Sound Energy confirme un potentiel de plusieurs centaines de milliards de m3 dans l’Oriental
Ce groupe annoncera la décision finale de la découverte avant fin 2018
SDX Energy annonce également de belles découvertes au Gharb
Le Maroc est-il en passe de devenir un pays producteur de gaz naturel? Les découvertes annoncées par SDX et Sound Energy confirment le potentiel prometteur des gisements.
Pour l’heure, la tutelle reste sur ses gardes et préfère attendre avant de faire des déclarations.
Est-ce par prudence ou une stratégie de communication qui se prépare? Que ce soit l’Onhym ou le ministère de l’Energie, ils ne veulent pas revivre le même scénario de Talsint et les spéculations qui avaient entaché cet épisode.
Il va sans dire que le contexte est cette fois-ci différent avec le gaz: les investisseurs internationaux sont aux aguets.
Ils observent de plus près le paysage énergétique marocain, avec un intérêt particulier pour la composante «gaz».
De grands groupes s’étonnent même du report de l’appel d’offres prévu initialement en décembre dernier et qui a été décalé à juin prochain.
Déjà une short list de 93 groupes a été retenue par l’ONEE qui est le chef de file de la mise en œuvre du «Gas to Power».
Cet appel d’offres devra porter sur le développement, le financement, la construction, l'exploitation et la maintenance dudit projet.
Sauf que ce retard laisse libre cours aux spéculations!
S’y ajoute un autre élément intrigant pour ces mastodontes mondiaux: la non-reconduction de l’accord avec l’Algérie sur le gazoduc Maghreb-Europe.
Cette plateforme, qui deviendra la propriété de l’Etat en 2021, aura une nouvelle vocation, avait affirmé Aziz Rabbah, ministre de l’Energie et des Mines, qui a insisté sur l’importance du développement des deux projets stratégiques, à savoir Jorf Lasfar et le gazoduc Maroc-Nigeria.
Ceci étant dit, tout porte à croire que d’ici là, le gazoduc Maghreb-Europe alimentera, à partir de Tendrara (Oriental) et le Gharb, le marché national ainsi que l’Espagne et le Portugal.
Le Maroc sera-t-il prêt, en 2021, pour répondre à une demande annuelle de plus de 9 milliards de m3? Au grand bonheur des Marocains, la réponse pourrait être «oui». Si cela se confirme, l’Algérie se retrouvera complètement out de ce marché stratégique.
Ce qui enfoncera davantage la Sonatrach qui a connu récemment des moments difficiles.
Abderrahim El Hafidi, secrétaire général au ministère de l’Energie, avait annoncé, en juin dernier à Copenhague, que la vingtaine d’entreprises travaillant au Maroc dans la prospection du gaz naturel font valoir des indicateurs «très positifs» relevés dans plusieurs sites, notamment dans la région de Tendrara (à 120 km du gazoduc Maghreb-Europe).
L’Onhym, dans son rapport d’activité 2016, confirme cette tendance en annonçant des indices de gaz et des découvertes dans les zones du Gharb, de Meskala, de Tendrara et d’Essaouira.
■ Sound Energy: 2018, l’année Tendrara
Sur le terrain, les découvertes confirmées, début 2018 à Tendrara, par le pétro-gazier britannique Sound Energy sont assez positives. Et ce, au moment où l’Onhym garde le silence.
Sound Energy a confirmé l’existence d’un volume de réserves en place dans le seul puits TE-5 de 18 milliards de m3, suite à la certification des résultats obtenus par des experts indépendants de la société «RPS Energy Consultants Ltd».
La firme britannique devra approfondir davantage les recherches pour mesurer l’accessibilité à ce gisement afin de l’exploiter.
Sound Energy affirme que la décision finale sur la découverte à Tendrara sera annoncée avant fin 2018.
Déjà, le groupe anglais avait annoncé en 2017 la découverte d'un champ gazier potentiellement géant dans l'Oriental, après la fin du forage de son dernier puits T-8, de plusieurs centaines de milliards de m3 en connectant les 8 puits dont le groupe a l’autorisation ainsi que d’autres nouveaux gisements.
A ce titre, l’entreprise veut poursuivre son programme d’exploration et compte même étendre son portefeuille au Maroc.
Le groupe accélère ainsi ses recherches et envisage de forer trois puits gaziers dans l’Est (Tendrara, Matarka et Anoual).
Il s’agit de TE-9 en juillet, TE-10 en septembre et TE-11 en novembre.
