Pour l’Algérie, il s‘agit d’être ni contre ni pour ; l’objectif stratégique est de s’insérer dans le cadre de la transition énergétique reposant sur un mix énergétique pouvant être une opportunité face à l’épuisement de ses ressources traditionnelles à l’horizon 2030 mais devant évaluer les risques sans passion.
A.-Privilégier le dialogue
Au préalable je voudrais dénoncer certains propos d’anti nationalistes que certains voudraient faire porter aux populations du Sud. Ayant vécu durant les années 1972/1973 en tant qu’officier d’administration pour la route de l’unité africaine à El Goléa et In Sahah, je peux affirmer que les populations du Sud tiennent à l’unité nationale et qu’il faut savoir uniquement dialoguer avec ces populations paisibles. L’option du gaz de schiste a été introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures mais avec des garde-fous. Le problème stratégique de l’Algérie est d’éviter les débats stériles. Cette option est une opportunité face à l’épuisement des réserves -l’énergie étant au cœur de la sécurité nationale- mais doit passer par l’évaluation des risques et la formation, ce qui renvoie globalement à la gouvernance. Concernant ce dossier, l’Agence américaine sur l’Energie a estimé que le monde aurait environ 207 billions de mètres cubes répartis comme suit : la Chine 32, l’Argentine 23, l’Algérie 20, les USA 19, le Canada 16, le Mexique 15, l’Australie 12, l’Afrique du Sud 11, la Russie 8 et le Brésil 7 billions de mètres cubes. Les gisements de gaz de schiste en Algérie sont situés essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf. Est-ce que ces données sont-elles faibles pour l’Algérie ? Les orientations du Président de la république et du Premier ministre sont sans équivoque : l’Algérie est en phase d’exploration et non d’exploitation1. A la suite de faux débats, j’ai présenté un dossier élaboré sous ma direction regroupant des experts nationaux et étrangers au Premier ministre le 24 février 2015. De l’avis de la majorité des experts, l’énergie étant au cœur de la sécurité nationale, c’est une opportunité pour l’Algérie, sous réserve de sa rentabilité économique (‘ non rentable actuellement pour l’Algérie le coût d‘un puits étant estimé entre 15/20 millions de dollars), de la protection de l’environnement et des nappes phréatiques d’eau du Sud. La majorité des experts, notant que ce dossier sensible nécessite une formation pointue posent une problématique sociétale ; une bonne communication en direction de la société. Pour éviter de perturber la gestion de Sonatrach, société commerciale stratégique, il a été préconisé que ses dirigeants évitent de s’exposer aux débats, devant laisser au ministre, seul habilité politiquement, à exposer ses arguments. À ce titre, il est souhaitable qu’une institution indépendante soit créée. Elle ne doit pas relever d’un seul département ministériel, évitant d’être juge et partie, mais du président de la République ou du Premier ministre. Elle doit également associer la société civile de chaque région, des experts indépendants, des représentants du ministère de l’Energie et d’autres départements ministériels, travaillant en étroite collaboration avec les institutions internationales. Je rappelle que le Président de la république et le Premier ministre ont tenu à souligner que l’Algérie est à l'ère de l'exploration, et l'exploitation qui ne verra pas le jour avant 2020/2025 sous réserve du respect de l'environnement et de la rentabilité, principes contenus dans la loi des hydrocarbures votée en 2013. Les experts ont tenu à rappeler que le problème central est de définir le futur modèle de consommation énergétique allant vers un mix énergétique. Il s’agit de ne pas privilégier une énergie aux dépens d’autres, afin de ne pas polluer le paysage médiatique, laisser aux experts le soin de débatte scientifiquement, tenant compte des nouvelles mutations énergétique.
B- Huit précisions sur le gaz de schiste s’imposent
1.- La fracturation est obtenue par l'injection d'eau à haute pression (environ 300 bars à 2 500/3000 mètres) contenant des additifs afin de rendre plus efficace la fracturation dont du sable de granulométrie adaptée, des biocides, des lubrifiants et des détergents afin d’augmenter la désorption du gaz.
2.- Il faut savoir d’abord que le gaz de schiste est concurrencé par d’autres énergies substituables et que les normes internationales donnent un coefficient de récupération moyen de 15/20% et exceptionnellement 30%, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, les réserves se calculent selon le couple prix international des énergies et coût.
3.- 1000 puits donnent environ 50 milliards de mètres cubes gazeux par an. Pour les 1000 puits, la durée de vie ne dépasse pas cinq années, devant se déplacer vers d’autres sites assistant. Donc à un perforage sur un espace déterminé comme un morceau de gruyère.
