Le Centre Marocain de Conjoncture est plus pessimiste qu’en juin avec une récession de 6,6% en 2020 selon ses nouvelles projections. Le FMI prévoit une contraction entre 6% et 7% de l’activité, à l’issue d’une mission à distance du 19 octobre au 2 novembre.
Comme attendu, la crise va malmener les principaux indicateurs macroéconomiques: taux de chômage, déficits budgétaire et extérieur… La forte incertitude autour de l’évolution de la pandémie et l’efficience des mesures de lutte contre la propagation du virus et de soutien à l’économie voilent toujours l’horizon.
Les services du FMI anticipent un rebond de 4,5% du PIB l’an prochain (-0,4 point par rapport aux précédentes prévisions), sous l’hypothèse que les effets de la sécheresse et de la pandémie s’estompent. «Cette projection de référence est sujette à de considérables risques baissiers», prévient l’équipe du Fonds dirigée par Roberto Cavalli. Le gouvernement table sur une hausse de 4,8% du PIB en 2021.
Très réactif au début de la crise, le gouvernement fait face aujourd’hui à de nombreuses critiques notamment sur la gestion de la pandémie et sur les réponses apportées depuis juin pour entrevoir un rebond rapide. Pour plusieurs observateurs, le projet de loi de finances 2021, en discussion au Parlement, ne comporte pas tous les ingrédients nécessaires pour une reprise rapide.
La volonté du gouvernement d’utiliser avec parcimonie la dette et d’augmenter l’impôt pour certains contribuables pour compenser les baisses de recettes et financer les dépenses exceptionnelles imposées par la crise est diversement appréciée. Sachant que face à la violence du choc induit par le coronavirus, les gouvernements ont mis de côté l’orthodoxie budgétaire pour soutenir la reprise.
Tout en saluant les mesures pour soutenir la reprise en 2021, le FMI estime que «le processus de rééquilibrage budgétaire doit être progressif et ne devrait être entrepris que lorsque la reprise économique sera solide ». Dans ce cas de figure, une réduction du ratio dette/PIB pourrait s’opérer à partir de 2022. En revanche, une reprise économique plus lente que prévu exigerait de repousser l’ajustement budgétaire.
Marge de manœuvre
Parallèlement, les services du FMI préconisent un certain nombre de réformes pour accroître les marges de manœuvre budgétaire, notamment des mesures visant à élargir l’assiette de l’impôt et à accroître la progressivité du système fiscal. «De nouvelles réformes de l’administration publique qui rationaliseraient les dépenses et le programme de privatisation des autorités contribueraient à reconstituer les marges de manœuvre budgétaire, tout en finançant l’expansion des programmes de protection sociale», conseille le FMI.
l'economiste