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Algérie - Etats-Unis : les affaires, ensuite la politique

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  • Algérie - Etats-Unis : les affaires, ensuite la politique

    Les Etats-Unis participent dans le ballet diplomatique qui anime ces jours-ci la scène algérienne, par la présence à Alger du conseiller commercial pour le Maghreb.

    Il est vrai qu’il en est à sa cinquième visite en Algérie mais celle-là doit avoir une importance particulière parce qu’elle coïncide avec d’autres de hauts rangs de divers pays européens. Entre Sarkozy le Français, Prodi l’Italien, Steinmeier l’Allemand et en attendant la Canadienne, l’Américain a choisi de se trouver à Alger pour plaider la cause des investissements «tous secteurs confondus y compris bien sûr les hydrocarbures ». Ouvert en 1980, le bureau chargé d’explorer les pays du Maghreb et où réside le conseiller commercial, est installé à Casablanca mais «depuis 1993, année de la dégradation de la situation sécuritaire, on travaille à Alger avec des locaux», note Enrique « Rick» Ortiz. Les Américains préfèrent évoquer les pays du Maghreb, chacun par son nom ou à la limite parler d’Afrique du Nord mais pas de Maghreb, la notion étant plus à connotation politique et géostratégique.

    Le conseiller commercial le confirme presque. «On ne veut pas donner une image globale de la région», dit-il. Est-ce une arrière-pensée politique ? «Si vous voulez, enfin, non, c’est une classification, nous le faisons même pour le Moyen-Orient parce que nous voulons que les Américains comprennent que chaque pays a ses spécificités, même votre histoire est différente», répond Ortiz. Une vision qui, faut-il le dire, contredit quelque part l’esprit de l’initiative du Nouveau Moyen-Orient qui, elle, veut globaliser l’ensemble du monde arabe avec inclus d’autres pays d’Asie. Ainsi, l’initiative Eisenstadt, l’ancien secrétaire d’Etat au Trésor américain, n’est-elle plus de mise. Enfin « elle est formulée autrement», précisent les Américains hier à partir de leur ambassade à Alger.

    «On veut rester dans notre domaine qui est le commerce, on ne fait pas de politique», tient à préciser Faïza Gammour, chargée du commercial à la représentation algérienne pour le compte du bureau d’Ortiz. Le bureau a deux représentants à Alger, trois au Maroc, un à Tunis et... onze au Caire. «La Libye est avec le bureau du Caire parce que nos ressources sont assez limitées», indique le responsable américain qui évite ainsi de se prononcer sur le caractère politique de la question.

    «Les échanges commerciaux bilatéraux sont assez significatifs», dit-il en précisant leur montant qui s’élève à 11 milliards de dollars dont une grande partie est assurée par les hydrocarbures. Les Etats-Unis sont le premier fournisseur de l’Algérie qui est à son tour leur 12e partenaire dans le monde arabe. Les exportations américaines vers l’Algérie sont évaluées à près de 1,2 milliard de dollars par la vente du blé, des équipements médicaux et aussi pour les télécoms, des médicaments, quelques produits finis, des machines industrielles pour l’agroalimentaire et bien sûr les services qui se résument à la maintenance. L’Algérie exporte quand même vers les Etats-Unis de l’huile d’olive, de la datte et du vin. « Nous sommes intéressés par le textile dans le traditionnel, les bijoux et la céramique», dit Nicolle Manz, la chargée des affaires économiques et commerciales à l’ambassade américaine à Alger.

    Les Américains rappellent qu’au moins 90 grandes entreprises sont représentées en Algérie. «Nous voulons trouver des partenaires pour surtout les PME qui constituent la plus grande partie de notre économie», affirme Ortiz. La circulation des personnes « n’est pas un handicap parce que nous avons ici au niveau des affaires consulaires une section pour les hommes d’affaires algériens qui veulent se déplacer aux Etats-Unis », ajoute-t-il. Ceux-là ont aussi la possibilité de participer à des foires américaines comme celle à venir prochainement de la construction. Notre interlocuteur tient à préciser que le taux de refus des visas est très bas. «A peu près 4%», lance Manz. « On essaie d’alléger les procédures, on a des programmes pour les hommes d’affaires», reprend Ortiz.

    A une question relative au gaz, la représentante du bureau conseil commercial à Alger va droit au but et indique que «l’Algérie nous intéresse parce qu’elle produit du gaz liquéfié, les Etats-Unis cherchent à augmenter leurs importations de GNL mais il faut que l’Algérie modernise ses infrastructures et en construise d’autres». Un produit qui attire toutes les convoitises et suscite le plus grand intérêt notamment depuis que l’Algérie a signé l’accord Gazprom avec la Russie. Ortiz nuance: « Nous avons toujours eu de l’intérêt pour l’Algérie, les USA veulent faire du commerce et du partenariat avec les Algériens, aujourd’hui, la situation sécuritaire est beaucoup mieux, les réformes du gouvernement marchent bien, les indicateurs économiques sont bon, vous êtes en train de payer votre dette, on est bien encouragé.» Ils veulent pourtant savoir «que va faire l’Algérie avec ses réserves de change qui sont importantes, va-t-elle les investir pour l’avenir ?», s’interroge Ortiz... Pour leurs statistiques sur le pays, les Américains se basent, selon lui, sur les données du FMI, de la Banque mondiale ou de leurs douanes.

    Est-ce pour un partenariat ou pour des représentations commerciales ? «Les deux, on commence par faire du commerce pour pouvoir voir sur place les opportunités de partenariat», répond Ortiz. Les Américains proposent aux Algériens, par sa voix, de leur apprendre comment améliorer le climat des affaires. «Dernièrement, des juges algériens sont allés aux Etats-Unis pour apprendre comment fonctionne la justice des affaires commerciales parce que la transparence aide beaucoup dans ce domaine», explique le conférencier. Entre autres partenaires qu’ils ont pour « les affaires», la Chambre algéro-américaine et le Conseil des hommes d’affaires algéro-américains. Les projets structurants les attirent aussi sauf « que nous n’avons pas été retenus quand nous avons soumissionné pour l’autoroute Est-Ouest», note Ortiz. Ils ont aussi un oeil sur le programme des privatisations « parce qu’il nous ouvre des pistes de partenariat», ajoute-t-il. Ortiz écarquillera les yeux en rappelant que l’Etat met en vente 333 entreprises. Les Américains se proposent même de prendre en charge la sécurité des aéroports « s’il y a des opportunités». L’adhésion de l’Algérie à l’OMC intéresse les Etats-Unis même s’ils bloquent les négociations par des subterfuges à eux comme les interminables questions qu’ils posent. Ils estiment selon Manz que «l’adhésion est une étape pour aider au commerce libre selon les normes internationales ». A propos des réticences américaines à ce sujet, elle conseille « qu’il faut dialoguer, l’ambassadeur et moi sont très intéressés, nous sommes en train de travailler sur la question». Sans manquer cependant de préciser que « le dossier se discute entre les deux gouvernements».

    LE QUOTIDIEN D'ORAN.
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