Jean-Noël Legalland, publié le 12/03/2020
(Boursier.com) — Wall Street cède à la panique avant bourse ce jeudi, le S&P500 abandonnant 5% et le Nasdaq affichant un déclin comparable. Le Dow Jones fléchit de 5,2%. L'indice dollar gagne pour sa part 0,5% à 97. Les cours du pétrole trébuchent encore de plus de 6% sur le WTI et le Brent de la mer du Nord. Les marchés demeurent plombés par les craintes relatives au coronavirus et à son fort impact économique au niveau mondial, ainsi bien évidemment que par la guerre des prix lancée par l'Arabie saoudite.
L'indice des prix américains à la production du mois de février 2020 est ressorti en recul inattendu de 0,6% en comparaison du mois antérieur, contre un consensus stable et une hausse de +0,5% un mois avant. Hors alimentation et énergie, le PPI a décliné de 0,3% par rapport au mois précédent, contre +0,2% de consensus et +0,5% un mois plus tôt.
Le Département américain au Travail a publié par ailleurs ce jour, pour la semaine close au 7 mars 2020, des inscriptions hebdomadaires au chômage au nombre de 211.000, contre un consensus de 216.000 et un niveau de 215.000 une semaine auparavant.
Donald Trump a suspendu les voyages en provenance des vingt-six pays européens de l'espace Schengen pour 30 jours, à compter de vendredi minuit. Le décret suspend l'entrée sur le territoire américain d'étrangers s'étant rendus dans des pays de l'espace Schengen lors des 14 jours précédant la date de leur arrivée aux USA. Ces mesures ne concernent toutefois pas (encore) le Royaume-Uni ni les ressortissants américains.
Trump a par ailleurs dévoilé d'autres mesures économiques afin de compenser l'impact de l'épidémie sur les entreprises. Il a demandé au département au Trésor de différer les paiements d'impôts sans pénalités pour certaines firmes et personnes victimes de l'impact du virus.
Le leader américain a estimé qu'il s'agissait des actions les plus agressives et complètes jamais menées dans l'histoire moderne pour lutter contre un virus étranger. Depuis la Maison blanche, Trump s'est estimé par ailleurs convaincu qu'en poursuivant des mesures strictes, les USA soient en mesure de limiter significativement la menace pour les Américains. "Nous finirons par vaincre rapidement ce virus", a lancé le président américain depuis le Bureau ovale. Trump a affirmé que le commerce n'allait pas être affecté par les mesures, les restrictions bloquant les personnes et non les marchandises.
Trump dit espérer par ailleurs que la réduction des taxes sur les salaires soit approuvée par les républicains et démocrates du Congrès. Les démocrates de la Chambre ont dévoilé un package de propositions portant le nom de 'Families First Coronavirus Response Act' afin de venir en aide aux Américains touchés. Un congé maladie payé de 14 jours serait au programme, ainsi qu'un congé familial et médical allant jusqu'à trois mois. D'autres financements et assurances sont prévus. Des tests gratuits seraient possibles pour tous, y compris les personnes sans couverture santé.
Les propos du président américain n'ont pas rassuré les marchés, sa gestion de la crise sanitaire restant très critiquée à l'approche de l'élection présidentielle de novembre. Trump n'a par ailleurs pas déclaré l'état d'urgence nationale... Les Etats-Unis comptent à l'heure actuelle environ 1.300 cas de coronavirus et une quarantaine de morts. Trump a accusé directement l'Europe d'être responsable de la propagation, l'Union européenne n'ayant selon lui pas été capable de prendre les précautions nécessaires, alors que les USA avaient quant à eux rapidement restreint les voyages en provenance de Chine.
L'Union européenne n'aurait toutefois pas été prévenue par avance des mesures prises. Le président du Conseil européen Charles Michel indique que la situation sera examinée dans la journée.
L'Organisation mondiale de la santé considère pour sa part l'épidémie comme une pandémie, a confirmé hier son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Nous sommes extrêmement préoccupés tant par le niveau alarmant et par la sévérité de la propagation que par le niveau d'inaction. Nous avons donc décidé de considérer que le Covid-19 peut être qualifié de pandémique", a affirmé le leader de l'OMS, alors que le nombre de nouveaux cas hors de Chine s'est multiplié.
