Quelles seront les grandes tendances du marché énergétique mondial à moyen terme ?
Francis Perrin. Expert en énergie : S’agissant du marché pétrolier, les prix devraient rester assez élevés au niveau de 100 dollars dans la mesure où la demande mondiale va continuer à croître, tirée par les pays émergents et en développement. Il y a aussi le fait qu’il faudra mettre régulièrement de nouveaux gisements en production pour compenser la baisse de production des gisements arrivés à épuisement ou en déclin.
Cela nécessite des prix du pétrole assez élevés, car les nouveaux gisements sont souvent plus chers parce que technologiquement plus complexes à exploiter. Mais il y aura néanmoins beaucoup de concurrence avec l’augmentation de la production des Etats-Unis et du Canada, l’Irak, le Brésil, le Kazakstan.
Sur le plan gazier, on va aussi vers un marché de plus en plus concurrentiel et vers une augmentation de la production mondiale. Il y a le gaz de schiste américain qui va faire des Etats-Unis un exportateur, mais d’autres pays vont essayer de développer leur gaz non conventionnel comme la Chine et l’Australie. Il y aura de nouveaux producteurs/exportateurs par exemple en Afrique comme le Mozambique et peut-être le Cameroun. Il y aura aussi Israël qui devrait devenir exportateur, peut-être Chypre ou encore le Liban. C’est une concurrence qui nécessitera une adaptation et de la réactivité dans les prochaines années.
-A quel point l’Algérie sera-t-elle fragilisée compte tenu de ces éléments ?
L’Algérie subira cette compétition, notamment sur le marché gazier. Il est clair que pour le moment, elle exporte l’essentiel de son gaz vers l’Europe et cela va continuer pendant plusieurs années. Mais le marché européen est de plus en plus concurrentiel parce qu’il y aura notamment une partie du gaz de schiste américain, il y aura également ces nouveaux producteurs, notamment de la Méditerranée orientale pour lesquels le marché européen est proche, l’Asie, mais aussi l’Afrique. Certes, l’Algérie a toujours eu de la concurrence, mais quand celle-ci va s’intensifier elle devra s’adapter pour essayer de maintenir ses positions et ses parts de marché, notamment sur le marché européen qui est capital pour elle. Les années qui viennent ne seront donc pas faciles en termes de concurrence pour l’Algérie.
-Qu’en sera-t-il des recettes d’hydrocarbures ?
On ne peut pas exclure une baisse des recettes d’exportations, mais ce n’est pas une certitude. Ce qui est sûr, c’est que l’Algérie devra se battre. Les recettes sont liées aux volumes et aux prix. Les prix du gaz sont normalement indexés sur les prix du pétrole, qui eux resteront relativement élevés. Cependant, les pays consommateurs feront de plus en plus pression sur les producteurs pour qu’il y ait une certaine déconnexion des prix du gaz par rapport aux prix du pétrole et notamment avec l’arrivée des Etats-Unis comme exportateurs. S’agissant des volumes, l’Algérie devra batailler sur le marché européen pour maintenir ses quantités.
Sur les dernières années, elle est loin d’exporter son potentiel gazier, d’autant qu’il y a une baisse de la demande sur le marché européen en raison de la crise économique. On peut penser que dans les prochaines années, la demande européenne pourrait repartir avec une amélioration de la situation économique en Europe. Mais est-ce que ce sera dans les cinq prochaines années ou un peu plus tard, difficile de le dire. En somme, le risque de baisse des recettes n’est pas une fatalité et cela dépendra des facultés d’adaptation de l’Algérie et de Sonatrach.
-L’exploitation du gaz de schiste est-elle un moyen d’adaptation ?
Ce choix a déjà été fait par les dirigeants algériens au vu de leurs déclarations. L’Algérie doit faire face à la croissance de sa demande interne. Les autorités veulent y répondre à travers un mix énergétique qui permettrait de faire monter en puissance les gaz non conventionnels, les énergies renouvelables, l’énergie solaire et à terme l’énergie nucléaire pour répondre à la demande interne, tout en restant un important exportateur. Le gaz de schiste n’est pas encore une réalité en termes de production mais en termes de décision politique, les dirigeants algériens estiment qu’ils auront besoin d’explorer et de développer le potentiel national en gaz non conventionnel. La question est de savoir comment s’organiser pour cela. Il faudra des partenariats avec des firmes étrangères et il faudra répondre à la question environnementale importante. Mais ce choix doit permettre d’une part de satisfaire la forte croissance de la demande interne et, d’autre part, de rester un pays exportateur important pour pouvoir financer son économie.
