L'accord de l'Opep à Alger n’est pas historique pour au moins deux raisons.
Pour commencer, ce n’est pas la première fois que les membres de l’OPEP décident de jouer leur rôle de régulateur depuis l’embargo de 1973 jusqu’à la crise mondiale économique et financière de 2008. Ce n’est certainement pas les quelques cents qui ont franchi la barre des 50 dollars qui vont créer un événement historique.
Ensuite, ce n’est qu’un retour à leur mission statutaire. En effet, l’objectif du cartel n’est-il pas de stabiliser le marché pétrolier et partant celui gazier par la fixation des quotas pour chacun de ses membres afin de trouver la meilleure adéquation offre/demande pour aboutir à des prix consensuels parfois plus. Donc en allant au-delà du gel de la production au niveau des mois de juillet/août, les principaux membres, en dépit de leur profonde divergence géostratégique, ont réussi à faire bouger le cours du baril en leur faveur en attendant sa concrétisation le 30 novembre prochain dans leur round formel. Il s’agit à partir de cette date d’éponger près de 750 000 barils par jour pour revenir à une production journalière entre 32,5 et 33 millions de barils par jour au lieu de 33,24 aujourd’hui.
Les marchés ont salué cette décision dès le lendemain, le cours du brut léger américain West Texas Intermediate (WTI) a clôturé en progression de 5,3 % (47,05 dollars) à New York. En quatre jours, le WTI et le Brent de la mer du Nord ont regagné 6 %. En Bourse, les valeurs pétrolières flambaient jeudi matin en Europe. A Paris, Technip, Total, CGG ou Vallourec bondissaient en début de séance. C’est très léger mais encourageant. Toujours est-il, ce n’est certainement pas la quantité prévue d’être épongée qui a fait réagir le marché et qui se situe encore une fois autour de 750 000 baril dont 500 000 ont été déjà annoncés par les Saoudiens mais ce qui a surpris le marché, c’est l’entente entre les membres de l’OPEP et qui était selon presque tous les analystes une surprise.
Il est évident que les efforts déployés par l’équipe algérienne à travers leurs différents contacts se sont finalement avérés productifs et donc tout l’événement couronné de succès car le contraire aurait été difficile à convaincre au moment même où le gouvernement boucle une loi de finances pour 2017 très austère par ses mesures contraignante et très impopulaires. Quel impact aura cet accord sur le court et le moyen terme ? Pourquoi était-il inattendu ? Pourquoi faudra-t-il croire à son issue ? Combien même, il aboutira fin novembre, réglera-t-il la crise des recettes en Algérie ?
1- Cet accord aurait pu être historique
Il faut peut-être souligner que la baisse des prix du baril qui a perdu près de 60% en si peu de temps, ne se limite pas uniquement à un déficit de recettes sur le court et le moyen termes pour les pays producteurs dont le développement économique en dépend profondément mais immédiatement décourage en amont les investissements pétroliers qui affecteront à long terme tout le secteur pétrolier et gazier. Tout le monde et les experts qui défilent dans les médias lourds sont convaincus que les facteurs géopolitiques ont beaucoup plus d’influence que ceux économiques. Si certains prétendent le contraire aujourd’hui, c’est uniquement par une forme de complaisance.
La réalité des chiffres est là : l’OPEP, qui produit environ un tiers du brut mondial, a pompé quelque 32,3 millions de barils par jour (mbj) au premier trimestre 2016, tandis que la production saoudienne a atteint à elle seule 10,13 mbj de janvier à avril (+3,5 % sur un an). Dans un cycle normal, lorsque le prix du baril augmente, les investissements en amont font de même et traineront avec eux l’offre qui équilibrera le marché. La situation d’aujourd’hui est inquiétante parce qu’elle décourage les capitaux par sa chronicité. Selon l’Agence internationale de l’Énergie, les investissements dans l’exploration-production devraient chuter pour la deuxième année consécutive en 2016 : après un recul de 24 % l’an passé, ils devraient à nouveau diminuer de 17 % cette année, ce qui laisse plusieurs analystes penser que le marché pourrait même être confronté à un déficit d’offre dès les années à venir C’est justement sur cette thèse que les membres de l’OPEP s’appuient pour soutenir que ce soit au sein de l’OPEP ou non, et les consommateurs sont convaincus qu’un prix juste est nécessaire pour tout le monde afin d’obtenir un retour sur investissement raisonnable et investir dans l’industrie. Ce qui est logique mais des considérations géopolitiques en veulent autrement.