Alors que la propagation du coronavirus s'accélère dans la zone euro, la Banque centrale européenne était très attendue, ce jeudi à l'issue de sa réunion de politique monétaire. Sa présidente Christine Lagarde avai déjà assuré ces derniers jours que l'institution étudiait "tous les outils à sa disposition", en particulier ceux permettant de fournir des financements très bon marché et évitant un assèchement de la liquidité sur les marchés.
Lors d'une vidéoconférence organisée mardi soir, Mme Lagarde avait aussi prévenu les dirigeants politiques de l'Union Européenne que sans réponse concertée face au coronavirus, l'Europe pourrait faire face à un choc économique comparable à celui de la crise de 2008... En revanche, en cas de réponse appropriée, le choc ne serait probablement que temporaire... La conférence de presse de Christine Lagarde sera donc d'une grande importance à partir de 14h30.
En attendant, la BCE, qui disposait d'une marge de manoeuvre moins importante que la Réserve fédérale américaine (la Fed a réduit dès le 3 mars dernier son taux des fed funds d'un demi-point pour le ramener entre 1% et 1,25%) pour réduire ses taux directeurs, a annoncé aujourd'hui qu'elle laissait ses taux inchangés tout en accordant une enveloppe temporaire de 120 milliards d'euros en achats d'actifs. La BCE annonce donc des mesures destinées à fournir un support immédiat de liquidité et un nouveau LTRO. Il faut dire que du coté de la BCE, le principal taux directeur, le taux 'refi', était déjà au plancher, et son taux de dépôt négatif (à -0,5%), mais la BCE entend donc utiliser ses outils non conventionnels pour agir sur la liquidité et le crédit, améliorant les termes des TLTRO III...
La BCE a ainsi décidé que le taux d'intérêt des opérations principales de refinancement ainsi que ceux de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt demeureront inchangés, à respectivement 0,00%, 0,25% et -0,50%. Le Conseil des gouverneurs prévoit que les taux d'intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels ou à des niveaux plus bas jusqu'à ce qu'il ait constaté que les perspectives d'inflation convergent durablement vers un niveau suffisamment proche de, mais inférieur à 2% sur son horizon de projection, et que cette convergence se reflète de manière cohérente dans la dynamique d'inflation sous-jacente.
La BCE annonce en revanche que des opérations de refinancement à plus long terme (LTRO) supplémentaires seront menées, temporairement, pour apporter un soutien immédiat en termes de liquidité au système financier de la zone euro. Bien que le Conseil des gouverneurs ne voit pas de signes importants de tensions sur les marchés monétaires ou de pénurie de liquidités dans le système bancaire, ces opérations constitueront un soutien efficace en cas de besoin. Elles seront effectuées par le biais d'une procédure d'appel d'offres à taux fixe, la totalité des soumissions étant servie, avec un taux d'intérêt égal au taux moyen de la facilité de dépôt. Ces opérations de LTRO fourniront des liquidités à des conditions favorables pour couvrir la période allant jusqu'à l'opération TLTRO III prévue en juin prochain.
En outre, dans le cadre des opérations TLTRO III, des conditions nettement plus favorables seront appliquées pendant la période allant de juin 2020 à juin 2021 à toutes les opérations. Ces opérations permettront de soutenir les prêts bancaires aux entités les plus touchées par la propagation du coronavirus, en particulier les petites et moyennes entreprises. Pendant toute cette période, le taux d'intérêt de ces opérations TLTRO III sera inférieur de 25 points de base au taux moyen appliqué dans le cadre des opérations principales de refinancement de l'Eurosystème. Pour les contreparties qui maintiennent leur niveau d'offre de crédit, le taux appliqué dans le cadre de ces opérations sera plus faible et, sur la période s'achevant en juin 2021, pourra être inférieur de 25 points de base au taux d'intérêt moyen de la facilité de dépôt. Par ailleurs, le montant total maximum que les contreparties seront désormais autorisées à emprunter dans le cadre des opérations TLTRO III est porté à 50 % de leur encours de prêts éligibles au 28 février 2019. Dans ce contexte, le Conseil des gouverneurs chargera les comités de l'Eurosystème d'étudier des mesures d'assouplissement des garanties afin que les contreparties continuent d'être en mesure d'utiliser pleinement le soutien financier offert par la BCE.
