Une économie nationale à faible productivité globale, un niveau d’industrialisation sans cesse en baisse, une couverture du marché par la production nationale en dégradation et des exportations non diversifiées et non durables.
Ce sont les principales conséquences des différentes politiques économiques mises en œuvre entre 1974-2014, selon l’étude du professeur Rafik Bouklia Hassan, présentée la semaine dernière à l’occasion de la 4e édition des Journées d’entreprises organisées par le Forum des chefs d’entreprises (FCE).
Elles sont nombreuses les analyses à avoir mis le doigt sur les maux de l’économie nationale. Les diagnostics établis dans ce cadre sont souvent alarmants. Ils reflètent l’urgence d’engager d’importantes réformes pour dépasser le cap de la crise.
Le diagnostic structurel de l’économie algérienne de la période sus-citée par le Pr Bouklia vient rappeler en cette période difficile la nécessité de passer à un autre cap économique.
Mais surtout le besoin d’aller vers des transformations structurelles en Algérie en ligne avec les trajectoire observées dans les pays émergents et d’adapter l’industrie aux normes de l’industrialisaiton. Ce qui n’a pas été pris en considération dans les différentes démarches adoptées jusque-là.
Le délaissement de l’agriculture au profit de l’industrie n’a pas apporté les résultats escomptés. «Il y a une ‘‘désagriculturation’’ sans industrialisation», a regretté le Pr Bouklia.
Perte de main-d’œuvre agricole sans industrialisation
En d’autres termes, on a assisté tout au long de ces dernières années à un déclin de l’agriculture sans l’émergence d’un secteur industriel moderne.
Ainsi, la part de l’emploi dans l’agriculture a constamment baissé sans se diriger vers l’industrie. A titre indicatif, cette part est passée de 31% en 1997 à 9,5% en 2014, alors que la part de l’emploi dans l’industrie n’a pas connu d’amélioration. Elle était de 17% en 1977 et de 12,6% en 2014.
De même que ce secteur ne s’est pas adapté aux changements opérés à l’échelle mondiale dans les différentes filières. Une comparaison faite dans ce sillage a démontré que l’Algérie a moins de 10 points par rapport à l’industrie des pays de la région et elle en compte 4 de moins par rapport aux pays producteurs de pétrole.
C’est-à-dire que même avec les pays ayant les mêmes ressources, il n’y a pas d’alignement. Selon le concepteur de l’étude, les pays comparables au nôtre au niveau de la taille et du développement ont une industrie dont la valeur ajoutée représente 14% du Produit intérieur brut (PIB).
La productivité en chute libre
En termes de productivité des entreprises, l’amélioration continue à se faire attendre. L’évolution s’est faite de manière très faible. Pour l’ensemble des secteurs (agriculture, industrie, services, BTP), elle n’a été, au cours de la période allant de 1987 à 2014, que de 37,3% répartis avec 2,55% pour l’industrie, 5,93% pour l’agriculture et 23,14 pour les services .
L’autre constat préoccupant concerne l’importance de la différence entre la croissance des importations et du PIB, que ce soit en volume ou en valeur au cours de ces quinze dernières années .
Ce que notre expert considère paradoxal. Exemple : en 2000, un dinar du PIB nécessitait 0,23 dinar de produits importés.
En 2013, un dinar du PIB à prix constant nécessitait 0,46 dinar d’importation, soit deux fois plus en trois ans seulement. Résultat, selon le professeur, «doublement de la propension à importer de l’économie nationale en 15 ans sans que ce soit le résultat de l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales».
Produits exportés à faible durée de vie
Parallèlement à cette ascension des importations, un point déjà relevé dans une étude faite par l’Agence nationale de promotion des exportations en 2012, les exportations restent faibles, mais les produits exportés ont surtout une petite durée de vie, en moyenne 18 mois. C’est-à-dire que les produits algériens une fois introduits sur le marché international finissent par disparaître.
Le constat dressé par le Pr Bouklia montre qu’en termes de probabilité de survie, un produit a 32% de chance d’être exporté au-delà d’une année contre 60% au Maroc.
