Faute de pluies, la campagne céréalière en danger
Par Abdelaziz GHOUIBI
Edition N°:4890 Le 03/11/2016 |
Les grands barrages à usage agricole affichent des taux de remplissage assez bas par rapport à la dernière campagne. A titre d’illustration, la retenue du barrage Hassan II est de 15,8% au 1er novembre 2016 contre 77% à la même date de 2015. Celle d’Al Massira est tombée à 42,6% au lieu de 78,5%. Et la moyenne de l’ensemble des ouvrages hydriques s’établit à 43% contre 68% en 2015
La menace se fait plus précise et inquiétante sur la production céréalière. A fin octobre, les semailles n’ont concerné que les superficies irriguées, faute de pluies. Et le déficit des précipitations continue de se creuser. La situation est révélatrice du changement climatique dans laquelle le pays s’est bien installé, à l’instar d’ailleurs de nombreuses régions du monde. Inondations au sud et sécheresse au centre et au nord, en sont les manifestations extrêmes.
Pour l’actuelle campagne céréalière dont le lancement a été donné vers la mi-octobre, il serait illusoire d’engranger les 33,5 millions de quintaux. Même si le gouvernement a déployé toute une panoplie de mesures ciblant la garantie des principaux intrants. Selon le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, pas moins de 1,8 million de quintaux de semences sélectionnées sont disponibles, avec à la clé une subvention de 330 millions de DH. Un volume de 550.000 tonnes d’engrais de fond seront mises sur le marché par l’OCP d’après la convention conclue avec le ministère de l’Agriculture. A charge également pour le groupe OCP d’assurer la stabilité des prix des engrais phosphatés et de rationaliser ses utilisations via les cartes de fertilité. Sans oublier la reconduction de l’assurance agricole multirisque dont la couverture devrait porter sur plus d’un million d’hectares.
Mais le retard des pluies risque d’annihiler l’impact de ces mesures. Et surtout, fausser totalement les prévisions du gouvernement sortant qui table sur un taux de croissance de 4,5% en 2017 contre 1,8% cette année. Une prévision qui tient compte d’une production céréalière de 70 millions de quintaux, en forte hausse de 109% par rapport à la dernière campagne qui a enregistré un plongeon de 70% en comparaison avec la saison 2014-2015. L’optimisme du gouvernement est encore plus poussé puisqu’il est avancé que la filière céréalière serait renforcée par la consolidation des autres activités agricoles. A titre d’exemple, la production fruitière devrait enregistrer une hausse de 15% l’année prochaine. Celle du maraîchage augmenterait de 4,5% et l’élevage s’améliorer de 4,4%. Quel crédit faut-il accorder à ces projections dans ce contexte de rareté de la ressource d’hydrique? s’interrogent de nombreux opérateurs alors que certaines zones sont déjà placées au régime de rationnement de la distribution d’eau.
Certes la campagne agricole 2015-2016 s’est caractérisée par un repli très prononcé de la production céréalière mais les autres filières avaient réalisé des performances parfois inégalées par le passé. Et pour cause! L’irrigation a largement compensé. Ce n’est pas le cas, malheureusement, cette saison.
Pour la simple raison que le taux moyen de remplissage des barrages se trouve au plus bas de son niveau: 43% au 1er novembre 2016 contre 67,7% à la même date de 2015. (Voir carte ci-contre). Certains grands barrages à usage agricole comme Al Massira, Idriss Ier ou encore Bin El Ouidane ont perdu plus du tiers de leur réserve hydrique. C’est dire l’état de stress qui se profile.
Pour parer au plus urgent, la reconduction du plan de sauvetage ne serait pas de trop, estiment des opérateurs. Ce dernier, faut-il le rappeler, avait permis d’atténuer les méfaits des retards des pluies surtout sur l’élevage qui représente près du tiers de la valeur ajoutée agricole. Un plan qui s’est soldé par l’import et la distribution de 8,5 millions de quintaux d’orge à un prix fixé à 2 DH le kilo. Au total, la subvention a culminé à 560 millions de DH. Elle a été complétée par une aide à l’aliment composé qui a concerné 2,8 millions de quintaux.
Ajouté à cela la subvention d’aliments composés accordée aux éleveurs des ovins inscrits dans le Pilier II du plan Maroc Vert. Pour ce faire, un plan d’irrigation de 90.000 hectares destinés aux plantes fourragères a été établi. Il a coûté 129 millions de DH.
Le dispositif a en effet bien marché avec l’assurance agricole couvrant plus de 1 million d’hectares et ayant bénéficié à 770 communes déclarées sinistrées.