4.- Environ 1000 puits est une hypothèse puisque même pour le gaz traditionnel, le maximum de forage n’a jamais dépassé 200 puits. Même dans cette hypothèse maximale de 200 puits donnant 10 milliards de mètres cubes gazeux non conventionnel, un peu plus que le projet GALSI actuellement gelé, dont le coût est passé de 2,5 à 4 milliards de dollars fin 2014 , non rentable au vu du prix actuel, dont la capacité prévue était de 8 milliards de mètres cubes gazeux.
5.- La rentabilité implique – au vu de la structure des prix actuels au niveau international, concurrencé par le gaz conventionnel- un coût minimum de 12 dollars le MBTU et un prix de cession supérieur à 15/17 dollars le MBTU. En tenant compte du coût de transport en s’alignant sur l’Asie puisqu’aux USA le MBTU varie entre 4/5 dollars et en Europe après la catastrophe au Japon entre 9/12 dollars le MBTU.
Pour s’aligner sur le prix de cession actuel, devant tenir compte de la profondeur ( le coût n’est pas le même pour 600 mètres ou 2000/3000 mètres supposant le bétonnage), le coût du forage du gaz non conventionnel d’un puits devrait être moins de 5/7 millions de dollars pour être rentable, alors que selon les experts il donnerait dans la situation actuelle 18/20 millions de dollars par puits
6.- . L’exploitation de ce gaz implique de prendre en compte que cela nécessite une forte consommation d’eau douce, et en cas d’eau saumâtre, il faut des unités de dessalement extrêmement coûteuses, autant que les techniques de recyclage de l’eau.
7.- Surtout cela peut avoir des effets nocifs sur l’environnement, (émission de gaz à effet de serre), la fracturation des roches pouvant conduire à un déséquilibre spatial et écologique. Et en cas de non maîtrise technologique, elle peut infecter les nappes phréatiques au Sud, l’eau devenant impropre à la consommation avec des risques de maladies comme le cancer.
8.- Seuls les USA maîtrisent, encore imparfaitement, cette technologie de fracturation hydraulique. Un co-partenariat incluant des clauses restrictives avec d’importantes pénalités en cas de non-respect de l’environnement et la formation des Algériens pour tout opérateur étranger (USA et autres) est indispensable.
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A.-Privilégier le dialogue
Au préalable je voudrais dénoncer certains propos d’anti nationalistes que certains voudraient faire porter aux populations du Sud. Ayant vécu durant les années 1972/1973 en tant qu’officier d’administration pour la route de l’unité africaine à El Goléa et In Sahah, je peux affirmer que les populations du Sud tiennent à l’unité nationale et qu’il faut savoir uniquement dialoguer avec ces populations paisibles. L’option du gaz de schiste a été introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures mais avec des garde-fous. Le problème stratégique de l’Algérie est d’éviter les débats stériles. Cette option est une opportunité face à l’épuisement des réserves -l’énergie étant au cœur de la sécurité nationale- mais doit passer par l’évaluation des risques et la formation, ce qui renvoie globalement à la gouvernance. Concernant ce dossier, l’Agence américaine sur l’Energie a estimé que le monde aurait environ 207 billions de mètres cubes répartis comme suit : la Chine 32, l’Argentine 23, l’Algérie 20, les USA 19, le Canada 16, le Mexique 15, l’Australie 12, l’Afrique du Sud 11, la Russie 8 et le Brésil 7 billions de mètres cubes. Les gisements de gaz de schiste en Algérie sont situés essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf. Est-ce que ces données sont-elles faibles pour l’Algérie ? Les orientations du Président de la république et du Premier ministre sont sans équivoque : l’Algérie est en phase d’exploration et non d’exploitation1. A la suite de faux débats, j’ai présenté un dossier élaboré sous ma direction regroupant des experts nationaux et étrangers au Premier ministre le 24 février 2015. De l’avis de la majorité des experts, l’énergie étant au cœur de la sécurité nationale, c’est une opportunité pour l’Algérie, sous réserve de sa rentabilité économique (‘ non rentable actuellement pour l’Algérie le coût d‘un puits étant estimé entre 15/20 millions de dollars), de la protection de l’environnement et des nappes phréatiques d’eau du Sud. La majorité des experts, notant que ce dossier sensible nécessite une formation pointue posent une problématique sociétale ; une bonne communication en direction de la société. Pour éviter de perturber la gestion de Sonatrach, société commerciale stratégique, il a été préconisé que ses dirigeants évitent de s’exposer aux débats, devant laisser au ministre, seul habilité politiquement, à exposer ses arguments. À ce titre, il est souhaitable qu’une institution indépendante soit créée. Elle ne doit pas relever d’un seul département ministériel, évitant d’être juge et partie, mais du président de la République ou du Premier ministre. Elle doit également associer la société civile de chaque région, des experts indépendants, des représentants du ministère de l’Energie et d’autres départements ministériels, travaillant en étroite collaboration avec les institutions internationales. Je rappelle que le Président de la république et le Premier ministre ont tenu à souligner que l’Algérie est à l'ère de l'exploration, et l'exploitation qui ne verra pas le jour avant 2020/2025 sous réserve du respect de l'environnement et de la rentabilité, principes contenus dans la loi des hydrocarbures votée en 2013. Les experts ont tenu à rappeler que le problème central est de définir le futur modèle de consommation énergétique allant vers un mix énergétique. Il s’agit de ne pas privilégier une énergie aux dépens d’autres, afin de ne pas polluer le paysage médiatique, laisser aux experts le soin de débatte scientifiquement, tenant compte des nouvelles mutations énergétique.
