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Émergence africaine : tout n'est pas encore gagné

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  • Émergence africaine : tout n'est pas encore gagné

    Réunis à Abidjan, politique, organisations internationales et experts cherchent les voies et moyens d'une transformation en profondeur du continent

    « L'Union africaine est financée par l'Union européenne. Comment voulez-vous parler d'indépendance ? » ose lâcher le président guinéen Alpha Condé devant ses pairs, à l'ouverture de la deuxième édition de la Conférence internationale sur l'émergence de l'Afrique (CIEA) ce 28 mars à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Une opinion qui revient avec insistance dans de débat qui passionne en Afrique et dans les diasporas. Mais de quoi parle-t-on ? Pourquoi est-il essentiel en Afrique ? Tous les pays sont-ils au même niveau ? Des questions sur lesquelles vont se pencher trois jours durant, plus de quatre cents experts réunis à l'hôtel Ivoire.

    Quelle vision, quelle émergence ?
    Kaba Nialé, ministre ivoirienne du Plan et du Développement, en est convaincue : « Tous les pays africains engagés dans le processus d'émergence sont dotés de plans structurés. Par contre, c'est dans la mise en œuvre que des difficultés sont constatées. C'est pourquoi la mise en œuvre des plans d'émergence des pays africains sera au cœur des débats. » Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), en partenariat avec la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD) vont devoir élaborer des plans stratégiques plus ambitieux pour accélérer les tendances de croissance qui s'affirment pour plusieurs grandes économies. À commencer par la Côte d'Ivoire, qui affiche entre 8 % et 10 % de croissance après dix ans de crise.

    Le gouvernement ivoirien a embrassé l'émergence, en a même fait un sacerdoce à travers un discours, une définition, un leitmotiv : « L'émergence n'est rien d'autre que la volonté de réduire le taux de pauvreté et permettre que la croissance profite à la majorité. » Et donc d'exécuter un plan stratégique pour atteindre « l'émergence en 2020. » Mais ce n'est pas le seul modèle sur le continent. Du Rwanda à la Guinée, en passant par le plan Gabon émergent, ou encore « Cameroun, vision 2035 » dans chaque domaine, plusieurs pays veulent se placer à l'avant-garde de l'émergence. Le président Alpha Condé vante pour sa part la transformation de l'agriculture, notamment grâce à la coopération entre États africains : « Grâce au roi du Maroc, nous achetons les semences et les engrais au même prix que nous les vendons aux agriculteurs », a-t-il détaillé. Des changements qui ont permis à son pays de multiplier par dix sa production d'anacarde pour atteindre 204 000 tonnes en 2016. Avant, le pays importait du ciment et de la farine, désormais, il en exporte.

    Le Sénégalais Macky Sall, venu assister à la conférence, a lui aussi mis le plan Sénégal émergent en place dès son arrivée au pouvoir en 2012. Huit chantiers allant des infrastructures au tourisme, ou encore à la santé dotée d'un budget de 17 milliards de F CFA (25,9 millions d'euros) avec le lancement de la couverture maladie universelle (CMU), dont l'ambition est de procurer, d'ici à 2017, une protection sociale à 75 % de la population, contre trois fois moins aujourd'hui. Même si l'objectif n'est pas totalement atteint en ce début 2017, le gouvernement avance à son rythme. « La marche vers l'émergence requiert non seulement une bonne cadence, mais aussi la persévérance dans l'effort », insiste pour sa part le président Macky Sall.

    Lionel Zinsou, ancien Premier ministre béninois, préfère, lui, attirer l'attention des dirigeants sur le fait que la sectorialisation ne fait pas tout. « Énergie, eau, agriculture sont des secteurs qui demandent beaucoup d'investissement, mais créent peu d'emplois », a-t-il déclaré, ajoutant, comme un avertissement, qu'« il n'y a aucun automatisme de la croissance pour régler un certain nombre de sujets ».

    Peut-on parler d'un modèle africain ?
    L'Afrique est un « continent d'avenir », un « continent plein de promesses » qui occupe en 2015 la deuxième place en termes de croissance du PIB, derrière l'Asie de l'Est, avec une croissance économique de 3,7 % en 2016, qui devrait atteindre 4,5 % en 2017, confie à l'agence de presse chinoise Xinhuanet l'ambassadeur de Chine en Côte d'Ivoire, Tang Weibin, dont le pays est devenu le principal partenaire économique des plus grandes économies africaines. Selon lui, « l'urbanisation rapide accompagnée par une croissance démographique sans précédent en Afrique devrait contribuer à augmenter la productivité agricole, accélérer le processus d'industrialisation, développer le secteur tertiaire et attirer des investissements étrangers, soutenant l'élan du développement économique africain ».

    Pour le président ivoirien Alassane Ouattara, « il ne suffit pas de copier-coller, il faut adapter les programmes de développement à nos réalités ». Ajoutant encore qu'« il faut que les populations saisissent qu'elles sont le vrai moteur de l'émergence africaine ». D'ailleurs, l'ambassadeur Tang relève que « la coopération entre la Chine et l'Afrique est désormais passée d'un modèle basé sur l'import-export des ressources et le commerce à celui tourné davantage vers l'investissement et la coopération en matière de capacités de production ».

    Mais, pour de nombreux experts, peu de pays africains parviendront à relever le défi de l'émergence dans les termes prévus dans leurs plans stratégiques actuels, soit en 2020, 2025 et 2030. Peu importe, sur la tribune de la Conférence d'Abidjan, cet objectif a déjà gagné la bataille.

    le Point fr
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