Par Abdelaziz GHOUIBI
Edition N°:4890 Le 03/11/2016 |
- La réserve des barrages au plus bas niveau: 43% au 1er novembre
- Le déficit hydrique se creuse de moitié
- La prévision de croissance remise en cause
Les grands barrages à usage agricole affichent des taux de remplissage assez bas par rapport à la dernière campagne. A titre d’illustration, la retenue du barrage Hassan II est de 15,8% au 1er novembre 2016 contre 77% à la même date de 2015. Celle d’Al Massira est tombée à 42,6% au lieu de 78,5%. Et la moyenne de l’ensemble des ouvrages hydriques s’établit à 43% contre 68% en 2015
La menace se fait plus précise et inquiétante sur la production céréalière. A fin octobre, les semailles n’ont concerné que les superficies irriguées, faute de pluies. Et le déficit des précipitations continue de se creuser. La situation est révélatrice du changement climatique dans laquelle le pays s’est bien installé, à l’instar d’ailleurs de nombreuses régions du monde. Inondations au sud et sécheresse au centre et au nord, en sont les manifestations extrêmes.
Pour l’actuelle campagne céréalière dont le lancement a été donné vers la mi-octobre, il serait illusoire d’engranger les 33,5 millions de quintaux. Même si le gouvernement a déployé toute une panoplie de mesures ciblant la garantie des principaux intrants. Selon le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, pas moins de 1,8 million de quintaux de semences sélectionnées sont disponibles, avec à la clé une subvention de 330 millions de DH. Un volume de 550.000 tonnes d’engrais de fond seront mises sur le marché par l’OCP d’après la convention conclue avec le ministère de l’Agriculture. A charge également pour le groupe OCP d’assurer la stabilité des prix des engrais phosphatés et de rationaliser ses utilisations via les cartes de fertilité. Sans oublier la reconduction de l’assurance agricole multirisque dont la couverture devrait porter sur plus d’un million d’hectares.
Mais le retard des pluies risque d’annihiler l’impact de ces mesures. Et surtout, fausser totalement les prévisions du gouvernement sortant qui table sur un taux de croissance de 4,5% en 2017 contre 1,8% cette année. Une prévision qui tient compte d’une production céréalière de 70 millions de quintaux, en forte hausse de 109% par rapport à la dernière campagne qui a enregistré un plongeon de 70% en comparaison avec la saison 2014-2015. L’optimisme du gouvernement est encore plus poussé puisqu’il est avancé que la filière céréalière serait renforcée par la consolidation des autres activités agricoles. A titre d’exemple, la production fruitière devrait enregistrer une hausse de 15% l’année prochaine. Celle du maraîchage augmenterait de 4,5% et l’élevage s’améliorer de 4,4%. Quel crédit faut-il accorder à ces projections dans ce contexte de rareté de la ressource d’hydrique? s’interrogent de nombreux opérateurs alors que certaines zones sont déjà placées au régime de rationnement de la distribution d’eau.
Certes la campagne agricole 2015-2016 s’est caractérisée par un repli très prononcé de la production céréalière mais les autres filières avaient réalisé des performances parfois inégalées par le passé. Et pour cause! L’irrigation a largement compensé. Ce n’est pas le cas, malheureusement, cette saison.
Pour la simple raison que le taux moyen de remplissage des barrages se trouve au plus bas de son niveau: 43% au 1er novembre 2016 contre 67,7% à la même date de 2015. (Voir carte ci-contre). Certains grands barrages à usage agricole comme Al Massira, Idriss Ier ou encore Bin El Ouidane ont perdu plus du tiers de leur réserve hydrique. C’est dire l’état de stress qui se profile.
Pour parer au plus urgent, la reconduction du plan de sauvetage ne serait pas de trop, estiment des opérateurs. Ce dernier, faut-il le rappeler, avait permis d’atténuer les méfaits des retards des pluies surtout sur l’élevage qui représente près du tiers de la valeur ajoutée agricole. Un plan qui s’est soldé par l’import et la distribution de 8,5 millions de quintaux d’orge à un prix fixé à 2 DH le kilo. Au total, la subvention a culminé à 560 millions de DH. Elle a été complétée par une aide à l’aliment composé qui a concerné 2,8 millions de quintaux.
Ajouté à cela la subvention d’aliments composés accordée aux éleveurs des ovins inscrits dans le Pilier II du plan Maroc Vert. Pour ce faire, un plan d’irrigation de 90.000 hectares destinés aux plantes fourragères a été établi. Il a coûté 129 millions de DH.
Le dispositif a en effet bien marché avec l’assurance agricole couvrant plus de 1 million d’hectares et ayant bénéficié à 770 communes déclarées sinistrées.
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