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Depuis près de six mois, l’Algérie toute entière a les yeux rivés et les oreilles toute ouïe sur les bruissements du microcosme politique algérois, la prochaine échéance électorale et les jeux d’ombres qui l’accompagnent. Je ne dis pas que cela n’est pas important, mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’il y a aussi, en Algérie, une vie économique qui a besoin d’être dynamisée et que c’est probablement là qu’il faudra chercher l’élan dont on a besoin pour faire face à la difficile période qui s’ouvre.
Au cours de la seconde moitié de septembre se tiendront la 15e tripartite et la 1re conférence sociale. Il faut dire que jusqu’à maintenant, la tripartite a certes été un forum utile d’échanges entre partenaires sociaux, mais les thèmes abordés ont été trop généraux et les quelques rares décisions arrêtées ont été peu suivies d’effet. Et c’est bien dommage, car il ne faut surtout pas que le dialogue social perde de sa crédibilité et devienne une coquille vide, au moment même où le pays a besoin plus que jamais de délibérations, de reconstruire un consensus social indispensable pour la remobilisation autour de la relance de la croissance, de l’investissement et de l’emploi.
Quelles sont aujourd’hui les urgences économiques à prendre en charge par le gouvernement et les partenaires sociaux ?
Au préalable, il nous faut aborder une question que les Algériens ont tendance à considérer comme réglée, ou pour le moins comme pouvant attendre de l’être et qui, pourtant, se pose toujours et en des termes graves ; il s’agit de la question du statut des hydrocarbures dans la démarche économique des gouvernants.
Je me permets d’attirer l’attention du lecteur, mais il aura certainement relevé qu’ici, nous ne sommes pas encore dans l’après-pétrole mais toujours dans l’ère du pétrole et que cette étape a ses exigences : il faut savoir gérer nos hydrocarbures avec une grande rigueur car pour une longue période encore, le dossier «number one» en Algérie sera encore le pétrole. Les experts de l’économie pétrolière affirment tous que le moment où la production mondiale de pétrole commencera à baisser inéluctablement n’est pas bien loin : 2020 ? 2025 ? Date à laquelle la production mondiale plafonnera à quelque 100 millions barils/jour puis commencera à décliner. Les nouvelles découvertes qui seront réalisées seront insuffisantes pour compenser la production consommée des réserves.
Pour l’Algérie, il y aura là une bonne et une mauvaise nouvelle : la bonne nouvelle est que nous allons profiter encore un temps de la baisse progressive de l’offre mondiale de pétrole, qui aura un impact positif sur le prix pour les pays exportateurs : nos recettes d’exportations seront encore, sur le moyen terme, significatives. La mauvaise nouvelle est que le déclin de la production mondiale nous touchera aussi, bien évidemment, au moment même où nos propres besoins en hydrocarbures connaîtront une augmentation sensible. Nous serions alors importateurs de pétrole sur un marché de demandeurs, donc à des prix très élevés !
On voit bien ici que la tentation de «maximiser nos recettes d’exportation d’hydrocarbures» n’est pas sans risque et qu’il devient très important de savoir jusqu’où aller ou, plus exactement, il ne faut pas aller dans l’exploitation pour l’exportation de notre pétrole et de notre gaz, question cruciale s’il en est.
Dès lors, il est impératif de savoir qui décide de cette question : Sonatrach ? Le ministre de l’Energie ? Et ils le feraient au nom de quelle légitimité ? Où est passé le Conseil supérieur de l’énergie, cette structure délibérante de souveraineté ? Les «élus du peuple» n’ont-ils pas la voix au chapitre ? Plus largement encore, qui décide de notre politique énergétique, de nos choix de diversification énergétique ?
Toutes ces questions sur le pétrole nous plongent directement, en fait, dans la problématique de l’Algérie des années 2020 et les réponses à apporter éclaireront assurément les choix à retenir pour l’élaboration du nouveau régime de croissance.
Les questions urgentes
Six questions urgentes sur lesquelles on ne doit plus tergiverser et perdre encore du temps doivent être sérieusement mises à plat, débattues et déboucher sur des décisions fermes et exécutoires.
I/ Production industrielle insuffisante
L’industrie nationale ne produit pas assez de biens pour satisfaire un marché intérieur en expansion permanente. Le taux de couverture des besoins nationaux par la production industrielle nationale est faible, au moment même où les exportations de produits manufacturés sont insignifiantes (entre 50 et 60 millions de dollars par an pour des importations en inputs de l’ordre de 2 milliards de dollars pour faire fonctionner l’outil de production). Apparaît déjà ici une première question à débattre : faut-il axer les efforts de relance industrielle sur une démarche de substitution aux importations et de satisfaction par la production nationale, de la demande nationale, ou plutôt aller dès maintenant à la construction d’un modèle industriel exportateur de produits manufacturés ? bien évidemment l’un n’exclut pas l’autre, mais il faut tout de même savoir ou placer le curseur.