Il a moins de 17% de chance d’être exporté au-delà de deux ans, alors que ceux importés augmentent en valeur et en volume. Ainsi, à titre illustratif, cinq produits industriels (raffinage pétrole, voitures, barres et profilés en fer et aciers, médicaments) ont concentré en 2013 plus de 25% (26,7%) du total des importations pour un montant de 14,7 milliards de dollars.
Globalement, au cours de cette période 18 produits ont consommé l’enveloppe totale des importations, au moment où le taux de couverture du marché intérieur a continué à baisser de manière rapide.
Un phénomène qui a touché l’ensemble des secteurs, essentiellement l’industrie manufacturière et les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques et électriques). L’activité des mines a échappé à cette dégradation, comme le montre l’étude en question .
Le rôle des services décisif dans la diversification
Du côté des services dominés par le transport en phase de saturation, même si la part de l’emploi est en hausse, l’Algérie est en deçà de la moyenne des pays de la région MENA. «Nous importons autour de 10 milliards de dollars de services qu’on peut développer dans notre pays», notera le professeur.
Et de préciser dans l’étude : «Dans les pays développés, c’est dans le secteur des services que se réalise l’essentiel de la valeur ajoutée».
C’est dire que l’apport de ce secteur peut être selon la même source décisif dans le processus de diversification de l’économie (graphe 2). Au final, autant de points à prendre en considération pour impulser le processus de développement économique.
Mais, faudrait-il, selon le réalisateur de l’étude, cibler l’intervention de l’Etat d’abord pour développer l’innovation, puis pour coordonner le développement industriel, et enfin pour soutenir les activités génératrices d’externalités, à l’image de la pétrochimie.
Ce ne sont pas les expériences réussies qui manquent à l’échelle internationale. L’Arabie Saoudite, qui exporte chaque année 7 milliards de dollars de produits pétrochimiques, l’Iran exporte des produits pétrochimiques à hauteur de 1,2 milliard de dollars, alors que le Maroc s’est taillé une place sur le marché mondial du phosphate. Quant à l’Algérie, le temps est encore à la recherche d’une démarche.
EL watan
Ce sont les principales conséquences des différentes politiques économiques mises en œuvre entre 1974-2014, selon l’étude du professeur Rafik Bouklia Hassan, présentée la semaine dernière à l’occasion de la 4e édition des Journées d’entreprises organisées par le Forum des chefs d’entreprises (FCE).
Elles sont nombreuses les analyses à avoir mis le doigt sur les maux de l’économie nationale. Les diagnostics établis dans ce cadre sont souvent alarmants. Ils reflètent l’urgence d’engager d’importantes réformes pour dépasser le cap de la crise.
Le diagnostic structurel de l’économie algérienne de la période sus-citée par le Pr Bouklia vient rappeler en cette période difficile la nécessité de passer à un autre cap économique.
Mais surtout le besoin d’aller vers des transformations structurelles en Algérie en ligne avec les trajectoire observées dans les pays émergents et d’adapter l’industrie aux normes de l’industrialisaiton. Ce qui n’a pas été pris en considération dans les différentes démarches adoptées jusque-là.
Le délaissement de l’agriculture au profit de l’industrie n’a pas apporté les résultats escomptés. «Il y a une ‘‘désagriculturation’’ sans industrialisation», a regretté le Pr Bouklia.
Perte de main-d’œuvre agricole sans industrialisation
En d’autres termes, on a assisté tout au long de ces dernières années à un déclin de l’agriculture sans l’émergence d’un secteur industriel moderne.
Ainsi, la part de l’emploi dans l’agriculture a constamment baissé sans se diriger vers l’industrie. A titre indicatif, cette part est passée de 31% en 1997 à 9,5% en 2014, alors que la part de l’emploi dans l’industrie n’a pas connu d’amélioration. Elle était de 17% en 1977 et de 12,6% en 2014.
De même que ce secteur ne s’est pas adapté aux changements opérés à l’échelle mondiale dans les différentes filières. Une comparaison faite dans ce sillage a démontré que l’Algérie a moins de 10 points par rapport à l’industrie des pays de la région et elle en compte 4 de moins par rapport aux pays producteurs de pétrole.
