par Medjdoub Hamed*
«Les prix du pétrole évoluaient en nette hausse jeudi 18 août 2016 en fin d'échanges européens. Le Brent repassait au-dessus des 50 dollars pour la première fois depuis début juillet.[...] Pour expliquer la bonne tenue du pétrole, les analystes de Kommerzbank mentionnaient la faiblesse du dollar et également un déclin marqué inattendu des stocks américains de brut et d'essence»,
écrit La Presse. Canada.(1)
Comment comprendre ces fluctuations de hausse et de baisse de l'or noir en 2016, entre 40 et 50 dollars ? Aujourd'hui, il est nécessaire de les relier aux fluctuations des dettes publiques occidentales qui sont en très forte hausse. Christine Lagarde, la directrice du FMI, a donné l'alerte sur la dette publique du Japon.(2) …Comment comprendre cette évolution des cours du prix du baril de pétrole ? Et le prix du pétrole impacte-t-il la dette publique ?
1. Le constat dans l'évolution des dettes publiques de la France, du Japon et des États-Unis de 1880 à 2016
Comme tout un chacun l'a constaté, l'augmentation vertigineuse de la dette américaine est un phénomène très récent. Pour mieux appréhender la dette publique occidentale, il est bon de porter un regard sur l'évolution de la dette publique de trois pays riches, que nous présente un graphique d'un média français.(2)
1. Le ratio de la dette de la France sur PIB : autour de 100% en 1880 ; 60% en 1914 ; 170% en 1920 ; 70% en 1929 ; 130% 1935 ; 97% en 1939. La guerre 1939-1945 fait exploser la dette publique de la France, elle est de 240 %. Elle chute brusquement pour atteindre 50% du PIB, en 1948. En 1954, la dette baisse encore et s'établit à 35%. En 1970, elle descend à 20%. Pratiquement constante jusqu'en 1982, après une brève remontée en 1973 (premier krach pétrolier) de 1973, qui ne dure pas, la dette publique revient au ratio de 20% du PIB. Mais, à partir de 1982, la dette publique de la France augmente et ne descend pratiquement pas, hormis de courtes baisses et remontées entre 2000 et 2008.
En 2000, la dette publique dépasse désormais 50% du PIB. En 2007, elle est d'environ 55% du PIB. A cause de la récession due à la crise financière de 2008 et des plans de relance, la dette publique de la France atteint 91% du PIB, en 2012, son plus haut niveau depuis 1945.(2) A la fin du 1er trimestre 2016, la dette publique a encore augmenté et atteint 97,5% du PIB, soit le montant de 2137,6 milliards d'euros.(3) On constate que la dette publique de la France a évolué pendant 60 ans, i.e. de 1948 à 2007, entre 50% et 55 % du PIB, pour brusquement s'élever à près de 100%, en moins d'une décennie, i.e. de 2008 à 2016.
2. Le ratio de la dette du Japon sur PIB se présente comme suit : 30% en 1890 ; 20% en 1900 ; 70% en 1908; 20% en 1920 ; 60% entre 1930 et 1939. La Deuxième Guerre mondiale a fait exploser la dette publique du Japon, 200% en 1945. Elle baisse brusquement à 0%. Le Japon est occupé par les États-Unis. Après une courte remontée, la dette publique du Japon diminue à la fin des années 1940. Elle continue à diminuer jusqu'à atteindre moins de 10% du PIB, au milieu des années 1960.
A partir de cette date, la dette publique augmente de nouveau, pour s'établir à 70% au milieu des années 1980. Après les accords de Plaza, en 1985, à New York qui ont procédé à la réévaluation du yen japonais (sous la pression des États-Unis et de l'Europe), la dette publique baisse, et s'établit à 60% en 1990. Après la crise immobilière et financière au Japon, la dette publique du Japon s'envole et, à partir de 1997, atteint 100% du PIB. En 2002, elle atteint les 150%. Après une courte baisse en 2006, elle remonte et atteint en 2008 les 200%.(2)
Selon les calculs du FMI, la dette publique japonaise pourrait atteindre 247% du PIB en 2016.(4)
3. Le ratio de la dette des États-Unis sur PIB : 10% en 1880 ; 0% en 1914 ; 30% en 1918 ; 35% en 1922 ; 20% en 1930. La guerre 1940-1945 fait exploser la dette publique américaine, elle s'établit à 120%. Elle sera réduite rapidement par l'inflation. Au milieu des années 1960, elle s'établit à environ 50%. Elle baisse encore pour s'établir, au milieu des années 1970, à 30% du PIB environ. Après une légère fluctuation remontée-baisse, elle s'établit, en 1978, à 35% environ. En 1979, elle baisse brusquement pour s'annuler en 1980, à 0% du PIB. Elle remonte de nouveau pour atteindre 70% en 1993.(2) Après deux baisses entre 2000 et 2006, pour se fixer à environ 60% du PIB, la dette américaine remonte sans interruption après 2008 pour atteindre 103% du PIB.(5)
Comment comprendre cette évolution des dettes publiques de trois grandes puissances occidentales, à savoir les États-Unis, le Japon et la France, depuis 1880 à aujourd'hui ? Ces dettes publiques qui sont un cumul de déficits publics de ces pays durant cette longue période doit certainement avoir un sens logique.
