En Algérie, le tour de vis budgétaire risque de susciter une crise sociale
MICHEL DE GRANDI / GRAND REPORTER, SERVICE INTERNATIONAL | LE 30/12 À 18:29
lesechos.fr
Avec des prix au plus bas depuis cinq ans, l’Etat algérien est contraint de réexaminer sa généreuse politique de redistribution -
Confronté à une forte réduction de ses recettes, Alger veut réaliser 20 milliards de dollars d’économies en abaissant sensiblement les subventions aux produits de base.
Comme l’Arabie saoudite, l’Algérie va devoir rogner sur l’Etat providence. A partir de janvier, elle va, elle aussi, couper dans les multiples subventions accordées sans discernement de revenus. A la clef, l’Etat compte réaliser quelque 20 milliards de dollars d’économies. Pour la population, ce tour de vis va se traduire, dès janvier, par une hausse généralisée des prix des produits de première nécessité ainsi que de ceux du gaz, de l’électricité et des carburants.
Il y a là un risque majeur d’embrasement social, du même type que celui de janvier 2011 , où la hausse soudaine des prix de l’huile et du sucre avait provoqué des émeutes au bilan particulièrement lourd : cinq morts et 800 blessés. L’Etat algérien avait ramené le calme en ouvrant largement son portefeuille. Mais, cette fois, la fête est visiblement finie.
« Nous sommes à un niveau de gaspillage qui n’est supportable par aucune économie », a déclaré Abderrahmane Benkhalfa, le ministre des Finances cité par « Jeune Afrique ». L’idée de n’aider que les plus démunis est bien en train de faire son chemin au sein de l’exécutif. Mais, pour qu’un tel système de redistribution soit efficace, il faut avant cela alléger la bureaucratie, lutter contre la corruption et mettre enfin un terme au clientélisme. Autant de chantiers auxquels Alger peine à s’attaquer.
Pourtant, il y a urgence. L’Algérie, qui tire du gaz et du pétrole 98 % de ses revenus en devises et 60 % de ses recettes budgétaires, voit fondre son magot avec la baisse du prix du baril. Les recettes ne devraient plus être que de 22 milliards de dollars en 2016, contre 58 milliards en 2014. En outre, le développement des gaz de schiste aux Etats-Unis a réduit l’un des principaux débouchés d’exportation du pays.
Hésitant depuis de nombreuses années à engager les réformes de structure indispensables et, surtout, à développer le secteur privé non pétrolier, le pays est aujourd’hui au pied du mur. Il a pour lui d’avoir une dette extérieure très faible (moins de 2 % du PIB) et des réserves de change confortables, bien qu’en baisse. Fin 2016, leur niveau sera équivalent à environ deux ans d’importations, soit un an de moins que début 2015.
Pays en sursis
Le chef du gouvernement en est conscient, le pays qu’il dirige est en sursis : « Nous avons devant nous trois ou quatre ans. Il faut absolument que l’on réussisse le pari de la diversification économique », déclarait-il récemment dans « Le Monde ». Mais avec un équilibre budgétaire calculé pour 2016 avec un baril à... 110 dollars, le chef du gouvernement sait aussi que cette diversification va se faire au prix d’une ponction dans les réserves.
MICHEL DE GRANDI / GRAND REPORTER, SERVICE INTERNATIONAL | LE 30/12 À 18:29
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Avec des prix au plus bas depuis cinq ans, l’Etat algérien est contraint de réexaminer sa généreuse politique de redistribution -
Confronté à une forte réduction de ses recettes, Alger veut réaliser 20 milliards de dollars d’économies en abaissant sensiblement les subventions aux produits de base.
Comme l’Arabie saoudite, l’Algérie va devoir rogner sur l’Etat providence. A partir de janvier, elle va, elle aussi, couper dans les multiples subventions accordées sans discernement de revenus. A la clef, l’Etat compte réaliser quelque 20 milliards de dollars d’économies. Pour la population, ce tour de vis va se traduire, dès janvier, par une hausse généralisée des prix des produits de première nécessité ainsi que de ceux du gaz, de l’électricité et des carburants.
Il y a là un risque majeur d’embrasement social, du même type que celui de janvier 2011 , où la hausse soudaine des prix de l’huile et du sucre avait provoqué des émeutes au bilan particulièrement lourd : cinq morts et 800 blessés. L’Etat algérien avait ramené le calme en ouvrant largement son portefeuille. Mais, cette fois, la fête est visiblement finie.
« Nous sommes à un niveau de gaspillage qui n’est supportable par aucune économie », a déclaré Abderrahmane Benkhalfa, le ministre des Finances cité par « Jeune Afrique ». L’idée de n’aider que les plus démunis est bien en train de faire son chemin au sein de l’exécutif. Mais, pour qu’un tel système de redistribution soit efficace, il faut avant cela alléger la bureaucratie, lutter contre la corruption et mettre enfin un terme au clientélisme. Autant de chantiers auxquels Alger peine à s’attaquer.
Pourtant, il y a urgence. L’Algérie, qui tire du gaz et du pétrole 98 % de ses revenus en devises et 60 % de ses recettes budgétaires, voit fondre son magot avec la baisse du prix du baril. Les recettes ne devraient plus être que de 22 milliards de dollars en 2016, contre 58 milliards en 2014. En outre, le développement des gaz de schiste aux Etats-Unis a réduit l’un des principaux débouchés d’exportation du pays.
Hésitant depuis de nombreuses années à engager les réformes de structure indispensables et, surtout, à développer le secteur privé non pétrolier, le pays est aujourd’hui au pied du mur. Il a pour lui d’avoir une dette extérieure très faible (moins de 2 % du PIB) et des réserves de change confortables, bien qu’en baisse. Fin 2016, leur niveau sera équivalent à environ deux ans d’importations, soit un an de moins que début 2015.
Pays en sursis
Le chef du gouvernement en est conscient, le pays qu’il dirige est en sursis : « Nous avons devant nous trois ou quatre ans. Il faut absolument que l’on réussisse le pari de la diversification économique », déclarait-il récemment dans « Le Monde ». Mais avec un équilibre budgétaire calculé pour 2016 avec un baril à... 110 dollars, le chef du gouvernement sait aussi que cette diversification va se faire au prix d’une ponction dans les réserves.
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