Téléphérique urbain, marina, port de croisière et plaisance, périphérique côtier… A l’occasion de la reconversion de l’ancien port de Tanger Ville, la ville du nord du Maroc multiple les projets d’urbanisme dans le cadre du plan Tanger Métropole qui doit accompagner aussi l'arrivée du futur TGV. Un projet d’aménagement qui prévoit plus de 700 millions d’euros d'investissements. Objectif du maire de Tanger : dépasser Casablanca.
Un travail de romain à deux pas des anciennes colonnes d’Hercule et 13 km de l’Europe…. Le méga programme urbain "Tanger-Métropole" doit entrer dans une nouvelle phase l’an prochain et s'étaler pour au moins cinq ans de 2013 à 2017. Il doit cumuler sur le papier 7,6 milliards de dirhams d'investissements (700 millions d’euros), dont 2 milliards de dirhams pour les seuls aménagements maritimes.
En sixième place
Avec 840 000 habitants, Tanger est la sixième ville du Maroc par la population et s’étend sur 302 km². Elle est incluse dans la préfecture de Tanger-Asilah et plus largement la région de Tanger –Tétouan. La population de cette région est de 2,76 millions d’habitants, soit 8,3% de la population totale du Maroc (source CRI Tanger Tétouan). Le taux d’urbanisation des habitants de la région était de 58,4% en 2004 contre 55,1% au niveau national. Pour Tanger, il dépasse 90%. Le maire de Tanger est depuis 2010, Fouad El Omari qui est aussi député sous étiquette Parti Authenticité et modernité (PAM), actuellement dans l’opposition gouvernementale. Les projets liés aux zones franches (TFZ, TAC, usine Renault Melloussa) et au complexe portuaire TangerMed sont gérés directement par l’agence gouvernementale TMSA.
Les financements seront à la fois publics et privés. Ils mobiliseront une vingtaine de partenaires dont près de la moitié en terme de montant pour la ville de Tanger elle-même et aussi des institutionnels comme la Caisse de dépôt et de gestion (CDG).
En germe depuis trois ans, et débuté pour certaines de ses composantes, portuaires notamment, depuis début 2012, la dernière version de ce Plan Tanger Metropole a été présenté à Mohammed VI fin septembre dernier à l’occasion d’une royale visite dans la "cité du Nord".
"DÉPASSER CASABLANCA"
L’objectif est simple, conforter la dynamique économique créée par la zone franche TFZ située près de l’aéroport et ses 50 000 emplois créés, le port en eau profonde TangerMed inauguré en 2007 et la plateforme industrielle de Renault à Melloussa ouverte en février 2012.
Il s'agit aussi de remettre un minimum de logique urbanistique dans une ville qui voit les projets immobiliers fleurir à tout va et où certains services de base comme l’assainissement ou le traitement des déchets sont défaillants. En vue : une ville toute neuve ou presque lors l’achèvement de la ligne de TGV reliant Rabat prévu pour 2017.
"Il faut bien prendre conscience de ce qui se passe chez nous", déclarait cet été à l’occasion d’une rencontre avec L’Usine Nouvelle Fouad El Omari, 40 ans, le maire de Tanger depuis 2010. "C’est un projet majeur. Le but : faire de Tanger une des métropoles méditerranéennes qui comptent vraiment et non plus un simple point d’entrée au Maroc. Je vous l’affirme, notre ambition à terme est même de dépasser Casablanca et devenir le pôle économique principal du royaume ! »
RÉAMÉNAGEMENT COMPLET DE L’ANCIEN PORT
Un vaste programme donc autour duquel se bousculent autorités locales, opérateurs économiques et technocrates. Ce mercredi 27 novembre, comme le rapporte le site d'information Media 24, une réunion de toutes ces parties prenantes était d’ailleurs organisée à Tanger concernant la mise en musique de ces projets. Pas forcément une partie de plaisir car les calendriers et les intérêts des uns et des autres ne convergent pas toujours. Sans compter que la région est aussi régulièrement le théâtre d’affaires de corruption.
Et le programme ? Figurent donc au menu le réaménagement complet de l’ancien port, la modernisation de la ville (routes, hôpitaux, mosquées…), la création de logements et autres surfaces commerciales. A cela s’ajoute des infrastructures de tourisme de loisir ou d’affaires.
La pierre angulaire de cette redéfinition de la métropole marocaine passe par le "nouveau" port, un projet géré par la Société d’Aménagement de la zone Portuaire de Tanger Ville, avec le support technique notamment de TangerMed Engineering.
En effet, si tout le trafic commercial et l’essentiel du trafic passager (car ferries) a été déplacé sur le port en eau profonde à Tanger Med situé à 45 km à l’est de Tanger (piloté par une toute autre structure TMSA), la ville va bel et bien garder son caractère maritime.