On ne peut penser qu'un pays laisse filer ses déficits publics et donc augmenter sa dette publique sans qu'il ait un moyen de la maîtriser et donc continuer à l'augmenter sans qu'il fasse faillite, comme le seraient, par exemple, le Brésil, ou un pays en développement, comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, pour qui une dette publique bien loin de 100% du PIB aurait certainement entraîné une cessation des paiements, et donc un appel au FMI, sans compter une grave crise politique et sociale.
2. Pourquoi les dettes publiques suivent fidèlement les grands événements nationaux et internationaux
Que constatons-nous dans l'étude comparée des dettes publiques des trois grandes puissances occidentales ? Et il faut le dire qu'elles ne sont pas grandes pour rien, mais eu égard à leur formidable place, exceptionnelle doit-on encore dire, dans le sens qu'elles ont un rôle central dans le fonctionnement de l'économie mondiale. Dans la financiarisation de la planète. Auxquelles il faut ajouter, cela est évident, les deux autres puissances monétaires, le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Dans les points essentiels relevés dans cette étude comparée des dettes publiques des États-Unis, le Japon et la France, il faut considérer que celles du Royaume-Uni et de l'Allemagne y sont implicites, i.e. qu'elles suivent la même trajectoire. Et les chiffres historiques des ratios des dettes publiques de ces puissances qui paraissent chaotiques, en réalité, reproduisent fidèlement l'histoire extrêmement mouvementée de ces cinq grandes puissances, à savoir les guerres qu'elles ont entreprises, le temps de la colonisation, la décolonisation, les crises des années 1929 aux années 1930, et celle des années 1970. Et enfin l'émergence de l'Asie, avec son point d'orgue, la Chine, la mutation du bloc Est, de l'Amérique latine, à certains pays d'Afrique. Et cette émergence de nouvelles nations industrielles s'inscrit dans un nouveau cadre du monde, que l'on appelle communément la mondialisation. Ce qui nous fait dire que la forte augmentation des dettes publiques de ces grandes puissances est tout à fait normale, eu égard de leur place dans la stabilisation de l'économie mondiale.
Ceci étant, passons à son analyse historique. Tout d'abord la France. Pourquoi sa dette publique était si élevée, dans les années 1880, comme le montre le graphique(2), alors que celles du japon et des États-Unis étaient si basses ? La réponse vient d'elle-même. Il faut se rappeler la défaite de la France face à la Prusse en 1870-1871, et les indemnités de guerre (ou réparations) que la France devait verser à la Prusse pour la dédommager et qui s'élevait à environ 5 milliards de francs or. D'où l'Etat français puisera ce tribut de guerre à payer ? Du revenu de la France ! Et cela passe par une augmentation de la dette publique. En clair, ce sont les Français qui vont payer la dette publique par l'augmentation des impôts et l'achat de bons du Trésor français, et si cela ne suffit pas, c'est la Banque de France qui le fera par la création monétaire en échange des bons d'Etat. Ainsi se comprend pourquoi la dette publique de la France était élevée entre 1870 et 1890 et a commencé, après le remboursement, à décliner dès la dernière décennie du XIXe siècle. En 1910, elle était à 70%, en 1914, à 60%.
Si on prend la dette publique du Japon, elle était à 20%, en 1900, puis elle passe à 70%, en 1905. Cette forte remontée s'explique par la militarisation du Japon, et qui explique dans un certain sens la victoire du Japon sur la Russie. La modernisation de son industrie et ses moyens de défense aussi performants que ceux de l'Europe ont fortement joué dans la guerre russo-japonaise (1904-1905) – les Japonais ont anéanti, le 27 mai 1905, la flotte russe à Tsushima.
Les États-Unis avaient une dette publique très faible entre 1880 et 1916. Durant ces 36 années, la dette publique américaine fluctuait entre 10% et 0%.