(Boursier.com) — Wall Street cède à la panique avant bourse ce jeudi, le S&P500 abandonnant 5% et le Nasdaq affichant un déclin comparable. Le Dow Jones fléchit de 5,2%. L'indice dollar gagne pour sa part 0,5% à 97. Les cours du pétrole trébuchent encore de plus de 6% sur le WTI et le Brent de la mer du Nord. Les marchés demeurent plombés par les craintes relatives au coronavirus et à son fort impact économique au niveau mondial, ainsi bien évidemment que par la guerre des prix lancée par l'Arabie saoudite.
L'indice des prix américains à la production du mois de février 2020 est ressorti en recul inattendu de 0,6% en comparaison du mois antérieur, contre un consensus stable et une hausse de +0,5% un mois avant. Hors alimentation et énergie, le PPI a décliné de 0,3% par rapport au mois précédent, contre +0,2% de consensus et +0,5% un mois plus tôt.
Le Département américain au Travail a publié par ailleurs ce jour, pour la semaine close au 7 mars 2020, des inscriptions hebdomadaires au chômage au nombre de 211.000, contre un consensus de 216.000 et un niveau de 215.000 une semaine auparavant.
Donald Trump a suspendu les voyages en provenance des vingt-six pays européens de l'espace Schengen pour 30 jours, à compter de vendredi minuit. Le décret suspend l'entrée sur le territoire américain d'étrangers s'étant rendus dans des pays de l'espace Schengen lors des 14 jours précédant la date de leur arrivée aux USA. Ces mesures ne concernent toutefois pas (encore) le Royaume-Uni ni les ressortissants américains.
Trump a par ailleurs dévoilé d'autres mesures économiques afin de compenser l'impact de l'épidémie sur les entreprises. Il a demandé au département au Trésor de différer les paiements d'impôts sans pénalités pour certaines firmes et personnes victimes de l'impact du virus.
Le leader américain a estimé qu'il s'agissait des actions les plus agressives et complètes jamais menées dans l'histoire moderne pour lutter contre un virus étranger. Depuis la Maison blanche, Trump s'est estimé par ailleurs convaincu qu'en poursuivant des mesures strictes, les USA soient en mesure de limiter significativement la menace pour les Américains. "Nous finirons par vaincre rapidement ce virus", a lancé le président américain depuis le Bureau ovale. Trump a affirmé que le commerce n'allait pas être affecté par les mesures, les restrictions bloquant les personnes et non les marchandises.
Trump dit espérer par ailleurs que la réduction des taxes sur les salaires soit approuvée par les républicains et démocrates du Congrès. Les démocrates de la Chambre ont dévoilé un package de propositions portant le nom de 'Families First Coronavirus Response Act' afin de venir en aide aux Américains touchés. Un congé maladie payé de 14 jours serait au programme, ainsi qu'un congé familial et médical allant jusqu'à trois mois. D'autres financements et assurances sont prévus. Des tests gratuits seraient possibles pour tous, y compris les personnes sans couverture santé.
Les propos du président américain n'ont pas rassuré les marchés, sa gestion de la crise sanitaire restant très critiquée à l'approche de l'élection présidentielle de novembre. Trump n'a par ailleurs pas déclaré l'état d'urgence nationale... Les Etats-Unis comptent à l'heure actuelle environ 1.300 cas de coronavirus et une quarantaine de morts. Trump a accusé directement l'Europe d'être responsable de la propagation, l'Union européenne n'ayant selon lui pas été capable de prendre les précautions nécessaires, alors que les USA avaient quant à eux rapidement restreint les voyages en provenance de Chine.
L'Union européenne n'aurait toutefois pas été prévenue par avance des mesures prises. Le président du Conseil européen Charles Michel indique que la situation sera examinée dans la journée.
L'Organisation mondiale de la santé considère pour sa part l'épidémie comme une pandémie, a confirmé hier son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Nous sommes extrêmement préoccupés tant par le niveau alarmant et par la sévérité de la propagation que par le niveau d'inaction. Nous avons donc décidé de considérer que le Covid-19 peut être qualifié de pandémique", a affirmé le leader de l'OMS, alors que le nombre de nouveaux cas hors de Chine s'est multiplié.