Safia Berkouk- El Watan
Francis Perrin. Expert en énergie : S’agissant du marché pétrolier, les prix devraient rester assez élevés au niveau de 100 dollars dans la mesure où la demande mondiale va continuer à croître, tirée par les pays émergents et en développement. Il y a aussi le fait qu’il faudra mettre régulièrement de nouveaux gisements en production pour compenser la baisse de production des gisements arrivés à épuisement ou en déclin.
Cela nécessite des prix du pétrole assez élevés, car les nouveaux gisements sont souvent plus chers parce que technologiquement plus complexes à exploiter. Mais il y aura néanmoins beaucoup de concurrence avec l’augmentation de la production des Etats-Unis et du Canada, l’Irak, le Brésil, le Kazakstan.
Sur le plan gazier, on va aussi vers un marché de plus en plus concurrentiel et vers une augmentation de la production mondiale. Il y a le gaz de schiste américain qui va faire des Etats-Unis un exportateur, mais d’autres pays vont essayer de développer leur gaz non conventionnel comme la Chine et l’Australie. Il y aura de nouveaux producteurs/exportateurs par exemple en Afrique comme le Mozambique et peut-être le Cameroun. Il y aura aussi Israël qui devrait devenir exportateur, peut-être Chypre ou encore le Liban. C’est une concurrence qui nécessitera une adaptation et de la réactivité dans les prochaines années.
-A quel point l’Algérie sera-t-elle fragilisée compte tenu de ces éléments ?
L’Algérie subira cette compétition, notamment sur le marché gazier. Il est clair que pour le moment, elle exporte l’essentiel de son gaz vers l’Europe et cela va continuer pendant plusieurs années. Mais le marché européen est de plus en plus concurrentiel parce qu’il y aura notamment une partie du gaz de schiste américain, il y aura également ces nouveaux producteurs, notamment de la Méditerranée orientale pour lesquels le marché européen est proche, l’Asie, mais aussi l’Afrique. Certes, l’Algérie a toujours eu de la concurrence, mais quand celle-ci va s’intensifier elle devra s’adapter pour essayer de maintenir ses positions et ses parts de marché, notamment sur le marché européen qui est capital pour elle. Les années qui viennent ne seront donc pas faciles en termes de concurrence pour l’Algérie.
-Qu’en sera-t-il des recettes d’hydrocarbures ?
On ne peut pas exclure une baisse des recettes d’exportations, mais ce n’est pas une certitude. Ce qui est sûr, c’est que l’Algérie devra se battre. Les recettes sont liées aux volumes et aux prix. Les prix du gaz sont normalement indexés sur les prix du pétrole, qui eux resteront relativement élevés. Cependant, les pays consommateurs feront de plus en plus pression sur les producteurs pour qu’il y ait une certaine déconnexion des prix du gaz par rapport aux prix du pétrole et notamment avec l’arrivée des Etats-Unis comme exportateurs. S’agissant des volumes, l’Algérie devra batailler sur le marché européen pour maintenir ses quantités.
Sur les dernières années, elle est loin d’exporter son potentiel gazier, d’autant qu’il y a une baisse de la demande sur le marché européen en raison de la crise économique. On peut penser que dans les prochaines années, la demande européenne pourrait repartir avec une amélioration de la situation économique en Europe. Mais est-ce que ce sera dans les cinq prochaines années ou un peu plus tard, difficile de le dire. En somme, le risque de baisse des recettes n’est pas une fatalité et cela dépendra des facultés d’adaptation de l’Algérie et de Sonatrach.
-L’exploitation du gaz de schiste est-elle un moyen d’adaptation ?
Ce choix a déjà été fait par les dirigeants algériens au vu de leurs déclarations. L’Algérie doit faire face à la croissance de sa demande interne. Les autorités veulent y répondre à travers un mix énergétique qui permettrait de faire monter en puissance les gaz non conventionnels, les énergies renouvelables, l’énergie solaire et à terme l’énergie nucléaire pour répondre à la demande interne, tout en restant un important exportateur. Le gaz de schiste n’est pas encore une réalité en termes de production mais en termes de décision politique, les dirigeants algériens estiment qu’ils auront besoin d’explorer et de développer le potentiel national en gaz non conventionnel. La question est de savoir comment s’organiser pour cela. Il faudra des partenariats avec des firmes étrangères et il faudra répondre à la question environnementale importante. Mais ce choix doit permettre d’une part de satisfaire la forte croissance de la demande interne et, d’autre part, de rester un pays exportateur important pour pouvoir financer son économie.
Safia Berkouk- El Watan