Les Etats-Unis ont fait prévaloir leur stratégie politique en supportant ses effets secondaires pour la simple raison que sa situation n’est guère rassurante. Il est pratiquement certain que les producteurs américains sont aux abois. Il y a eu beaucoup de faillites et les dernières nouvelles montrent que le nombre d’appareils de forage a été divisé par 3. On est passé de 1900 appareils à près de 500. De plus, la production américaine contrairement à ce que dit la presse, a chuté. La courbe de production américaine, après avoir atteint le niveau record de 9,61 millions de barils jour en juin, a finalement commencé à baisser.
Cependant, les Etats-Unis ont commencé à augmenter leur niveau de stock au-delà de sa valeur moyenne dès le mois de janvier 2015. Les stocks américains sont passés de 380 millions à 490 millions de barils. Plus de 25% d’augmentation, 100 millions de barils sur environ 100 jours ouvrables. Les pays industrialisés qui ont des capacités de stockage ont fait pareil avec un pétrole bradé. Un pays comme la France a gagné 25 milliards de dollars du fait de la chute des prix. L’arrivée des gaz de schiste et des pétroles de schiste a fait long feu. Le secteur du schiste est maintenant financièrement sous stress-tests. Cela fonctionnait bien dans un environnement caractérisé par des prix du pétrole brut relativement élevés et une politique monétaire ultra-accommodante. Ce n’est plus le cas avec les nouvelles décisions de la FED. Les faillites s’envolent dans le secteur pétrolier américain. Au moins 67 compagnies pétrolières et gazières américaines ont fait faillite en 2015, selon le cabinet de conseil Gavin/Solmonese. Cela représente une hausse de 379% par rapport à l’année précédente où le cours du pétrole était nettement plus élevé. Même Chesapeake Energy (CHK), l’une des entreprises les plus connues lors de l’essor du schiste, a été contrainte de démentir les rumeurs de faillite le mois dernier alors que son action chutait lourdement.
L’augmentation spectaculaire des faillites correspond à une baisse du cours du pétrole qui est passé de 110 dollars le baril à la mi-2014 à 45 dollars en moyenne aujourd’hui. Cette hausse des dépôts de bilan est liée également à la baisse du prix du gaz naturel qui est à son plus bas niveau depuis près de 14 ans. Lorsque le cours du pétrole se situait dans une zone comprise entre 90 et 100 dollars le baril et que le boom du pétrole de schiste décollait, les entreprises s’endettaient massivement pour financer les forages coûteux. Mais la forte production de pétrole aux États-Unis a créé une surabondance dans un contexte d’inquiétudes sur le niveau élevé des réserves: les stocks d’essence ont baissé de 2,7 millions de barils, une variation d’une plus grande ampleur que l’estimation des experts de Bloomberg qui prévoyaient une chute des stocks d’essence de 1,7 million de barils. Ce chiffre contredit l’augmentation de 2,2 millions de barils annoncée par l’API. Ils restent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l’année, et s’affichent en hausse de 9,3% par rapport à la même période en 2015. De leur côté, les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont augmenté de 1,9 million de barils alors que les experts de Bloomberg s’attendaient à une baisse de 600.000 barils. L’API a annoncé pour sa part une hausse plus importante, de 2,4 millions de barils. Elles progressent de 3,2% par rapport à l’an dernier et se trouvent proches de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l’année.
