L’Afrique absorbe à peine 2 millions de tonnes d’engrais, soit 3% de la consommation mondiale. Le constat est de Mostafa Terrab, président-directeur général du groupe OCP, qui était l’invité du Centre Links, le 11 mars à Casablanca. Le patron du géant phosphatier relève un paradoxe : le continent, qui concentre 80% des réserves mondiales de phosphate, couvre pratiquement tous ses besoins en engrais à travers les importations. «L’Afrique enrichit l’Inde et l’Amérique du Sud, par exemple, sur le plan agricole en leur exportant ses matières premières, mais le continent est oublié quand il s’agit d’engrais. Un phénomène de rattrapage sur les engrais doit donc se produire.
Ce qui constitue pour le groupe OCP une opportunité fantastique», indique Mostafa Terrab. Pour lui, le marché africain pourrait absorber plus de 8 millions de tonnes d’engrais, si celles-ci étaient disponibles. Dans sa stratégie africaine, le groupe affirme s’être basé sur la superficie des terres arables par habitant : «lorsque l’on parle de la consommation des engrais en Afrique, il faut d’abord se baser sur le constat selon lequel chacun de nous dispose aujourd’hui d’un quart d’hectare de la superficie des terres arables. En 2050, nous disposerons à peine de 0,12 hectare par habitant. Il faut savoir, par ailleurs, que 80% des terres arables en Afrique ne sont pas encore utilisées. Le potentiel est donc énorme et le continent est plus que prioritaire dans l’enjeu de la sécurité alimentaire dans le monde. En effet, l’Afrique sera une grande partie de la solution de la problématique de la sécurité alimentaire globale dans le futur. À partir de ces donnes, il va falloir que l’agriculteur africain utilise des engrais de manière raisonnée». Pour le patron de l’OCP, les décisions qui ont été prises par le groupe sont simples : il faut dédier des capacités de production des engrais au marché africain. «L’objectif est de pouvoir entrer dans un cercle vertueux où les distributeurs d’engrais, sachant qu’ils disposent des capacités dédiées, vont eux-mêmes investir pour développer leur capacité de distribution et accroître leur marché. Avec le Gabon, qui possède d’ailleurs des ressources en gaz, nous avons décidé de créer une unité spécialisée dans la production d’ammoniaque, essentiel dans la fabrication des engrais. Cette capacité de production sera encore augmentée à travers la mise en place de deux autres unités.
Objectif, porter la production d’ammoniaque à 3 millions de tonnes», affirme le PDG du groupe. Bien avant de s’attaquer au marché de l’engrais dans le continent, le groupe planche sur la cartographie de la fertilité des sols. «Comme au Maroc, nous sommes actuellement en train d’élaborer la carte de fertilité pour la Guinée et le Mali. Une fois ces données finalisées, nous allons passer à la production d’une gamme variée d’engrais adaptée à la diversité du sol africain. C’est ainsi que nous avons conçu notre stratégie africaine», détaille le PDG. Selon Mostafa Terrab, le groupe est à mi-chemin dans sa stratégie mondiale 3x40. De quoi s'agit-il ? L'OCP pèse actuellement 21% du marché mondial des engrais. Dans cinq ans, il compte porter cette part à 40% sur les trois composantes de sa chaine de valeur, à savoir la roche, l’acide phosphorique et les engrais. Pour honorer cet objectif stratégique, le géant phosphatier affirme que sa nouvelle unité de production d'engrais entrera en service vers fin août prochain. «Nous avons quatre unités de production dans le pipe. Après la mise en service de la première en août prochain, la deuxième sera fin prête en décembre. Les autres suivront», annonce le PDG du groupe. Ce dernier signale que le groupe ne peut se permettre de développer une stratégie sur des pays où le marché des engrais est très réglementé.
