Déjà fortement secoué par des soupçons d'espionnage, le géant chinois des télécommunications est poursuivi par la justice américaine pour vols de technologies, devenant le catalyseur des tensions entre les deux pays.
Huawei ou l’art du paradoxe. Sur le plan commercial, tout va pour le mieux pour le géant chinois des télécommunications. En témoigne cette deuxième place (soufflée à Apple) au classement mondial des ventes de smartphones pour le second trimestre de l’année 2018. Mais depuis plusieurs mois ce succès est entaché de rumeurs insistantes sur les liens supposés entre l’entreprise privée et le pouvoir chinois. Au point que Huawei est devenu le catalyseur des tensions diplomatiques entre Washington et Pékin. Dernier exemple en date : l’existence d’une enquête pénale menée par la justice américaine contre le groupe chinois selon la révélation par le Wall Street Journal.
D’après le média américain, Huawei est accusé de vols de technologie, plus particulièrement de matériel utilisé par la branche américaine de T-Mobile qui teste des smartphones. L’affaire remonterait à 2012. Toujours selon le Wall Street Journal, des déclarations de sources anonymes font état d’une enquête à un «stade avancé», qui pourrait «bientôt» déboucher sur des inculpations. Invités à commenter ces informations, les représentants du groupe chinois ont simplement déclaré que le litige qui l’opposait à T-Mobile en 2017 avait déjà été juridiquement réglé. En attendant, c’est une nouvelle épine dans le pied de Huawei.
Cyberespionnage
Adepte d’une politique protectionniste et ouvertement opposé aux importations chinoises, Donald Trump a fait de Pékin sa bête noire… Et de Huawei une cible privilégiée. Mais c’est avant tout la perspective d’un cyberespionnage piloté par Pékin, à travers les appareils Huawei, que le président américain redoute le plus. Fin décembre, le locataire de la Maison Blanche avait agité la menace d’un décret visant à interdire aux entreprises américaines de se fournir en équipements télécoms provenant de groupes «à risques» pour la sécurité nationale. Sans les nommer directement, il visait sans doute les entreprises chinoises, dont ZTE et Huawei.
Le FBI, la CIA et la NSA, qui partagent les craintes de Trump, ont tenu à mettre en garde les administrations américaines contre l’utilisation de technologies chinoises. En l’absence de preuves formelles, les officiels américains rappellent régulièrement les liens entre le fondateur et actuel patron du groupe Huawei, Ren Zhengfei (ex-délégué de l’Armée populaire de libération chinoise) et l’Etat chinois.
Si le groupe chinois a toujours nié ces accusations, la méfiance a progressivement gagné d’autres nations européennes. Le 12 janvier, un employé de la firme a été arrêté sur le sol polonais, où il est soupçonné d’espionnage. Huawei a affirmé que les actes présumés de son employé «n’avaient aucun lien avec l’entreprise» avant de le licencier au motif qu’il aurait terni l’image du groupe chinois. Pas de quoi convaincre le ministre polonais de l’Intérieur, qui a appelé l’Union européenne à adopter une position commune sur l’exclusion éventuelle de Huawei du marché européen.
Jusqu’ici, chaque Etat y allait de sa position par rapport au cas Huawei. Ainsi, l’opérateur britannique BT a fait savoir qu’il allait se séparer des équipements chinois de ses réseaux 3G et 4G. De même pour Deutsche Telekom. A l’aube du déploiement du réseau 5G, une exclusion totale du marché européen serait un immense camouflet pour Huawei. En France, si Orange a d’ores et déjà fait savoir qu’il n’achèterait pas d’équipements Huawei pour déployer son réseau, le gouvernement n’a pas encore établi de position claire sur ces soupçons d’espionnage.
Feu aux poudres
Les tensions opposant Huawei aux pays occidentaux ont atteint leur paroxysme le 5 décembre. En témoigne l’arrestation de la Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois, arrêtée à Vancouver à la demande des Etats-Unis. Elle est soupçonnée par Washington d’avoir dérogé aux sanctions américaines à l’encontre de l’Iran. De quoi déclencher la fureur de Pékin, qui a demandé au Canada de «corriger immédiatement cette faute». En vain.