L’historicité de l’événement d’Alger aurait pu être effective et avoir un impact beaucoup plus important si les 14 membres avaient transformé cette réunion informelle en une tout à fait officielle et faire un effort sérieux pour éponger le surplus de l’offre disponible sur le marché et évalué à près de 2 millions de barils. Cette décision était possible et les statuts du cartel le permettent. Dans ce cas, les prix auraient grimpé rapidement autour de 80 dollars. Cet accord dit de "principe" conditionné par la discipline qu’on connaît chez les membres de la corporation n’aura en fait qu’un effet non seulement peu satisfaisant mais aussi temporaire. Plus de deux tiers d’excédents de l’offre continueront à inonder le marché et d’ici là les prix grimperont tout au plus à 50 dollars. Ceci demeure un prix qui ne convient à personne.
2-Pourquoi cet accord était inattendu ?
La veille de la réunion, Bijan Zanganeh, le ministre iranien du Pétrole, réaffirmait qu’un tel accord n’était pas envisageable en deux jours. Et pourtant, c’est bien un rapprochement des points de vue entre les deux frères ennemis du cartel, l'Arabie saoudite et l'Iran, qui a permis de dégager ce consensus qui paraissait pratiquement impossible eu égard à la profondeur de la divergence : affaires des hadjis 2016, le refus par l’Iran de baisser sa production et surtout la prise de position de l’Iran en Syrie et au Yémen sans compter son alliance avec l’Irak.
S’agit-il d’une ruse des uns et des autres pour ne pas froisser la diplomatie algérienne qui n’arrête pas de les tarabuster sur la question ? Tout est possible s’agissant d’un simple accord de principe qui peut évoluer d’ici deux mois, rendez-vous des membres de l’OPEP à Vienne. L’Iran a donc accepté de n’augmenter sa production que de 200 à 300 000 barils par jour et l’Arabie Saoudite de diminuer la sienne d’environ 500 000 baril par jour. Le reste sera partagé entre les autres membres au prorata de leur quota et leurs contraintes respectives. Ensuite, la délégation russe, le plus gros producteur hors OPEP, a quitté la conférence dés la fin de son ouverture alors qu’elle devait elle aussi mettre les mains dans la pâte. Les déclarations hors salles de réunions étaient contradictoires avec ce qu’il s’y dit à l’intérieur. Il y a de quoi dérouter tout analyste. C’est pour cela qu’il ne faudrait pas être euphorique de cette timide réponse du marché qui pourrait s’inverser sous peu.
Pour commencer, ce n’est pas la première fois que les membres de l’OPEP décident de jouer leur rôle de régulateur depuis l’embargo de 1973 jusqu’à la crise mondiale économique et financière de 2008. Ce n’est certainement pas les quelques cents qui ont franchi la barre des 50 dollars qui vont créer un événement historique.
Ensuite, ce n’est qu’un retour à leur mission statutaire. En effet, l’objectif du cartel n’est-il pas de stabiliser le marché pétrolier et partant celui gazier par la fixation des quotas pour chacun de ses membres afin de trouver la meilleure adéquation offre/demande pour aboutir à des prix consensuels parfois plus. Donc en allant au-delà du gel de la production au niveau des mois de juillet/août, les principaux membres, en dépit de leur profonde divergence géostratégique, ont réussi à faire bouger le cours du baril en leur faveur en attendant sa concrétisation le 30 novembre prochain dans leur round formel. Il s’agit à partir de cette date d’éponger près de 750 000 barils par jour pour revenir à une production journalière entre 32,5 et 33 millions de barils par jour au lieu de 33,24 aujourd’hui.
Les marchés ont salué cette décision dès le lendemain, le cours du brut léger américain West Texas Intermediate (WTI) a clôturé en progression de 5,3 % (47,05 dollars) à New York. En quatre jours, le WTI et le Brent de la mer du Nord ont regagné 6 %. En Bourse, les valeurs pétrolières flambaient jeudi matin en Europe. A Paris, Technip, Total, CGG ou Vallourec bondissaient en début de séance. C’est très léger mais encourageant. Toujours est-il, ce n’est certainement pas la quantité prévue d’être épongée qui a fait réagir le marché et qui se situe encore une fois autour de 750 000 baril dont 500 000 ont été déjà annoncés par les Saoudiens mais ce qui a surpris le marché, c’est l’entente entre les membres de l’OPEP et qui était selon presque tous les analystes une surprise.