C’est le cas de l’Inde qui dispose d’une caisse de compensation uniquement pour les engrais. Celle-ci pèse quelque 20 milliards de dollars. «La compensation des engrais est parfois beaucoup plus élevée que le budget dédié à la défense de ce pays», fait remarquer le patron de l'OCP. Mostafa Terrab relève par ailleurs que le marché mondial des engrais est en pleine fluctuation. «Nous développons notre stratégie dans un marché qui est en train de vivre le scénario qu'a connu le secteur des télécoms dans les années 1990 avec une véritable redistribution des cartes. Nous avons de redoutables concurrents, comme le saoudien Jalamid, qui a l’avantage de disposer localement du soufre et de l’ammoniaque. Ce qui n’est pas le cas pour le groupe OCP, qui assure ses besoins en ces produits sur le marché international. L’opérateur saoudien a également l’avantage d’être mitoyen d’un grand marché qu'est l’Inde», décrypte le patron du groupe. -
le matin
Ce qui constitue pour le groupe OCP une opportunité fantastique», indique Mostafa Terrab. Pour lui, le marché africain pourrait absorber plus de 8 millions de tonnes d’engrais, si celles-ci étaient disponibles. Dans sa stratégie africaine, le groupe affirme s’être basé sur la superficie des terres arables par habitant : «lorsque l’on parle de la consommation des engrais en Afrique, il faut d’abord se baser sur le constat selon lequel chacun de nous dispose aujourd’hui d’un quart d’hectare de la superficie des terres arables. En 2050, nous disposerons à peine de 0,12 hectare par habitant. Il faut savoir, par ailleurs, que 80% des terres arables en Afrique ne sont pas encore utilisées. Le potentiel est donc énorme et le continent est plus que prioritaire dans l’enjeu de la sécurité alimentaire dans le monde. En effet, l’Afrique sera une grande partie de la solution de la problématique de la sécurité alimentaire globale dans le futur. À partir de ces donnes, il va falloir que l’agriculteur africain utilise des engrais de manière raisonnée». Pour le patron de l’OCP, les décisions qui ont été prises par le groupe sont simples : il faut dédier des capacités de production des engrais au marché africain. «L’objectif est de pouvoir entrer dans un cercle vertueux où les distributeurs d’engrais, sachant qu’ils disposent des capacités dédiées, vont eux-mêmes investir pour développer leur capacité de distribution et accroître leur marché. Avec le Gabon, qui possède d’ailleurs des ressources en gaz, nous avons décidé de créer une unité spécialisée dans la production d’ammoniaque, essentiel dans la fabrication des engrais. Cette capacité de production sera encore augmentée à travers la mise en place de deux autres unités.
Objectif, porter la production d’ammoniaque à 3 millions de tonnes», affirme le PDG du groupe. Bien avant de s’attaquer au marché de l’engrais dans le continent, le groupe planche sur la cartographie de la fertilité des sols. «Comme au Maroc, nous sommes actuellement en train d’élaborer la carte de fertilité pour la Guinée et le Mali. Une fois ces données finalisées, nous allons passer à la production d’une gamme variée d’engrais adaptée à la diversité du sol africain. C’est ainsi que nous avons conçu notre stratégie africaine», détaille le PDG. Selon Mostafa Terrab, le groupe est à mi-chemin dans sa stratégie mondiale 3x40. De quoi s'agit-il ? L'OCP pèse actuellement 21% du marché mondial des engrais. Dans cinq ans, il compte porter cette part à 40% sur les trois composantes de sa chaine de valeur, à savoir la roche, l’acide phosphorique et les engrais. Pour honorer cet objectif stratégique, le géant phosphatier affirme que sa nouvelle unité de production d'engrais entrera en service vers fin août prochain. «Nous avons quatre unités de production dans le pipe. Après la mise en service de la première en août prochain, la deuxième sera fin prête en décembre. Les autres suivront», annonce le PDG du groupe. Ce dernier signale que le groupe ne peut se permettre de développer une stratégie sur des pays où le marché des engrais est très réglementé.
C’est le cas de l’Inde qui dispose d’une caisse de compensation uniquement pour les engrais. Celle-ci pèse quelque 20 milliards de dollars. «La compensation des engrais est parfois beaucoup plus élevée que le budget dédié à la défense de ce pays», fait remarquer le patron de l'OCP. Mostafa Terrab relève par ailleurs que le marché mondial des engrais est en pleine fluctuation. «Nous développons notre stratégie dans un marché qui est en train de vivre le scénario qu'a connu le secteur des télécoms dans les années 1990 avec une véritable redistribution des cartes. Nous avons de redoutables concurrents, comme le saoudien Jalamid, qui a l’avantage de disposer localement du soufre et de l’ammoniaque. Ce qui n’est pas le cas pour le groupe OCP, qui assure ses besoins en ces produits sur le marché international. L’opérateur saoudien a également l’avantage d’être mitoyen d’un grand marché qu'est l’Inde», décrypte le patron du groupe. -
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