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La protection antidumping accordée au sidérurgiste Maghreb Steel fait débat au Maroc

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  • La protection antidumping accordée au sidérurgiste Maghreb Steel fait débat au Maroc

    Faut-il instaurer des droits antidumping sur l'acier plat importé au Maroc pour voler au secours du sidérurgiste marocain Maghreb Steel comme le prévoit le gouvernement ? Au Maroc, les industriels sont partagés. En attendant, ArcelorMittal et Tata Steel qui devraient subir des tarifs allant jusqu'à +29% sont dans la ligne de mire.
    La décision prise par le gouvernement marocain d'instaurer des droits antidumping sur des tôles d’acier laminées à chaud, d’origine turques ou européennes à des fins de protection du sidérurgiste Maghreb Steel installé près de Casablanca ne fait pas l'unanimité au Maroc.
    Au banc des accusés pour Maghreb Steel : les usines européennes d'ArcelorMittal, Tata Steel ou Evraz, les turques Erdemir et Colakoglu et des importateurs au Maroc comme Arcelor Serv, Comaprom ou Toufer qui pratiqueraient des prix cassés.
    Des droits anti-dumping doivent donc frapper notamment ArcelorMittal ou Tata Steel jusqu'à 29,12% (voir encadré). Ce qui est supposé aider au redressement de Maghreb Steel.
    L'Usine Nouvelle a sondé quelques industriels utilisateurs d'acier pour recueillir leur avis sur cette protection dont va bénéficier le seul producteur d'acier plat marocain.
    Même si certains comprennent cette décision pour soutenir ce groupe emblématique créé et mené avec énergie par l'entrepreneur Fadel Sekkat pour d'autres la décision du gouvernement à court terme est dommageable à l'économie marocaine.
    Les objections sont de différents ordres. Parmi celles-ci, les répercussions négatives en chaine. "L'acier va voir son prix augmenter artificiellement et impacter la compétitivité des industries de transformation en aval fournissant des secteurs comme l'automobile", estime un industriel de la mécanique.
    Ce, alors que le président de la FIMME (Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques) Abdelhamid Souiri avait sonné l'alerte en septembre à L'Usine Nouvelle sur le déficit de compétitivité de certains produits industriels marocains.
    "Sur une filière composée de plusieurs acteurs, défendre l'une au dépens des autres crée inévitablement des distorsions anti-économiques", estime un chef d'entreprise.
    Droit antidumping provisoire retenus: ARCELOR MITTAL Europe : 29,12%. TATA STEEL Europe :22,11%. STEEL LINK :22,11%.COLAKOGLU (Turquie) :0%. ERDEMIR (Turquie) :0%. Autres exportateurs de l'Union européenne et de Turquie : 29,12%
    "L'État n'a pas à venir au secours de Maghreb Steel " juge même un industriel de la découpe installé à Mohammedia.
    D'autres industriels suggèrent l'intervention de l'État, mais par d'autres formes que des mesures de protection. "L'État pourrait par exemple investir dans Maghreb Steel en contrepartie d’une restructuration de l’entreprise", propose un spécialiste du câblage implanté près de Casablanca."
    Un sous-traitant de mécanique industrielle basé également à Casablanca estime lui que Maghreb Steel a utilisé sa position pour réclamer un soutien de l'État et que seuls ses intérêts sont pris en compte. Selon lui la situation de Maghreb Steel serait "le résultat d'erreurs de gestion " non imputable au marché.
    Mais, tous ne partagent pas cet avis. Ainsi le patron d’une importante usine de sous-traitance à Tanger indique à L’Usine Nouvelle "l’instauration de ces droits antidumping se comprend si cela est fait dans le respect des règles de l’OMC". Cet industriel qui travaille pour l’automobile est implanté sur la zone franche TFZ et ne sera donc en principe pas impacté par les droits additionnels.
    Il poursuit : "il ne s’agit pas pour l’État de soutenir des entreprises non compétitives mais de s’assurer qu’il y a une concurrence internationale loyale. Si ce n’est pas le cas, il n’y aucun chance de développer une industrie sidérurgique au Maroc, alors que les besoins existent… à charge bien sûr pour cette sidérurgie de proposer des produits de qualité adaptés au marché et notamment au standard automobile".
    Ce sous-traitant est d’ailleurs en train de passer à l’acte puisqu’il est en phase d’homologation sur certains aciers plat de Maghreb Steel.
    Mais, il faudra beaucoup d'exemples comme celui-ci pour relancer le groupe. Depuis deux ans, les ventes et la production de Maghreb Steel sont très en deçà des prévisions du plan initial. Les dettes du groupe à fin 2012 s’élevaient à 5,4 milliards de dirhams, 2,3 fois ses fonds propres.
    Reste un autre sujet de débat , la position du Maroc au plan international. Même si les droits antidumping font partie de l'arsenal courant de défense utilisés régulièrement par exemple en Europe et peuvent être autorisés par l'OMC, le Maroc risque de se mettre dans une position inconfortable. D'un côté, il négocie un accord de libre-échange avec l'Union européenne et de l'autre il impose des entraves à la circulation des marchandises,
    Interrogé par L'Usine Nouvelle début octobre Abdelkader Amara alors ministre de l'Industrie mettait l'accent sur cet aspect "Maghreb Steel réclame des droits anti-dumping. Mais c'est un sujet qui implique les règles de l'OMC. Le Maroc ne prend pas de décisions sur le dumping ou sur des mesures compensatoires de manière hasardeuse. Il faut des dossiers ficelés." La présidente de la CGEM Miriem Bensalah Chaqroun s'est néanmoins de son coté récemment inquiétée de l'impact des nombreux accords de libre échange signés par le Maroc ces dernières années. D'ailleurs, le royaume a déjà appliqué des droits antidumping sur certains produits par exemple cette année sur le PVC.
    Après l'application effective des tarifs antidumping sur l'acier plat, reste à savoir aussi quelle sera l'attitude des sidérurgistes incriminés comme ArcelorMittal.
    Les groupes européens touchés peuvent se retourner vers la Commission européenne qui a la compétence exclusive des sujets commerciaux pour lui demander de faire pression auprès des autorités marocaines, voire si la situation se prolongeait de porter l'affaire à l'OMC devant l'Organe de règlement des différends. Mais les volumes étant réduits à l'échelle internationale (les importations marocaines d'acier ont atteint 250 000 tonnes en 2012) il n'est pas certain que l'affaire aille jusque là.
    Interrogé vendredi par L'Usine Nouvelle, ArcelorMittal a pour sa part indiqué que "la politique du groupe est de ne pas faire de commentaires sur les dossiers anti-dumping."
    Nasser Djama et Pierre-Olivier Rouaud

    Selon le rapport du ministère marocain du Commerce extérieur les marges de sous cotation pour l'année 2012 sont de 29,12% pour ArcelorMittal, de 29,87% pour Steel Link, de 24,82% pour Erdemir et de 30,89% pour Colakoglu.Ces marges explique le rapport "traduisent le fait que les prix de vente des tôles importées présentent en moyenne une différence importante comparativement aux prix de vente de Maghreb Steel." A noter que si le rapport fait expressement référence à l'instauration de droits antidumping (voir leur encadré), leur publication au Bulletin officiel du Maroc n'était pas accessible en fin de semaine dernière

    usine nouvelle
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