégie «Rawaj 2020» créera, certes, des centaines de milliers d'emplois et de la richesse. Mais elle a aussi un coût : 12 milliards de DH rien qu'au titre de la contribution de l'Etat. Il faudra les trouver d'ici 2020.

  • #2
    Prix
    Coût de l’étude : 4 MDH seulement

    Comme pour sa grande sœur «Emergence», réalisée par McKinsey en 2005, la stratégie «Rawaj 2020» n'a pas échappé à la question que se posent les observateurs et les curieux, à savoir : combien l'Etat a-t-il payé Ernst & Young pour cette étude ? Réponse : 4 millions de DH, selon des sources au ministère de l'industrie et du commerce. «C'est un très bon prix vu l'ampleur du travail qu'une telle étude suppose et les objectifs fixés», commentera un consultant de la place.


    Déroulement
    Les prochaines étapes
    Les consultants devront boucler leur étude avant le 21 juin. Mais tout ne sera pas présenté ce jour-là. En fait lors de la journée nationale du commerce intérieur, le ministre, Salah Eddine Mezouar, présentera les grandes lignes de la stratégie. Et comme pour les Assises de l'emploi, des travaux en ateliers seront organisés puis des commissions constituées. Lesquelles commissions devront continuer le travail par la suite. Elles travailleront sur les propositions de mesures concrètes faites par Ernst & Young. Les commissions disposeront d'un délai de 15 jours à un mois pour rendre leur copie au Premier ministre, avec des propositions concertées et validées par tout le monde. Ce n'est qu'à la mi-juillet voire à la fin juillet que les premières mesures concrètes de «Rawaj 2020» seront annoncées officiellement
    par Driss Jettou. A la Primature, on n'écarte pas l'éventualité d'accompagner l'opération par une grande campagne de communication.


    Saâd Benmansour
    Publié le : 08/06/2007

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