Alors que la propagation du coronavirus s'accélère dans la zone euro, la Banque centrale européenne était très attendue, ce jeudi à l'issue de sa réunion de politique monétaire. Sa présidente Christine Lagarde avai déjà assuré ces derniers jours que l'institution étudiait "tous les outils à sa disposition", en particulier ceux permettant de fournir des financements très bon marché et évitant un assèchement de la liquidité sur les marchés.
Lors d'une vidéoconférence organisée mardi soir, Mme Lagarde avait aussi prévenu les dirigeants politiques de l'Union Européenne que sans réponse concertée face au coronavirus, l'Europe pourrait faire face à un choc économique comparable à celui de la crise de 2008... En revanche, en cas de réponse appropriée, le choc ne serait probablement que temporaire... La conférence de presse de Christine Lagarde sera donc d'une grande importance à partir de 14h30.
En attendant, la BCE, qui disposait d'une marge de manoeuvre moins importante que la Réserve fédérale américaine (la Fed a réduit dès le 3 mars dernier son taux des fed funds d'un demi-point pour le ramener entre 1% et 1,25%) pour réduire ses taux directeurs, a annoncé aujourd'hui qu'elle laissait ses taux inchangés tout en accordant une enveloppe temporaire de 120 milliards d'euros en achats d'actifs. La BCE annonce donc des mesures destinées à fournir un support immédiat de liquidité et un nouveau LTRO. Il faut dire que du coté de la BCE, le principal taux directeur, le taux 'refi', était déjà au plancher, et son taux de dépôt négatif (à -0,5%), mais la BCE entend donc utiliser ses outils non conventionnels pour agir sur la liquidité et le crédit, améliorant les termes des TLTRO III...
La BCE a ainsi décidé que le taux d'intérêt des opérations principales de refinancement ainsi que ceux de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt demeureront inchangés, à respectivement 0,00%, 0,25% et -0,50%. Le Conseil des gouverneurs prévoit que les taux d'intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels ou à des niveaux plus bas jusqu'à ce qu'il ait constaté que les perspectives d'inflation convergent durablement vers un niveau suffisamment proche de, mais inférieur à 2% sur son horizon de projection, et que cette convergence se reflète de manière cohérente dans la dynamique d'inflation sous-jacente.
La BCE annonce en revanche que des opérations de refinancement à plus long terme (LTRO) supplémentaires seront menées, temporairement, pour apporter un soutien immédiat en termes de liquidité au système financier de la zone euro. Bien que le Conseil des gouverneurs ne voit pas de signes importants de tensions sur les marchés monétaires ou de pénurie de liquidités dans le système bancaire, ces opérations constitueront un soutien efficace en cas de besoin. Elles seront effectuées par le biais d'une procédure d'appel d'offres à taux fixe, la totalité des soumissions étant servie, avec un taux d'intérêt égal au taux moyen de la facilité de dépôt. Ces opérations de LTRO fourniront des liquidités à des conditions favorables pour couvrir la période allant jusqu'à l'opération TLTRO III prévue en juin prochain.
En outre, dans le cadre des opérations TLTRO III, des conditions nettement plus favorables seront appliquées pendant la période allant de juin 2020 à juin 2021 à toutes les opérations. Ces opérations permettront de soutenir les prêts bancaires aux entités les plus touchées par la propagation du coronavirus, en particulier les petites et moyennes entreprises. Pendant toute cette période, le taux d'intérêt de ces opérations TLTRO III sera inférieur de 25 points de base au taux moyen appliqué dans le cadre des opérations principales de refinancement de l'Eurosystème. Pour les contreparties qui maintiennent leur niveau d'offre de crédit, le taux appliqué dans le cadre de ces opérations sera plus faible et, sur la période s'achevant en juin 2021, pourra être inférieur de 25 points de base au taux d'intérêt moyen de la facilité de dépôt. Par ailleurs, le montant total maximum que les contreparties seront désormais autorisées à emprunter dans le cadre des opérations TLTRO III est porté à 50 % de leur encours de prêts éligibles au 28 février 2019. Dans ce contexte, le Conseil des gouverneurs chargera les comités de l'Eurosystème d'étudier des mesures d'assouplissement des garanties afin que les contreparties continuent d'être en mesure d'utiliser pleinement le soutien financier offert par la BCE.
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