Le port de Tanger Ville doit même à terme accueillir trois postes à quai de 260 m, 270 m et 360 m destinés aux navires de croisière, ainsi qu’aux navires rapides (fast ferries) qui relient Tarifa en Espagne en 30 mn.
La première phase des travaux bien entamée, elle comporte la modernisation et l’allongement du quai dit T5. Le but est de voir débarquer plus de 750 000 croisiéristes en 2020.
HÔTEL CINQ ÉTOILES
Un port de plaisance de 1 610 anneaux va être créé de toute pièce, ainsi qu’une marina. Enfin, le nouveau port de pêche relocalisé à l'ouest de l'actuel port comprenant 11 hectares de bassin et 12 hectares de terre-pleins sera doté de 2 537 mètres linéaires de quai. Ces travaux portuaires ont été lancés mi-décembre 2011 et sont assez avancés.
Dans le domaine du commerce de l’hôtellerie et du tourisme d’affaires, le "master plan" prévoit la création d’un palais des congrès d’une capacité de 1 500 places. À cela s’ajoutera notamment un hôtel cinq étoiles de 150 chambres, et quatre établissements quatre étoiles (250 clés), un multiplex cinématographique de 7 000 m² et un centre commercial de 30 000 m². En matière d’immobilier d’affaires, 20 000 m² de bureaux sont prévus.
Un des volets les plus originaux de ces aménagements futurs est un projet de téléphérique urbain. Celui-ci, qui reste à confirmer comprendrait une ligne de 1 800 mètres reliant la Kasbah, la Marina et la place de Faro en centre-ville. Doté de 3 ou 4 stations, ce téléphérique aurait un débit de 2 800 personnes par heure.
En matière de circulation, les voiries de la cité doivent par ailleurs être réhabilitées. Et la ville doit voir la création de 4 200 places de parkings dont 1 000 en parcs souterrains.
Pour désengorger le centre, il est prévu une grande rocade côtière ouest reliant en bord de mer le port de Tanger Ville à la façade atlantique et l’autoroute vers Rabat soit un périphérique de plus de 60 km. Certains marchés alimentaires de gros seraient aussi délocalisés en périphérie.
De plus, une nouvelle zone industrielle de 1 000 ha (non franche) est même envisagée à l’extérieur de la ville. Tout comme la construction d’un centre de traitement des déchets ménagers
Reste à mener à bien tous ces projets dans les temps et les budgets prévus, ce qui au Maroc comme ailleurs relève souvent de la gageure. À cette condition, la cité interlope d’autrefois, longtemps associée aux trafics en tout genre et fut même réputée être un nid d’espions pendant la Guerre froide, aura radicalement changé de visage.
usine nouvelle
Un travail de romain à deux pas des anciennes colonnes d’Hercule et 13 km de l’Europe…. Le méga programme urbain "Tanger-Métropole" doit entrer dans une nouvelle phase l’an prochain et s'étaler pour au moins cinq ans de 2013 à 2017. Il doit cumuler sur le papier 7,6 milliards de dirhams d'investissements (700 millions d’euros), dont 2 milliards de dirhams pour les seuls aménagements maritimes.
En sixième place
Avec 840 000 habitants, Tanger est la sixième ville du Maroc par la population et s’étend sur 302 km². Elle est incluse dans la préfecture de Tanger-Asilah et plus largement la région de Tanger –Tétouan. La population de cette région est de 2,76 millions d’habitants, soit 8,3% de la population totale du Maroc (source CRI Tanger Tétouan). Le taux d’urbanisation des habitants de la région était de 58,4% en 2004 contre 55,1% au niveau national. Pour Tanger, il dépasse 90%. Le maire de Tanger est depuis 2010, Fouad El Omari qui est aussi député sous étiquette Parti Authenticité et modernité (PAM), actuellement dans l’opposition gouvernementale. Les projets liés aux zones franches (TFZ, TAC, usine Renault Melloussa) et au complexe portuaire TangerMed sont gérés directement par l’agence gouvernementale TMSA.
Les financements seront à la fois publics et privés. Ils mobiliseront une vingtaine de partenaires dont près de la moitié en terme de montant pour la ville de Tanger elle-même et aussi des institutionnels comme la Caisse de dépôt et de gestion (CDG).
En germe depuis trois ans, et débuté pour certaines de ses composantes, portuaires notamment, depuis début 2012, la dernière version de ce Plan Tanger Metropole a été présenté à Mohammed VI fin septembre dernier à l’occasion d’une royale visite dans la "cité du Nord".
"DÉPASSER CASABLANCA"
L’objectif est simple, conforter la dynamique économique créée par la zone franche TFZ située près de l’aéroport et ses 50 000 emplois créés, le port en eau profonde TangerMed inauguré en 2007 et la plateforme industrielle de Renault à Melloussa ouverte en février 2012.
