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Pétrole : ces projets géants qui partent à la dérive

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    Les majors peinent de plus en plus à maîtriser le coût des grands projets.
    Les marchés financiers s'inquiètent de l'inflation des investissements.

    Pétrole : ces projets géants qui partent à la dérive
    Kashagan est devenu le cauchemar des compagnies pétrolières. Alors que la production de ce champ pétrolifère situé en mer Caspienne, au Kazakhstan, avait enfin démarré le 11 septembre dernier, elle a dû s'interrompre quelques semaines plus tard suite à des fuites sur les pipelines. Les majors présentes dans le consortium qui exploite le site (Total, ExxonMobil, Royal Dutch Shell et ENI) pensaient pourtant que leurs déboires étaient enfin terminés. Après huit ans de retard, et alors que le budget a dérapé de 10 à près de 50 milliards de dollars, elles espéraient pouvoir enfin exploiter les réserves considérables de ce gisement géant, considéré comme l'un des plus grands au monde. Elles devront continuer à patienter : les résultats des inspections sont attendues ces jours-ci, mais il n'est pas sûr que la production puisse reprendre de sitôt. « S'il faut changer tous les pipelines, on est reparti pour deux à trois ans de retard supplémentaire », commente un spécialiste.
    Kashagan est l'exemple type de ces projets géants qui plombent les coûts de l'industrie pétrolière. Il est loin d'être le seul : le projet Gorgon mené par Chevron en Australie, qui prévoit l'exploitation d'un champ gazier et la construction d'une usine de liquéfaction, a lui aussi pris du retard et vu ses coûts exploser de 40 % pour atteindre... 54 milliards de dollars. Les grands projets de Kearl, dans les sables bitumineux du Canada, ou de Pearl, dans le GTL (« gas to liquid ») au Qatar, ont eux aussi multiplié les déboires. « Les coûts deviennent trop élevés. Des projets à 50 milliards de dollars, n'est-ce pas fou ? », a commenté Christophe de Margerie, PDG de Total, dans une interview à Bloomberg au Forum de Davos. Les investisseurs financiers commencent eux aussi à s'alarmer. « A force de déraper, ces mégaprojets ne sont plus rentables. Les gérants estiment que les investissements ne se justifient plus, d'autant que les dérives ne sont plus absorbées par la hausse du prix du baril », indique Alexandre Andlauer, analyste chez Alphavalue.
    Les investissements dans l'exploration-production dans le monde ont été multipliés par 4 en l'espace de dix ans, pour atteindre près de 700 milliards de dollars en 2013 selon l'IFP EN. « Non seulement les projets sont de plus en plus complexes, mais la raréfaction des expertises métier a elle aussi fait flamber les coûts », explique Denis Florin, associé chez Lavoisier Conseil. Aller chercher du pétrole ou du gaz à de très grandes profondeurs, ou dans des conditions climatiques extrêmes, représente des défis technologiques et logistiques immenses, et les compagnies ont du mal à maîtriser les coûts. Les prix de certains matériels ou les salaires dans certaines zones (Australie, mer du Nord...) ou sur certains métiers (foreurs, géologues) ont de même explosé. Au point que les compagnies renoncent de plus en plus à certains investissements. La liste des projets ajournés, comme par exemple celui de Shtokman, en Arctique russe, s'est sensiblement allongée ces derniers mois : BP a renoncé à Mad Dog (golfe du Mexique), Chevron à Rosebank (mer du Nord), Shell à un projet de GTL en Louisiane, Statoil à plusieurs projets en mer du Nord (Kristin, Johan Catsberg...).
    Anne Feitz
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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