Il est évident que les efforts déployés par l’équipe algérienne à travers leurs différents contacts se sont finalement avérés productifs et donc tout l’événement couronné de succès car le contraire aurait été difficile à convaincre au moment même où le gouvernement boucle une loi de finances pour 2017 très austère par ses mesures contraignante et très impopulaires. Quel impact aura cet accord sur le court et le moyen terme ? Pourquoi était-il inattendu ? Pourquoi faudra-t-il croire à son issue ? Combien même, il aboutira fin novembre, réglera-t-il la crise des recettes en Algérie ?
1- Cet accord aurait pu être historique
Il faut peut-être souligner que la baisse des prix du baril qui a perdu près de 60% en si peu de temps, ne se limite pas uniquement à un déficit de recettes sur le court et le moyen termes pour les pays producteurs dont le développement économique en dépend profondément mais immédiatement décourage en amont les investissements pétroliers qui affecteront à long terme tout le secteur pétrolier et gazier. Tout le monde et les experts qui défilent dans les médias lourds sont convaincus que les facteurs géopolitiques ont beaucoup plus d’influence que ceux économiques. Si certains prétendent le contraire aujourd’hui, c’est uniquement par une forme de complaisance.
La réalité des chiffres est là : l’OPEP, qui produit environ un tiers du brut mondial, a pompé quelque 32,3 millions de barils par jour (mbj) au premier trimestre 2016, tandis que la production saoudienne a atteint à elle seule 10,13 mbj de janvier à avril (+3,5 % sur un an). Dans un cycle normal, lorsque le prix du baril augmente, les investissements en amont font de même et traineront avec eux l’offre qui équilibrera le marché. La situation d’aujourd’hui est inquiétante parce qu’elle décourage les capitaux par sa chronicité. Selon l’Agence internationale de l’Énergie, les investissements dans l’exploration-production devraient chuter pour la deuxième année consécutive en 2016 : après un recul de 24 % l’an passé, ils devraient à nouveau diminuer de 17 % cette année, ce qui laisse plusieurs analystes penser que le marché pourrait même être confronté à un déficit d’offre dès les années à venir C’est justement sur cette thèse que les membres de l’OPEP s’appuient pour soutenir que ce soit au sein de l’OPEP ou non, et les consommateurs sont convaincus qu’un prix juste est nécessaire pour tout le monde afin d’obtenir un retour sur investissement raisonnable et investir dans l’industrie. Ce qui est logique mais des considérations géopolitiques en veulent autrement.
Les Etats-Unis ont fait prévaloir leur stratégie politique en supportant ses effets secondaires pour la simple raison que sa situation n’est guère rassurante. Il est pratiquement certain que les producteurs américains sont aux abois. Il y a eu beaucoup de faillites et les dernières nouvelles montrent que le nombre d’appareils de forage a été divisé par 3. On est passé de 1900 appareils à près de 500. De plus, la production américaine contrairement à ce que dit la presse, a chuté. La courbe de production américaine, après avoir atteint le niveau record de 9,61 millions de barils jour en juin, a finalement commencé à baisser.
Cependant, les Etats-Unis ont commencé à augmenter leur niveau de stock au-delà de sa valeur moyenne dès le mois de janvier 2015. Les stocks américains sont passés de 380 millions à 490 millions de barils. Plus de 25% d’augmentation, 100 millions de barils sur environ 100 jours ouvrables. Les pays industrialisés qui ont des capacités de stockage ont fait pareil avec un pétrole bradé. Un pays comme la France a gagné 25 milliards de dollars du fait de la chute des prix. L’arrivée des gaz de schiste et des pétroles de schiste a fait long feu. Le secteur du schiste est maintenant financièrement sous stress-tests. Cela fonctionnait bien dans un environnement caractérisé par des prix du pétrole brut relativement élevés et une politique monétaire ultra-accommodante. Ce n’est plus le cas avec les nouvelles décisions de la FED. Les faillites s’envolent dans le secteur pétrolier américain. Au moins 67 compagnies pétrolières et gazières américaines ont fait faillite en 2015, selon le cabinet de conseil Gavin/Solmonese. Cela représente une hausse de 379% par rapport à l’année précédente où le cours du pétrole était nettement plus élevé. Même Chesapeake Energy (CHK), l’une des entreprises les plus connues lors de l’essor du schiste, a été contrainte de démentir les rumeurs de faillite le mois dernier alors que son action chutait lourdement.
