Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri a rappelé, ce jeudi 4 février, la faiblesse des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie.
Plus inquiétant, il révèle que le nombre d’exportateurs est en baisse : 115 de moins en 2015. Un chiffre qui reflète la difficulté de placer les produits algériens sur les marchés étrangers. Qu’est-ce qui dissuade les entreprises du pays à se tourner vers l’exportation ? Éléments de réponse en quatre points.
Administration, réglementation, logistique… Un casse-tête décourageant
Le représentant de l’Anexal décrivait, sur les ondes de la radio nationale, les difficultés et les blocages que subissent les exportateurs. Même lorsque les opportunités d’exportation existent, les acteurs économiques sont découragés par les procédures, les lenteurs et la bureaucratie dans le traitement des opérations d’exportation. Les Douanes ont un mode de fonctionnement archaïque et qui ne semble pas saisir tout l’enjeu de la facilitation des procédures d’export.
De plus, les questions de la logistique, du transport et du fret sont également une épine dans le pied des exportateurs. Avec des coûts parmi les plus élevés de la région, faute d’infrastructures (portuaires notamment) performantes, les frais de transport pour acheminer la marchandise vers l’étranger sont dissuasifs.
La législation du change : la responsabilité de la Banque d’Algérie
En Algérie, il est difficile d’accéder à ses propres devises déposées en banque. En cause, une réglementation des changes de la banque centrale largement dissuasive. L’intérêt et le bénéfice tirés de l’acte d’exporter est dès lors largement réduit. Les banques sont également pointées du doigt, tant elles découragent les exportateurs avec des procédures et une liste de justificatifs interminables.
Par ailleurs, lorsque le paiement est reçu de l’étranger, 50% est immédiatement converti en dinars. Ceci peut se justifier lorsqu’il s’agit d’une entreprise de production qui importe de la matière première en amont par exemple, et qui a donc sollicité la Banque d’Algérie pour payer ses achats de ses matières premières en devises. Mais pour une société de services qui est un exportateur net, il semble injuste de le priver de la totalité de ses devises.
Surtout que la deuxième moitié, celle-ci en devise est placée en partie (30% du total) sur un compte commercial. Seuls les 20% restants sont librement accessibles. Il reste donc un montant relativement faible, qui n’incite pas à exporter, au prix d’un long et pénible parcours du combattant. Il n’y a ainsi pas suffisamment d’intérêts pour une entreprise à se tourner vers l’exportation.
Délai de rapatriement des devises : trop court !
Là encore, la responsabilité de la Banque d’Algérie est engagée : la législation impose aux entreprises de rapatrier les devises dans un délai ne dépassant pas 180 jours. Ce délai était d’à peine 120 jours il y a encore peu. En cas de dépassement de ce délai, les conséquences peuvent être lourdes : poursuites judiciaires, accusations de détournement de devises…
Pourtant, ce délai est dérisoire. En effet, une entreprise n’est pas à l’abri d’un défaut de paiement, ou d’un simple retard. Exporter devient donc une prise de risque considérable dans de telles conditions. Une contrainte supplémentaire qui pousse une entreprise a réfléchir longuement avant d’exporter.
Les autorisations de change pour les frais de missions
Encore la Banque d’Algérie : les entreprises algériennes ont droit à un crédit d’une certaine somme, selon le nombre d’employés, le chiffre d’affaires et le capital social, afin de couvrir les frais de mission à l’étranger pour ses salariés.
Le montant maximum pour une entreprise de plus de 100 salariés, avec un capital social de 3 millions à 30 millions de dinars et un chiffre d’affaire de 150 millions de dinars, n’excède pas l’équivalent de 900 000 dinars par an. Pour une petite entreprise, ce montant est de 150 000 dinars annuels.
Pire, les montants des frais des missions ne peuvent excéder, dans le meilleur des cas, les 4000 dinars par jour pour un cadre supérieur, et ce sur une période de 7 jours… Ces montants sont inférieurs pour des salariés de rang inférieur. Les salariés en mission ont également droit à l’équivalent de 500 dinars pour les frais de transport. Des sommes dérisoires qui ne reflètent pas les coûts réels et les besoins à l’étranger.
Or, une entreprise (petite en particulier) a besoin de prospecter un marché, rencontrer ses partenaires, se déplacer sur différents sites et mettre en place une structure pour assurer ses exportations. Ceci nécessite des missions d’une durée supérieure à 7 jours, avec des frais excédant largement les 4000 dinars quotidiennement.
En conclusion, ces différents blocages reflètent un grand besoin de fluidifier les textes et les procédures en Algérie, afin de se détacher du mode de gestion archaïque actuel. Des mesures simples consisteraient à rendre effectif le « couloir vert » au niveau des douanes pour les exportateurs. Ou encore, permettre aux entreprises qui détiennent des excédents de devises, tirés de leurs exportations, de les vendre à d’autres entreprises à travers un mécanisme bancaire à définir. Ceci permettrait même d’épargner les réserves de change du pays.
Par ailleurs, il faut également un changement de mentalité et de perception de l’exportation. La forme de suspicion à l’égard des opérations d’exportation est à bannir. Tout comme cette fâcheuse habitude de considérer de « petits » exportateurs comme quantité négligeable. Comme il n’y a pas de « petites économies », il ne devrait pas y avoir de « petites exportations » qui, en s’additionnant, générerait des recettes conséquentes dont l’économie nationale a grandement besoin.
