Renault-Nissan attire des fournisseurs autour des sites au Maroc
Les infrastructures, éducatives et sociales, marocaines lui permettent de capter ces investissements
Les capacités de Renault à Tanger seront à l’avenir pleinement utilisées
-*
Renault-Nissan met cap sur le monde arabe. Avec sa 4e unité inaugurée hier 10 novembre en Algérie, le groupe porte à 4 le nombre de ses usines industrielles dans le monde arabe. Son patron, Carlos Ghosn, un des industriels les plus puissants au monde, est connu des Marocains depuis que Renault est monté en puissance à travers l’un de ses plus importants projets au niveau mondial, l’usine de Tanger. L’Economiste l’a rencontré aux cérémonies de Takreem qui se sont tenues le week-end dernier à Marrakech (voir aussi pages 22 et 23). Dans cet entretien exclusif (le 2e accordé à L’Economiste après celui de 2010), il analyse la relation Maroc/Renault, la santé du secteur, les bouleversements que connaît l’industrie au niveau mondial ainsi que les ambitions de son groupe au niveau local.
- L’Economiste: Comment se porte le partenariat de Renault avec le Royaume?
- Carlos Ghosn: C’est un partenariat qui marche très bien. On peut le constater à travers le montant des investissements réalisés par Renault mais aussi à travers le développement de l’usine de Casablanca. Aujourd’hui, ce partenariat permet l’emploi de plus de 6.000 personnes, et va continuer – croyez-moi – à croître puisque la volonté d’augmenter la production continue. Les relations avec les autorités marocaines sont très bonnes. Nous avons le sentiment qu’elles ont envie que nous réussissions et nous, de notre part, nous savons que la réussite du Maroc va rendre Renault, et particulièrement l’unité de Renault à Tanger, beaucoup plus forte. Donc il y a quelque part une grande convergence d’intérêts et la volonté de se renforcer l’un et l’autre.
- Justement, la production du site de Melloussa est essentiellement destinée à l’export et notamment le marché européen, mais ce dernier tarde à décoller. N’y a-t-il pas là un risque de surproduction?
- Je n’ai aucun doute sur le fait que les capacités installées à Tanger seront pleinement utilisées à l’avenir. Il est vrai que cela a mis un peu plus de temps que celui prévu au départ compte tenu de la crise économique qu’a traversée l’Europe. Et bien évidemment, ce ralentissement a eu des conséquences sur la productivité de l’usine à Tanger. Ceci dit, nous sommes maintenant dans une phase de récupération du marché européen, et je n’ai donc aucun souci concernant l’évolution de la croissance à Tanger.
- Il était et est toujours prévu, – dans une deuxième phase du site de Melloussa –, l’installation de Nissan. Le moment est-il aujourd’hui propice?
- Les développements de Renault-Nissan au Maroc ne sont pas encore terminés et, à l’avenir, il y aura encore des projets notamment sur le plan des sites de production. Je n’ai aucun doute que Nissan, à un moment déterminé, se joindra à Renault dans le cadre du site de Tanger. Le timing n’est pas encore défini puisqu’il dépend aussi de la rapidité avec laquelle le marché européen va commencer à croître. Mais je vous rassure, dans l’ensemble, Renault-Nissan est très intéressée par le développement d’activités de montages et pousse actuellement des fournisseurs à s’installer autour des sites au Maroc.
- Le secteur de l’automobile intéresse un grand nombre de constructeurs qui annoncent la délocalisation de leur ingénierie au Maroc. Qu’en pensez-vous?
- Tant mieux pour le Maroc. Le Royaume est un pays qui renforce ses infrastructures d’un côté, et qui soigne l’éducation de l’autre. Des atouts nécessaires pour installer une stratégie capable d’attirer des investissements et des activités de la part des grands groupes mondiaux. Chaque entreprise réagit en fonction de sa propre stratégie. Ceci dit, je ne suis pas du tout surpris que d’autres constructeurs s’intéressent au Maroc aujourd’hui, prenant exemple, bien sûr, sur ce que Renault-Nissan fait. Et encore une fois tant mieux pour le Maroc.