L’augmentation spectaculaire des faillites correspond à une baisse du cours du pétrole qui est passé de 110 dollars le baril à la mi-2014 à 45 dollars en moyenne aujourd’hui. Cette hausse des dépôts de bilan est liée également à la baisse du prix du gaz naturel qui est à son plus bas niveau depuis près de 14 ans. Lorsque le cours du pétrole se situait dans une zone comprise entre 90 et 100 dollars le baril et que le boom du pétrole de schiste décollait, les entreprises s’endettaient massivement pour financer les forages coûteux. Mais la forte production de pétrole aux États-Unis a créé une surabondance dans un contexte d’inquiétudes sur le niveau élevé des réserves: les stocks d’essence ont baissé de 2,7 millions de barils, une variation d’une plus grande ampleur que l’estimation des experts de Bloomberg qui prévoyaient une chute des stocks d’essence de 1,7 million de barils. Ce chiffre contredit l’augmentation de 2,2 millions de barils annoncée par l’API. Ils restent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l’année, et s’affichent en hausse de 9,3% par rapport à la même période en 2015. De leur côté, les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont augmenté de 1,9 million de barils alors que les experts de Bloomberg s’attendaient à une baisse de 600.000 barils. L’API a annoncé pour sa part une hausse plus importante, de 2,4 millions de barils. Elles progressent de 3,2% par rapport à l’an dernier et se trouvent proches de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l’année.
L’historicité de l’événement d’Alger aurait pu être effective et avoir un impact beaucoup plus important si les 14 membres avaient transformé cette réunion informelle en une tout à fait officielle et faire un effort sérieux pour éponger le surplus de l’offre disponible sur le marché et évalué à près de 2 millions de barils. Cette décision était possible et les statuts du cartel le permettent. Dans ce cas, les prix auraient grimpé rapidement autour de 80 dollars. Cet accord dit de "principe" conditionné par la discipline qu’on connaît chez les membres de la corporation n’aura en fait qu’un effet non seulement peu satisfaisant mais aussi temporaire. Plus de deux tiers d’excédents de l’offre continueront à inonder le marché et d’ici là les prix grimperont tout au plus à 50 dollars. Ceci demeure un prix qui ne convient à personne.
2-Pourquoi cet accord était inattendu ?
La veille de la réunion, Bijan Zanganeh, le ministre iranien du Pétrole, réaffirmait qu’un tel accord n’était pas envisageable en deux jours. Et pourtant, c’est bien un rapprochement des points de vue entre les deux frères ennemis du cartel, l'Arabie saoudite et l'Iran, qui a permis de dégager ce consensus qui paraissait pratiquement impossible eu égard à la profondeur de la divergence : affaires des hadjis 2016, le refus par l’Iran de baisser sa production et surtout la prise de position de l’Iran en Syrie et au Yémen sans compter son alliance avec l’Irak.
S’agit-il d’une ruse des uns et des autres pour ne pas froisser la diplomatie algérienne qui n’arrête pas de les tarabuster sur la question ? Tout est possible s’agissant d’un simple accord de principe qui peut évoluer d’ici deux mois, rendez-vous des membres de l’OPEP à Vienne. L’Iran a donc accepté de n’augmenter sa production que de 200 à 300 000 barils par jour et l’Arabie Saoudite de diminuer la sienne d’environ 500 000 baril par jour. Le reste sera partagé entre les autres membres au prorata de leur quota et leurs contraintes respectives. Ensuite, la délégation russe, le plus gros producteur hors OPEP, a quitté la conférence dés la fin de son ouverture alors qu’elle devait elle aussi mettre les mains dans la pâte. Les déclarations hors salles de réunions étaient contradictoires avec ce qu’il s’y dit à l’intérieur. Il y a de quoi dérouter tout analyste. C’est pour cela qu’il ne faudrait pas être euphorique de cette timide réponse du marché qui pourrait s’inverser sous peu.
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