C’est-à-dire que même avec les pays ayant les mêmes ressources, il n’y a pas d’alignement. Selon le concepteur de l’étude, les pays comparables au nôtre au niveau de la taille et du développement ont une industrie dont la valeur ajoutée représente 14% du Produit intérieur brut (PIB).
La productivité en chute libre
En termes de productivité des entreprises, l’amélioration continue à se faire attendre. L’évolution s’est faite de manière très faible. Pour l’ensemble des secteurs (agriculture, industrie, services, BTP), elle n’a été, au cours de la période allant de 1987 à 2014, que de 37,3% répartis avec 2,55% pour l’industrie, 5,93% pour l’agriculture et 23,14 pour les services .
L’autre constat préoccupant concerne l’importance de la différence entre la croissance des importations et du PIB, que ce soit en volume ou en valeur au cours de ces quinze dernières années .
Ce que notre expert considère paradoxal. Exemple : en 2000, un dinar du PIB nécessitait 0,23 dinar de produits importés.
En 2013, un dinar du PIB à prix constant nécessitait 0,46 dinar d’importation, soit deux fois plus en trois ans seulement. Résultat, selon le professeur, «doublement de la propension à importer de l’économie nationale en 15 ans sans que ce soit le résultat de l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales».
Produits exportés à faible durée de vie
Parallèlement à cette ascension des importations, un point déjà relevé dans une étude faite par l’Agence nationale de promotion des exportations en 2012, les exportations restent faibles, mais les produits exportés ont surtout une petite durée de vie, en moyenne 18 mois. C’est-à-dire que les produits algériens une fois introduits sur le marché international finissent par disparaître.
Le constat dressé par le Pr Bouklia montre qu’en termes de probabilité de survie, un produit a 32% de chance d’être exporté au-delà d’une année contre 60% au Maroc.
Il a moins de 17% de chance d’être exporté au-delà de deux ans, alors que ceux importés augmentent en valeur et en volume. Ainsi, à titre illustratif, cinq produits industriels (raffinage pétrole, voitures, barres et profilés en fer et aciers, médicaments) ont concentré en 2013 plus de 25% (26,7%) du total des importations pour un montant de 14,7 milliards de dollars.
Globalement, au cours de cette période 18 produits ont consommé l’enveloppe totale des importations, au moment où le taux de couverture du marché intérieur a continué à baisser de manière rapide.
Un phénomène qui a touché l’ensemble des secteurs, essentiellement l’industrie manufacturière et les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques et électriques). L’activité des mines a échappé à cette dégradation, comme le montre l’étude en question .
Le rôle des services décisif dans la diversification
Du côté des services dominés par le transport en phase de saturation, même si la part de l’emploi est en hausse, l’Algérie est en deçà de la moyenne des pays de la région MENA. «Nous importons autour de 10 milliards de dollars de services qu’on peut développer dans notre pays», notera le professeur.
Et de préciser dans l’étude : «Dans les pays développés, c’est dans le secteur des services que se réalise l’essentiel de la valeur ajoutée».
C’est dire que l’apport de ce secteur peut être selon la même source décisif dans le processus de diversification de l’économie (graphe 2). Au final, autant de points à prendre en considération pour impulser le processus de développement économique.
Mais, faudrait-il, selon le réalisateur de l’étude, cibler l’intervention de l’Etat d’abord pour développer l’innovation, puis pour coordonner le développement industriel, et enfin pour soutenir les activités génératrices d’externalités, à l’image de la pétrochimie.
Ce ne sont pas les expériences réussies qui manquent à l’échelle internationale. L’Arabie Saoudite, qui exporte chaque année 7 milliards de dollars de produits pétrochimiques, l’Iran exporte des produits pétrochimiques à hauteur de 1,2 milliard de dollars, alors que le Maroc s’est taillé une place sur le marché mondial du phosphate. Quant à l’Algérie, le temps est encore à la recherche d’une démarche.
EL watan
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