- La nouvelle gamme produit de Renault sera-t-elle favorable à l’évolution du marché de Renault-Nissan au Maroc?
- Bien sûr! Tous les produits qui viennent et qui vont être assemblés à l’usine devraient contribuer à l’augmentation de la part de marché au Maroc, mais devraient aussi pouvoir être exportés dans les pays de la région, aussi bien en Afrique, qu’au Moyen-Orient, qu’en Europe. Je suis très confiant, non seulement pour les investissements qui seront faits à l’usine à l’avenir, mais aussi sur la compétitivité qui devrait être forte à partir de Tanger.
- Vous étiez partenaire stratégique des prix “Takreem Awards”, tenu récemment à Marrakech. Quel est le potentiel du monde arabe? Quid de l’usine d’Algérie qui vient d’être inaugurée?
- Et comment! Le monde arabe est un marché de 350 millions de personnes et, à mon avis, il est encore très en dessous de son potentiel. Renault-Nissan souhaite prendre part au développement de ce marché, notamment dans le secteur automobile. On y contribue en construisant des usines, puisque nous sommes l’un des groupes les plus représentés dans le monde arabe, avec 2 usines au Maroc, une autre en Egypte et une dernière unité qui vient tout juste d’être inaugurée en Algérie. (Ndlr: la production de cette usine est destinée au marché intérieur). En tant que groupe, nous voulons aussi contribuer au développement de la société civile.
Il s’agit de participer notamment à des événements comme les Takreem Awards, dans lesquels nous appuyons des initiatives qui consistent à sélectionner et à mettre en valeur les succès individuels ou collectifs, dans l’économie, les arts ou les actions sociales. Le but est que les jeunes du monde arabe aient devant eux quelques exemples vivants de succès, qu’ils aient envie de suivre. -
l'économiste
Les infrastructures, éducatives et sociales, marocaines lui permettent de capter ces investissements
Les capacités de Renault à Tanger seront à l’avenir pleinement utilisées
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Renault-Nissan met cap sur le monde arabe. Avec sa 4e unité inaugurée hier 10 novembre en Algérie, le groupe porte à 4 le nombre de ses usines industrielles dans le monde arabe. Son patron, Carlos Ghosn, un des industriels les plus puissants au monde, est connu des Marocains depuis que Renault est monté en puissance à travers l’un de ses plus importants projets au niveau mondial, l’usine de Tanger. L’Economiste l’a rencontré aux cérémonies de Takreem qui se sont tenues le week-end dernier à Marrakech (voir aussi pages 22 et 23). Dans cet entretien exclusif (le 2e accordé à L’Economiste après celui de 2010), il analyse la relation Maroc/Renault, la santé du secteur, les bouleversements que connaît l’industrie au niveau mondial ainsi que les ambitions de son groupe au niveau local.
- L’Economiste: Comment se porte le partenariat de Renault avec le Royaume?
- Carlos Ghosn: C’est un partenariat qui marche très bien. On peut le constater à travers le montant des investissements réalisés par Renault mais aussi à travers le développement de l’usine de Casablanca. Aujourd’hui, ce partenariat permet l’emploi de plus de 6.000 personnes, et va continuer – croyez-moi – à croître puisque la volonté d’augmenter la production continue. Les relations avec les autorités marocaines sont très bonnes. Nous avons le sentiment qu’elles ont envie que nous réussissions et nous, de notre part, nous savons que la réussite du Maroc va rendre Renault, et particulièrement l’unité de Renault à Tanger, beaucoup plus forte. Donc il y a quelque part une grande convergence d’intérêts et la volonté de se renforcer l’un et l’autre.