Il s'agit aussi de remettre un minimum de logique urbanistique dans une ville qui voit les projets immobiliers fleurir à tout va et où certains services de base comme l’assainissement ou le traitement des déchets sont défaillants. En vue : une ville toute neuve ou presque lors l’achèvement de la ligne de TGV reliant Rabat prévu pour 2017.
"Il faut bien prendre conscience de ce qui se passe chez nous", déclarait cet été à l’occasion d’une rencontre avec L’Usine Nouvelle Fouad El Omari, 40 ans, le maire de Tanger depuis 2010. "C’est un projet majeur. Le but : faire de Tanger une des métropoles méditerranéennes qui comptent vraiment et non plus un simple point d’entrée au Maroc. Je vous l’affirme, notre ambition à terme est même de dépasser Casablanca et devenir le pôle économique principal du royaume ! »
RÉAMÉNAGEMENT COMPLET DE L’ANCIEN PORT
Un vaste programme donc autour duquel se bousculent autorités locales, opérateurs économiques et technocrates. Ce mercredi 27 novembre, comme le rapporte le site d'information Media 24, une réunion de toutes ces parties prenantes était d’ailleurs organisée à Tanger concernant la mise en musique de ces projets. Pas forcément une partie de plaisir car les calendriers et les intérêts des uns et des autres ne convergent pas toujours. Sans compter que la région est aussi régulièrement le théâtre d’affaires de corruption.
Et le programme ? Figurent donc au menu le réaménagement complet de l’ancien port, la modernisation de la ville (routes, hôpitaux, mosquées…), la création de logements et autres surfaces commerciales. A cela s’ajoute des infrastructures de tourisme de loisir ou d’affaires.
La pierre angulaire de cette redéfinition de la métropole marocaine passe par le "nouveau" port, un projet géré par la Société d’Aménagement de la zone Portuaire de Tanger Ville, avec le support technique notamment de TangerMed Engineering.
En effet, si tout le trafic commercial et l’essentiel du trafic passager (car ferries) a été déplacé sur le port en eau profonde à Tanger Med situé à 45 km à l’est de Tanger (piloté par une toute autre structure TMSA), la ville va bel et bien garder son caractère maritime.
Le port de Tanger Ville doit même à terme accueillir trois postes à quai de 260 m, 270 m et 360 m destinés aux navires de croisière, ainsi qu’aux navires rapides (fast ferries) qui relient Tarifa en Espagne en 30 mn.
La première phase des travaux bien entamée, elle comporte la modernisation et l’allongement du quai dit T5. Le but est de voir débarquer plus de 750 000 croisiéristes en 2020.
HÔTEL CINQ ÉTOILES
Un port de plaisance de 1 610 anneaux va être créé de toute pièce, ainsi qu’une marina. Enfin, le nouveau port de pêche relocalisé à l'ouest de l'actuel port comprenant 11 hectares de bassin et 12 hectares de terre-pleins sera doté de 2 537 mètres linéaires de quai. Ces travaux portuaires ont été lancés mi-décembre 2011 et sont assez avancés.
Dans le domaine du commerce de l’hôtellerie et du tourisme d’affaires, le "master plan" prévoit la création d’un palais des congrès d’une capacité de 1 500 places. À cela s’ajoutera notamment un hôtel cinq étoiles de 150 chambres, et quatre établissements quatre étoiles (250 clés), un multiplex cinématographique de 7 000 m² et un centre commercial de 30 000 m². En matière d’immobilier d’affaires, 20 000 m² de bureaux sont prévus.
Un des volets les plus originaux de ces aménagements futurs est un projet de téléphérique urbain. Celui-ci, qui reste à confirmer comprendrait une ligne de 1 800 mètres reliant la Kasbah, la Marina et la place de Faro en centre-ville. Doté de 3 ou 4 stations, ce téléphérique aurait un débit de 2 800 personnes par heure.
En matière de circulation, les voiries de la cité doivent par ailleurs être réhabilitées. Et la ville doit voir la création de 4 200 places de parkings dont 1 000 en parcs souterrains.
Pour désengorger le centre, il est prévu une grande rocade côtière ouest reliant en bord de mer le port de Tanger Ville à la façade atlantique et l’autoroute vers Rabat soit un périphérique de plus de 60 km. Certains marchés alimentaires de gros seraient aussi délocalisés en périphérie.
De plus, une nouvelle zone industrielle de 1 000 ha (non franche) est même envisagée à l’extérieur de la ville. Tout comme la construction d’un centre de traitement des déchets ménagers
Reste à mener à bien tous ces projets dans les temps et les budgets prévus, ce qui au Maroc comme ailleurs relève souvent de la gageure. À cette condition, la cité interlope d’autrefois, longtemps associée aux trafics en tout genre et fut même réputée être un nid d’espions pendant la Guerre froide, aura radicalement changé de visage.
usine nouvelle
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