Donc, à part les deux guerres franco-allemande en 1870-1871 et russo-japonaise 1905 qui ont commandé pour la France de payer une indemnité de guerre, et au Japon la modernisation de son armement qui ont changé le cours de leurs dettes publiques, et si ces événements marquants ces deux pays n'avaient pas existé, l'évolution des dettes publiques de ces trois puissances auraient pu être à quelque chose près similaires à l'évolution de la dette publique américaine, i.e. très basse.
Puis vint le Premier Conflit mondial, 1914-1918. Et là, les deux puissances, la France et les États-Unis, qui se sont engagées dans cette Première Guerre mondiale ont vu leurs dettes publiques s'envoler. Cependant décalées dans le temps vu que l'entrée en guerre des États-Unis s'est produite en avril 1917, soit deux années et demi après. La dette publique de la France s'envole dès 1914 pour atteindre 170% du PIB, en 1918. Celle des États-Unis passe pratiquement de 0% du PIB en 1916 à 30% en 1920. Alors que la dette publique du Japon, qui n'a pas participé au Premier Conflit mondial a vu sa dette publique baisser, passant de 70% au milieu des années 1900 à 20% en 1920.
Après la guerre s'opère le retournement des dettes publiques des deux pays belligérants. La dette publique de la France baisse soudainement en 1918, de 170% à 130% du PIB, en 1919. Puis remonte tout aussi soudainement pour passer en 1920, à 180% du PIB. Puis de nouveau baisser fortement, cependant sur une durée de près d'une décennie, pour arriver à un plancher de 70% du PIB, en 1929. De même, pour la dette publique américaine qui passe de 30% en 1920 à un plancher de 20% du PIB en 1929. Si on comprend que la hausse de la dette publique durant la guerre est normale, qu'il fallait à tout prix financer l'effort de guerre, et donc augmenter le financement de l'économie, ce qui signifie que la Banque de France était astreinte à mettre au service du gouvernement français toutes les liquidités nécessaires pour les besoins de cette «économie de guerre» en échange de bons du Trésor – même processus pour les États-Unis –, il demeure cependant que l'on doit s'interroger pourquoi la baisse de la dette publique de la France a été soudaine dès 1919, malgré la courte remontée entre 1919 à 1922. A partir de 1922, elle passe de 180% à 70% en 1929.
«Les prix du pétrole évoluaient en nette hausse jeudi 18 août 2016 en fin d'échanges européens. Le Brent repassait au-dessus des 50 dollars pour la première fois depuis début juillet.[...] Pour expliquer la bonne tenue du pétrole, les analystes de Kommerzbank mentionnaient la faiblesse du dollar et également un déclin marqué inattendu des stocks américains de brut et d'essence»,
écrit La Presse. Canada.(1)
Comment comprendre ces fluctuations de hausse et de baisse de l'or noir en 2016, entre 40 et 50 dollars ? Aujourd'hui, il est nécessaire de les relier aux fluctuations des dettes publiques occidentales qui sont en très forte hausse. Christine Lagarde, la directrice du FMI, a donné l'alerte sur la dette publique du Japon.(2) …Comment comprendre cette évolution des cours du prix du baril de pétrole ? Et le prix du pétrole impacte-t-il la dette publique ?
1. Le constat dans l'évolution des dettes publiques de la France, du Japon et des États-Unis de 1880 à 2016
Comme tout un chacun l'a constaté, l'augmentation vertigineuse de la dette américaine est un phénomène très récent. Pour mieux appréhender la dette publique occidentale, il est bon de porter un regard sur l'évolution de la dette publique de trois pays riches, que nous présente un graphique d'un média français.(2)
1. Le ratio de la dette de la France sur PIB : autour de 100% en 1880 ; 60% en 1914 ; 170% en 1920 ; 70% en 1929 ; 130% 1935 ; 97% en 1939. La guerre 1939-1945 fait exploser la dette publique de la France, elle est de 240 %. Elle chute brusquement pour atteindre 50% du PIB, en 1948. En 1954, la dette baisse encore et s'établit à 35%. En 1970, elle descend à 20%. Pratiquement constante jusqu'en 1982, après une brève remontée en 1973 (premier krach pétrolier) de 1973, qui ne dure pas, la dette publique revient au ratio de 20% du PIB. Mais, à partir de 1982, la dette publique de la France augmente et ne descend pratiquement pas, hormis de courtes baisses et remontées entre 2000 et 2008.