L’arrestation de deux ressortissants canadiens en Chine dans les jours qui ont suivi a mis encore un peu plus le feu aux poudres. Ils sont soupçonnés d’avoir «mis en danger la sécurité nationale». Un troisième, à l’issue d’un procès en appel qui n’a duré qu’une journée, a été condamné à mort pour trafic de drogue. Lui, assure n’être qu’un touriste. La Chine nie avoir politisé cette affaire judiciaire. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a promis d’intervenir et a préconisé aux Canadiens présents en Chine de «faire preuve de grande prudence» face «au risque d’application arbitraire des lois locales». «Des propos irresponsables», s’est insurgé le ministre chinois des Affaires étrangères avant d’inviter le Canada à «respecter la souveraineté judiciaire de la Chine».
liberation
Huawei ou l’art du paradoxe. Sur le plan commercial, tout va pour le mieux pour le géant chinois des télécommunications. En témoigne cette deuxième place (soufflée à Apple) au classement mondial des ventes de smartphones pour le second trimestre de l’année 2018. Mais depuis plusieurs mois ce succès est entaché de rumeurs insistantes sur les liens supposés entre l’entreprise privée et le pouvoir chinois. Au point que Huawei est devenu le catalyseur des tensions diplomatiques entre Washington et Pékin. Dernier exemple en date : l’existence d’une enquête pénale menée par la justice américaine contre le groupe chinois selon la révélation par le Wall Street Journal.
D’après le média américain, Huawei est accusé de vols de technologie, plus particulièrement de matériel utilisé par la branche américaine de T-Mobile qui teste des smartphones. L’affaire remonterait à 2012. Toujours selon le Wall Street Journal, des déclarations de sources anonymes font état d’une enquête à un «stade avancé», qui pourrait «bientôt» déboucher sur des inculpations. Invités à commenter ces informations, les représentants du groupe chinois ont simplement déclaré que le litige qui l’opposait à T-Mobile en 2017 avait déjà été juridiquement réglé. En attendant, c’est une nouvelle épine dans le pied de Huawei.
Cyberespionnage
Adepte d’une politique protectionniste et ouvertement opposé aux importations chinoises, Donald Trump a fait de Pékin sa bête noire… Et de Huawei une cible privilégiée. Mais c’est avant tout la perspective d’un cyberespionnage piloté par Pékin, à travers les appareils Huawei, que le président américain redoute le plus. Fin décembre, le locataire de la Maison Blanche avait agité la menace d’un décret visant à interdire aux entreprises américaines de se fournir en équipements télécoms provenant de groupes «à risques» pour la sécurité nationale. Sans les nommer directement, il visait sans doute les entreprises chinoises, dont ZTE et Huawei.
Le FBI, la CIA et la NSA, qui partagent les craintes de Trump, ont tenu à mettre en garde les administrations américaines contre l’utilisation de technologies chinoises. En l’absence de preuves formelles, les officiels américains rappellent régulièrement les liens entre le fondateur et actuel patron du groupe Huawei, Ren Zhengfei (ex-délégué de l’Armée populaire de libération chinoise) et l’Etat chinois.
Si le groupe chinois a toujours nié ces accusations, la méfiance a progressivement gagné d’autres nations européennes. Le 12 janvier, un employé de la firme a été arrêté sur le sol polonais, où il est soupçonné d’espionnage. Huawei a affirmé que les actes présumés de son employé «n’avaient aucun lien avec l’entreprise» avant de le licencier au motif qu’il aurait terni l’image du groupe chinois. Pas de quoi convaincre le ministre polonais de l’Intérieur, qui a appelé l’Union européenne à adopter une position commune sur l’exclusion éventuelle de Huawei du marché européen.
Jusqu’ici, chaque Etat y allait de sa position par rapport au cas Huawei. Ainsi, l’opérateur britannique BT a fait savoir qu’il allait se séparer des équipements chinois de ses réseaux 3G et 4G. De même pour Deutsche Telekom. A l’aube du déploiement du réseau 5G, une exclusion totale du marché européen serait un immense camouflet pour Huawei. En France, si Orange a d’ores et déjà fait savoir qu’il n’achèterait pas d’équipements Huawei pour déployer son réseau, le gouvernement n’a pas encore établi de position claire sur ces soupçons d’espionnage.
Feu aux poudres
Les tensions opposant Huawei aux pays occidentaux ont atteint leur paroxysme le 5 décembre. En témoigne l’arrestation de la Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois, arrêtée à Vancouver à la demande des Etats-Unis. Elle est soupçonnée par Washington d’avoir dérogé aux sanctions américaines à l’encontre de l’Iran. De quoi déclencher la fureur de Pékin, qui a demandé au Canada de «corriger immédiatement cette faute». En vain.
L’arrestation de deux ressortissants canadiens en Chine dans les jours qui ont suivi a mis encore un peu plus le feu aux poudres. Ils sont soupçonnés d’avoir «mis en danger la sécurité nationale». Un troisième, à l’issue d’un procès en appel qui n’a duré qu’une journée, a été condamné à mort pour trafic de drogue. Lui, assure n’être qu’un touriste. La Chine nie avoir politisé cette affaire judiciaire. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a promis d’intervenir et a préconisé aux Canadiens présents en Chine de «faire preuve de grande prudence» face «au risque d’application arbitraire des lois locales». «Des propos irresponsables», s’est insurgé le ministre chinois des Affaires étrangères avant d’inviter le Canada à «respecter la souveraineté judiciaire de la Chine».
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