Le Sud aura besoin de 140 milliards de DH d'investissements sur 10 ans
Le modèle proposé par le CESE pour le Sud identifie trois pôles régionaux de compétitivité. Leur développement devra se faire tout en insistant sur la mobilisation des acteurs locaux et les investisseurs privés.
Smara Maroc Sud Investissement
C’est une véritable feuille de route que celle qui vient d’être présentée par le Conseil économique, social et environnemental pour développer les régions du Sud. Ce nouveau modèle de développement, rendu public la semaine écoulée, constitue en effet une vision stratégique globale devant assurer à ces régions un décollage socio-économique. C’est du moins l’espoir affiché par Nizar Baraka et les autres membres du CESE qui ont veillé à l’élaboration du modèle.
Les propositions formulées au niveau économique tendent principalement vers la reconfiguration du microcosme local. Jusque-là, c’est principalement l’Etat qui jouait le rôle de locomotive, à travers des investissements permettant d’assurer un minimum d’emplois dans les régions du Sud tout en répondant aux besoins sociaux. Néanmoins, cette configuration n’a pas, de l’avis même du CESE, permis au Sud de réussir son décollage économique. C’est la raison qui pousse aujourd’hui les auteurs du nouveau modèle à insister sur la mobilisation du secteur privé en soutien aux efforts de l’Etat.
Et pour cause, selon les premières estimations, ces régions auront besoin d’une enveloppe globale de 140 milliards de DH pour financer l’ensemble des investissements nécessaires sur les dix prochaines années. Cela permettra de doubler, dans un horizon de 10 ans, le PIB de ces régions et de créer plus de 120 000 nouveaux emplois. Or, il est communément admis que l’Etat, seul, ne peut assurer, au meilleur des cas, que la moitié de ce budget. Dès lors, la mise en place d’un climat des affaires attrayant pour les investisseurs privés devient une condition sine qua non pour développer l’économie des régions du Sud. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’une des recommandations majeures du CESE est de mettre en place un système fiscal adapté à cette contrainte, en jouant notamment sur un IS et IR avantageux et une TVA normalisée comme principaux leviers. Ceci serait soutenu par la création d’un fonds inter-régional d’impulsion économique dont l’objectif serait de faciliter l’émergence de grands projets et d’accompagner les petites et moyennes entreprises, ainsi que les coopératives et les mutuelles.
Cette mobilisation de l’investissement privé serait accompagnée par la mise en place de trois grands pôles de compétitivités économiques, lesquels inscriraient le développement économique de ces régions dans une logique sectorielle. Ainsi, la région Laâyoune-Boujdour pourrait être définie comme un pôle économique diversifié, capitalisant à la fois sur le positionnement de la région sur le secteur primaire mais également en instaurant un pôle industriel basé, entre autres, sur le secteur des phosphates. Le secteur tertiaire ne serait pas en reste puisque l’analyse du CESE considère que cette région disposerait d’atouts pour devenir une plate-forme logistique et de commerce, ainsi qu’un pôle touristique et artisanal de niche. Pour le cas de la région Oued-Eddahab-Lagouira, l’enjeu serait en revanche d’en faire un pôle en pointe, principalement sur la pêche, l’agriculture à forte valeur ajoutée, le tourisme de niche et les énergies renouvelables. Enfin, la région de Guelmim-Smara dispose du potentiel nécessaire pour constituer une plate-forme reliant le Nord au Sud, grâce notamment à l’émergence d’une économie sociale et solidaire.
Sur le volet social, si le CESE recommande, entre autres, de substituer aux politiques sociales actuelles une stratégie intégrée de développement humain, il recommande également de revoir le système de soutien des populations défavorisées. En effet, pour les équipes de Nizar Baraka, le système d’assistanat jusque-là adopté n’a pas permis d’intégrer les populations locales dans le développement socio-économique de leur région. De là découle la nécessité d’instaurer un système où des transferts monétaires seraient conditionnés afin qu’ils soient mieux ciblés.
Questions à Nizar baraka, Président du CESE
"Des aides conditionnées seront octroyées aux populations les plus démunies"
La Vie éco : Concrètement, de quoi ont besoin les régions du sud ?