- Justement, la production du site de Melloussa est essentiellement destinée à l’export et notamment le marché européen, mais ce dernier tarde à décoller. N’y a-t-il pas là un risque de surproduction?
- Je n’ai aucun doute sur le fait que les capacités installées à Tanger seront pleinement utilisées à l’avenir. Il est vrai que cela a mis un peu plus de temps que celui prévu au départ compte tenu de la crise économique qu’a traversée l’Europe. Et bien évidemment, ce ralentissement a eu des conséquences sur la productivité de l’usine à Tanger. Ceci dit, nous sommes maintenant dans une phase de récupération du marché européen, et je n’ai donc aucun souci concernant l’évolution de la croissance à Tanger.
- Il était et est toujours prévu, – dans une deuxième phase du site de Melloussa –, l’installation de Nissan. Le moment est-il aujourd’hui propice?
- Les développements de Renault-Nissan au Maroc ne sont pas encore terminés et, à l’avenir, il y aura encore des projets notamment sur le plan des sites de production. Je n’ai aucun doute que Nissan, à un moment déterminé, se joindra à Renault dans le cadre du site de Tanger. Le timing n’est pas encore défini puisqu’il dépend aussi de la rapidité avec laquelle le marché européen va commencer à croître. Mais je vous rassure, dans l’ensemble, Renault-Nissan est très intéressée par le développement d’activités de montages et pousse actuellement des fournisseurs à s’installer autour des sites au Maroc.
- Le secteur de l’automobile intéresse un grand nombre de constructeurs qui annoncent la délocalisation de leur ingénierie au Maroc. Qu’en pensez-vous?
- Tant mieux pour le Maroc. Le Royaume est un pays qui renforce ses infrastructures d’un côté, et qui soigne l’éducation de l’autre. Des atouts nécessaires pour installer une stratégie capable d’attirer des investissements et des activités de la part des grands groupes mondiaux. Chaque entreprise réagit en fonction de sa propre stratégie. Ceci dit, je ne suis pas du tout surpris que d’autres constructeurs s’intéressent au Maroc aujourd’hui, prenant exemple, bien sûr, sur ce que Renault-Nissan fait. Et encore une fois tant mieux pour le Maroc.
- La nouvelle gamme produit de Renault sera-t-elle favorable à l’évolution du marché de Renault-Nissan au Maroc?
- Bien sûr! Tous les produits qui viennent et qui vont être assemblés à l’usine devraient contribuer à l’augmentation de la part de marché au Maroc, mais devraient aussi pouvoir être exportés dans les pays de la région, aussi bien en Afrique, qu’au Moyen-Orient, qu’en Europe. Je suis très confiant, non seulement pour les investissements qui seront faits à l’usine à l’avenir, mais aussi sur la compétitivité qui devrait être forte à partir de Tanger.
- Vous étiez partenaire stratégique des prix “Takreem Awards”, tenu récemment à Marrakech. Quel est le potentiel du monde arabe? Quid de l’usine d’Algérie qui vient d’être inaugurée?
- Et comment! Le monde arabe est un marché de 350 millions de personnes et, à mon avis, il est encore très en dessous de son potentiel. Renault-Nissan souhaite prendre part au développement de ce marché, notamment dans le secteur automobile. On y contribue en construisant des usines, puisque nous sommes l’un des groupes les plus représentés dans le monde arabe, avec 2 usines au Maroc, une autre en Egypte et une dernière unité qui vient tout juste d’être inaugurée en Algérie. (Ndlr: la production de cette usine est destinée au marché intérieur). En tant que groupe, nous voulons aussi contribuer au développement de la société civile.
Il s’agit de participer notamment à des événements comme les Takreem Awards, dans lesquels nous appuyons des initiatives qui consistent à sélectionner et à mettre en valeur les succès individuels ou collectifs, dans l’économie, les arts ou les actions sociales. Le but est que les jeunes du monde arabe aient devant eux quelques exemples vivants de succès, qu’ils aient envie de suivre. -
l'économiste
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