En 2000, la dette publique dépasse désormais 50% du PIB. En 2007, elle est d'environ 55% du PIB. A cause de la récession due à la crise financière de 2008 et des plans de relance, la dette publique de la France atteint 91% du PIB, en 2012, son plus haut niveau depuis 1945.(2) A la fin du 1er trimestre 2016, la dette publique a encore augmenté et atteint 97,5% du PIB, soit le montant de 2137,6 milliards d'euros.(3) On constate que la dette publique de la France a évolué pendant 60 ans, i.e. de 1948 à 2007, entre 50% et 55 % du PIB, pour brusquement s'élever à près de 100%, en moins d'une décennie, i.e. de 2008 à 2016.
2. Le ratio de la dette du Japon sur PIB se présente comme suit : 30% en 1890 ; 20% en 1900 ; 70% en 1908; 20% en 1920 ; 60% entre 1930 et 1939. La Deuxième Guerre mondiale a fait exploser la dette publique du Japon, 200% en 1945. Elle baisse brusquement à 0%. Le Japon est occupé par les États-Unis. Après une courte remontée, la dette publique du Japon diminue à la fin des années 1940. Elle continue à diminuer jusqu'à atteindre moins de 10% du PIB, au milieu des années 1960.
A partir de cette date, la dette publique augmente de nouveau, pour s'établir à 70% au milieu des années 1980. Après les accords de Plaza, en 1985, à New York qui ont procédé à la réévaluation du yen japonais (sous la pression des États-Unis et de l'Europe), la dette publique baisse, et s'établit à 60% en 1990. Après la crise immobilière et financière au Japon, la dette publique du Japon s'envole et, à partir de 1997, atteint 100% du PIB. En 2002, elle atteint les 150%. Après une courte baisse en 2006, elle remonte et atteint en 2008 les 200%.(2)
Selon les calculs du FMI, la dette publique japonaise pourrait atteindre 247% du PIB en 2016.(4)
3. Le ratio de la dette des États-Unis sur PIB : 10% en 1880 ; 0% en 1914 ; 30% en 1918 ; 35% en 1922 ; 20% en 1930. La guerre 1940-1945 fait exploser la dette publique américaine, elle s'établit à 120%. Elle sera réduite rapidement par l'inflation. Au milieu des années 1960, elle s'établit à environ 50%. Elle baisse encore pour s'établir, au milieu des années 1970, à 30% du PIB environ. Après une légère fluctuation remontée-baisse, elle s'établit, en 1978, à 35% environ. En 1979, elle baisse brusquement pour s'annuler en 1980, à 0% du PIB. Elle remonte de nouveau pour atteindre 70% en 1993.(2) Après deux baisses entre 2000 et 2006, pour se fixer à environ 60% du PIB, la dette américaine remonte sans interruption après 2008 pour atteindre 103% du PIB.(5)
Comment comprendre cette évolution des dettes publiques de trois grandes puissances occidentales, à savoir les États-Unis, le Japon et la France, depuis 1880 à aujourd'hui ? Ces dettes publiques qui sont un cumul de déficits publics de ces pays durant cette longue période doit certainement avoir un sens logique.
On ne peut penser qu'un pays laisse filer ses déficits publics et donc augmenter sa dette publique sans qu'il ait un moyen de la maîtriser et donc continuer à l'augmenter sans qu'il fasse faillite, comme le seraient, par exemple, le Brésil, ou un pays en développement, comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, pour qui une dette publique bien loin de 100% du PIB aurait certainement entraîné une cessation des paiements, et donc un appel au FMI, sans compter une grave crise politique et sociale.
2. Pourquoi les dettes publiques suivent fidèlement les grands événements nationaux et internationaux
Que constatons-nous dans l'étude comparée des dettes publiques des trois grandes puissances occidentales ? Et il faut le dire qu'elles ne sont pas grandes pour rien, mais eu égard à leur formidable place, exceptionnelle doit-on encore dire, dans le sens qu'elles ont un rôle central dans le fonctionnement de l'économie mondiale. Dans la financiarisation de la planète. Auxquelles il faut ajouter, cela est évident, les deux autres puissances monétaires, le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Dans les points essentiels relevés dans cette étude comparée des dettes publiques des États-Unis, le Japon et la France, il faut considérer que celles du Royaume-Uni et de l'Allemagne y sont implicites, i.e. qu'elles suivent la même trajectoire. Et les chiffres historiques des ratios des dettes publiques de ces puissances qui paraissent chaotiques, en réalité, reproduisent fidèlement l'histoire extrêmement mouvementée de ces cinq grandes puissances, à savoir les guerres qu'elles ont entreprises, le temps de la colonisation, la décolonisation, les crises des années 1929 aux années 1930, et celle des années 1970. Et enfin l'émergence de l'Asie, avec son point d'orgue, la Chine, la mutation du bloc Est, de l'Amérique latine, à certains pays d'Afrique. Et cette émergence de nouvelles nations industrielles s'inscrit dans un nouveau cadre du monde, que l'on appelle communément la mondialisation. Ce qui nous fait dire que la forte augmentation des dettes publiques de ces grandes puissances est tout à fait normale, eu égard de leur place dans la stabilisation de l'économie mondiale.