Ces régions ont besoin, d’abord, d’une vision. Celle-ci doit être intégrée, comprenant les dimensions sociales, économiques, culturelles et environnementales. Elle doit donner une visibilité aux opérateurs économiques privés et aux acteurs de l’économie sociale et solidaire pour qu’ils puissent s’investir dans ces régions. Celles-ci ont ensuite besoin d’une gouvernance plus responsable. La régionalisation avancée favorisera une meilleure proximité des centres de décision au niveau local à travers la déconcentration, ce qui permettra aux élus locaux d’assurer la mise en place des plans de développement régionaux qui répondront aux attentes des populations. Il y a par ailleurs un véritable besoin de rétablir la concertation et la démocratie participative. Dans ces régions, il y a une société civile très dynamique, des acteurs économiques plutôt organisés et des acteurs syndicaux qui peuvent participer au développement de ces régions.
Dispose-t-elle justement d’une élite suffisamment compétente pour cela ?
Les différentes rencontres que nous avons eues lors de l’élaboration de ce modèle de développement montrent qu’il existe effectivement une génération porteuse d’avenir avec un bon niveau de compétences. Il existe également une notabilité qui contribue au développement de ces régions à travers leurs investissements. L’idée est donc de veiller à mobiliser toutes les forces vives qui sont à même de porter les projets. Il y a lieu également de favoriser l’éclosion de leurs potentialités.
Dans l’un des volets du rapport, vous parlez de «transfert monétaire ciblé». Cela rime-t-il avec suppression des aides traditionnelles en faveur de ces régions ?
Ce que nous proposons, c’est de mettre en place des filets sociaux de sécurité. Ceux-ci seront basés sur le ciblage des populations les plus démunies pour lesquelles des aides conditionnées seront octroyées. C’est comme ce qui a été fait pour le programme Tayssir où des aides ont été octroyées en contrepartie de la scolarité des enfants. On pourrait prévoir des systèmes semblables. L’idée est de parvenir à des filets sociaux qui remplaceront progressivement la politique d’assistanat qui est certes importante mais qui n’a pas donné les résultats escomptés en matière d’intégration des populations dans la dynamique de développement de ces régions.
Younes Tantaoui. La Vie éco
Le modèle proposé par le CESE pour le Sud identifie trois pôles régionaux de compétitivité. Leur développement devra se faire tout en insistant sur la mobilisation des acteurs locaux et les investisseurs privés.
Smara Maroc Sud Investissement
C’est une véritable feuille de route que celle qui vient d’être présentée par le Conseil économique, social et environnemental pour développer les régions du Sud. Ce nouveau modèle de développement, rendu public la semaine écoulée, constitue en effet une vision stratégique globale devant assurer à ces régions un décollage socio-économique. C’est du moins l’espoir affiché par Nizar Baraka et les autres membres du CESE qui ont veillé à l’élaboration du modèle.
Les propositions formulées au niveau économique tendent principalement vers la reconfiguration du microcosme local. Jusque-là, c’est principalement l’Etat qui jouait le rôle de locomotive, à travers des investissements permettant d’assurer un minimum d’emplois dans les régions du Sud tout en répondant aux besoins sociaux. Néanmoins, cette configuration n’a pas, de l’avis même du CESE, permis au Sud de réussir son décollage économique. C’est la raison qui pousse aujourd’hui les auteurs du nouveau modèle à insister sur la mobilisation du secteur privé en soutien aux efforts de l’Etat.
Et pour cause, selon les premières estimations, ces régions auront besoin d’une enveloppe globale de 140 milliards de DH pour financer l’ensemble des investissements nécessaires sur les dix prochaines années. Cela permettra de doubler, dans un horizon de 10 ans, le PIB de ces régions et de créer plus de 120 000 nouveaux emplois. Or, il est communément admis que l’Etat, seul, ne peut assurer, au meilleur des cas, que la moitié de ce budget. Dès lors, la mise en place d’un climat des affaires attrayant pour les investisseurs privés devient une condition sine qua non pour développer l’économie des régions du Sud. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’une des recommandations majeures du CESE est de mettre en place un système fiscal adapté à cette contrainte, en jouant notamment sur un IS et IR avantageux et une TVA normalisée comme principaux leviers. Ceci serait soutenu par la création d’un fonds inter-régional d’impulsion économique dont l’objectif serait de faciliter l’émergence de grands projets et d’accompagner les petites et moyennes entreprises, ainsi que les coopératives et les mutuelles.