B- Huit précisions sur le gaz de schiste s’imposent
1.- La fracturation est obtenue par l'injection d'eau à haute pression (environ 300 bars à 2 500/3000 mètres) contenant des additifs afin de rendre plus efficace la fracturation dont du sable de granulométrie adaptée, des biocides, des lubrifiants et des détergents afin d’augmenter la désorption du gaz.
2.- Il faut savoir d’abord que le gaz de schiste est concurrencé par d’autres énergies substituables et que les normes internationales donnent un coefficient de récupération moyen de 15/20% et exceptionnellement 30%, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, les réserves se calculent selon le couple prix international des énergies et coût.
3.- 1000 puits donnent environ 50 milliards de mètres cubes gazeux par an. Pour les 1000 puits, la durée de vie ne dépasse pas cinq années, devant se déplacer vers d’autres sites assistant. Donc à un perforage sur un espace déterminé comme un morceau de gruyère.
4.- Environ 1000 puits est une hypothèse puisque même pour le gaz traditionnel, le maximum de forage n’a jamais dépassé 200 puits. Même dans cette hypothèse maximale de 200 puits donnant 10 milliards de mètres cubes gazeux non conventionnel, un peu plus que le projet GALSI actuellement gelé, dont le coût est passé de 2,5 à 4 milliards de dollars fin 2014 , non rentable au vu du prix actuel, dont la capacité prévue était de 8 milliards de mètres cubes gazeux.
5.- La rentabilité implique – au vu de la structure des prix actuels au niveau international, concurrencé par le gaz conventionnel- un coût minimum de 12 dollars le MBTU et un prix de cession supérieur à 15/17 dollars le MBTU. En tenant compte du coût de transport en s’alignant sur l’Asie puisqu’aux USA le MBTU varie entre 4/5 dollars et en Europe après la catastrophe au Japon entre 9/12 dollars le MBTU.
Pour s’aligner sur le prix de cession actuel, devant tenir compte de la profondeur ( le coût n’est pas le même pour 600 mètres ou 2000/3000 mètres supposant le bétonnage), le coût du forage du gaz non conventionnel d’un puits devrait être moins de 5/7 millions de dollars pour être rentable, alors que selon les experts il donnerait dans la situation actuelle 18/20 millions de dollars par puits
6.- . L’exploitation de ce gaz implique de prendre en compte que cela nécessite une forte consommation d’eau douce, et en cas d’eau saumâtre, il faut des unités de dessalement extrêmement coûteuses, autant que les techniques de recyclage de l’eau.
7.- Surtout cela peut avoir des effets nocifs sur l’environnement, (émission de gaz à effet de serre), la fracturation des roches pouvant conduire à un déséquilibre spatial et écologique. Et en cas de non maîtrise technologique, elle peut infecter les nappes phréatiques au Sud, l’eau devenant impropre à la consommation avec des risques de maladies comme le cancer.
8.- Seuls les USA maîtrisent, encore imparfaitement, cette technologie de fracturation hydraulique. Un co-partenariat incluant des clauses restrictives avec d’importantes pénalités en cas de non-respect de l’environnement et la formation des Algériens pour tout opérateur étranger (USA et autres) est indispensable.
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