Ceci étant, passons à son analyse historique. Tout d'abord la France. Pourquoi sa dette publique était si élevée, dans les années 1880, comme le montre le graphique(2), alors que celles du japon et des États-Unis étaient si basses ? La réponse vient d'elle-même. Il faut se rappeler la défaite de la France face à la Prusse en 1870-1871, et les indemnités de guerre (ou réparations) que la France devait verser à la Prusse pour la dédommager et qui s'élevait à environ 5 milliards de francs or. D'où l'Etat français puisera ce tribut de guerre à payer ? Du revenu de la France ! Et cela passe par une augmentation de la dette publique. En clair, ce sont les Français qui vont payer la dette publique par l'augmentation des impôts et l'achat de bons du Trésor français, et si cela ne suffit pas, c'est la Banque de France qui le fera par la création monétaire en échange des bons d'Etat. Ainsi se comprend pourquoi la dette publique de la France était élevée entre 1870 et 1890 et a commencé, après le remboursement, à décliner dès la dernière décennie du XIXe siècle. En 1910, elle était à 70%, en 1914, à 60%.
Si on prend la dette publique du Japon, elle était à 20%, en 1900, puis elle passe à 70%, en 1905. Cette forte remontée s'explique par la militarisation du Japon, et qui explique dans un certain sens la victoire du Japon sur la Russie. La modernisation de son industrie et ses moyens de défense aussi performants que ceux de l'Europe ont fortement joué dans la guerre russo-japonaise (1904-1905) – les Japonais ont anéanti, le 27 mai 1905, la flotte russe à Tsushima.
Les États-Unis avaient une dette publique très faible entre 1880 et 1916. Durant ces 36 années, la dette publique américaine fluctuait entre 10% et 0%.
Donc, à part les deux guerres franco-allemande en 1870-1871 et russo-japonaise 1905 qui ont commandé pour la France de payer une indemnité de guerre, et au Japon la modernisation de son armement qui ont changé le cours de leurs dettes publiques, et si ces événements marquants ces deux pays n'avaient pas existé, l'évolution des dettes publiques de ces trois puissances auraient pu être à quelque chose près similaires à l'évolution de la dette publique américaine, i.e. très basse.
Puis vint le Premier Conflit mondial, 1914-1918. Et là, les deux puissances, la France et les États-Unis, qui se sont engagées dans cette Première Guerre mondiale ont vu leurs dettes publiques s'envoler. Cependant décalées dans le temps vu que l'entrée en guerre des États-Unis s'est produite en avril 1917, soit deux années et demi après. La dette publique de la France s'envole dès 1914 pour atteindre 170% du PIB, en 1918. Celle des États-Unis passe pratiquement de 0% du PIB en 1916 à 30% en 1920. Alors que la dette publique du Japon, qui n'a pas participé au Premier Conflit mondial a vu sa dette publique baisser, passant de 70% au milieu des années 1900 à 20% en 1920.
Après la guerre s'opère le retournement des dettes publiques des deux pays belligérants. La dette publique de la France baisse soudainement en 1918, de 170% à 130% du PIB, en 1919. Puis remonte tout aussi soudainement pour passer en 1920, à 180% du PIB. Puis de nouveau baisser fortement, cependant sur une durée de près d'une décennie, pour arriver à un plancher de 70% du PIB, en 1929. De même, pour la dette publique américaine qui passe de 30% en 1920 à un plancher de 20% du PIB en 1929. Si on comprend que la hausse de la dette publique durant la guerre est normale, qu'il fallait à tout prix financer l'effort de guerre, et donc augmenter le financement de l'économie, ce qui signifie que la Banque de France était astreinte à mettre au service du gouvernement français toutes les liquidités nécessaires pour les besoins de cette «économie de guerre» en échange de bons du Trésor – même processus pour les États-Unis –, il demeure cependant que l'on doit s'interroger pourquoi la baisse de la dette publique de la France a été soudaine dès 1919, malgré la courte remontée entre 1919 à 1922. A partir de 1922, elle passe de 180% à 70% en 1929.
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