Cette mobilisation de l’investissement privé serait accompagnée par la mise en place de trois grands pôles de compétitivités économiques, lesquels inscriraient le développement économique de ces régions dans une logique sectorielle. Ainsi, la région Laâyoune-Boujdour pourrait être définie comme un pôle économique diversifié, capitalisant à la fois sur le positionnement de la région sur le secteur primaire mais également en instaurant un pôle industriel basé, entre autres, sur le secteur des phosphates. Le secteur tertiaire ne serait pas en reste puisque l’analyse du CESE considère que cette région disposerait d’atouts pour devenir une plate-forme logistique et de commerce, ainsi qu’un pôle touristique et artisanal de niche. Pour le cas de la région Oued-Eddahab-Lagouira, l’enjeu serait en revanche d’en faire un pôle en pointe, principalement sur la pêche, l’agriculture à forte valeur ajoutée, le tourisme de niche et les énergies renouvelables. Enfin, la région de Guelmim-Smara dispose du potentiel nécessaire pour constituer une plate-forme reliant le Nord au Sud, grâce notamment à l’émergence d’une économie sociale et solidaire.
Sur le volet social, si le CESE recommande, entre autres, de substituer aux politiques sociales actuelles une stratégie intégrée de développement humain, il recommande également de revoir le système de soutien des populations défavorisées. En effet, pour les équipes de Nizar Baraka, le système d’assistanat jusque-là adopté n’a pas permis d’intégrer les populations locales dans le développement socio-économique de leur région. De là découle la nécessité d’instaurer un système où des transferts monétaires seraient conditionnés afin qu’ils soient mieux ciblés.
Questions à Nizar baraka, Président du CESE
"Des aides conditionnées seront octroyées aux populations les plus démunies"
La Vie éco : Concrètement, de quoi ont besoin les régions du sud ?
Ces régions ont besoin, d’abord, d’une vision. Celle-ci doit être intégrée, comprenant les dimensions sociales, économiques, culturelles et environnementales. Elle doit donner une visibilité aux opérateurs économiques privés et aux acteurs de l’économie sociale et solidaire pour qu’ils puissent s’investir dans ces régions. Celles-ci ont ensuite besoin d’une gouvernance plus responsable. La régionalisation avancée favorisera une meilleure proximité des centres de décision au niveau local à travers la déconcentration, ce qui permettra aux élus locaux d’assurer la mise en place des plans de développement régionaux qui répondront aux attentes des populations. Il y a par ailleurs un véritable besoin de rétablir la concertation et la démocratie participative. Dans ces régions, il y a une société civile très dynamique, des acteurs économiques plutôt organisés et des acteurs syndicaux qui peuvent participer au développement de ces régions.
Dispose-t-elle justement d’une élite suffisamment compétente pour cela ?
Les différentes rencontres que nous avons eues lors de l’élaboration de ce modèle de développement montrent qu’il existe effectivement une génération porteuse d’avenir avec un bon niveau de compétences. Il existe également une notabilité qui contribue au développement de ces régions à travers leurs investissements. L’idée est donc de veiller à mobiliser toutes les forces vives qui sont à même de porter les projets. Il y a lieu également de favoriser l’éclosion de leurs potentialités.
Dans l’un des volets du rapport, vous parlez de «transfert monétaire ciblé». Cela rime-t-il avec suppression des aides traditionnelles en faveur de ces régions ?
Ce que nous proposons, c’est de mettre en place des filets sociaux de sécurité. Ceux-ci seront basés sur le ciblage des populations les plus démunies pour lesquelles des aides conditionnées seront octroyées. C’est comme ce qui a été fait pour le programme Tayssir où des aides ont été octroyées en contrepartie de la scolarité des enfants. On pourrait prévoir des systèmes semblables. L’idée est de parvenir à des filets sociaux qui remplaceront progressivement la politique d’assistanat qui est certes importante mais qui n’a pas donné les résultats escomptés en matière d’intégration des populations dans la dynamique de développement de ces régions.
Younes Tantaoui. La Vie éco
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