TSA
Plus inquiétant, il révèle que le nombre d’exportateurs est en baisse : 115 de moins en 2015. Un chiffre qui reflète la difficulté de placer les produits algériens sur les marchés étrangers. Qu’est-ce qui dissuade les entreprises du pays à se tourner vers l’exportation ? Éléments de réponse en quatre points.
Administration, réglementation, logistique… Un casse-tête décourageant
Le représentant de l’Anexal décrivait, sur les ondes de la radio nationale, les difficultés et les blocages que subissent les exportateurs. Même lorsque les opportunités d’exportation existent, les acteurs économiques sont découragés par les procédures, les lenteurs et la bureaucratie dans le traitement des opérations d’exportation. Les Douanes ont un mode de fonctionnement archaïque et qui ne semble pas saisir tout l’enjeu de la facilitation des procédures d’export.
De plus, les questions de la logistique, du transport et du fret sont également une épine dans le pied des exportateurs. Avec des coûts parmi les plus élevés de la région, faute d’infrastructures (portuaires notamment) performantes, les frais de transport pour acheminer la marchandise vers l’étranger sont dissuasifs.
La législation du change : la responsabilité de la Banque d’Algérie
En Algérie, il est difficile d’accéder à ses propres devises déposées en banque. En cause, une réglementation des changes de la banque centrale largement dissuasive. L’intérêt et le bénéfice tirés de l’acte d’exporter est dès lors largement réduit. Les banques sont également pointées du doigt, tant elles découragent les exportateurs avec des procédures et une liste de justificatifs interminables.
Par ailleurs, lorsque le paiement est reçu de l’étranger, 50% est immédiatement converti en dinars. Ceci peut se justifier lorsqu’il s’agit d’une entreprise de production qui importe de la matière première en amont par exemple, et qui a donc sollicité la Banque d’Algérie pour payer ses achats de ses matières premières en devises. Mais pour une société de services qui est un exportateur net, il semble injuste de le priver de la totalité de ses devises.
Surtout que la deuxième moitié, celle-ci en devise est placée en partie (30% du total) sur un compte commercial. Seuls les 20% restants sont librement accessibles. Il reste donc un montant relativement faible, qui n’incite pas à exporter, au prix d’un long et pénible parcours du combattant. Il n’y a ainsi pas suffisamment d’intérêts pour une entreprise à se tourner vers l’exportation.
Délai de rapatriement des devises : trop court !
Là encore, la responsabilité de la Banque d’Algérie est engagée : la législation impose aux entreprises de rapatrier les devises dans un délai ne dépassant pas 180 jours. Ce délai était d’à peine 120 jours il y a encore peu. En cas de dépassement de ce délai, les conséquences peuvent être lourdes : poursuites judiciaires, accusations de détournement de devises…
Pourtant, ce délai est dérisoire. En effet, une entreprise n’est pas à l’abri d’un défaut de paiement, ou d’un simple retard. Exporter devient donc une prise de risque considérable dans de telles conditions. Une contrainte supplémentaire qui pousse une entreprise a réfléchir longuement avant d’exporter.
Les autorisations de change pour les frais de missions
Encore la Banque d’Algérie : les entreprises algériennes ont droit à un crédit d’une certaine somme, selon le nombre d’employés, le chiffre d’affaires et le capital social, afin de couvrir les frais de mission à l’étranger pour ses salariés.
Le montant maximum pour une entreprise de plus de 100 salariés, avec un capital social de 3 millions à 30 millions de dinars et un chiffre d’affaire de 150 millions de dinars, n’excède pas l’équivalent de 900 000 dinars par an. Pour une petite entreprise, ce montant est de 150 000 dinars annuels.
Pire, les montants des frais des missions ne peuvent excéder, dans le meilleur des cas, les 4000 dinars par jour pour un cadre supérieur, et ce sur une période de 7 jours… Ces montants sont inférieurs pour des salariés de rang inférieur. Les salariés en mission ont également droit à l’équivalent de 500 dinars pour les frais de transport. Des sommes dérisoires qui ne reflètent pas les coûts réels et les besoins à l’étranger.
Or, une entreprise (petite en particulier) a besoin de prospecter un marché, rencontrer ses partenaires, se déplacer sur différents sites et mettre en place une structure pour assurer ses exportations. Ceci nécessite des missions d’une durée supérieure à 7 jours, avec des frais excédant largement les 4000 dinars quotidiennement.
En conclusion, ces différents blocages reflètent un grand besoin de fluidifier les textes et les procédures en Algérie, afin de se détacher du mode de gestion archaïque actuel. Des mesures simples consisteraient à rendre effectif le « couloir vert » au niveau des douanes pour les exportateurs. Ou encore, permettre aux entreprises qui détiennent des excédents de devises, tirés de leurs exportations, de les vendre à d’autres entreprises à travers un mécanisme bancaire à définir. Ceci permettrait même d’épargner les réserves de change du pays.
Par ailleurs, il faut également un changement de mentalité et de perception de l’exportation. La forme de suspicion à l’égard des opérations d’exportation est à bannir. Tout comme cette fâcheuse habitude de considérer de « petits » exportateurs comme quantité négligeable. Comme il n’y a pas de « petites économies », il ne devrait pas y avoir de « petites exportations » qui, en s’additionnant, générerait des recettes conséquentes dont l’économie nationale a grandement besoin.
TSA
Commentaire