C’est dire que 2018 sera décisive pour Tendrara qui représente une continuité du trias algérien et de la plateforme hercynienne saharienne regorgeant d’un potentiel en gaz très significatif.
De telles annonces sont susceptibles d'impacter positivement les cours des groupes cotés en Bourse.
Parfois, elles aboutissent à des bulles communicationnelles aux parfums de scandale comme pour l'affaire Lone Star Energy à Talsint
2018 sera une année de développement des actifs alors que 2017 a été une année de succés dans l'exploration, affirme le PDG de SDX Energy (Source: SDX Energy)
■ SDX Energy: Un taux de réussite de 71%!
SDX Energy, un autre mastodonte britannique et non des moindres, opère au Maroc.
Il se dit très confiant.
Le potentiel qu’il a annoncé, surtout après la récente découverte, SAH-2, est prometteur.
Le groupe compte poursuivre la campagne de forage en 2018, avec le raccordement de SAH-2 ainsi que le forage de deux puits d'exploration sur la concession de Lalla Mimouna.
Le premier puits baptisé LNB-1 a vu démarrer les opérations de forage le 20 mars 2018.
Suivront les travaux du puits LMS-1 au deuxième trimestre 2018. SDX Energy avait obtenu les permis de Sebou et Lalla Mimouna dans le cadre de l'acquisition de Circle Oil Maroc en janvier 2017.
La concession du Gharb Centre a, pour sa part, été acquise directement auprès de l'Etat, le 11 juillet dernier.
«En septembre 2017, nous avons commencé un programme de forage de neuf puits au Maroc et avons prouvé cinq découvertes sur sept puits forés à ce jour.
Ce qui représente un taux de réussite de 71%», confie, en exclusivité à L’Economiste, Paul Welch, PDG de SDX Energy (voir tableau).
Quant aux résultats des puits KSR-15 et KSR-16, à proximité de Mechra Bel Ksiri, «les diagraphies enregistrées ont confirmé l’existence de gaz.
Il s’agit de petites découvertes, la zone du Gharb étant connue pour ses petits gisements de gaz biogénique», confirme l’Onhym.
Les puits seront équipés pour une production future, étant à proximité des infrastructures de transport.
Ce qui permettra de renforcer la production de gaz déjà existante dans ce bassin.
SDX Energy commercialise déjà la production au profit des clients privés situés à proximité des forages.
«Nous avons obtenu un succès significatif avec l'outil de forage sur nos concessions, et nous sommes heureux d'avoir reçu autant de demandes pour notre offre de gaz, à ce jour», fait valoir Paul Welch.
L’usine de PSA, en cours de construction à Kénitra Automotive City, devra être alimentée en gaz naturel.
L’Onhym avait lancé la réalisation des études préliminaires et topographiques pour l’alimentation de ce site.
Des études d’ingénierie sont également menées pour la connexion de l’usine PSA au réseau gazoduc du Gharb.
A ce jour, le montant global des investissements de SDX Energy au Maroc s’élève à 30,8 millions de dollars dans le gaz uniquement.
Contesté, le projet de loi sera amendé
Bonne nouvelle pour les investisseurs.
La tutelle apporte les dernières retouches à une version amendée du projet de loi 49-17 soumis au SGG en décembre dernier.
Une fois cette mouture validée par le SGG, elle sera soumise prochainement pour approbation au Conseil de gouvernement, nous confie une source proche du dossier. Cette révision intervient suite aux doléances des investisseurs qui ont été soumises au ministère de l’Energie et des Mines et à l’Onhym.
Suivie de près par les investisseurs, la réforme de la loi sur le gaz suscite déjà des inquiétudes.
D’ailleurs, les mastodontes étrangers jugent que certaines dispositions peuvent freiner l’investissement dans ce secteur. Actuellement, plusieurs compagnies internationales opèrent au Maroc (Sound Energy, SDX Enery…).
D’autres groupes ont également manifesté leur intérêt pour l’exploration des gaz de schistes au Maroc.
En revanche, il est nécessaire de rappeler que le processus d’exploration et de développement des gaz est un cycle long et surtout capitalistique.
Il nécessite la mise en place d’une stratégie adaptée pour une exploration et une exploitation efficientes.
C’est ce qui explique en partie la réticence des groupes pétrogaziers ou gaziers face à la première version du projet de loi 49-17.
Rappelons que le plan gazier vise la réalisation du méga-projet intégré «Gas to power» à partir de 2021.
Ceci afin de satisfaire les besoins du pays qui sont estimés à 5 milliards de m3 par an.
L’investissement global s’élève à près de 4,6 milliards de dollars.
Par Nadia DREF
Commentaire