Depuis près de six mois, l’Algérie toute entière a les yeux rivés et les oreilles toute ouïe sur les bruissements du microcosme politique algérois, la prochaine échéance électorale et les jeux d’ombres qui l’accompagnent. Je ne dis pas que cela n’est pas important, mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’il y a aussi, en Algérie, une vie économique qui a besoin d’être dynamisée et que c’est probablement là qu’il faudra chercher l’élan dont on a besoin pour faire face à la difficile période qui s’ouvre.
Au cours de la seconde moitié de septembre se tiendront la 15e tripartite et la 1re conférence sociale. Il faut dire que jusqu’à maintenant, la tripartite a certes été un forum utile d’échanges entre partenaires sociaux, mais les thèmes abordés ont été trop généraux et les quelques rares décisions arrêtées ont été peu suivies d’effet. Et c’est bien dommage, car il ne faut surtout pas que le dialogue social perde de sa crédibilité et devienne une coquille vide, au moment même où le pays a besoin plus que jamais de délibérations, de reconstruire un consensus social indispensable pour la remobilisation autour de la relance de la croissance, de l’investissement et de l’emploi.
Quelles sont aujourd’hui les urgences économiques à prendre en charge par le gouvernement et les partenaires sociaux ?
Au préalable, il nous faut aborder une question que les Algériens ont tendance à considérer comme réglée, ou pour le moins comme pouvant attendre de l’être et qui, pourtant, se pose toujours et en des termes graves ; il s’agit de la question du statut des hydrocarbures dans la démarche économique des gouvernants.
Je me permets d’attirer l’attention du lecteur, mais il aura certainement relevé qu’ici, nous ne sommes pas encore dans l’après-pétrole mais toujours dans l’ère du pétrole et que cette étape a ses exigences : il faut savoir gérer nos hydrocarbures avec une grande rigueur car pour une longue période encore, le dossier «number one» en Algérie sera encore le pétrole. Les experts de l’économie pétrolière affirment tous que le moment où la production mondiale de pétrole commencera à baisser inéluctablement n’est pas bien loin : 2020 ? 2025 ? Date à laquelle la production mondiale plafonnera à quelque 100 millions barils/jour puis commencera à décliner. Les nouvelles découvertes qui seront réalisées seront insuffisantes pour compenser la production consommée des réserves.
Pour l’Algérie, il y aura là une bonne et une mauvaise nouvelle : la bonne nouvelle est que nous allons profiter encore un temps de la baisse progressive de l’offre mondiale de pétrole, qui aura un impact positif sur le prix pour les pays exportateurs : nos recettes d’exportations seront encore, sur le moyen terme, significatives. La mauvaise nouvelle est que le déclin de la production mondiale nous touchera aussi, bien évidemment, au moment même où nos propres besoins en hydrocarbures connaîtront une augmentation sensible. Nous serions alors importateurs de pétrole sur un marché de demandeurs, donc à des prix très élevés !
On voit bien ici que la tentation de «maximiser nos recettes d’exportation d’hydrocarbures» n’est pas sans risque et qu’il devient très important de savoir jusqu’où aller ou, plus exactement, il ne faut pas aller dans l’exploitation pour l’exportation de notre pétrole et de notre gaz, question cruciale s’il en est.
Dès lors, il est impératif de savoir qui décide de cette question : Sonatrach ? Le ministre de l’Energie ? Et ils le feraient au nom de quelle légitimité ? Où est passé le Conseil supérieur de l’énergie, cette structure délibérante de souveraineté ? Les «élus du peuple» n’ont-ils pas la voix au chapitre ? Plus largement encore, qui décide de notre politique énergétique, de nos choix de diversification énergétique ?
Toutes ces questions sur le pétrole nous plongent directement, en fait, dans la problématique de l’Algérie des années 2020 et les réponses à apporter éclaireront assurément les choix à retenir pour l’élaboration du nouveau régime de croissance.
Les questions urgentes
Six questions urgentes sur lesquelles on ne doit plus tergiverser et perdre encore du temps doivent être sérieusement mises à plat, débattues et déboucher sur des décisions fermes et exécutoires.
I/ Production industrielle insuffisante
L’industrie nationale ne produit pas assez de biens pour satisfaire un marché intérieur en expansion permanente. Le taux de couverture des besoins nationaux par la production industrielle nationale est faible, au moment même où les exportations de produits manufacturés sont insignifiantes (entre 50 et 60 millions de dollars par an pour des importations en inputs de l’ordre de 2 milliards de dollars pour faire fonctionner l’outil de production). Apparaît déjà ici une première question à débattre : faut-il axer les efforts de relance industrielle sur une démarche de substitution aux importations et de satisfaction par la production nationale, de la demande nationale, ou plutôt aller dès maintenant à la construction d’un modèle industriel exportateur de produits manufacturés ? bien évidemment l’un n’exclut pas l’autre, mais il faut tout de même savoir ou placer le curseur.
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